Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Kemi Seba au 2nd Congrès du Mouvement russophile international, à Moscou (capture d'écran YouTube, 26/02/2024).

De son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, Kemi Seba (né à Strasbourg en 1981) est un activiste racialiste et panafricaniste francophone qui s'est distingué par son tropisme complotiste et antisémite.

Ancien fondateur du Parti Kémite (2002), puis fondateur et leader de la Tribu Ka (2004), un groupuscule dissout en juillet 2006 pour « appel à la violence et à l’antisémitisme », Kemi Seba fonde en 2007 Génération Kemi Seba, puis le Mouvement des damnés de l'impérialisme (2008), avant d'animer la branche française du New Black Panther Party (2010) et de créer en 2016 l'organisation Urgences panafricanistes (2016).

Figure de la mouvance dite de la « Dissidence », ce proche de Dieudonné M’Bala M’Bala puise une partie de son inspiration dans la mouvance de la Nation of Islam de Louis Farrakhan, pour laquelle il a d’ailleurs été vendeur de journaux dans sa jeunesse, et qui s’est distinguée par ses très nombreuses prises de positions complotistes. Il a plusieurs fois cité, par exemple dans son interview avec ThinkerView, Khalid Abdul Muhammad, l’une des figures les plus radicales du mouvement, comme l’un des penseurs qui l’avait le plus influencé.

Au début de l'année 2006, en pleine affaire Ilan Halimi, Kemi Seba adresse un courriel à plusieurs organisations juives où, rapporte Le Figaro, il les menaçait en ces termes :

« Que notre frère [Youssouf Fofana] soit coupable ou pas, nous vous prévenons que si d'aventure, il vous prenait l'envie d'effleurer ne serait-ce qu'un seul [de ses] cheveux au lieu de lui laisser avoir un procès équitable, nous nous occuperons avec soin des papillotes de vos rabbins. »

Le Mouvement des damnés de l'impérialisme (MDI), qu'il a créé, se dit « ouvert à toutes LES PERSONNES DÉSIREUSE [sic] DE METTRE UN TERME à l’hégémonie des impérialistes (Axe Americano-Sioniste, ILLUMINATI, et autres groupes occultes impérialistes) ». Kemi Seba affirmait alors son opposition au métissage et prônait un « seul idéal : la désionisation ». Les négationnistes Serge Thion et Ginette Skandrani ou encore le vidéaste complotiste Salim Laïbi (alias « Le Libre Penseur ») en étaient partie prenante. Le blogueur nationaliste et antisémite Boris Le Lay (soupçonné d'être l'animateur du site néo-nazi Démocratie Participative) figure également sur l'organigramme du MDI comme « chargé des relations extérieures pour la zone Europe ».

Si Kemi Seba professait le culte d'Aton, il se serait converti à l'islam après un séjour en prison. En avril 2009, il a été condamné à 8 mois de prison avec sursis pour incitation à la haine raciale pour avoir tenu les propos suivants :

« (Les institutions internationales comme le FMI, la Banque Mondiale ou l’Organisation Mondiale de la Santé sont) tenues par les sionistes qui imposent à l’Afrique et à sa diaspora des conditions de vie tellement excrémentielles que le camp de concentration d’Auschwitz peut paraître comme un paradis sur terre ».

Plus tôt, il s'était illustré par ses appels publics à mettre « à mort les sionistes » :

En août 2009, une brève du Monde rapportait des propos tenus par Kemi Seba lors d'une interview pour un site internet, où il déclarait préférer Hitler à Bonaparte : « C'est une vision raciste que de dire qu'Hitler était le mal absolu de l'humanité. […] Au moins, sous Hitler, les Noirs trouvaient du travail [...], parce qu'ils étaient engagés dans les armées pour lutter contre le péril nazi ».

En mai 2010, Kemi Seba et ses amis se réunissent dans la ville de Martin Luther King, à Atlanta, dans le cadre d’un congrès international organisé à l’initiative du New Black Panther Party.

Depuis son apparition sur la scène médiatique en 2006, l'homme a indéniablement changé de stratégie. Celui qui s’est longtemps fait appeler le « fara » (guide) cherche aussi à capter le public des jeunes de banlieue en surfant sur les théories du complot.

En 2015, l'activiste antisémite est reçu à plusieurs reprises (ici et ) par l'ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad pour parler, dit-il, de « la nécessité de renforcer les liens entre la résistance africaine et la résistance révolutionnaire en Iran ».

Son ouvrage paru en 2016, Obscure époque, est préfacé par le rappeur Mathias Cassel, alias Rockin'Squat.

En mars 2016, le magazine d'actualité Grand Central lui a consacré un documentaire, « Kemi Seba : Panafricanisme 2.0 », diffusé sur France 4. En novembre 2018, la chaîne YouTube ThinkerView l'a interviewé pendant près de deux heures.

Depuis 2016, Kemi Seba est parfois présenté dans les grands médias comme un simple polémiste « anti-impérialiste », « franco-béninois » ou « panafricain », sans que soit toujours rappelé ses prises de position extrémistes et ses antécédents judiciaires pour incitation à la haine raciale.

Du Sénégal, où il s'est installé en 2011, Kemi Seba lance le 19 août 2017 un « appel à la résistance continentale et diasporique de la jeunesse africaine contre la Françafrique » et de poursuivre : « Notre génération a une seule mission ; cesser de bavarder, et mettre fin dans la rue au néocolonialisme ». Ce même jour, il s'expose en train de brûler un billet de 5 000 francs CFA. Début septembre 2017, accusé d’être une « menace grave pour l’ordre public », il est expulsé vers la France. Le 22 octobre, il s'exprime de Cotonou, la capitale économique du Bénin, où il vit désormais, au sujet de son organisation Urgences panafricanistes qu'il préside.

Quelques semaines plus tard, en décembre, il rencontre à Moscou l'idéologue russe d'extrême droite Alexandre Douguine. Selon Kemi Seba, cet « échange avec [...] le théoricien et conseiller politique le plus important de Russie, a porté sur la métaphysique et la géopolitique. On y a partagé nos vues sur le fait que ni le communisme, ni le libéralisme, ni le nationalisme ne pourront apporter le salut à nos peuples respectifs ».

Élu par la chaîne Africanews personnalité politique africaine de l'année 2017, Kemi Seba rencontre le syndicaliste guadeloupéen Élie Domota en février 2018, en marge d’un festival culturel organisé en Guadeloupe. Publiées sur Facebook, les photos de la rencontre, point d’orgue de la « tournée anti-impérialiste » de Kemi Seba, montrent Élie Domota arborant un large sourire et faisant une accolade à l’activiste anti-franc CFA. Domota signe d'ailleurs l'une des préfaces du livre de Kemi Seba, L’Afrique libre ou la mort (2018), aux côtés de cinq autres personnalités parmi lesquelles le joueur de foot français Nicolas Anelka, Alexandre Douguine et l’acteur américain d’origine béninoise Djimon Hounsou.

En septembre 2018, Kemi Seba est reçu à Rome par des députés et cadres du mouvement italien Cinq Étoiles (M5S), dont le secrétaire d’État aux Affaires étrangères Manlio Di Stefano.

En janvier 2019, Kemi Seba annonce son entrée en politique et le lancement du Parti Panafricaniste Béninois (PPB).

En octobre 2019, il intervient à Sotchi (Russie) lors d'un sommet Russie-Afrique organisé à l'initiative du Kremlin.

Le 16 mars 2020, en pleine crise du coronavirus, il dénonce dans une vidéo une « guerre bactériologique ». Faisant référence aux prises de position du porte-parole de la diplomatie chinoise Zhao Lijian, Kemi Seba prétend que le coronavirus aurait été « conceptualisé » [sic] aux États-Unis, puis diffusé en Iran et en Chine : « Je souhaite ardemment que les gens arrêtent d’être dans "Mamadou au pays des merveilles" en pensant que les maladies tombent du ciel. Il y a des gens qui veulent la réduction de la population, on appelle ça le malthusianisme ».

Interrogé mi-janvier 2021 au Mali sur la chaîne de télévision Africable sur l'opération Barkhane, il déclare : « Pourquoi l’oligarchie française coûte que coûte veut rester ici ? Parce qu’il y a un certain nombre de ressources dont l’oligarchie française a besoin. Quand vous voulez cambrioler un endroit, le mieux c’est qu’il y ait un conflit dans la maison que vous voulez voler. […] C’est la stratégie du cambrioleur, créer une diversion et voler entre temps. […] Comme disait Michel Collon, il y a des groupes qu’on prétend être terroristes qui reçoivent des armes des puissances qui se disent être les justicières du monde », reprenant là un argumentaire déjà largement diffusé selon lequel les terroristes islamistes seraient en réalité armés en sous-main par l'Occident. Dans une vidéo, début septembre 2022, alors que l'armée française a quitté le Mali, il se fait encore plus explicite : « les autorités françaises livrent des informations, sur le renseignement, livrent des armes de surcroît aux terroristes (...) Il y a aujourd’hui dans le comportement des autorités françaises une volonté de densifier, de donner le plus de moyens possibles aux forces terroristes pour que celles-ci déstabilisent le Mali pour que la France puisse se réinstaller parce que le Mali est un lieu géostratégique extrêmement puissant, dont la France a besoin pour pouvoir rayonner et pour pouvoir sécuriser l’accès aux ressources ».

Début novembre 2021, suite à son interpellation au Burkina Faso et son expulsion vers le Bénin, Kemi Seba annonce qu'il a choisi l'avocat Juan Branco pour le défendre, le présentant comme un « activiste et écrivain anticapitaliste français » et un « ténor du barreau » (sic).

En mars 2022, Kemi Seba accorde près de deux heures d'interview à Éric Morillot. Il y explique que le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pourtant démocratiquement élu, « est objectivement au mieux une marionnette, au pire un outil consentant de l’élite néolibérale […], un agent d’influence de l’impérialisme occidental dans cette région ».

En novembre 2022, le Département d’État américain désigne Kemi Seba comme un agent d’influence du groupe russe Wagner, dirigé par l’oligarque Evgueni Prigojine, un proche de Vladimir Poutine. Kemi Seba est désigné comme faisant partie, avec Nathalie Yamb, des « influenceurs essentiels [qui] permettent aux entités liées au Kremlin de maintenir un déni plausible de l’intervention de la Russie dans les affaires africaines, tout en essayant de façonner des opinions africaines favorables aux objectifs politiques du Kremlin ». Quelques mois plus tard, le magazine Jeune Afrique révèle que Kemi Seba a reçu plus de 400 000 dollars d'aide financière de la part du groupe Wagner.

Début février 2024, commentant l'attaque à l'arme blanche perpétrée à la gare de Lyon, à Paris, par un individu de nationalité malienne au discours empreint de références au panafricanisme, Kemi Seba dénonce l'« action d'un déséquilibré manipulé par les services français ».

Le 22 février 2024, en visite en Guyane, il tient une conférence à la Chambre de commerce et d'industrie de Cayenne. Reçu par deux députés guyanais membres du groupe communiste de l'Assemblée nationale (GDR-NUPES), il reçoit également la médaille d'honneur de la ville des mains de la maire de Cayenne, Sandra Trochimara (Nouvelle Force de Guyane − divers gauche).

Le 29 février 2024, il révèle que le ministère de l'intérieur a engagé contre lui le 9 février 2024 une procédure de perte de la nationalité française au sens de l’article 23-7 du code civil compte tenu notamment de son comportement et de ses propos qui révèlent « une posture constante et actuelle résolument anti-française, susceptible de porter gravement atteinte aux intérêts français et de nature à caractériser une daloyauté manifeste à l’égard [de la France] ».

Très présent sur les réseaux sociaux, Kemi Seba cumule plus d'1,3 million d'abonnés sur Facebook et plus de 247 000 sur Twitter. Avec 218 000 abonnés, sa chaîne YouTube cumule plus de 14 millions de vues depuis 2016.

 

Voir aussi :

Kémi Séba lance les « nuits de l'anti-impérialisme »

Kémi Seba part en croisade contre... les Illuminati !

Kemi Seba sur LCP : 28 minutes de complaisance et de naïveté

 

(Dernière mise à jour le 01/03/2024)

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Kemi Seba au 2nd Congrès du Mouvement russophile international, à Moscou (capture d'écran YouTube, 26/02/2024).

De son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, Kemi Seba (né à Strasbourg en 1981) est un activiste racialiste et panafricaniste francophone qui s'est distingué par son tropisme complotiste et antisémite.

Ancien fondateur du Parti Kémite (2002), puis fondateur et leader de la Tribu Ka (2004), un groupuscule dissout en juillet 2006 pour « appel à la violence et à l’antisémitisme », Kemi Seba fonde en 2007 Génération Kemi Seba, puis le Mouvement des damnés de l'impérialisme (2008), avant d'animer la branche française du New Black Panther Party (2010) et de créer en 2016 l'organisation Urgences panafricanistes (2016).

Figure de la mouvance dite de la « Dissidence », ce proche de Dieudonné M’Bala M’Bala puise une partie de son inspiration dans la mouvance de la Nation of Islam de Louis Farrakhan, pour laquelle il a d’ailleurs été vendeur de journaux dans sa jeunesse, et qui s’est distinguée par ses très nombreuses prises de positions complotistes. Il a plusieurs fois cité, par exemple dans son interview avec ThinkerView, Khalid Abdul Muhammad, l’une des figures les plus radicales du mouvement, comme l’un des penseurs qui l’avait le plus influencé.

Au début de l'année 2006, en pleine affaire Ilan Halimi, Kemi Seba adresse un courriel à plusieurs organisations juives où, rapporte Le Figaro, il les menaçait en ces termes :

« Que notre frère [Youssouf Fofana] soit coupable ou pas, nous vous prévenons que si d'aventure, il vous prenait l'envie d'effleurer ne serait-ce qu'un seul [de ses] cheveux au lieu de lui laisser avoir un procès équitable, nous nous occuperons avec soin des papillotes de vos rabbins. »

Le Mouvement des damnés de l'impérialisme (MDI), qu'il a créé, se dit « ouvert à toutes LES PERSONNES DÉSIREUSE [sic] DE METTRE UN TERME à l’hégémonie des impérialistes (Axe Americano-Sioniste, ILLUMINATI, et autres groupes occultes impérialistes) ». Kemi Seba affirmait alors son opposition au métissage et prônait un « seul idéal : la désionisation ». Les négationnistes Serge Thion et Ginette Skandrani ou encore le vidéaste complotiste Salim Laïbi (alias « Le Libre Penseur ») en étaient partie prenante. Le blogueur nationaliste et antisémite Boris Le Lay (soupçonné d'être l'animateur du site néo-nazi Démocratie Participative) figure également sur l'organigramme du MDI comme « chargé des relations extérieures pour la zone Europe ».

Si Kemi Seba professait le culte d'Aton, il se serait converti à l'islam après un séjour en prison. En avril 2009, il a été condamné à 8 mois de prison avec sursis pour incitation à la haine raciale pour avoir tenu les propos suivants :

« (Les institutions internationales comme le FMI, la Banque Mondiale ou l’Organisation Mondiale de la Santé sont) tenues par les sionistes qui imposent à l’Afrique et à sa diaspora des conditions de vie tellement excrémentielles que le camp de concentration d’Auschwitz peut paraître comme un paradis sur terre ».

Plus tôt, il s'était illustré par ses appels publics à mettre « à mort les sionistes » :

En août 2009, une brève du Monde rapportait des propos tenus par Kemi Seba lors d'une interview pour un site internet, où il déclarait préférer Hitler à Bonaparte : « C'est une vision raciste que de dire qu'Hitler était le mal absolu de l'humanité. […] Au moins, sous Hitler, les Noirs trouvaient du travail [...], parce qu'ils étaient engagés dans les armées pour lutter contre le péril nazi ».

En mai 2010, Kemi Seba et ses amis se réunissent dans la ville de Martin Luther King, à Atlanta, dans le cadre d’un congrès international organisé à l’initiative du New Black Panther Party.

Depuis son apparition sur la scène médiatique en 2006, l'homme a indéniablement changé de stratégie. Celui qui s’est longtemps fait appeler le « fara » (guide) cherche aussi à capter le public des jeunes de banlieue en surfant sur les théories du complot.

En 2015, l'activiste antisémite est reçu à plusieurs reprises (ici et ) par l'ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad pour parler, dit-il, de « la nécessité de renforcer les liens entre la résistance africaine et la résistance révolutionnaire en Iran ».

Son ouvrage paru en 2016, Obscure époque, est préfacé par le rappeur Mathias Cassel, alias Rockin'Squat.

En mars 2016, le magazine d'actualité Grand Central lui a consacré un documentaire, « Kemi Seba : Panafricanisme 2.0 », diffusé sur France 4. En novembre 2018, la chaîne YouTube ThinkerView l'a interviewé pendant près de deux heures.

Depuis 2016, Kemi Seba est parfois présenté dans les grands médias comme un simple polémiste « anti-impérialiste », « franco-béninois » ou « panafricain », sans que soit toujours rappelé ses prises de position extrémistes et ses antécédents judiciaires pour incitation à la haine raciale.

Du Sénégal, où il s'est installé en 2011, Kemi Seba lance le 19 août 2017 un « appel à la résistance continentale et diasporique de la jeunesse africaine contre la Françafrique » et de poursuivre : « Notre génération a une seule mission ; cesser de bavarder, et mettre fin dans la rue au néocolonialisme ». Ce même jour, il s'expose en train de brûler un billet de 5 000 francs CFA. Début septembre 2017, accusé d’être une « menace grave pour l’ordre public », il est expulsé vers la France. Le 22 octobre, il s'exprime de Cotonou, la capitale économique du Bénin, où il vit désormais, au sujet de son organisation Urgences panafricanistes qu'il préside.

Quelques semaines plus tard, en décembre, il rencontre à Moscou l'idéologue russe d'extrême droite Alexandre Douguine. Selon Kemi Seba, cet « échange avec [...] le théoricien et conseiller politique le plus important de Russie, a porté sur la métaphysique et la géopolitique. On y a partagé nos vues sur le fait que ni le communisme, ni le libéralisme, ni le nationalisme ne pourront apporter le salut à nos peuples respectifs ».

Élu par la chaîne Africanews personnalité politique africaine de l'année 2017, Kemi Seba rencontre le syndicaliste guadeloupéen Élie Domota en février 2018, en marge d’un festival culturel organisé en Guadeloupe. Publiées sur Facebook, les photos de la rencontre, point d’orgue de la « tournée anti-impérialiste » de Kemi Seba, montrent Élie Domota arborant un large sourire et faisant une accolade à l’activiste anti-franc CFA. Domota signe d'ailleurs l'une des préfaces du livre de Kemi Seba, L’Afrique libre ou la mort (2018), aux côtés de cinq autres personnalités parmi lesquelles le joueur de foot français Nicolas Anelka, Alexandre Douguine et l’acteur américain d’origine béninoise Djimon Hounsou.

En septembre 2018, Kemi Seba est reçu à Rome par des députés et cadres du mouvement italien Cinq Étoiles (M5S), dont le secrétaire d’État aux Affaires étrangères Manlio Di Stefano.

En janvier 2019, Kemi Seba annonce son entrée en politique et le lancement du Parti Panafricaniste Béninois (PPB).

En octobre 2019, il intervient à Sotchi (Russie) lors d'un sommet Russie-Afrique organisé à l'initiative du Kremlin.

Le 16 mars 2020, en pleine crise du coronavirus, il dénonce dans une vidéo une « guerre bactériologique ». Faisant référence aux prises de position du porte-parole de la diplomatie chinoise Zhao Lijian, Kemi Seba prétend que le coronavirus aurait été « conceptualisé » [sic] aux États-Unis, puis diffusé en Iran et en Chine : « Je souhaite ardemment que les gens arrêtent d’être dans "Mamadou au pays des merveilles" en pensant que les maladies tombent du ciel. Il y a des gens qui veulent la réduction de la population, on appelle ça le malthusianisme ».

Interrogé mi-janvier 2021 au Mali sur la chaîne de télévision Africable sur l'opération Barkhane, il déclare : « Pourquoi l’oligarchie française coûte que coûte veut rester ici ? Parce qu’il y a un certain nombre de ressources dont l’oligarchie française a besoin. Quand vous voulez cambrioler un endroit, le mieux c’est qu’il y ait un conflit dans la maison que vous voulez voler. […] C’est la stratégie du cambrioleur, créer une diversion et voler entre temps. […] Comme disait Michel Collon, il y a des groupes qu’on prétend être terroristes qui reçoivent des armes des puissances qui se disent être les justicières du monde », reprenant là un argumentaire déjà largement diffusé selon lequel les terroristes islamistes seraient en réalité armés en sous-main par l'Occident. Dans une vidéo, début septembre 2022, alors que l'armée française a quitté le Mali, il se fait encore plus explicite : « les autorités françaises livrent des informations, sur le renseignement, livrent des armes de surcroît aux terroristes (...) Il y a aujourd’hui dans le comportement des autorités françaises une volonté de densifier, de donner le plus de moyens possibles aux forces terroristes pour que celles-ci déstabilisent le Mali pour que la France puisse se réinstaller parce que le Mali est un lieu géostratégique extrêmement puissant, dont la France a besoin pour pouvoir rayonner et pour pouvoir sécuriser l’accès aux ressources ».

Début novembre 2021, suite à son interpellation au Burkina Faso et son expulsion vers le Bénin, Kemi Seba annonce qu'il a choisi l'avocat Juan Branco pour le défendre, le présentant comme un « activiste et écrivain anticapitaliste français » et un « ténor du barreau » (sic).

En mars 2022, Kemi Seba accorde près de deux heures d'interview à Éric Morillot. Il y explique que le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pourtant démocratiquement élu, « est objectivement au mieux une marionnette, au pire un outil consentant de l’élite néolibérale […], un agent d’influence de l’impérialisme occidental dans cette région ».

En novembre 2022, le Département d’État américain désigne Kemi Seba comme un agent d’influence du groupe russe Wagner, dirigé par l’oligarque Evgueni Prigojine, un proche de Vladimir Poutine. Kemi Seba est désigné comme faisant partie, avec Nathalie Yamb, des « influenceurs essentiels [qui] permettent aux entités liées au Kremlin de maintenir un déni plausible de l’intervention de la Russie dans les affaires africaines, tout en essayant de façonner des opinions africaines favorables aux objectifs politiques du Kremlin ». Quelques mois plus tard, le magazine Jeune Afrique révèle que Kemi Seba a reçu plus de 400 000 dollars d'aide financière de la part du groupe Wagner.

Début février 2024, commentant l'attaque à l'arme blanche perpétrée à la gare de Lyon, à Paris, par un individu de nationalité malienne au discours empreint de références au panafricanisme, Kemi Seba dénonce l'« action d'un déséquilibré manipulé par les services français ».

Le 22 février 2024, en visite en Guyane, il tient une conférence à la Chambre de commerce et d'industrie de Cayenne. Reçu par deux députés guyanais membres du groupe communiste de l'Assemblée nationale (GDR-NUPES), il reçoit également la médaille d'honneur de la ville des mains de la maire de Cayenne, Sandra Trochimara (Nouvelle Force de Guyane − divers gauche).

Le 29 février 2024, il révèle que le ministère de l'intérieur a engagé contre lui le 9 février 2024 une procédure de perte de la nationalité française au sens de l’article 23-7 du code civil compte tenu notamment de son comportement et de ses propos qui révèlent « une posture constante et actuelle résolument anti-française, susceptible de porter gravement atteinte aux intérêts français et de nature à caractériser une daloyauté manifeste à l’égard [de la France] ».

Très présent sur les réseaux sociaux, Kemi Seba cumule plus d'1,3 million d'abonnés sur Facebook et plus de 247 000 sur Twitter. Avec 218 000 abonnés, sa chaîne YouTube cumule plus de 14 millions de vues depuis 2016.

 

Voir aussi :

Kémi Séba lance les « nuits de l'anti-impérialisme »

Kémi Seba part en croisade contre... les Illuminati !

Kemi Seba sur LCP : 28 minutes de complaisance et de naïveté

 

(Dernière mise à jour le 01/03/2024)

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