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Daesh, Boko Haram et le complot contre l'islam selon Tariq Ramadan‏

Publié par La Rédaction26 août 2015

Petit cours de rhétorique complotiste avec le professeur Ramadan...

Tariq Ramadan était, ce lundi 24 août, l’invité de BBC Afrique. Après avoir jugé « intolérables » les agissements de l’organisation Etat islamique et de Boko Haram, l’islamologue suisse appelle à en faire « l’analyse critique ». Interrogé sur les solutions qu’il préconise, il plaide rapidement pour un travail d’éducation et de justice sociale, avant de glisser subrepticement vers une forme larvée de conspirationnisme qui occupe la moitié des 4 minutes de son intervention.

Tariq Ramadan se réclame des « faits ». Aussi commence-t-il par énoncer un fait incontestable tout en utilisant un procédé rhétorique qui a cours dans les prétoires depuis Cicéron (le fameux « Cui bono ») :

« Au bout du compte on doit quand même se poser la question de savoir qui tire profit de tout ça. Je veux dire : ce ne sont pas les musulmans. Les musulmans sont les premières victimes… C’est eux. Si on compte les morts, y’a dix fois plus voire peut-être vingt fois plus de musulmans qui meurent par la main de violents extrémistes musulmans que l’Occident. Et donc là, de ce point de vue-là, c’est quand même à nous aussi d’être très clairs sur comment trouver des solutions à ces problèmes ».

La perche ainsi tendue à son intervieweur, celui-ci l’engage à mettre franchement les pieds dans le plat : « Des analystes accusent certaines puissances d’être derrière Daesh, derrière Boko Haram… »

Ce à quoi l’islamologue répond en deux temps, concédant tout d'abord une condamnation formelle du conspirationnisme (« il faut faire attention à ne pas verser dans la paranoïa ») avant de prendre immédiatement le contre-pied de ce qu'il vient d'affirmer pour suggérer l'idée d'un vaste complot contre la religion musulmane :

« Mais maintenant, si vous regardez les faits, si vous regardez comment s’installent ces réseaux, si vous savez où ils s’installent, quelle est leur histoire, leur financement, n’importe quelle personne douée de raison et raisonnable ne peut pas ne pas parvenir à la conclusion que ces gens-là ne travaillent pas tout seuls, qu’il y a effectivement des gens et des forces qui sont en train de nourrir ceci, qui en tirent des intérêts.

Donc, encore une fois, je veux dire, je vous parle de faits ici. On a vu, dans certains mouvements extrémistes violents qui se sont installés aux Etats-Unis des études qui ne sont même pas faites par les musulmans, qui sont faites par les organisations américaines, l'ACLU (American Civil Liberties Union), ce sont des gens qui sont sérieux sur ces questions-là. Et qui vous mettent en évidence que des services de renseignement nourrissent. Et, quand on leur dit : "Mais comment est-ce que vous nourrissez ceci, vous poussez, vous avez des infiltrants - c’est-à-dire des gens qui entrent à l’intérieur et qui poussent -, ensuite vous nous dites que vous condamnez ?!". Vous savez ce qu’ils nous répondent ? Ils nous répondent : "Nous les poussons pour voir jusqu’où ils vont".

Et il y a, aujourd’hui, des gouvernements, des services de renseignements, et des personnes, des groupuscules, qui tirent profit à l’alimentation de cette violence. Déjà, aussi, quelque chose de très important, c’est de faire en sorte que l’islam ne soit pas considéré comme une religion comme les autres mais un problème qui s’ajoute à d’autres problèmes. (…)

Je ne sais pas si vous avez entendu parler de ce qui s’est passé aux Etats-Unis où à un moment donné on soupçonne un certain nombre de personnes d’avoir agi sous l’effet de la drogue. Donc il y a plusieurs facteurs, c’est très complexe, c’est une affaire extrêmement complexe. Et donc il faut absolument que les musulmans ne s’arrêtent pas à condamner passivement mais à chercher des solutions très pratiques. »

Dans son évocation des « infiltrants » (sic), Tariq Ramadan fait référence de manière transparente à une pratique en vigueur aux Etats-Unis (parfaitement légale au demeurant) et dénoncée par des associations de défense des droits de l'homme comme l'ACLU et Human Rights Watch.

Contrairement à l’islamologue pourtant, qui s’est illustré à plusieurs occasion pour ses commentaires complotistes (ici, ou encore ), aucune de ces organisations ne laisse entendre que la violence djihadiste serait fabriquée de toutes pièces par « des services de renseignements » (lire : Le FBI, les complotistes et la "fabrication" du terrorisme‏).

 

Voir aussi :

Conspirationnisme : Tariq Ramadan assume

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Tariq Ramadan était, ce lundi 24 août, l’invité de BBC Afrique. Après avoir jugé « intolérables » les agissements de l’organisation Etat islamique et de Boko Haram, l’islamologue suisse appelle à en faire « l’analyse critique ». Interrogé sur les solutions qu’il préconise, il plaide rapidement pour un travail d’éducation et de justice sociale, avant de glisser subrepticement vers une forme larvée de conspirationnisme qui occupe la moitié des 4 minutes de son intervention.

Tariq Ramadan se réclame des « faits ». Aussi commence-t-il par énoncer un fait incontestable tout en utilisant un procédé rhétorique qui a cours dans les prétoires depuis Cicéron (le fameux « Cui bono ») :

« Au bout du compte on doit quand même se poser la question de savoir qui tire profit de tout ça. Je veux dire : ce ne sont pas les musulmans. Les musulmans sont les premières victimes… C’est eux. Si on compte les morts, y’a dix fois plus voire peut-être vingt fois plus de musulmans qui meurent par la main de violents extrémistes musulmans que l’Occident. Et donc là, de ce point de vue-là, c’est quand même à nous aussi d’être très clairs sur comment trouver des solutions à ces problèmes ».

La perche ainsi tendue à son intervieweur, celui-ci l’engage à mettre franchement les pieds dans le plat : « Des analystes accusent certaines puissances d’être derrière Daesh, derrière Boko Haram… »

Ce à quoi l’islamologue répond en deux temps, concédant tout d'abord une condamnation formelle du conspirationnisme (« il faut faire attention à ne pas verser dans la paranoïa ») avant de prendre immédiatement le contre-pied de ce qu'il vient d'affirmer pour suggérer l'idée d'un vaste complot contre la religion musulmane :

« Mais maintenant, si vous regardez les faits, si vous regardez comment s’installent ces réseaux, si vous savez où ils s’installent, quelle est leur histoire, leur financement, n’importe quelle personne douée de raison et raisonnable ne peut pas ne pas parvenir à la conclusion que ces gens-là ne travaillent pas tout seuls, qu’il y a effectivement des gens et des forces qui sont en train de nourrir ceci, qui en tirent des intérêts.

Donc, encore une fois, je veux dire, je vous parle de faits ici. On a vu, dans certains mouvements extrémistes violents qui se sont installés aux Etats-Unis des études qui ne sont même pas faites par les musulmans, qui sont faites par les organisations américaines, l'ACLU (American Civil Liberties Union), ce sont des gens qui sont sérieux sur ces questions-là. Et qui vous mettent en évidence que des services de renseignement nourrissent. Et, quand on leur dit : "Mais comment est-ce que vous nourrissez ceci, vous poussez, vous avez des infiltrants - c’est-à-dire des gens qui entrent à l’intérieur et qui poussent -, ensuite vous nous dites que vous condamnez ?!". Vous savez ce qu’ils nous répondent ? Ils nous répondent : "Nous les poussons pour voir jusqu’où ils vont".

Et il y a, aujourd’hui, des gouvernements, des services de renseignements, et des personnes, des groupuscules, qui tirent profit à l’alimentation de cette violence. Déjà, aussi, quelque chose de très important, c’est de faire en sorte que l’islam ne soit pas considéré comme une religion comme les autres mais un problème qui s’ajoute à d’autres problèmes. (…)

Je ne sais pas si vous avez entendu parler de ce qui s’est passé aux Etats-Unis où à un moment donné on soupçonne un certain nombre de personnes d’avoir agi sous l’effet de la drogue. Donc il y a plusieurs facteurs, c’est très complexe, c’est une affaire extrêmement complexe. Et donc il faut absolument que les musulmans ne s’arrêtent pas à condamner passivement mais à chercher des solutions très pratiques. »

Dans son évocation des « infiltrants » (sic), Tariq Ramadan fait référence de manière transparente à une pratique en vigueur aux Etats-Unis (parfaitement légale au demeurant) et dénoncée par des associations de défense des droits de l'homme comme l'ACLU et Human Rights Watch.

Contrairement à l’islamologue pourtant, qui s’est illustré à plusieurs occasion pour ses commentaires complotistes (ici, ou encore ), aucune de ces organisations ne laisse entendre que la violence djihadiste serait fabriquée de toutes pièces par « des services de renseignements » (lire : Le FBI, les complotistes et la "fabrication" du terrorisme‏).

 

Voir aussi :

Conspirationnisme : Tariq Ramadan assume

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