Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Gabriel Rabhi, jusqu'aux confins du négationnisme

Publié par La Rédaction22 septembre 2018,

11-Septembre, vaccins, Merah, Charlie Hebdo, attentats du 13-Novembre, Daech... : on ne compte plus les théories du complot relayées par Gabriel Rabhi. Focus sur le plus controversé des fils de Pierre Rabhi.

Sélections de posts de Gabriel Rabhi sur Facebook.

Alors que chaînes de télévision et radios ont multiplié, au cours des dernières années, les portraits lénifiants de Pierre Rabhi, quelques rares voix ont fait entendre une version dissonante de celle du « paysan-philosophe » débonnaire prônant le « retour à la terre ». La dernière en date : l’enquête publiée au mois d’août par Le Monde diplomatique. Dénonçant le « petit business » de Pierre Rabhi et critiquant l’écart entre son éloge de la frugalité et ses pratiques, l’article de Jean-Baptiste Malet a suscité, samedi 15 septembre, la réaction de l’un des fils de Pierre Rabhi, Gabriel.

Sur son compte Facebook, ce dernier se dit « navré qu’un journal respectable comme le Monde Diplomatique et que France-Inter s’associent à ce qui est, pour moi, une campagne de dénigrement basée sur des opinions infondés » (sic). Selon lui, les récentes publications de Jean-Baptiste Malet relèvent d’« une entreprise visant à salir l’image d’une personne publique par la calomnie et les sous-entendus, sans jamais aborder le fond, c’est-à-dire les idées ». Opinion partagée par Pierre Rabhi qui, lundi 17 septembre s'est déclaré « à des années lumières de penser qu’un jour [il serait] victime de dénigrement par des médias », arguant avoir « voué [son] existence depuis plus de cinquante ans, à participer à une évolution positive de l’histoire de l’Humanité ».

Mais si Pierre Rabhi s’est plusieurs fois affiché avec des personnalités controversées comme Henri Joyeux ou Étienne Chouard – qu'il a invité dans son mouvement les Colibris –, son fils Gabriel flirte quant à lui très ouvertement avec les théories complotistes et l’antisémitisme.

Avant d’être révélées au grand public en 2015 par Vanity Fair sous la plume de Sophie des Déserts, les affinités conspirationnistes de David et Gabriel Rabhi, l’avaient été dès décembre 2014 par Ornella Guyet (confusionnisme.info), de manière plus confidentielle mais fort bien documentée.

Quatre années plus tard, le prophète de la « sobriété heureuse » ne s’est toujours pas désolidarisé publiquement des prises de position de ses fils, se contentant de déclarer que « chacun [d'eux] trace sa propre route ».

Plus actif sur la toile que son frère aîné David, Gabriel Rabhi, 43 ans, s'est fait connaître en 2014, suite à la publication de vidéos sur la question de la monnaie. Sa principale fierté : le film « Dette, crise, chômage : qui créé l’argent ? » qui lui vaut une notoriété rapide dans le petit monde de la complosphère. C'est d'ailleurs le Cercle des Volontaires qui assure la promotion de cette vidéo de 117 minutes vue près d’un million de fois à ce jour sur YouTube et dans laquelle Gabriel Rabhi dénonce les « grands médias », qui repeindraient en « racistes, fascistes, antisémites, négationnistes, xénophobes et conspirationnistes ceux qui analysent les faits, critiquent le système et tentent d’en exposer les fondements ». Parmi eux : Hugo Chavez, Mahmoud Ahmadinejad, Eric Zemmour, Alain Soral, Dieudonné ou encore Michel Collon. Les sites des trois derniers ont d'ailleurs longtemps été chaudement recommandés par le site de Gabriel Rabhi, inter-agir.fr, en plus de ceux d'Etienne Chouard, Thierry Meyssan, Olivier Berruyer, Pierre Jovanovic ou Jean-Yves Le Gallou.

Capture d'écran de "Dette, crise, chômage : qui créé l’argent ?", de Gabriel Rabhi.

« Je ne vais pas forcément aux sources »

Autodidacte dans le domaine de l'ingénierie logicielle, Gabriel Rabhi définit son travail comme « une forme de journalisme citoyen », « engagé », « d'analyse ». « Journaliste » donc… mais « pas d'investigation, parce que je ne vais pas forcément aux sources » reconnaît-il dans une interview accordée au Cercle des Volontaires en 2014. Et c'est un peu là le problème...

Sans réelle considération pour la véracité des faits, Gabriel Rabhi, en victime-type du biais de confirmation, relaie les théories conspirationnistes les plus fumeuses piochées sur Internet : sur les vaccins, le 11-Septembre, les attentats terroristes qui endeuillent la France depuis 2012, la situation au Moyen-Orient, le réchauffement climatique ou le prétendu contrôle « sioniste » des médias.

Le lendemain de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, par exemple, il poste sur Twitter un visuel aux accents complotistes ironisant sur les papiers d'identité abandonnés par les terroristes.

Quelques jours plus tard, il partage une interview d'Isabelle Coutant-Peyre, avocate du père de Mohamed Merah et figure de la mouvance rouge-brune (elle fut notamment l'avocate du négationniste Roger Garaudy), en qualifiant les frères Kouachi et Mohamed Merah de « prétendus terroristes ».

Peu après, il suggère dans un dessin posté sur Facebook que les services secrets israéliens sont derrière l'attentat du 7 janvier 2015.

Le 18 octobre 2015, partageant une interview de la compagne de Charb, Valérie M., parue dans Le Parisien, il la commente en ces termes« On ne saura pas ce qu'il s'est vraiment passé (implication de l'Etat ? De réseaux sionistes ? Du Qatar ou des émirats ?) : une chose est sûre, je ne suis et ne serai jamais Charlie ! »

>>> Lire, sur le site de L'Express : « Charlie Hebdo : que vaut la théorie du complot de "Valérie M." ? » (19/10/2015)

Dès le 17 mars 2015, Gabriel Rabhi estime que « Daech est une création du bloc israélo-américain ». Le 3 juillet 2015, à nouveau, il écrit sur son compte Facebook qu'« il est tout à fait évident que Daech est le bébé des sionistes Israéliens et Américains », allant jusqu'à reprendre une fausse information concernant une prétendue rencontre entre des responsables américains et Abou Bakr al-Baghdadi, ainsi qu'une intox iranienne prêtant au chef de l'Etat islamique des origines... « israéliennes » !

Le lendemain des attentats du 13 novembre 2015, Gabriel Rabhi récidive : « Le petit braqueur de Tabac du coin ne prend jamais sa carte d'identité sur lui. Les terroristes, que ce soit le 11 septembre, à Charlie Hebdo ou hier, n'oublient surtout pas leur cartes d'identité. Ce qui marche est ré-employé. Plus c'est gros et simple, plus ça passe ! »

Le 15 novembre, il suggère encore qu'il n'est pas vraisemblable q'un exercice de simulation d’une attaque multiple ait pu être organisé à Paris le 13 novembre au matin, jour des attentats.

Une semaine plus tard, il publie sur Facebook le lien vers une vidéo YouTube sur Gladio, un réseau stay-behind actif pendant la guerre froide, assortie d’un commentaire de son cru : « Maintenant que l'émotion des attentats de Paris retombe, il est temps de prendre du recul. Voila ce qui me semble probable : ceux que l'on désigne comme les responsables de ces attentats (Daech et la mouvance Islamiste) ne sont pas les seuls véritables responsables, et encore moins les commanditaires ». Gabriel Rabhi se livre ensuite à une réécriture de l’histoire en présentant Gladio comme une cellule ayant fomenté des « attentats sous faux drapeau » (ou false flags), comme l’en accusent plusieurs auteurs conspirationnistes.

La « manipulation des médias »

Le 8 octobre 2016, il relaie un commentaire de son frère David pour qui la guerre en Syrie « est une guerre d’agression de la Syrie prévue de longue date et basée sur l’utilisation de djihadistes payés par le camp occidental via l’Arabie Saoudite ». Pour les deux fils de Pierre Rabhi, « la propagande s’intensifie, ce n’est pas un hasard. [...] Les médias tentent de cacher avec des images de guerre abominables une manipulation scandaleuse ».

Gabriel Rabhi semble convaincu que tous les grands canaux d'information sont alignés et n'ont pas d'autre but que de décrédibiliser les mouvements citoyens. Tous pratiqueraient l'amalgame, le « hacking des cerveaux » pour reprendre l'expression du conférencier soralien Lucien Cerise, dont il partage parfois les contenus.

Ayant apporté très ouvertement son soutien au candidat de l'UPR François Asselineau lors de l'élection présidentielle de 2017, Gabriel Rabhi relaie logiquement des contenus issus de sites comme Réseau international, Egalité & Réconciliation, StopMensonges.com, le Cercle des Volontaires, le Réseau Voltaire, Les-crises.fr ou encore de médias russes controversés comme Russia Today (notamment sa version délirante des attentats de novembre 2015 à Paris, voir ci-dessous) parce que – assène-t-il sans rire –, il « préfère les médias totalement indépendants ».

Ainsi, Gabriel Rabhi relaie plus volontiers la complosphère française ou les médias de désinformation du Kremlin que la presse dite « mainstream », accusée d'être « dans les mains des groupes industriels et financiers ». D’ailleurs, pour lui, « en France, les sionistes maîtrisent la majorité des grands médias... ».

Une vision du monde qu’il distille sous forme de commentaires sur Facebook. Comme ce 27 juin 2015 où il affirme que « c'est toujours une minorité qui font [sic] les guerres, et font en sorte que la majorité consentent à leurs guerres. […] les gens ne savent pas qu'on ne doit pas notre libération du nazisme aux Russes, et non aux Américains... Nous ne savons plus que le plus grand génocide n'est EN RIEN le million de Juifs morts dans les camps de concentration... [...] on ne sait plus, parce qu'on est complètement sous propagande atlantiste pro-américaine ! ».

Négationnisme

Recrachant les poncifs qui circulent dans la littérature négationniste (le génocide des Juifs n'a pas fait comme il l'affirme un million de morts mais entre cinq et six fois plus ; du reste, les victimes de la Shoah, dans leur majorité, ont été assassinées principalement dans des centres de mise à mort, non des camps de concentration), Gabriel Rabhi invite aussi, sans surprise, à visionner une vidéo de Kontre Kulture (une SARL fondée par Alain Soral) où Martin Peltier, un collaborateur de Bruno Gollnisch passé par Minute, National Hebdo, Radio Courtoisie ou Rivarol, présente son livre Shoah Story. Peltier y loue le travail des négationnistes comme Robert Faurisson et affirme que personne ne savait pour l'Holocauste. « Il y a peut-être une raison toute simple : personne ne savait... parce qu'il n'y avait rien à savoir ! » (sic).

Dans les commentaires, Gabriel Rabhi ajoute d'ailleurs sa touche personnelle : l'affirmation du chiffre des six millions de Juifs exterminés par les nazis relève selon lui d’« une propagande bien ancienne ». On l'a vu plus haut, selon lui, le génocide des Juifs n'aurait pas provoqué plus d'un million de victimes. C'est un lieu commun de la propagande négationniste. Dans La Destruction des Juifs d'Europe, l'historien américain Raul Hilberg estime le nombre de victimes de la Shoah à 5 100 000 personnes. D'autres historiens avancent des chiffres compris entre 5 et 6 millions, variations liées notamment aux méthodes de calcul retenues. Il sera à jamais impossible de disposer d'un nombre exact des victimes du judéocide nazi. Toutefois, comme indiqué sur le site du Mémorial de la Shoah« le chiffre d’environ 6 millions de personnes est avancé et accepté par la plupart des autorités compétentes sur la question ».

Gabriel Rabhi semble également adhérer aux théories délirantes de l'Américain Eustace Mullins sur les origines du nazisme. Il est d'ailleurs possible que, passionné par les questions monétaires, il ait d'abord été séduit par les thèses conspirationnistes développées par Mullins dans Les secrets de la Réserve fédérale, un ouvrage dont Gabriel Rabhi recommande la lecture sur son site. Dans une vidéo publiée sur YouTube en novembre 2012, l'idéologue néo-nazi (Mullins était un admirateur notoire d'Adolf Hitler et un antisémite fanatique) prétend que, dès ses origines, le Parti national-socialiste allemand a noué alliance avec le « parti sioniste » (« zionist », en anglais, d'où le nom « NA-ZI » affirme Mullins de manière totalement fantaisiste). Si, dit-il, « la mythologie populaire » veut que « les épouvantables nazis s'en prenaient aux juifs », il s'agissait bien plus en fait d'une « mésentente entre juifs » sionistes et non-sionistes. Ainsi, « la mission des nazis était de forcer les juifs anti-sionistes à accepter le sionisme. Les camps de concentration servaient à ça [...]. Les camps de concentration étaient [donc] dirigés par les juifs sionistes […] et alors les sionistes sont devenus  les maîtres du monde ». Ce serait tellement vrai que « même certains juifs réclament une statue d'Adolf Hitler en Israël » ne craint pas d'affirmer Mullins. Un discours, écrit Gabriel Rabhi, « en phase avec ce que j'ai appris par d'autres canaux »...

Le 6 février 2015, Gabriel Rabhi publie carrément un article émanant du site de l'activiste antisémite Vincent Reynouard, plusieurs fois condamné pour avoir nié publiquement l'existence des chambres à gaz. Avec ce commentaire : « Plus j’étudie la question et plus cela me semble irrationnel ».

Invité d'honneur au banquet des 60 ans du journal d'extrême droite Rivarol le 21 mai 2011, Vincent Reynouard avait déclaré : « Vous me traitez de néo-nazi. Et moi, je vous dis : "pourquoi néo ?" Point final. C’est tout. Y’a rien d’autre à dire. »

Non. Il n'y a définitivement rien d'autre à dire.

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Sélections de posts de Gabriel Rabhi sur Facebook.

Alors que chaînes de télévision et radios ont multiplié, au cours des dernières années, les portraits lénifiants de Pierre Rabhi, quelques rares voix ont fait entendre une version dissonante de celle du « paysan-philosophe » débonnaire prônant le « retour à la terre ». La dernière en date : l’enquête publiée au mois d’août par Le Monde diplomatique. Dénonçant le « petit business » de Pierre Rabhi et critiquant l’écart entre son éloge de la frugalité et ses pratiques, l’article de Jean-Baptiste Malet a suscité, samedi 15 septembre, la réaction de l’un des fils de Pierre Rabhi, Gabriel.

Sur son compte Facebook, ce dernier se dit « navré qu’un journal respectable comme le Monde Diplomatique et que France-Inter s’associent à ce qui est, pour moi, une campagne de dénigrement basée sur des opinions infondés » (sic). Selon lui, les récentes publications de Jean-Baptiste Malet relèvent d’« une entreprise visant à salir l’image d’une personne publique par la calomnie et les sous-entendus, sans jamais aborder le fond, c’est-à-dire les idées ». Opinion partagée par Pierre Rabhi qui, lundi 17 septembre s'est déclaré « à des années lumières de penser qu’un jour [il serait] victime de dénigrement par des médias », arguant avoir « voué [son] existence depuis plus de cinquante ans, à participer à une évolution positive de l’histoire de l’Humanité ».

Mais si Pierre Rabhi s’est plusieurs fois affiché avec des personnalités controversées comme Henri Joyeux ou Étienne Chouard – qu'il a invité dans son mouvement les Colibris –, son fils Gabriel flirte quant à lui très ouvertement avec les théories complotistes et l’antisémitisme.

Avant d’être révélées au grand public en 2015 par Vanity Fair sous la plume de Sophie des Déserts, les affinités conspirationnistes de David et Gabriel Rabhi, l’avaient été dès décembre 2014 par Ornella Guyet (confusionnisme.info), de manière plus confidentielle mais fort bien documentée.

Quatre années plus tard, le prophète de la « sobriété heureuse » ne s’est toujours pas désolidarisé publiquement des prises de position de ses fils, se contentant de déclarer que « chacun [d'eux] trace sa propre route ».

Plus actif sur la toile que son frère aîné David, Gabriel Rabhi, 43 ans, s'est fait connaître en 2014, suite à la publication de vidéos sur la question de la monnaie. Sa principale fierté : le film « Dette, crise, chômage : qui créé l’argent ? » qui lui vaut une notoriété rapide dans le petit monde de la complosphère. C'est d'ailleurs le Cercle des Volontaires qui assure la promotion de cette vidéo de 117 minutes vue près d’un million de fois à ce jour sur YouTube et dans laquelle Gabriel Rabhi dénonce les « grands médias », qui repeindraient en « racistes, fascistes, antisémites, négationnistes, xénophobes et conspirationnistes ceux qui analysent les faits, critiquent le système et tentent d’en exposer les fondements ». Parmi eux : Hugo Chavez, Mahmoud Ahmadinejad, Eric Zemmour, Alain Soral, Dieudonné ou encore Michel Collon. Les sites des trois derniers ont d'ailleurs longtemps été chaudement recommandés par le site de Gabriel Rabhi, inter-agir.fr, en plus de ceux d'Etienne Chouard, Thierry Meyssan, Olivier Berruyer, Pierre Jovanovic ou Jean-Yves Le Gallou.

Capture d'écran de "Dette, crise, chômage : qui créé l’argent ?", de Gabriel Rabhi.

« Je ne vais pas forcément aux sources »

Autodidacte dans le domaine de l'ingénierie logicielle, Gabriel Rabhi définit son travail comme « une forme de journalisme citoyen », « engagé », « d'analyse ». « Journaliste » donc… mais « pas d'investigation, parce que je ne vais pas forcément aux sources » reconnaît-il dans une interview accordée au Cercle des Volontaires en 2014. Et c'est un peu là le problème...

Sans réelle considération pour la véracité des faits, Gabriel Rabhi, en victime-type du biais de confirmation, relaie les théories conspirationnistes les plus fumeuses piochées sur Internet : sur les vaccins, le 11-Septembre, les attentats terroristes qui endeuillent la France depuis 2012, la situation au Moyen-Orient, le réchauffement climatique ou le prétendu contrôle « sioniste » des médias.

Le lendemain de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, par exemple, il poste sur Twitter un visuel aux accents complotistes ironisant sur les papiers d'identité abandonnés par les terroristes.

Quelques jours plus tard, il partage une interview d'Isabelle Coutant-Peyre, avocate du père de Mohamed Merah et figure de la mouvance rouge-brune (elle fut notamment l'avocate du négationniste Roger Garaudy), en qualifiant les frères Kouachi et Mohamed Merah de « prétendus terroristes ».

Peu après, il suggère dans un dessin posté sur Facebook que les services secrets israéliens sont derrière l'attentat du 7 janvier 2015.

Le 18 octobre 2015, partageant une interview de la compagne de Charb, Valérie M., parue dans Le Parisien, il la commente en ces termes« On ne saura pas ce qu'il s'est vraiment passé (implication de l'Etat ? De réseaux sionistes ? Du Qatar ou des émirats ?) : une chose est sûre, je ne suis et ne serai jamais Charlie ! »

>>> Lire, sur le site de L'Express : « Charlie Hebdo : que vaut la théorie du complot de "Valérie M." ? » (19/10/2015)

Dès le 17 mars 2015, Gabriel Rabhi estime que « Daech est une création du bloc israélo-américain ». Le 3 juillet 2015, à nouveau, il écrit sur son compte Facebook qu'« il est tout à fait évident que Daech est le bébé des sionistes Israéliens et Américains », allant jusqu'à reprendre une fausse information concernant une prétendue rencontre entre des responsables américains et Abou Bakr al-Baghdadi, ainsi qu'une intox iranienne prêtant au chef de l'Etat islamique des origines... « israéliennes » !

Le lendemain des attentats du 13 novembre 2015, Gabriel Rabhi récidive : « Le petit braqueur de Tabac du coin ne prend jamais sa carte d'identité sur lui. Les terroristes, que ce soit le 11 septembre, à Charlie Hebdo ou hier, n'oublient surtout pas leur cartes d'identité. Ce qui marche est ré-employé. Plus c'est gros et simple, plus ça passe ! »

Le 15 novembre, il suggère encore qu'il n'est pas vraisemblable q'un exercice de simulation d’une attaque multiple ait pu être organisé à Paris le 13 novembre au matin, jour des attentats.

Une semaine plus tard, il publie sur Facebook le lien vers une vidéo YouTube sur Gladio, un réseau stay-behind actif pendant la guerre froide, assortie d’un commentaire de son cru : « Maintenant que l'émotion des attentats de Paris retombe, il est temps de prendre du recul. Voila ce qui me semble probable : ceux que l'on désigne comme les responsables de ces attentats (Daech et la mouvance Islamiste) ne sont pas les seuls véritables responsables, et encore moins les commanditaires ». Gabriel Rabhi se livre ensuite à une réécriture de l’histoire en présentant Gladio comme une cellule ayant fomenté des « attentats sous faux drapeau » (ou false flags), comme l’en accusent plusieurs auteurs conspirationnistes.

La « manipulation des médias »

Le 8 octobre 2016, il relaie un commentaire de son frère David pour qui la guerre en Syrie « est une guerre d’agression de la Syrie prévue de longue date et basée sur l’utilisation de djihadistes payés par le camp occidental via l’Arabie Saoudite ». Pour les deux fils de Pierre Rabhi, « la propagande s’intensifie, ce n’est pas un hasard. [...] Les médias tentent de cacher avec des images de guerre abominables une manipulation scandaleuse ».

Gabriel Rabhi semble convaincu que tous les grands canaux d'information sont alignés et n'ont pas d'autre but que de décrédibiliser les mouvements citoyens. Tous pratiqueraient l'amalgame, le « hacking des cerveaux » pour reprendre l'expression du conférencier soralien Lucien Cerise, dont il partage parfois les contenus.

Ayant apporté très ouvertement son soutien au candidat de l'UPR François Asselineau lors de l'élection présidentielle de 2017, Gabriel Rabhi relaie logiquement des contenus issus de sites comme Réseau international, Egalité & Réconciliation, StopMensonges.com, le Cercle des Volontaires, le Réseau Voltaire, Les-crises.fr ou encore de médias russes controversés comme Russia Today (notamment sa version délirante des attentats de novembre 2015 à Paris, voir ci-dessous) parce que – assène-t-il sans rire –, il « préfère les médias totalement indépendants ».

Ainsi, Gabriel Rabhi relaie plus volontiers la complosphère française ou les médias de désinformation du Kremlin que la presse dite « mainstream », accusée d'être « dans les mains des groupes industriels et financiers ». D’ailleurs, pour lui, « en France, les sionistes maîtrisent la majorité des grands médias... ».

Une vision du monde qu’il distille sous forme de commentaires sur Facebook. Comme ce 27 juin 2015 où il affirme que « c'est toujours une minorité qui font [sic] les guerres, et font en sorte que la majorité consentent à leurs guerres. […] les gens ne savent pas qu'on ne doit pas notre libération du nazisme aux Russes, et non aux Américains... Nous ne savons plus que le plus grand génocide n'est EN RIEN le million de Juifs morts dans les camps de concentration... [...] on ne sait plus, parce qu'on est complètement sous propagande atlantiste pro-américaine ! ».

Négationnisme

Recrachant les poncifs qui circulent dans la littérature négationniste (le génocide des Juifs n'a pas fait comme il l'affirme un million de morts mais entre cinq et six fois plus ; du reste, les victimes de la Shoah, dans leur majorité, ont été assassinées principalement dans des centres de mise à mort, non des camps de concentration), Gabriel Rabhi invite aussi, sans surprise, à visionner une vidéo de Kontre Kulture (une SARL fondée par Alain Soral) où Martin Peltier, un collaborateur de Bruno Gollnisch passé par Minute, National Hebdo, Radio Courtoisie ou Rivarol, présente son livre Shoah Story. Peltier y loue le travail des négationnistes comme Robert Faurisson et affirme que personne ne savait pour l'Holocauste. « Il y a peut-être une raison toute simple : personne ne savait... parce qu'il n'y avait rien à savoir ! » (sic).

Dans les commentaires, Gabriel Rabhi ajoute d'ailleurs sa touche personnelle : l'affirmation du chiffre des six millions de Juifs exterminés par les nazis relève selon lui d’« une propagande bien ancienne ». On l'a vu plus haut, selon lui, le génocide des Juifs n'aurait pas provoqué plus d'un million de victimes. C'est un lieu commun de la propagande négationniste. Dans La Destruction des Juifs d'Europe, l'historien américain Raul Hilberg estime le nombre de victimes de la Shoah à 5 100 000 personnes. D'autres historiens avancent des chiffres compris entre 5 et 6 millions, variations liées notamment aux méthodes de calcul retenues. Il sera à jamais impossible de disposer d'un nombre exact des victimes du judéocide nazi. Toutefois, comme indiqué sur le site du Mémorial de la Shoah« le chiffre d’environ 6 millions de personnes est avancé et accepté par la plupart des autorités compétentes sur la question ».

Gabriel Rabhi semble également adhérer aux théories délirantes de l'Américain Eustace Mullins sur les origines du nazisme. Il est d'ailleurs possible que, passionné par les questions monétaires, il ait d'abord été séduit par les thèses conspirationnistes développées par Mullins dans Les secrets de la Réserve fédérale, un ouvrage dont Gabriel Rabhi recommande la lecture sur son site. Dans une vidéo publiée sur YouTube en novembre 2012, l'idéologue néo-nazi (Mullins était un admirateur notoire d'Adolf Hitler et un antisémite fanatique) prétend que, dès ses origines, le Parti national-socialiste allemand a noué alliance avec le « parti sioniste » (« zionist », en anglais, d'où le nom « NA-ZI » affirme Mullins de manière totalement fantaisiste). Si, dit-il, « la mythologie populaire » veut que « les épouvantables nazis s'en prenaient aux juifs », il s'agissait bien plus en fait d'une « mésentente entre juifs » sionistes et non-sionistes. Ainsi, « la mission des nazis était de forcer les juifs anti-sionistes à accepter le sionisme. Les camps de concentration servaient à ça [...]. Les camps de concentration étaient [donc] dirigés par les juifs sionistes […] et alors les sionistes sont devenus  les maîtres du monde ». Ce serait tellement vrai que « même certains juifs réclament une statue d'Adolf Hitler en Israël » ne craint pas d'affirmer Mullins. Un discours, écrit Gabriel Rabhi, « en phase avec ce que j'ai appris par d'autres canaux »...

Le 6 février 2015, Gabriel Rabhi publie carrément un article émanant du site de l'activiste antisémite Vincent Reynouard, plusieurs fois condamné pour avoir nié publiquement l'existence des chambres à gaz. Avec ce commentaire : « Plus j’étudie la question et plus cela me semble irrationnel ».

Invité d'honneur au banquet des 60 ans du journal d'extrême droite Rivarol le 21 mai 2011, Vincent Reynouard avait déclaré : « Vous me traitez de néo-nazi. Et moi, je vous dis : "pourquoi néo ?" Point final. C’est tout. Y’a rien d’autre à dire. »

Non. Il n'y a définitivement rien d'autre à dire.

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