Un simple cliché publié par l'ancien directeur du FBI sur Instagram a suffi à embraser la complosphère pro-Trump qui l'a interprété comme un appel à assassiner le président des États-Unis.
Vendredi 16 mai, James Comey, ex-directeur du FBI limogé par Donald Trump il y a huit ans, a posté sur Instagram une photo énigmatique : une série de coquillages posés sur le sable et disposés de telle sorte qu'ils forment les nombres « 86 » et « 47 ». Un geste anodin ? Pas pour les sphères complotistes pro-Trump. En quelques heures, la « MAGAsphère » s’est emparée de cette publication pour la transformer en appel au meurtre visant Donald Trump !
La photo postée par Comey recèle effectivement un message codé. Mais pas forcément celui que veulent y voir les partisans de l'actuel locataire de la Maison-Blanche.
« 86 » (« eighty-six ») est un mot d’argot en anglais américain signifiant, lorsqu'il est utilisé comme un verbe, « se débarrasser de » quelqu'un ou quelque chose. Problème : il peut aussi vouloir dire, selon certaines acceptions minoritaires, « éliminer » voire « tuer ». Quant au nombre « 47 », il désignerait Trump en sa qualité de 47ème président des États-Unis. Le message en forme de rébus paraît clair : le nombre 86 associé à 47 n'aurait pas d'autre signification qu'un appel à « assassiner » le président Trump.
Face à la polémique naissante, Comey a rapidement supprimé sa publication et déclaré ne pas être au courant de la connotation potentiellement menaçante d'un tel message :
« J'ai posté un peu plus tôt une photo de coquillages que j'ai vus aujourd'hui lors d'une promenade sur la plage et que j'ai supposé être un message politique. Je n'avais pas réalisé que certaines personnes associaient ces chiffres à la violence. Cela ne m'est jamais venu à l'esprit, mais je m'oppose à toute forme de violence et j'ai donc retiré mon message. »
Il a néanmoins été interrogé dès samedi par le Secret Service (le service fédéral chargé de la protection rapprochée du président des États-Unis − ndlr), sans suite judiciaire.
Mais la machine complotiste est lancée. Nick Fuentes, influenceur suprémaciste notoire, affirme que le post a été publié exactement 8647 jours après le 11 septembre 2001. Coïncidence ? Impossible, selon lui. Alex Jones relaie évidemment aussitôt. En France, Idriss Aberkane y va lui aussi de son tweet indigné [archive].
L’excitation complotiste prend une tournure ésotérique avec l’entrée en scène des QAnons qui, comme à leur habitude, activent leur lecture numérologique de la séquence. Certains remarquent que le chiffre « 8 » formé par les coquillages contient 17 coquillages. Or, la 17ème lettre de l’alphabet est… Q ! Comme « Q », l'informateur caché des QAnons.
D’autres soulignent que l'addition « 6+4+7 » (les trois derniers chiffres de « 8647 ») donne 17 comme résultat, et que le chiffre 8 peut être obtenu en additionnant les chiffres 1 et 7 (comme dans 17 !).
Enfin, des QAnons ont trouvé un drop (message) de « Q » du 11 septembre 2020 (date anniversaire des attentats de 2001) mentionnant la « trahison » de Comey...
L’ironie de cette séquence improbable ? Des figures de la complosphère avaient auparavant utilisé ces mêmes codes. En février 2024 par exemple, Matt Gaetz publiait sur X avoir « 86’d » (« eighty-sixed », « éliminé » en français) Kevin McCarthy et d’autres personnalités républicaines auxquelles il s'opposait.
En 2022, le complotiste d'extrême droite Jack Posobiec lançait un « 86 46 » visant alors Joe Biden, le 46ème président des États-Unis. Le code avait été largement diffusé, imprimé sur des tee-shirts et des autocollants.
L'affaire a pris ce week-end une ampleur nationale comme en témoigne le passage de Tulsi Gabbard, nouvelle directrice du Renseignement national, sur Fox News dans l'émission de Jesse Watters − deux personnalités connues pour leur tropisme conspirationniste... :
Vendredi 16 mai, James Comey, ex-directeur du FBI limogé par Donald Trump il y a huit ans, a posté sur Instagram une photo énigmatique : une série de coquillages posés sur le sable et disposés de telle sorte qu'ils forment les nombres « 86 » et « 47 ». Un geste anodin ? Pas pour les sphères complotistes pro-Trump. En quelques heures, la « MAGAsphère » s’est emparée de cette publication pour la transformer en appel au meurtre visant Donald Trump !
La photo postée par Comey recèle effectivement un message codé. Mais pas forcément celui que veulent y voir les partisans de l'actuel locataire de la Maison-Blanche.
« 86 » (« eighty-six ») est un mot d’argot en anglais américain signifiant, lorsqu'il est utilisé comme un verbe, « se débarrasser de » quelqu'un ou quelque chose. Problème : il peut aussi vouloir dire, selon certaines acceptions minoritaires, « éliminer » voire « tuer ». Quant au nombre « 47 », il désignerait Trump en sa qualité de 47ème président des États-Unis. Le message en forme de rébus paraît clair : le nombre 86 associé à 47 n'aurait pas d'autre signification qu'un appel à « assassiner » le président Trump.
Face à la polémique naissante, Comey a rapidement supprimé sa publication et déclaré ne pas être au courant de la connotation potentiellement menaçante d'un tel message :
« J'ai posté un peu plus tôt une photo de coquillages que j'ai vus aujourd'hui lors d'une promenade sur la plage et que j'ai supposé être un message politique. Je n'avais pas réalisé que certaines personnes associaient ces chiffres à la violence. Cela ne m'est jamais venu à l'esprit, mais je m'oppose à toute forme de violence et j'ai donc retiré mon message. »
Il a néanmoins été interrogé dès samedi par le Secret Service (le service fédéral chargé de la protection rapprochée du président des États-Unis − ndlr), sans suite judiciaire.
Mais la machine complotiste est lancée. Nick Fuentes, influenceur suprémaciste notoire, affirme que le post a été publié exactement 8647 jours après le 11 septembre 2001. Coïncidence ? Impossible, selon lui. Alex Jones relaie évidemment aussitôt. En France, Idriss Aberkane y va lui aussi de son tweet indigné [archive].
L’excitation complotiste prend une tournure ésotérique avec l’entrée en scène des QAnons qui, comme à leur habitude, activent leur lecture numérologique de la séquence. Certains remarquent que le chiffre « 8 » formé par les coquillages contient 17 coquillages. Or, la 17ème lettre de l’alphabet est… Q ! Comme « Q », l'informateur caché des QAnons.
D’autres soulignent que l'addition « 6+4+7 » (les trois derniers chiffres de « 8647 ») donne 17 comme résultat, et que le chiffre 8 peut être obtenu en additionnant les chiffres 1 et 7 (comme dans 17 !).
Enfin, des QAnons ont trouvé un drop (message) de « Q » du 11 septembre 2020 (date anniversaire des attentats de 2001) mentionnant la « trahison » de Comey...
L’ironie de cette séquence improbable ? Des figures de la complosphère avaient auparavant utilisé ces mêmes codes. En février 2024 par exemple, Matt Gaetz publiait sur X avoir « 86’d » (« eighty-sixed », « éliminé » en français) Kevin McCarthy et d’autres personnalités républicaines auxquelles il s'opposait.
En 2022, le complotiste d'extrême droite Jack Posobiec lançait un « 86 46 » visant alors Joe Biden, le 46ème président des États-Unis. Le code avait été largement diffusé, imprimé sur des tee-shirts et des autocollants.
L'affaire a pris ce week-end une ampleur nationale comme en témoigne le passage de Tulsi Gabbard, nouvelle directrice du Renseignement national, sur Fox News dans l'émission de Jesse Watters − deux personnalités connues pour leur tropisme conspirationniste... :
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