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La complosphère est divisée. Il y a huit jours, l'influenceuse d'extrême droite américaine Candace Owens a affirmé que le président de la République française et son épouse, qui ont porté plainte contre elle aux États-Unis, auraient commandité son assassinat ainsi que celui du Français Xavier Poussard, l'un des principaux artisans de la rumeur complotiste visant Brigitte Macron. Elle a ajouté que la 13ème [demi-]brigade de Légion étrangère était impliquée dans l'assassinat de Charlie Kirk...
Outre-Atlantique, Alex Jones a relayé les délires d'Owens sur son site InfoWars tandis que celle-ci a reçu le soutien de Pavel Durov (lire notre article), de Géopolitique Profonde et de Mike Borowski, qui prend cette énième fake news très au sérieux.
Une fois n'est pas coutume, plusieurs figures historiques de la complosphère ont pris leur distance. À commencer par Alain Soral. Flairant un piège, le polémiste antisémite a appelé ses amis à la prudence. L'ex-officier Alexandre Juving-Brunet lui a emboité le pas, évoquant une perte de temps. Il faut dire que, cette fois-ci, Candace Owens ne met pas seulement en cause Emmanuel et Brigitte Macron : elle incrimine explicitement le GIGN et l'armée française. A-t-elle franchi la ligne rouge de trop en mettant en cause l'institution militaire, c'est-à-dire l'une des seules en laquelle la complosphère d'extrême droite place encore un peu de sa confiance ?
Il n'est pas si facile de renoncer au complotisme lorsqu'il constitue votre seconde nature. Comment alors se démarquer des tuyaux percés de l'Américaine ? En redoublant de complotisme bien sûr ! C'est-à-dire en suggérant que les pseudo-révélations d'Owens sont orchestrées en sous-main pour les décrédibiliser elle et Poussard, et faire rejaillir le ridicule de ces pseudo-révélations sur les membres de la « Dissidence » et autres « chercheurs de Vérité ».
Soral qui (re)tente de se défaire du délire conspi "Brigitte est un homme" dont est friande sa base.
Le (re)voilà qui nous explique que "l'affaire Brigitte" est en fait un complot (type psyop) pour décrédibiliser la "dissidence" (qui le fait pourtant très bien toute seule). 🍿 pic.twitter.com/jbOAQklEIo— Tristan Mendès France (@tristanmf) November 30, 2025
Quelque part, en coulisses, on manipulerait les complotistes eux-mêmes pour les entraîner sur une fausse piste mais aussi – suggère par exemple Juving-Brunet – pour protéger Israël ! Où l'on voit une nouvelle fois que le complotisme est une obsession confinant à la pathologie.
L'épisode met en tous cas en lumière la drôle de géométrie de la croyance qui règne au Complotistan. Car avant d'accuser un commando du GIGN mandaté par l'Élysée de vouloir l'assassiner, Candace Owens a passé des années à raconter n'importe quoi sur Brigitte Macron, le Covid-19, les vaccins, les dinosaures, les homosexuels, les Juifs, l'Ukraine ou encore le premier pas de l'homme sur la Lune. Et c'est seulement maintenant, en novembre 2025, qu'il faudrait commencer à prendre avec des pincettes ce qui sort de sa bouche ? Dans cette affaire, les complotistes ont, comme toujours, huit trains de retard. C'est peut-être le seul véritable enseignement de cette séquence navrante.
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