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[PODCAST] En Chine, un complotisme d’État décomplexé

La Chine est un émetteur majeur de la propagande complotiste russe sur la guerre en Ukraine. L’occasion d’analyser la politique de Pékin d’utiliser le conspirationnisme comme une véritable arme informationnelle.

L’immense majorité des contenus de désinformation pro-Russie sur la guerre en Ukraine ne vient pas de Russie… Mais de Chine ! C’est ce qu’affirme une étude publiée le 4 mai dernier par NewsGuard, une organisation de lutte contre la propagande en ligne. Car si Facebook est interdit en Chine, les médias chinois eux ne se privent pas de Facebook : plus d’un demi-milliard d’utilisateurs de ce réseau suivent des médias publics affiliés au Parti communiste chinois.

Par exemple nous dit Newsguard, “la page Facebook francophone de la chaîne de télévision publique chinoise CGTN compte 20 millions de followers”. C’est avec cet énorme levier, sans doute sous-évalué en Occident, que la Chine relaie nombre de théories du complot. Et pour Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste de la Chine et invité de cet épisode, Pékin ne soutient pas les thèses du Kremlin par alignement idéologique sur l'Ukraine, mais pour atteindre au travers de cette propagande un objectif qui lui est propre : nuire aux États-Unis.

Le complotisme au service de l'hégémonie chinoise

La stratégie était la même au moment du Covid : user de tous les moyens possibles pour atteindre son ennemi juré, par exemple en poussant fortement l'idée selon laquelle le Covid-19 ne serait pas originaire de Chine, mais des États-Unis, plus précisément d'un laboratoire américain. Larry Romanoff, un prétendu scientifique canadien, a servi à légitimer le discours de la Chine sur une origine américaine du Covid. Mais le pouvoir assume lui-même ses campagnes "informationnelles" : le 24 mars 2020, l’ambassade de Chine en France avait publié une série de tweets questionnant l’origine du Covid-19 en se demandant si les États-Unis n’avaient pas tenté de dissimuler des cas en septembre 2019, avant l’épisode de Wuhan, ou en expliquant que des cas suspicieux étaient apparus aux États-Unis juste après la fermeture "d’un grand centre de recherche américain d’arme biochimique".

"Révolutions de couleur" : la confiscation historique des soulèvements populaires

En 1989 déjà, lors du massacre de Tiananmen, le discours officiel chinois sur le "printemps de Pékin" ne se distingue guère de celui du très conspirationniste Réseau Voltaire de Thierry Meyssan : "Le soulèvement de Tiananmen était la première tentative de la CIA d’organisation d’une 'révolution colorée'". Une révolution de couleur, c'est-à-dire un mouvement qui ne serait pas issu du peuple, mais d'une manipulation venant de l'étranger pour déstabiliser le pouvoir en place.

Aujourd'hui encore, tout dissident peut être accusé d'être piloté par l'extérieur, par exemple à Hong Kong.

Autre sujet cible de complotisme : le sort des Ouïghours, au sujet duquel des relais de la complosphère française portent le discours de Pékin.

"En Chine, un complotisme décomplexé", c'est le 29e épisode de Complorama avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférence et membre de l’observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.

 

Voir aussi :

Fort Detrick

 

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Par exemple nous dit Newsguard, “la page Facebook francophone de la chaîne de télévision publique chinoise CGTN compte 20 millions de followers”. C’est avec cet énorme levier, sans doute sous-évalué en Occident, que la Chine relaie nombre de théories du complot. Et pour Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste de la Chine et invité de cet épisode, Pékin ne soutient pas les thèses du Kremlin par alignement idéologique sur l'Ukraine, mais pour atteindre au travers de cette propagande un objectif qui lui est propre : nuire aux États-Unis.

Le complotisme au service de l'hégémonie chinoise

La stratégie était la même au moment du Covid : user de tous les moyens possibles pour atteindre son ennemi juré, par exemple en poussant fortement l'idée selon laquelle le Covid-19 ne serait pas originaire de Chine, mais des États-Unis, plus précisément d'un laboratoire américain. Larry Romanoff, un prétendu scientifique canadien, a servi à légitimer le discours de la Chine sur une origine américaine du Covid. Mais le pouvoir assume lui-même ses campagnes "informationnelles" : le 24 mars 2020, l’ambassade de Chine en France avait publié une série de tweets questionnant l’origine du Covid-19 en se demandant si les États-Unis n’avaient pas tenté de dissimuler des cas en septembre 2019, avant l’épisode de Wuhan, ou en expliquant que des cas suspicieux étaient apparus aux États-Unis juste après la fermeture "d’un grand centre de recherche américain d’arme biochimique".

"Révolutions de couleur" : la confiscation historique des soulèvements populaires

En 1989 déjà, lors du massacre de Tiananmen, le discours officiel chinois sur le "printemps de Pékin" ne se distingue guère de celui du très conspirationniste Réseau Voltaire de Thierry Meyssan : "Le soulèvement de Tiananmen était la première tentative de la CIA d’organisation d’une 'révolution colorée'". Une révolution de couleur, c'est-à-dire un mouvement qui ne serait pas issu du peuple, mais d'une manipulation venant de l'étranger pour déstabiliser le pouvoir en place.

Aujourd'hui encore, tout dissident peut être accusé d'être piloté par l'extérieur, par exemple à Hong Kong.

Autre sujet cible de complotisme : le sort des Ouïghours, au sujet duquel des relais de la complosphère française portent le discours de Pékin.

"En Chine, un complotisme décomplexé", c'est le 29e épisode de Complorama avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférence et membre de l’observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.

 

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