Une enquête conduite notamment par l'association Hope Not Hate vient de révéler que d'anciens membres du Labour, le Parti travailliste britannique, ont participé de manière régulière à des rencontres avec des éléments d'extrême droite, communiant dans des théories du complot à caractère antisémite.
Peter Gregson et Ian Fantom lors d'une réunion de Keep Talking à Londres le 5 mars 2019 (capture d'écran YouTube).
Lors d'un rassemblement à Londres l'année dernière, des militants travaillistes ayant fait l'objet d'une suspension ont écouté James Thring, un antisémite notoire lié à l'ancien Grand sorcier du Ku Klux Klan David Duke, tenir ouvertement et sans être contredit des propos négationnistes. Dans un enregistrement clandestin de ses propos lors de cette réunion, Thring affirme que personne n'est jamais mort à Auschwitz, où 1,1 million de personnes, des Juifs pour la plupart, ont été assassinées :
« Les archives des postes d'écoute ne montrent aucune preuve qu'ils aient entendu quoi que ce soit au sujet des décès à Auschwitz. Nous ne savions pas que ça se passait… parce que ça n'était pas le cas. »
Nick Lowles, directeur général de l'organisation antiraciste britannique Hope Not Hate qui, avec l'association caritative juive Community Security Trust (CST), a enquêté sur Keep Talking pendant trois ans, a déclaré : « Notre étude montre ce que la politique de certains d'extrême gauche et d'extrême droite a en commun, l'antisémitisme. Il est important que ces groupes ne soient pas seulement considérés comme excentriques ou inoffensifs. Ils donnent aux [théories du] complots un espace pour prospérer et grossir, et ils encouragent les gens à continuer à diffuser des mensonges. »
Lors de la réunion au cours de laquelle Thring a pris la parole le 5 mars 2019, dans un café de Kentish Town, à Londres, l'ancien militant travailliste Peter Gregson a prononcé un discours intitulé « Comment la liberté d'expression sur Israël recule grâce à de fausses allégations d'antisémitisme ? », dans lequel il a critiqué l'adoption, par le gouvernement britannique, des principaux partis politiques et syndicats du pays, de la définition de travail de l'antisémitisme de l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA). Gregson, qui a été expulsé du GMB Union – un syndicat proche du Labour – et suspendu du Parti travailliste en raison de propos à caractère antisémite, a fondé un groupe appelé Labor Against Sionism and Islamophobic Racism (Lazir).
Le conspirationniste du 11-Septembre Ian Fantom, co-fondateur de Keep Talking, était également présent dans le public. Lors d'un autre événement organisé par Keep Talking, il est apparu aux côtés notamment de Piers Corbyn, le frère aîné du leader du Parti travailliste.
L'autre co-fondateur de Keep Talking, Nick Kollerstrom, est un négationniste et un conspirationniste notoire.
Des images prises lors de la réunion de Kentish Town ont également identifié Gill Kaffash, ancienne secrétaire d'une section locale londonienne de la Palestine Solidarity Campaign, dont la demande d'adhésion a été rejetée par le Parti travailliste en 2016 parce qu'elle avait promu les thèses négationnistes.
Parmi les autres participants de Keep Talking, on compte la négationniste et militante d'extrême droite Alison Chabloz, dont Jewish News rapportait en 2015 qu'elle était devenue une supportrice du Labour et avait « déclaré sa loyauté au leader travailliste Jeremy Corbyn dans plusieurs articles de blog. » Chabloz a été condamnée en 2018 après avoir publié des vidéos d'elle en train de chanter des chansons antisémites et négationnistes lors d'une réunion du London Forum, une organisation d'extrême droite ayant des liens avec l'Alt-Right américain.
En juin 2019, Alison Chabloz s'est exprimée au Bal des Quenelles, organisé en France par Dieudonné M'Bala M'Bala. Elle y explique que c'est grâce à ce dernier qu'elle a « découvert le travail du professeur Faurisson ».
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