Eurispes, un institut privé basé à Rome, a publié récemment son rapport 2020. 12 pages y sont consacrées à la question de l’antisémitisme en Italie, sur la base d’une enquête d’opinion réalisée entre décembre 2019 et janvier 2020. L'étude montre que près de 24% des Italiens approuvent l’affirmation selon laquelle « les Juifs contrôlent le pouvoir économique et financier », tandis que 22% sont d'accord avec l’idée que « les Juifs contrôlent les médias » et que 26% considèrent que « les Juifs déterminent les choix politiques des États-Unis. »
Les réponses à ces questions varient selon les sympathies partisanes. Ainsi, l’assertion selon laquelle « les Juifs contrôlent l’économie et la finance » est tenue pour vraie par 33% des électeurs du centre-droit et 31% des électeurs de droite, mais seulement par 8% des électeurs du centre. Celle selon laquelle « les Juifs contrôlent les médias » est approuvée par 30% des électeurs de droite et 30% des électeurs du centre-droit et seulement 7% des électeurs du centre. Enfin, ce sont les électeurs du Mouvement 5-Étoiles (M5S), de Beppe Grillo, qui sont les plus nombreux (33%) à considérer que « les Juifs déterminent les choix politiques des États-Unis. »
15% des Italiens sont en outre d'accord avec l’assertion selon laquelle « la Shoah n’a jamais eu lieu ». Ce chiffre était de moins de 3% en 2004. Il aurait ainsi été multiplié par cinq en 15 ans. Il faut aussi noter que cet énoncé négationniste recueille l'approbation de 26% des Italiens non diplômés, de 23% des électeurs du centre-gauche et de 18% des électeurs du M5S. C'est parmi ces derniers que l'on compte le plus grand nombre de ceux qui sont « tout à fait d'accord » avec l'idée que le génocide des Juifs est un mythe (8%).
Une autre forme de négationnisme consiste à minimiser le chiffre réel des victimes de la Shoah. 16% des Italiens pensent que celui-ci est « moins élevé qu’on le dit » (ils n'étaient que 11% en 2004). Ils sont 23% chez les électeurs de gauche, 23% chez les électeurs du centre, et 9% chez les électeurs de droite.
L'enquête d'Eurispes révèle par ailleurs que près de 62% des Italiens considèrent que les récents épisodes antisémites qui ont marqué leur pays sont des cas isolés qui ne reflètent pas l'existence d'un véritable problème d’antisémitisme. Un chiffre à peu près égal d'Italiens (près de 61%) pensent que ces événements sont la conséquence de la banalisation du racisme et des discours de haine. 47% d'entre eux pensent que ces cas d'antisémitisme témoignent d'un dangereux retour de l’antisémitisme en Italie et 37% qu’il ne s’agit que de provocations médiatiques ou de mauvaises blagues. A noter que les 18-24 ans sont moins enclins que les autres tranches d'âge à juger ces épisodes comme des cas isolés. Contrairement aux autres tranches d'âge, ils sont majoritaires à y voir un retour préoccupant de l'antisémitisme.
Voir aussi :
Sondage : un Européen sur quatre reconnaît nourrir de l’hostilité à l’égard des Juifs
Clause « anti-francs-maçons » : le Grand Maître du GODF répond à nos questions
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