Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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🔴 Conspiracy News #48.2025

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Publié par La Rédaction30 novembre 2025

L’actu de la semaine décryptée par Conspiracy Watch (du 24/11/2025 au 30/11/2025).

HARCÈLEMENT. Tout a commencé avec la publication, le 18 novembre, d'un sondage de l'Ifop sur « le rapport à l’islam et à l’islamisme des musulmans de France » (également couvert par Conspiracy Watch). Depuis lors, la revue Écran de Veille, commanditaire de cette enquête d'opinion, est la cible de menaces et d’intimidations. Elle se voit notamment reprocher d’être un relais d’influence au service des Émirats arabes unis dans leur lutte contre les Frères musulmans et leurs soutiens, le Qatar et la Turquie − ce que la rédaction d'Écran de Veille juge diffamatoire. Dans ce contexte, le député LFI Paul Vannier a publié sur X une capture d’écran faisant apparaître, surlignée, l’adresse du siège de ce mensuel qu’il accuse de poursuivre un « agenda islamophobe ». Trois jours plus tard, dans une vidéo tournée depuis son bureau de l’Assemblée nationale, le même s’interrogeait : « La commission d’“enquête” anti-LFI de Laurent Wauquiez a-t-elle été manipulée par les services de renseignements des Émirats ? » Le député désignait ensuite les journalistes Nora Bussigny (qui collabore à Conspiracy Watch mais aussi au Point, à Marianne ou encore à Franc-Tireur) et Emmanuel Razavi, présentés comme des relais de cette influence étrangère au motif que leurs noms figurent à l’ours d’Écran de Veille. Bussigny et Razavi, qui soulignent n’avoir eu aucun rôle dans la commande du sondage Ifop, ont annoncé déposer plainte contre Vannier pour diffamation et mise en danger, parallèlement aux plaintes de l’Ifop visant également des députés LFI pour les avoir accusés de « manipulation idéologique ».

Nora Bussigny, qui a publié récemment Les Nouveaux antisémites (Albin Michel, 2025), a reçu des centaines de messages d’insultes d’une violence inouïe ainsi qu’une menace de mort caractérisée. Elle se voit tout à la fois traitée de « sioniste », de « nazie », qui serait « payée » à la fois par Israël et les pays du Golfe. Elle a annoncé porter plainte pour cyberharcèlement, mise en danger de la vie d’autrui et menaces de crime. Devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur « les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste », elle décrit, sur la base de ses enquêtes, les convergences qu’elle a observées entre activisme pro-palestinien et réseaux islamistes. Emmanuel Razavi quant à lui détaille des cas d’entrisme électoral des Frères musulmans.

L’offensive de Vannier, qui transforme ces témoins embarrassants en supposés vecteurs d’ingérence étrangère, apparaît surtout comme un contre-feu politique destiné à déplacer le centre de gravité du débat public vers une mise en cause ad hominem des journalistes qui documentent les liens entre l’islam politique et certains partis comme LFI (sources : Libération, 20 novembre 2025 ; Paul Vannier/Facebook, 21 novembre 2025 ; Assemblée nationale, 28 octobre 2025 ; Marianne, 28 novembre 2025).

FAUSSES INFORMATIONS. Lors d'une prise de parole publique le 28 novembre, Emmanuel Marcon a dit vouloir instaurer la possibilité d’une action judiciaire contre les « fausses informations » ou les « informations qui sont attentatoires » à la dignité. « Ce vers quoi il faut qu’on aille, c’est de mettre vraiment en place un système de référé » pour demander au juge « de statuer en 48 heures » et « d’obliger » le harceleur présumé à « fermer » ses publications, a-t-il plaidé (sources : BFM TV/X, Huffpost, 28 novembre 2025).

PAVEL DUROV. Petit Télégramiste du complot. Candace Owens  (plus de 7 millions d'abonnés) a affirmé que le couple Macron aurait commandité son assassinat  (archive) et a reçu un soutien de poids : celui de Pavel Durov. En validant ce scénario d’assassinat (archive), Pavel Durov ne se contente plus d’offrir un refuge technique à la désinformation : il en devient un acteur de premier plan (source : Conspiracy Watch, 26 novembre 2025).

SÉGOLÈNE ROYAL. Elle est saluée par Florian Philippot [archive], Nicolas Dupont-Aignan [archive] ou encore Francis Lalanne. Invitée sur CNews le 20 novembre, Ségolène Royal a déclaré : « La France, elle doit être acteur de paix et pas acteur de guerre. Et c’est le contraire qui est en train de se passer. Pour semer la pagaille, peut-être pour se dire : "mais finalement si la France entre en guerre, il n’y aura pas d’élection présidentielle". Donc si c’est ça le rêve inconscient d’Emmanuel Macron, il doit rendre des comptes et venir s’expliquer. Et l’Assemblée nationale doit se saisir de ce problème pour savoir exactement ce qui se passe. On n’a pas le droit de faire peur à une nation toute entière. » L'ancienne candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2007 commentait les propos du général Mandon, nouveau chef d'état-major des armées, qui avait affirmé deux jours plus tôt lors du congrès des maires de France que notre pays devait être prêt à « accepter de perdre ses enfants ».

SANTÉ. Le coût mortel du discours anti-science. Le combat de Tatiana Schlossberg, petite-fille du président John F. Kennedy, atteinte d’un cancer en phase terminale, est devenu un puissant réquisitoire contre la désinformation. Diagnostiquée à 35 ans, la journaliste a publié un texte poignant dans The New Yorker où elle lie son sort à la crise de confiance dans le système médical. Elle y accuse implicitement son cousin, Robert F. Kennedy Jr, d'alimenter une vision complotiste de la santé. Schlossberg exprime la peur que sa vie dépende d'un système médical fragilisé par les discours anti-science, des propos qu'elle qualifie de potentiellement mortels. Ce témoignage frappe par sa double dimension : le courage face à la maladie et la dénonciation du conspirationnisme qui, en s'institutionnalisant, menace la résilience même de la médecine. D'ailleurs, la nomination de l'ancien Surgeon-General de Louisiane, Ralph Abraham, au poste de numéro 2 du Centers for Disease Control and Prevention (CDC) – l'agence de santé publique américaine – va dans le sens des propos de Tatiana Schlossberg et constitue un signal d’alarme majeur. Ralph Abraham est connu pour ses positions radicalement antivax : il avait notamment ordonné l’arrêt des campagnes de vaccination de masse en Louisiane et qualifié les vaccins anti-Covid de « dangereux ». Il a également promu activement des traitements contestés comme l’ivermectine ou l’hydroxychloroquine pour le Covid-19, malgré l’absence de preuves scientifiques et les avertissements des autorités sanitaires. Cette nomination poursuit ce processus d'institutionnalisation des discours anti-science au sein même de l'appareil d'État américain (sources : The New Yorker, 22 novembre 2025 ; Frédéric Filloux/X, 23 novembre 2025 ; Nicolas Berrod/X, 26 novembre 2025 ; NPR, 25 novembre 2025 ; Fortune, 25 novembre 2025).

COMPLORAMA. L'affaire Epstein est devenue un mythe central et increvable au sein de la complosphère internationale. « Epstein, l'obsession complotiste », c'est le 99ème épisode de Complorama avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférences associé à l'université Paris-Cité, spécialiste des cultures numériques et membre de l'observatoire du conspirationnisme. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple PodcastPodcast AddictSpotifyDeezer. Et retrouvez Complorama sur la chaine YouTube de franceinfo.

MARJORIE TAYLOR GREENE. Le complotisme face à la loyauté politique. Le 14 novembre, l'élue républicaine de Géorgie a été sévèrement répudiée par le président américain, qui l'a qualifiée de « folle furieuse ». Cette rupture est survenue après que Marjorie Taylor Greene a milité justement avec insistance pour la publication des dossiers sur l'affaire Jeffrey Epstein. Sa position sur le complotisme a-t-elle évolué ? Bien qu'elle ait attiré l'attention en soutenant QAnon avant de désavouer officiellement le mouvement, elle reste profondément ancrée dans l'idéologie complotiste. Sa croisade sur le dossier Epstein montre que l'idéologie sous-jacente (défiance envers « l'État profond » et obsession pour les « secrets de l'élite ») demeure son principal moteur politique (source : Conspiracy Watch, 28 novembre 2025).

UKRAINE. Sur X, Nicolas Dupont-Aignan brandit un décret « extrêmement grave » qui autoriserait, selon lui, la création de « groupes armés privés » et permettrait à Emmanuel Macron d’intervenir en Ukraine « sans passer par l’accord du Parlement ». Encore une hallucination pour Nicolas Dupont-Aignan. Le site de légal-checking Les Surligneurs montre que le décret concerné (n° 2025-1030 du 31 octobre 2025) encadre la désignation d’entreprises chargées de missions de formation, d’entraînement, de maintien en condition opérationnelle ou de soutien au profit d’États partenaires, qu'il « ne délègue aucune force publique, ne crée aucun combattant privé » et ne modifie en rien l’obligation de consulter le Parlement pour tout engagement des forces armées. De son côté, l’AFP rappelle que le mercenariat demeure interdit en droit français et que le décret ne permet ni d’envoyer des soldats en Ukraine par la bande, ni de contourner l’article 35 de la Constitution (source : Les Surligneurs, 26 novembre 2025).

CRISE BOVINE. La dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) continue de frapper et des centaines d'éleveurs protestent contre la politique sanitaire qui implique l’abattage de tous les animaux d’un groupe dès qu’un cas est détecté. Ils dénoncent un « crime d'État », décrivent les abattages comme des « mises en scène » et parlent même de « massacre » ou de « peloton d'exécution ». Les mesures sanitaires sont perçues comme disproportionnées ou manipulées. Elles alimentent la conviction que l’épidémie bovine sert d’alibi à un « agenda caché » visant la destruction de la filière bovine (sources : Le Point, 19 novembre 2025 ; Made In Perpignan, 10 novembre 2025).

RIVAROL. La Cour administrative d'appel de Paris a confirmé le 21 novembre 2025 le retrait des aides publiques à la presse pour l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol. La Cour a jugé que l'hebdomadaire, connu pour ses positions haineuses et négationnistes, ne remplissait pas la condition d'« intérêt général » requise pour bénéficier de ce régime (source : Conspiracy Watch/X, 24 novembre 2025).

JULIEN THÉRY. L'Université Lyon 2 est secouée par la publication, par le professeur d'histoire médiévale et militant d'extrême gauche Julien Théry, d'un post comprenant une  liste nominative de « 20 génocidaires à boycotter » et composée majoritairement de personnalités juives. Cette liste reprend les noms des 20 signataires d'une tribune appelant à attendre, pour reconnaître un État palestinien, la libération des personnes retenues en otage à Gaza et le démantèlement de l’organisation terroriste qui les avait enlevées lors du plus meurtrier massacre de Juifs depuis la Seconde Guerre mondiale. L’Université, qui a condamné « avec la plus grande fermeté » la publication de Julien Théry, a saisi officiellement le procureur de la République, reconnaissant par ailleurs à l’enseignant un « droit absolu d’expression à titre individuel » (source : Le Figaro, 24 novembre 2025). Le ministre de l’Éducation nationale Édouard Geffray a qualifié quant à lui de « profondément scandaleux » le message publié par Théry tout en apportant « [s]on soutien aux personnes qui ont été visées ». Jean-Luc Mélenchon a de son côté apporté son soutien à l'historien qui, selon lui, « subit un ciblage de la Licra sous des prétextes fallacieux destinés à montrer la toute puissance [sic] des accusateurs ». Le 23 octobre dernier, Julien Théry publiait sur le site de Hors-Série un texte affirmant que l'antisémitisme de gauche était une fake news. Pour Conspiracy Watch, l'historien et rédacteur en chef de la revue de la Licra Emmanuel Debono lui avait répondu (sources : Le Figaro, 24 novembre 2025 ; Le Monde, 26 novembre 2025).

SORBONNE. L'université de La Sorbonne à Paris a quant à elle annoncé le 24 novembre avoir saisi la justice après des « propos antisémites et faisant l’apologie du nazisme » tenus lors d'un cours magistral à la faculté de santé quelques jours avant. Sur une photographie, des réponses au Wooclap relayée sur X par Manès Nadel, cofonfondateur et ancien président de l'Union syndicale lycéenne, des références précises liées à l’extrême droite la plus radicale et complotiste apparaissent comme celles à Vincent Reynouard ou encore à « Libérez Gros Lardon » (pseudonyme du militant néonazi Léo Rivière-Prost). On y aperçoit également une croix gammée et les mentions « Juifs » ou « Libérez Maurice Papon » (sources : franceinfo, 24 novembre 2025 ; Manès Nadel/X, 22 novembre 2025).

DE VILLIERS. « Il faut que les Français sachent qu’il y a un parti sarrazin, un parti qui préfère Saladin à Saint-Louis, un parti de l’étranger, un parti des Français reniés comme on disait au temps de Jeanne d’Arc ». C'est ce qu'a déclaré Philippe de Villiers au Dôme de Paris le 25 novembre, lors de la soirée organisée par Le JDD, CNews et Europe 1 (source : 20 Minutes, 26 novembre 2025).

CINÉMA. Dans cette adaptation d’un thriller coréen, Yórgos Lánthimos expose jusqu’à l’absurde les ressorts du complotisme. Aux frontières de l’horreur et du burlesque, Bugonia contemple la prison mentale de deux apiculteurs dérangés persuadés d’avoir kidnappé une alien déguisée en PDG américaine (source : Conspiracy Watch, 30 novembre 2025).

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