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Hydroxychloroquine (théorie du complot sur l' – )

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L’hydroxychloroquine est un médicament antipaludéen préconisé dans le traitement contre le Covid-19 par l'infectiologue marseillais Didier Raoult à partir de la fin févier 2020 (il en parle comme de « probablement le traitement le moins cher et le plus simple pour traiter le coronavirus »).

En mars 2020, alors que les premières réserves s'expriment sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine, cette molécule bon marché (elle est tombée dans le domaine public) commence à être citée par plusieurs influenceurs conspirationnistes comme un traitement délibérément mis à l'écart par les autorités sanitaires au profit d'autres médicaments plus onéreux. L'eurodéputé d'extrême droite Gilbert Collard, l'ex-ministre Philippe Douste-Blazy, la députée Martine Wonner, le sociologue Laurent Mucchielli et beaucoup d'autres vantent l'efficacité de la molécule.

Définitivement abandonnée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en juin 2020 comme traitement possible contre le Covid-19, l'hydroxychloroquine a fait l'objet de plusieurs études randomisées (Recovery, Hycovid, Solidarity...) concluant toutes à son inefficacité contre cette maladie.

En mars 2020, l'ex-ministre de la santé Agnès Buzyn (17 mai 2017-16 février 2020), par ailleurs la cible de violentes attaques antisémites sur les réseaux sociaux, est incriminée par plusieurs commentateurs complotistes pour avoir inscrit l'hydroxychloroquine sur la liste II des substances vénéneuses (et par conséquent soumis à prescription médicale) par arrêté du 13 janvier 2020. Ces derniers suggèrent voire affirment carrément que ce classement prouve que le Gouvernement avait une préconnaissance de la pandémie et qu'il a cherché, de manière criminelle, à empêcher les Français de se soigner au moyen de cette molécule.

En réalité, ce classement, qui n'interdit en rien la prescription de l'hydroxychloroquine mais en fait un traitement nécessitant une ordonnance, fait suite à une recommandation de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) du 12 novembre 2019, laquelle résultait d'une demande de mise à jour introduite en 2018 par les laboratoires Sanofi, qui commercialisent l'hydroxychloroquine sous le nom de Plaquenil. Comme le notent Libération ou encore AFP Factuel, il s'agit plutôt du respect d'un principe de précaution dans le cadre d'une procédure lancée antérieurement à l'émergence de la pandémie de Covid-19.

Invitée à revenir sur l'arrêté du 13 janvier 2020 lors de son audition du 30 juin 2020 devant la commission d'enquête parlementaire sur la gestion de la pandémie de Covid-19, Agnès Buzyn a déclaré :

 

Voici le compte-rendu officiel de ses propos, disponible sur le site de l'Assemblée nationale :

« Vous m’interrogez sur le classement de l’hydroxychloroquine sur la liste II des substances vénéneuses – des médicaments qui nécessitent une prescription médicale. Il faut savoir que ce produit était en vente libre, alors que son homologue, la chloroquine, est vendue sur ordonnance depuis vingt ans. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, comme les centres de pharmacovigilance, reçoit en permanence des remontées sur la dangerosité de certains médicaments et elle a dû recevoir des signalements d’accidents causés par l’hydroxychloroquine. Elle a alors demandé à l’ANSES un avis sur la dangerosité de ce produit, qui a été rendu en novembre 2019. Conformément à cet avis, l’ANSM a ensuite demandé au ministère de classer ce médicament parmi les substances vénéneuses. Le directeur général de la santé a entériné cette décision par un arrêté, comme cela se produit tous les jours. Le seul médicament dont j’ai interdit la vente libre, en tant que ministre, c’est un sirop pour la toux à base de codéine : des jeunes en avaient mis dans des cocktails et étaient morts par surdosage. Pour le reste, la remontée d’information est le processus normal. Après la crise du Médiator, on ne peut pas reprocher au ministère de la santé de veiller à ce que les Français ne consomment pas trop de médicaments sans ordonnance. Moins on consomme de médicaments, mieux on se porte. J’ai vu des théories complotistes circuler sur cet arrêté, mais il est pris le 12 janvier. À cette date, on compte cinquante cas en Chine, et un mort… »

Le 1er janvier 2022, au lendemain de l'admission d'Agnès Buzyn dans l'ordre de la Légion d'honneur, l'économiste Philippe Herlin, contempteur de l’« apartheid vaccinal » et du « Great Reset », a estimé qu'« en bloquant la prescription de l'hydroxychloroquine le 13 janvier 2020 », l'ancienne ministre de la Santé n'avait fait que « respecte[r] le plan » visant à « fabrique[r] cette pandémie bidon ».

Le lendemain, Bruno Gollnisch, membre du Bureau national du Rassemblement national (RN), a diffusé sur Twitter un visuel trompeur émanant de Damoclès, un média de « réinformation » dirigé par Samuel Lafont (directeur de la communication numérique de la campagne d'Éric Zemmour), attribuant à Agnès Buzyn la fausse citation suivante : « J'ai interdit la chloroquine parce que moins on prend des médicaments mieux c'est ! »

Cette citation apocryphe, qui dénature les explications apportées par l'ancienne ministre de la santé, est apparue dès le 1er juillet 2020 sur des médias complotistes tels que Moutons Rebelles [archive]. Elle a été relayée par l’ancien cadre du RN Jean Messiha et largement diffusée sur les réseaux sociaux (voir ici, ou encore ).

 

(Dernière mise à jour le 14/01/2022)

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L’hydroxychloroquine est un médicament antipaludéen préconisé dans le traitement contre le Covid-19 par l'infectiologue marseillais Didier Raoult à partir de la fin févier 2020 (il en parle comme de « probablement le traitement le moins cher et le plus simple pour traiter le coronavirus »).

En mars 2020, alors que les premières réserves s'expriment sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine, cette molécule bon marché (elle est tombée dans le domaine public) commence à être citée par plusieurs influenceurs conspirationnistes comme un traitement délibérément mis à l'écart par les autorités sanitaires au profit d'autres médicaments plus onéreux. L'eurodéputé d'extrême droite Gilbert Collard, l'ex-ministre Philippe Douste-Blazy, la députée Martine Wonner, le sociologue Laurent Mucchielli et beaucoup d'autres vantent l'efficacité de la molécule.

Définitivement abandonnée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en juin 2020 comme traitement possible contre le Covid-19, l'hydroxychloroquine a fait l'objet de plusieurs études randomisées (Recovery, Hycovid, Solidarity...) concluant toutes à son inefficacité contre cette maladie.

En mars 2020, l'ex-ministre de la santé Agnès Buzyn (17 mai 2017-16 février 2020), par ailleurs la cible de violentes attaques antisémites sur les réseaux sociaux, est incriminée par plusieurs commentateurs complotistes pour avoir inscrit l'hydroxychloroquine sur la liste II des substances vénéneuses (et par conséquent soumis à prescription médicale) par arrêté du 13 janvier 2020. Ces derniers suggèrent voire affirment carrément que ce classement prouve que le Gouvernement avait une préconnaissance de la pandémie et qu'il a cherché, de manière criminelle, à empêcher les Français de se soigner au moyen de cette molécule.

En réalité, ce classement, qui n'interdit en rien la prescription de l'hydroxychloroquine mais en fait un traitement nécessitant une ordonnance, fait suite à une recommandation de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) du 12 novembre 2019, laquelle résultait d'une demande de mise à jour introduite en 2018 par les laboratoires Sanofi, qui commercialisent l'hydroxychloroquine sous le nom de Plaquenil. Comme le notent Libération ou encore AFP Factuel, il s'agit plutôt du respect d'un principe de précaution dans le cadre d'une procédure lancée antérieurement à l'émergence de la pandémie de Covid-19.

Invitée à revenir sur l'arrêté du 13 janvier 2020 lors de son audition du 30 juin 2020 devant la commission d'enquête parlementaire sur la gestion de la pandémie de Covid-19, Agnès Buzyn a déclaré :

 

Voici le compte-rendu officiel de ses propos, disponible sur le site de l'Assemblée nationale :

« Vous m’interrogez sur le classement de l’hydroxychloroquine sur la liste II des substances vénéneuses – des médicaments qui nécessitent une prescription médicale. Il faut savoir que ce produit était en vente libre, alors que son homologue, la chloroquine, est vendue sur ordonnance depuis vingt ans. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, comme les centres de pharmacovigilance, reçoit en permanence des remontées sur la dangerosité de certains médicaments et elle a dû recevoir des signalements d’accidents causés par l’hydroxychloroquine. Elle a alors demandé à l’ANSES un avis sur la dangerosité de ce produit, qui a été rendu en novembre 2019. Conformément à cet avis, l’ANSM a ensuite demandé au ministère de classer ce médicament parmi les substances vénéneuses. Le directeur général de la santé a entériné cette décision par un arrêté, comme cela se produit tous les jours. Le seul médicament dont j’ai interdit la vente libre, en tant que ministre, c’est un sirop pour la toux à base de codéine : des jeunes en avaient mis dans des cocktails et étaient morts par surdosage. Pour le reste, la remontée d’information est le processus normal. Après la crise du Médiator, on ne peut pas reprocher au ministère de la santé de veiller à ce que les Français ne consomment pas trop de médicaments sans ordonnance. Moins on consomme de médicaments, mieux on se porte. J’ai vu des théories complotistes circuler sur cet arrêté, mais il est pris le 12 janvier. À cette date, on compte cinquante cas en Chine, et un mort… »

Le 1er janvier 2022, au lendemain de l'admission d'Agnès Buzyn dans l'ordre de la Légion d'honneur, l'économiste Philippe Herlin, contempteur de l’« apartheid vaccinal » et du « Great Reset », a estimé qu'« en bloquant la prescription de l'hydroxychloroquine le 13 janvier 2020 », l'ancienne ministre de la Santé n'avait fait que « respecte[r] le plan » visant à « fabrique[r] cette pandémie bidon ».

Le lendemain, Bruno Gollnisch, membre du Bureau national du Rassemblement national (RN), a diffusé sur Twitter un visuel trompeur émanant de Damoclès, un média de « réinformation » dirigé par Samuel Lafont (directeur de la communication numérique de la campagne d'Éric Zemmour), attribuant à Agnès Buzyn la fausse citation suivante : « J'ai interdit la chloroquine parce que moins on prend des médicaments mieux c'est ! »

Cette citation apocryphe, qui dénature les explications apportées par l'ancienne ministre de la santé, est apparue dès le 1er juillet 2020 sur des médias complotistes tels que Moutons Rebelles [archive]. Elle a été relayée par l’ancien cadre du RN Jean Messiha et largement diffusée sur les réseaux sociaux (voir ici, ou encore ).

 

(Dernière mise à jour le 14/01/2022)

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