C’est le 24 août dernier qu’Al-Masry al-Youm a publié un document de trois pages (voir ci-dessous) présenté comme les minutes d’une réunion secrète qui se serait tenue à la base militaire américaine de Darmstadt (Allemagne) entre le 16 et le 18 août 2013. Parmi les participants à cette réunion : des représentants de la NSA américaine, du Mossad israélien, des forces britanniques à Chypre, du Ministère français de la Défense et du haut commandement de l’OTAN.
Curieusement, souligne The Economist, les minutes de la réunion secrète de Darmstadt sont rédigées en arabe. Tout aussi étrange, cette «bombe» n’a provoqué aucune crise diplomatique ni entraîné la moindre protestation officielle des autorités égyptiennes.
Qu’à cela ne tienne. Trois jours plus tard, le quotidien Al-Ahram, longtemps tenu pour véhiculer le point de vue officieux du gouvernement égyptien, s’est lancé dans une course au complot avec Al-Masry al-Youm, citant, dans ses éditions des 27 et 28 août, tout un panel d’anciens membres des services de sécurité égyptiens à la retraite, affirmant que l’Egypte était infiltrée par une «cinquième colonne» composée d’hommes d’affaires, de journalistes et de politiciens au service des agences de renseignement occidentales. Heureusement, leur plan diabolique pour couper l’Egypte en deux (littéralement : une moitié au Nord, l’autre au Sud) aurait été déjouée. Ici encore, grâce à la vigilance des services de sécurité égyptiens !
Le conspirationnisme n’est certes pas la denrée journalistique la plus boudée par la presse arabe et cette théorie d’un «complot atlanto-sionisto-islamiste» contre Le Caire ne convaincra que les convaincus. Elle n’en est pas moins révélatrice : à la fois du complexe obsidional qui étreint les nouveaux chefs de l’Egypte et du ressentiment anti-occidental d’une fraction considérable de l’opinion égyptienne.
Voir aussi :
* Poussée de fièvre paranoïaque à la télévision égyptienne
* La théorie du complot, au cœur de la crise égyptienne
* Un complot ”israélo-iranien” derrière le match Egypte-Algérie ?
* La cigogne française qui menaçait l’Égypte (Le Point.fr, 2 septembre 2013)
Heureusement que le ridicule ne tue pas, sans quoi il n’y aurait aucune difficulté à atteindre et largement dépasser le chiffre de 12 000 morts par mois…
ah je découvre qu’il y aurait un “plan de destruction” du “moyen orient” tel qu’il existe depuis l’accord Sykes-Picot et sur Huffington Tunisie je découvre ceci mais est aussi un journal complotiste ? http://www.huffpostmaghreb.com/2013/10/25/moyen-orient-armee-americ_n_4157849.html Qu’en pensez vous ? Bien sur on peux encore en douter mais le journal des armées Us dit la même chose en cherchant , les “bordures de sang” avec les pays perdants dans cette affaire : http://armedforcesjournal.com/blood-borders/ et le même plan officiel : http://armedforcesjournal.com/peters-blood-borders-map/
Qu’en pensez vous ? Est-ce parfois des gens sur place ne savent pas “déjà” ce qui va leur arriver sans qu’on doivent parler de complotisme immédiatement ? Merci à vous et bonne journée
@ Walroff Lilly :
1/ L’article du HuffPost Maghreb se réfère à Global Research qui n’est pas un “think tank” mais un site conspirationniste dirigé par Michel Chossudovsky (regardez dans les archives de Conspiracy Watch pour en savoir plus).
2/ Le Armed Forces Journal (ce que vous appelez “le journal des armées US”) est une publication à destination des militaires américains, un peu comme un magazine sur la chasse s’adresse aux chasseurs. Ce n’est en rien une publication officielle de l’armée américaine et il n’engage par conséquent en rien les autorités américaines ou “l’armée américaine” comme cela est suggéré, à tort, dans l’article du HuffPost Maghreb.
3/ L’auteur de cette fameuse carte d’un Moyen-Orient redessiné est un militaire américain à la retraite du nom de Ralph Peters. Il s’agit d’un ancien lieutenant-colonel qui intervient régulièrement sur Fox News. Cette carte est le produit de ses propres projections. Il ne s’agit là encore en rien d’un “projet” comme le prétend l’article du HuffPost Maghreb.
4/ Enfin, l’expression de “Nouveau Moyen-Orient”, employée par Condoleeza Rice n’implique pas une redéfinition des frontières des pays de la région – ce dont Rice n’a jamais parlé. Ce qui était visé, c’était, dans le contexte de la guerre israélo-libanaise de 2006 et du départ des troupes syriennes du Liban l’année précédente, l’idée d’un reflux de l’influence iranienne dans cette partie du Proche-Orient, avec la possibilité d’une paix israélo-arabe. On peut être d’accord ou pas avec ce souhait mais on ne peut pas travestir cette expression en aveu d’un plan machiavélique de remodelage du Moyen-Orient par le fer et par le feu.