Pierre Guillaume (1940-2023) était l'un des principaux diffuseurs des écrits négationnistes en langue française au travers de sa librairie et maison d'édition La Vieille Taupe.
Alors qu'il se destinait à une carrière militaire, Pierre Guillaume a milité au sein de plusieurs organisations d’ultra-gauche comme Socialisme ou Barbarie, Pouvoir ouvrier ou encore l’Union nationale des étudiants de France. En 1967, il est l'un des fondateurs d'un petit groupe de réflexion informel dénommé La Vieille Taupe qui est également une librairie située dans le Quartier latin à Paris.
C’est notamment par la lecture de l’ouvrage de Paul Rassinier, Le Mensonge d’Ulysse, que Pierre Guillaume se convertit progressivement au négationnisme. À ses yeux, l’ancien déporté fait une « description tout à fait intéressante de l’organisation stalinienne dans le camp ». Rapidement, La Vieille Taupe propose à la vente les ouvrages de Rassinier. Elle édite également Auschwitz ou le grand alibi, un texte qui aura une influence décisive dans l'évolution de Pierre Guillaume vers le négationnisme.
En 1979, après la publication de la tribune de Robert Faurisson dans Le Monde, Pierre Guillaume apporte son soutien au négationniste, entraînant avec lui d’autres de ses camarades comme Serge Thion. Son ancien compagnon de lutte Jacques Baynac le décrit dans un entretien avec l'historienne Valérie Igounet (11 septembre 1995) comme un « extraordinaire militant [...] capable de déplacer des montagnes quand il s’est mis quelque chose dans la tête. Il est convaincant et très actif ».
Avec Alain Guionnet, Pierre Guillaume fonde alors la revue d'ultra-gauche La Guerre sociale. Il édite à La Vieille Taupe Le Mensonge d’Ulysse, de Rassinier, ainsi que Vérité historique ou vérité politique ? de Serge Thion (1980) et Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’Histoire de Robert Faurisson (1980). En 1984, Pierre Guillaume préface le livre de Noam Chomsky, Réponses inédites. À mes détracteurs parisiens, aux éditions Spartacus. En 1986, il édite à La Vieille Taupe le livre du néonazi allemand Wilhelm Stäglich, Le Mythe d’Auschwitz. En 1995, Pierre Guillaume est à l'origine de la publication des Mythes fondateurs de la politique israélienne de Roger Garaudy sous la forme du second numéro de la revue La Vieille Taupe, rapidement traduit et réédité. Comme le souligne Pierre Guillaume, cette publication et ses conséquences ont ouvert « à la problématique révisionniste des pans entiers de la société mondiale, qui y étaient totalement imperméables », notamment le monde arabe.
En 1996, il crée avec Serge Thion le premier site web négationniste français l'Aaargh (pour « Association des anciens amateurs de récits de guerre et d’holocauste »). Traduit en plusieurs langues, il se présente comme « le phare du révisionnisme à la française ». À plusieurs reprises, le site sera inquiété – et condamné – par la justice. Il migrera vers d’autres plates-formes à l’étranger dont aaargh.codoh.com (Committee for Open Debate on the Holocaust) accessible jusqu'à la fin de l'année 2016 (CODOH est l'organisation négationniste américaine fondée par Bradley Smith et Mark Weber).
Jusqu'en mars 2008, il publie un bulletin confidentiel dans lequel il recommande notamment la lecture du Réseau Voltaire et des textes de l'auteur complotiste Thierry Meyssan.
Pierre Guillaume est signataire de la « Pétition pour l’abrogation de la loi Gayssot et la libération de Vincent Reynouard » lancée en août 2010 sur Internet par Paul-Éric Blanrue avec, entre autres signataires, Jean Bricmont, Dieudonné M’bala M’bala, Alain Soral, Maria Poumier, Pierre Panet ou encore Claudio Mutti.
Le 14 juillet 2023, le site Guerre de classe annonce le décès de Pierre Guillaume à l'âge de 82 ans [archive]. Le journal antisémite Rivarol lui rend également hommage dans son édition du 19 juillet 2023 [archive], le décrivant comme « un homme [...] extrêmement courageux » sans qui « jamais le révisionnisme historique n’aurait percé aussi tôt ».
IL A ÉCRIT :
« La thèse officielle a été une véritable chape de plomb qui a recouvert [...] l'expérience des déportés. Les survivants ont appris par les médias qu'ils n'avaient rien vu et rien compris, et l'écrasante majorité s'est enfermée dans le silence, même vis-à-vis de leurs proches. Il devenait très vite impossible de s'exprimer si on n'avait pas à dire du sensationnel, du saignant, de la chambre à gaz et des chiffres astronomiques, le tout saupoudrer d'une philosophe de l'horreur dont le canon a été donné par Rousset. Beaucoup ont reconstruit leur souvenir en fonction de la pression et de la demande sociale. Pour dire quelque chose, il fallait entrer dans le moule, et ainsi, ils sont devenus des gadgets de la consommation idéologique, exactement selon le phénomène décrit et analysé par Jean Norton Cru au sujet des témoignages de la guerre de 14-18 ».
Source : « Lettre de Pierre Guillaume à X... », 4 novembre 1979, reproduite dans « De l'exploitation dans les camps à l'exploitation des camps (suite et fin) », La Guerre sociale, mai 1981, p. 82.
(Dernière mise à jour le 22/07/2023)
Pierre Guillaume (1940-2023) était l'un des principaux diffuseurs des écrits négationnistes en langue française au travers de sa librairie et maison d'édition La Vieille Taupe.
Alors qu'il se destinait à une carrière militaire, Pierre Guillaume a milité au sein de plusieurs organisations d’ultra-gauche comme Socialisme ou Barbarie, Pouvoir ouvrier ou encore l’Union nationale des étudiants de France. En 1967, il est l'un des fondateurs d'un petit groupe de réflexion informel dénommé La Vieille Taupe qui est également une librairie située dans le Quartier latin à Paris.
C’est notamment par la lecture de l’ouvrage de Paul Rassinier, Le Mensonge d’Ulysse, que Pierre Guillaume se convertit progressivement au négationnisme. À ses yeux, l’ancien déporté fait une « description tout à fait intéressante de l’organisation stalinienne dans le camp ». Rapidement, La Vieille Taupe propose à la vente les ouvrages de Rassinier. Elle édite également Auschwitz ou le grand alibi, un texte qui aura une influence décisive dans l'évolution de Pierre Guillaume vers le négationnisme.
En 1979, après la publication de la tribune de Robert Faurisson dans Le Monde, Pierre Guillaume apporte son soutien au négationniste, entraînant avec lui d’autres de ses camarades comme Serge Thion. Son ancien compagnon de lutte Jacques Baynac le décrit dans un entretien avec l'historienne Valérie Igounet (11 septembre 1995) comme un « extraordinaire militant [...] capable de déplacer des montagnes quand il s’est mis quelque chose dans la tête. Il est convaincant et très actif ».
Avec Alain Guionnet, Pierre Guillaume fonde alors la revue d'ultra-gauche La Guerre sociale. Il édite à La Vieille Taupe Le Mensonge d’Ulysse, de Rassinier, ainsi que Vérité historique ou vérité politique ? de Serge Thion (1980) et Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’Histoire de Robert Faurisson (1980). En 1984, Pierre Guillaume préface le livre de Noam Chomsky, Réponses inédites. À mes détracteurs parisiens, aux éditions Spartacus. En 1986, il édite à La Vieille Taupe le livre du néonazi allemand Wilhelm Stäglich, Le Mythe d’Auschwitz. En 1995, Pierre Guillaume est à l'origine de la publication des Mythes fondateurs de la politique israélienne de Roger Garaudy sous la forme du second numéro de la revue La Vieille Taupe, rapidement traduit et réédité. Comme le souligne Pierre Guillaume, cette publication et ses conséquences ont ouvert « à la problématique révisionniste des pans entiers de la société mondiale, qui y étaient totalement imperméables », notamment le monde arabe.
En 1996, il crée avec Serge Thion le premier site web négationniste français l'Aaargh (pour « Association des anciens amateurs de récits de guerre et d’holocauste »). Traduit en plusieurs langues, il se présente comme « le phare du révisionnisme à la française ». À plusieurs reprises, le site sera inquiété – et condamné – par la justice. Il migrera vers d’autres plates-formes à l’étranger dont aaargh.codoh.com (Committee for Open Debate on the Holocaust) accessible jusqu'à la fin de l'année 2016 (CODOH est l'organisation négationniste américaine fondée par Bradley Smith et Mark Weber).
Jusqu'en mars 2008, il publie un bulletin confidentiel dans lequel il recommande notamment la lecture du Réseau Voltaire et des textes de l'auteur complotiste Thierry Meyssan.
Pierre Guillaume est signataire de la « Pétition pour l’abrogation de la loi Gayssot et la libération de Vincent Reynouard » lancée en août 2010 sur Internet par Paul-Éric Blanrue avec, entre autres signataires, Jean Bricmont, Dieudonné M’bala M’bala, Alain Soral, Maria Poumier, Pierre Panet ou encore Claudio Mutti.
Le 14 juillet 2023, le site Guerre de classe annonce le décès de Pierre Guillaume à l'âge de 82 ans [archive]. Le journal antisémite Rivarol lui rend également hommage dans son édition du 19 juillet 2023 [archive], le décrivant comme « un homme [...] extrêmement courageux » sans qui « jamais le révisionnisme historique n’aurait percé aussi tôt ».
IL A ÉCRIT :
« La thèse officielle a été une véritable chape de plomb qui a recouvert [...] l'expérience des déportés. Les survivants ont appris par les médias qu'ils n'avaient rien vu et rien compris, et l'écrasante majorité s'est enfermée dans le silence, même vis-à-vis de leurs proches. Il devenait très vite impossible de s'exprimer si on n'avait pas à dire du sensationnel, du saignant, de la chambre à gaz et des chiffres astronomiques, le tout saupoudrer d'une philosophe de l'horreur dont le canon a été donné par Rousset. Beaucoup ont reconstruit leur souvenir en fonction de la pression et de la demande sociale. Pour dire quelque chose, il fallait entrer dans le moule, et ainsi, ils sont devenus des gadgets de la consommation idéologique, exactement selon le phénomène décrit et analysé par Jean Norton Cru au sujet des témoignages de la guerre de 14-18 ».
Source : « Lettre de Pierre Guillaume à X... », 4 novembre 1979, reproduite dans « De l'exploitation dans les camps à l'exploitation des camps (suite et fin) », La Guerre sociale, mai 1981, p. 82.
(Dernière mise à jour le 22/07/2023)
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