Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Publication de la Vieille Taupe, printemps 1995 (archives personnelles de Valérie Igounet).

La Vieille Taupe est le nom de la principale maison d'édition négationniste française entre les années 1970 et le début des années 2000. Elle est aussi le nom d'une librairie.

Fondée en 1965 par Pierre Guillaume, la librairie parisienne La Vieille Taupe propose les textes fondamentaux du mouvement ouvrier révolutionnaire et de l’Internationale situationniste. Considérée comme l'un des centres de diffusion de la pensée d'ultra-gauche en France, elle tire son nom d'une citation extraite d'un texte de Karl Marx de 1856 adressé aux prolétaires anglais (« Nous reconnaissons notre vieille amie, notre vieille taupe qui sait si bien travailler sous terre pour apparaître brusquement : la Révolution »).

Successivement librairie, groupuscule, maison d'édition et publication, la Vieille Taupe mêle son histoire à celle de la diffusion des écrits négationnistes en France.

Dans les années 1970, elle réunit un petit groupe informel intéressé par les diverses dissidences de l’ultra-gauche, notamment le situationnisme et le spartakisme. Pierre Guillaume nourrit le projet de créer une organisation révolutionnaire et relance, avec René Lefeuvre, la publication des Cahiers Spartacus. En 1972, La Vieille Taupe se constitue ainsi en « Mouvement communiste » et publie six fascicules d’un bulletin éponyme.

La librairie ferme ses portes la même année après avoir réédité des ouvrages de Paul Rassinier ainsi qu'une brochure d'inspiration boriguiste intitulée Auschwitz ou le grand alibi. Ce texte, publié à l'origine dans la revue Programme communiste en 1960 et qui fut parfois directement attribué au théoricien marxiste italien Amadeo Bordiga lui-même (il a en réalité été écrit par Martin Axelrad), ne nie pas la réalité du génocide des Juifs par les nazis mais le présente comme l'« alibi » d'une bourgeoisie soucieuse de camoufler sa propre responsabilité dans le nazisme et qui entretiendrait à cette fin le mythe d'une unicité de la Shoah. Comme l'explique l'historien Pierre Vidal-Naquet, pour La Vieille Taupe, « il n'y a aucune spécificité hitlérienne dans la galerie des tyrannies modernes : les camps de concentration ne pouvaient être que des camps d'exploitation, au sens économique du mot, et par conséquent les camps d'extermination ne pouvaient pas avoir existé puisque, en bonne logique, ils ne devaient pas avoir existé. » Toujours est-il qu'Auschwitz ou le grand alibi aurait eu une influence décisive dans l'évolution de Pierre Guillaume vers le négationnisme.

En 1979, alors que le négationnisme a fait effraction dans le débat public par l'intermédiaire de Louis Darquier de Pellepoix et de Robert Faurisson, La Vieille Taupe se reconstitue et devient maison d'édition. Elle publie en 1980, à quelques mois d'intervalle, un livre de Serge Thion (Vérité historique ou vérité politique ?) puis un livre de Robert Faurisson, Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’Histoire, assorti d'une lettre de soutien du linguiste américain Noam Chomsky en guise de préface. En 1986, La Vieille Taupe publie Le Mythe d’Auschwitz du néonazi allemand Wilhelm Stäglich puis, à partir de l'année suivante, les Annales d'histoire révisionniste. Sur ses publications, La Vieille Taupe reproduit la citation suivante de Rémy de Gourmont : « Ce qu'il y a de terrible quand on cherche la vérité, c'est qu'on la trouve. »

Au début des années quatre-vingt-dix, une nouvelle librairie La Vieille Taupe ouvre ses portes, rue d’Ulm, à Paris. Des manifestations contraignent Pierre Guillaume à la fermer. Une maison d’édition éponyme revoit le jour à l’automne 1995. La Vieille Taupe se présente alors comme une revue, un « organe de critique et d’orientation postmessianique ». La publication, dans le cadre du second numéro, des Mythes fondateurs de la politique israélienne, un texte à caractère négationniste signé par l'ancien communiste Roger Garaudy, apporte à Pierre Guillaume une nouvelle visibilité. Le dernier numéro de la revue, intitulé « Un destin européen », paraît à l’été 1999.

 

(Dernière mise à jour le 22/07/2023)

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Publication de la Vieille Taupe, printemps 1995 (archives personnelles de Valérie Igounet).

La Vieille Taupe est le nom de la principale maison d'édition négationniste française entre les années 1970 et le début des années 2000. Elle est aussi le nom d'une librairie.

Fondée en 1965 par Pierre Guillaume, la librairie parisienne La Vieille Taupe propose les textes fondamentaux du mouvement ouvrier révolutionnaire et de l’Internationale situationniste. Considérée comme l'un des centres de diffusion de la pensée d'ultra-gauche en France, elle tire son nom d'une citation extraite d'un texte de Karl Marx de 1856 adressé aux prolétaires anglais (« Nous reconnaissons notre vieille amie, notre vieille taupe qui sait si bien travailler sous terre pour apparaître brusquement : la Révolution »).

Successivement librairie, groupuscule, maison d'édition et publication, la Vieille Taupe mêle son histoire à celle de la diffusion des écrits négationnistes en France.

Dans les années 1970, elle réunit un petit groupe informel intéressé par les diverses dissidences de l’ultra-gauche, notamment le situationnisme et le spartakisme. Pierre Guillaume nourrit le projet de créer une organisation révolutionnaire et relance, avec René Lefeuvre, la publication des Cahiers Spartacus. En 1972, La Vieille Taupe se constitue ainsi en « Mouvement communiste » et publie six fascicules d’un bulletin éponyme.

La librairie ferme ses portes la même année après avoir réédité des ouvrages de Paul Rassinier ainsi qu'une brochure d'inspiration boriguiste intitulée Auschwitz ou le grand alibi. Ce texte, publié à l'origine dans la revue Programme communiste en 1960 et qui fut parfois directement attribué au théoricien marxiste italien Amadeo Bordiga lui-même (il a en réalité été écrit par Martin Axelrad), ne nie pas la réalité du génocide des Juifs par les nazis mais le présente comme l'« alibi » d'une bourgeoisie soucieuse de camoufler sa propre responsabilité dans le nazisme et qui entretiendrait à cette fin le mythe d'une unicité de la Shoah. Comme l'explique l'historien Pierre Vidal-Naquet, pour La Vieille Taupe, « il n'y a aucune spécificité hitlérienne dans la galerie des tyrannies modernes : les camps de concentration ne pouvaient être que des camps d'exploitation, au sens économique du mot, et par conséquent les camps d'extermination ne pouvaient pas avoir existé puisque, en bonne logique, ils ne devaient pas avoir existé. » Toujours est-il qu'Auschwitz ou le grand alibi aurait eu une influence décisive dans l'évolution de Pierre Guillaume vers le négationnisme.

En 1979, alors que le négationnisme a fait effraction dans le débat public par l'intermédiaire de Louis Darquier de Pellepoix et de Robert Faurisson, La Vieille Taupe se reconstitue et devient maison d'édition. Elle publie en 1980, à quelques mois d'intervalle, un livre de Serge Thion (Vérité historique ou vérité politique ?) puis un livre de Robert Faurisson, Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’Histoire, assorti d'une lettre de soutien du linguiste américain Noam Chomsky en guise de préface. En 1986, La Vieille Taupe publie Le Mythe d’Auschwitz du néonazi allemand Wilhelm Stäglich puis, à partir de l'année suivante, les Annales d'histoire révisionniste. Sur ses publications, La Vieille Taupe reproduit la citation suivante de Rémy de Gourmont : « Ce qu'il y a de terrible quand on cherche la vérité, c'est qu'on la trouve. »

Au début des années quatre-vingt-dix, une nouvelle librairie La Vieille Taupe ouvre ses portes, rue d’Ulm, à Paris. Des manifestations contraignent Pierre Guillaume à la fermer. Une maison d’édition éponyme revoit le jour à l’automne 1995. La Vieille Taupe se présente alors comme une revue, un « organe de critique et d’orientation postmessianique ». La publication, dans le cadre du second numéro, des Mythes fondateurs de la politique israélienne, un texte à caractère négationniste signé par l'ancien communiste Roger Garaudy, apporte à Pierre Guillaume une nouvelle visibilité. Le dernier numéro de la revue, intitulé « Un destin européen », paraît à l’été 1999.

 

(Dernière mise à jour le 22/07/2023)

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