
Le régime des mollahs est aux abois. Son recours désormais systématique à la théorie du complot pour expliquer le mécontentement populaire qui s’exprime dans la rue suite à l’élection présidentielle contestée du 12 juin, suffit à convaincre que le clan ultraconservateur réuni autour du Guide suprême Ali Khamenei et du président Mahmoud Ahmadinejad ne s’attendait pas à des manifestations d’une telle ampleur ni d’une telle intensité.
C’est ainsi que dimanche, sur la télévision iranienne, le ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a accusé la Grande-Bretagne d’avoir « comploté contre l’élection présidentielle depuis plus de deux ans ». D’après lui, « des éléments liés aux services de renseignements britanniques étaient arrivés en masse avant l’élection présidentielle ». La « preuve », selon lui : la compagnie aérienne assurant la ligne Londres-Téhéran avait dû avoir recours à un avion plus gros, « de type 747 ». « La Grande-Bretagne (…) voulait que personne n’aille voter, c’était la ligne des médias britanniques » a affirmé le ministre.

De son côté, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hassan Qashqavi, a déclaré : « En contradiction avec les normes internationalement reconnues, de nombreux pays européens et l’Amérique soutiennent les émeutiers et les opportunistes au lieu d’inviter le peuple à s’en remettre aux institutions de la démocratie ». « La promotion de l’anarchie et du vandalisme par les puissances ainsi que par les médias occidentaux est absolument inacceptable », a-t-il ajouté, qualifiant également la Voix de l’Amérique – la radio financée par le Congrès américain – et la BBC de « postes de commandement des émeutes ». Peu après, le correspondant permanent de la BBC à Téhéran, Jon Leyne, a reçu l’ordre de quitter le pays sous 24 heures au motif qu’il aurait, selon l’agence de presse pro-gouvernementale Fars, manqué de neutralité dans ses reportages et diffusé des « fausses nouvelles ».
Dans le même temps, la télévision iranienne a diffusé des reportages sur les Moudjahidine du peuple (OMPI), la principale force d’opposition en exil. Le ministère des Renseignements a annoncé l’arrestation de plusieurs membres de l’OMPI qui sont apparus à la télévision le visage flouté et « avouant » avoir été entraînés militairement dans des camps avec le soutien de la Grande-Bretagne.

Dans son prêche à l’Université de Téhéran, le 19 juin, l’ayatollah Khamenei s’en est ouvertement pris à l’« Angleterre diabolique », qu’il accuse de téléguider les manifestations :
« Ils montrent leur vraie hostilité envers l’Etat islamique iranien, et le plus mauvais d’eux est le gouvernement britannique (…). [Ce sont] des loups affamés en embuscade, prêts à retirer le masque diplomatique de leur visage. Ne négligez pas ces gens-là ! ».
Khamenei a également évoqué les « ennemis » de l’Iran qui « prennent pour cible la légitimité du pouvoir islamique en remettant en cause l’élection et sa validité, avant et après le scrutin. (…) A la suite des manifestations de rue, certaines puissances étrangères ont commencé à s’ingérer dans les affaires de l’Etat d’Iran en mettant en cause le résultat du scrutin ». Evoquant, sans la nommer, la radio publique israélienne (qui émet des programmes en farsi), le Guide suprême a également vilipendé « la radio sioniste (…) qui tente de modifier le sens de l’élection ».
Les fidèles du Guide suprême venus écouter le prêche du vendredi scandaient des « Marg bar Ingles » (« Mort à l’Angleterre » – NDLR). Le Monde rapporte qu’ils étaient nombreux à porter une curieuse pancarte : « Bahaï BC ». Il s’agit de vilipender la BBC en l’accusant d’être contrôlée par les bahaïs, une secte apparue en Iran au XIXe siècle et férocement combattue par la République islamique. Tous les journaux distribués gratuitement autour de l’Université dévoilaient un complot « ourdi de longue date par les ennemis » de l’Iran, qui consistait à faire descendre des gens dans la rue après l’annonce des résultats et à renverser le régime. On y lit que l’ex-président réformateur Khatami aurait effectué cette semaine un voyage secret en Egypte pour y rencontrer des officiels américains qui lui auraient remis des moyens de communication cryptés ainsi que des conseils pour mener à bien une insurrection urbaine. Ou encore que l’autre ex-président, Hachemi Rafsandjani, a fait creuser une entrée secrète dans son bureau de la rue Pasteur, à Téhéran, pour que les nombreux visiteurs qu’il y reçoit ne soient pas repérés par la sécurité (qui dépend du Guide).
Le 17 juin, l’ambassadeur suisse à Téhéran – qui représente les intérêts américains en Iran, les Etats-Unis ne disposant pas d’ambassade – avait été convoqué : Washington avait été accusé par le régime iranien d’être derrière les manifestations contre la fraude électorale. Quelques heures plus tôt, le procureur général de la province d’Ispahan, Mohammadreza Habibi, avait menacé les manifestants en ces termes :
« Nous prévenons ces quelques éléments contrôlés par l’étranger qui cherchent à perturber la sécurité intérieure en incitant des individus à détruire et à commettre des incendies criminels que le code pénal islamique prévoit l’exécution pour de tels individus faisant la guerre à Dieu (…) Par conséquent, avant d’être frappés par le châtiment de la loi, ils seraient avisés de revenir dans le giron de la nation et de s’abstenir d’activités criminelles ».
Blanchis par la télévision d’Etat, qui accuse des « agents terroristes » d’être à l’origine des morts parmi les manifestants, le corps des Gardiens de la révolution (pasdarans) ont quant à eux reproché aux médias en ligne de « promouvoir les émeutes ».
Sou
rces : L’Express ; Le Monde ; Le Progrès ; dépêches AFP.
Mise à jour (24/06/2009) :
Les autorités iraniennes ont arrêté aujourd’hui 25 journalistes et membres du personnel du quotidien Kalemeh Sabz de Mir Hossein Moussavi. Dans un communiqué publié par l’agence officielle Irna, la police, parlant d’une descente des forces de sécurité au siège du journal, a affirmé que des « documents prouvant l’existence d’un complot contre la sécurité nationale » y avaient été trouvés. « Après l’examen attentif du bâtiment, qui était le siège de campagne d’un des candidats, il a été prouvé qu’on y menait des activités pour organiser les récentes manifestations et émeutes (…) et des actions contre la sécurité nationale », selon la même source. Le communiqué précise : « les documents sur les liens avec les médias hostiles, l’ingérence des étrangers et l’organisation d’un complot y ont été trouvés (…) et ce lieu était devenu le centre de commandement de la guerre psychologique contre la sécurité du pays ». « Les comploteurs qui se trouvaient dans ce bâtiment ont été arrêtés et sont actuellement interrogés », a ajouté la police.
Voir aussi :
* Tristan Mendès-France, « Iran : après Marianne, L’Expansion victime de l’islamo-gauchisme », egoblog.net, 24 juin 2009.
* Christopher Hitchens, “ Iran’s leaders love their Western plots ”, The Australian, June 30, 2009. Publié en version française sous le titre « L’Iran d’Ahmadinejad en proie aux démons », Slate.fr, 26 juin 2009 (traduction : Bérengère Viennot).
Mise à jour (06/07/2009) :
Dans un entretien diffusé le 17 juin 2009 sur la deuxième chaîne iranienne, Gholam Ali Haddad Adel, président du Parlement iranien, a déclaré que la BBC « grouillait de Bahaïs ». Voici la citation intégrale :
« La BBC est solidaire de ces gens. C´est ce même réseau de la BBC grouillant de Bahaïs qui se venge des Iraniens. En fait, les directeurs de plusieurs départements de la BBC en farsi, qui diffuse depuis quelques mois, sont des Bahaïs. Je pense que le peuple iranien ne devrait plus considérer les initiales “BBC” comme celles de “British Broadcasting Company”, mais comme celles de “Bahai Broadcasting Company”. En d´autres termes, elle est la voix des Bahaïs – non qu´il y ait une si grande différence entre les deux… Après tout, ce sont les Anglais qui ont créé les Bahaïs. On ne devrait pas faire confiance à ce réseau ».
Depuis la Révolution islamique (1979) les Bahaïs font figure d’ennemis de l’intérieur du régime des mollahs. Les membres de cette communauté religieuse interdite font l’objet de nombreuses persécutions.
Le 21 juin 2009, Seyed Mehdi Miraboutalebi, ambassadeur de l’Iran en France, était l’invité de l’émission “Internationales” sur TV5Monde. Il a défendu pendant plusieurs minutes la thèse du “complot étranger” contre l’Iran.

Une universitaire française de 23 ans, Clotilde Reiss (ci-contre), est en prison à Téhéran depuis le 1er juillet et un employé de l’ambassade britannique est encore sous les verrous. Dans un entretien publié le 9 juillet sur le site du Point.fr, Barah Mikaïl, spécialiste de l’Iran et chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) estime que « l’emprisonnement de Clotilde Reiss est (…) une prise d’otage ». Il ajoute que le régime iranien « agite la théorie du complot [dans le but] de prouver que les étrangers, et surtout les Occidentaux, sont derrière le mouvement de protestation contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad ».
Les médias officiels iraniens ont rapporté hier que les autorités iraniennes avaient convoqué l’ambassadeur de France à Téhéran pour dénoncer l’« oppression étendue » et les arrestations « en nombre considérable » d’opposants au président Nicolas Sarkozy. « Les autorités françaises feraient mieux d’entendre les objections de leur propre peuple plutôt que de s’immiscer dans les affaires de pays tiers », a ajouté le ministère iranien des affaires étrangères (source : Le Monde/AFP, 17 juillet 2009).

Lire la note du Centre d’Information sur les Renseignements et le Terrorisme du 4 janvier 2010 (où l’on apprend que, pour les autorités iraniennes, les leaders iraniens du camp des réformateurs – comme l’ancien président Mohammad Khatami, l’ancien premier ministre Mir Hossein Mousavi ou Mehdi Karoubi – sont une « cinquième colonne israélienne » ; que le Mossad et la CIA auraient rédigé la dernière lettre ouverte de Mir Hossein Mousavi ; que la chaîne arabe Al-Arabiya est qualifiée de « réseau saoudien-hébreu » ; et que le ministère israélien des Affaires étrangères aurait « inspiré » les slogans scandés durant les manifestations anti-gouvernementales).
C’est vrai qu’imaginer que les gentils agents de la CIA n’ont jamais oh grand jamais fomenté de troubles dans des pays “ennemis” est une vraie diffamation……lol !
Ce genre d’articles comme tant d’autres mieux vaut en rire qu’en pleurer tellement il sent le négationnisme et la désinformation !
… et le grand ayatollah Montazeri, c’est un agent de la CIA aussi ?!
Ouaip… c’est le genre d’article pas du tout convaincant, ainsi que les suivants, seuls les naïfs, les ignorants et les désinformateurs s’ingénient à croire ou à faire croire que les complots n’existent pas…
C’est dans la nature humaine de comploter et traîter tous les conspirationistes de paranoïaques est de la mauvaise foi et de la désinformation.
Le propos de cet article – et de ce site en général – n’est pas et n’a jamais été de soutenir que les complots n’existent pas. Ce serait ridicule…
Cela étant, si vous disposez d’éléments de nature à prouver que ce qui vient de se passer en Iran est, comme l’affirme le régime de Téhéran, un “complot” ourdi par le Royaume-Uni et les Etats-Unis ou, comme essaye désespérément de l’expliquer Thierry Meyssan, une “opération” fomentée par la CIA, je vous invite à me les communiquer au plus vite.
Dictionnaire conspiro :
Désinformation : Action de présenter quelque chose qui n’est pas en accord avec la construction mentale du monde du conspiro.
Négationnisme : Action de ne pas être d’accord avec un conspiro.
Comme d’habitude, les conspirationnistes qui lisent ce site se sentent personnellement attaqués dès que l’on évoque une théorie du complot, fût-elle au Zimbabwe ou en Papouasie.
La paranoïa crée un sentiment de communauté étonnant : le conspirationniste se doit de défendre ses semblables. Je ne dis ça sans aucun mépis, c’est juste frappant.
Et cela révèle aussi une lacune du combat que mène l’admirable Rudy : sur ces sujets, on est plus dans le domaine de la raison, et à partir de là, tout ce qui ne va pas dans le sens des conspirationnistes est perçu par eux comme une attaque frontale contre ce qu’ils sont.
Dès que l’on sort du sain débat d’idées, l’argumentation ne sert plus, au contraire elle renforce l’idée du seul contre tous.
Sur l’Iran, je trouve cette réaction épidermique particulièrement choquante. Pourquoi chercher la contradiction systématiquement, dès lors que l’on évoque le conspirationnisme ? Pourquoi hurler “CIA CIA”, alors qu’il est ici évident que le régime iranien, par ailleurs détestable, emploie des ficelles énormes et ment éhontément…
C’est pavlovien, je l’ai compris, mais c’est bête.
Respect, Rudy, vous menez un combat nécessaire mais très difficile. Dans les moments de doute, pensez à ceux qui vous lisent avec “neutralité”, ceux qui cherchent à s’informer et à comprendre. Ceux ne sont pas ceux qui réagissent le plus, mais j’ose espérer que ce sont les plus nombreux.
@ benoit : merci pour vos encouragements.
Accusations d’ingérence?
Téhéran accuse les « agents étrangers », les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, Israël, les médias occidentaux et les « terroristes » d’être les vrais responsables des troubles qui secouent l’Iran depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad46.
Pour le ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki : « la Grande-Bretagne a comploté contre l’élection présidentielle depuis plus de deux ans », indiquant que « des éléments liés aux renseignements britanniques étaient arrivés en masse avant l’élection présidentielle » et que pour s’adapter à cet afflux de voyageurs, la compagnie aérienne assurant la ligne Londres-Téhéran avait dû avoir recours à un avion plus gros, « de type 747 ».
Selon un article du New Yorker, le Congrès aurait accepté en 2007 la demande du président George W. Bush de financer une importante augmentation des opérations clandestines contre l’Iran47. La radio la Voix de l’Amérique, financée par le Congrès américain est qualifiée de « poste de commandement des émeutes ».
En réaction, la présidence tchèque de l’Union européenne a convoqué, le 23 juin 2009, à Prague, le chargé d’affaires iranien. Elle a rejeté les accusations en bloc jugées « infondées et inacceptables ». « Tous les pays de l’Union européenne sont évidemment unis face aux accusations portées contre certains pays en particulier et les tentatives de singulariser l’attitude de certains face à l’Iran », a indiqué la présidence de l’Union Européenne.48 49
De son côté, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a lui aussi rejeté avec fermeté ces accusations : « J’ai dit clairement que les Etats-Unis respectaient la souveraineté de la République islamique d’Iran et qu’il n’y avait pas d’ingérence dans les affaires iraniennes », a-t-il souligné. M. Obama a appelé Téhéran à « gouverner par le consensus et non par la force », en citant les violences dans les manifestations en Iran, qui ont fait au moins 17 morts, une centaine de blessés et des centaines d’arrestations50 51.
Les déclarations de Barack Obama sur la non-ingérence sont contredites par l’existence52 d’un rapport53 sur le financement des dissidents Iraniens émanant du USAID qui prévoit un budget de 20 millions de $ pour promouvoir trois objectifs :
renforcer l’organisation de la société civile et des groupes de pressions.
accroitre la prise de conscience et renforcer l’état de droit, par exemple en formant des magistrats.
développer la liberté de l’information, par exemple en utilisant les nouveaux média pour cibler les jeunes.
Ce plan s’achève le 30 juin 2009. Il se cumule avec les dotations de la NED (dotation nationale pour la démocratie)54.
L’administration d’Obama souhaite pour 2010 un effort particulier de 15 millions de $ pour initier la démocratie au proche orient52.
En 2007 Bush avait autorisé des opérations secrètes de déstabilisation de l’Iran55, un budget de 400 millions de $ a été approuvé par le parlement pour la montée en puissance d’opérations secrètes destinées à miner le gouvernement de Téhéran56. En 2006 la secrétaire d’état Condoleezza Rice avait reçue un budget de 75 millions de $ pour une campagne de “changement du régime” par propagande et aides aux groupes d’oppositions. En 2006 le budget était de 10 millions de $55.
Le choix de la couleur verte pour représenter l’opposition dans les manifestations rappelle le concept des révolutions colorées organisées et financées pas les États-Unis pour renverser les gouvernements en contestant le résultat des élections57,58.
@ aurel :
Sérieusement, c’est tout ce que vous avez ? Un copier-coller d’articles bidonnés du Réseau Voltaire ?
Puisque vous avez l’air de vous y connaître en financements, vous n’ignorez pas que Thierry Meyssan cachetonne pour Al-Manar, la chaîne de télé du Hezbollah (organisation créée et financée par… vous connaissez la suite). Ses élucubrations sur la “révolution-verte”-fomentée-par-la-CIA ne dupe que ceux qui ne connaissent pas le personnage… ou ceux qui ne voient aucun problème à prêter foi à un type qui a fait l’essentiel de sa fortune précisément grâce au filon de la théorie du complot. Meyssan et ses copains sont littéralement obsédés par le complot américano-sioniste. Comment voulez-vous qu’on considère leurs infos comme fiables ?!!!
A Rudy ,ci-joint info
L’opération Ajax (officiellement TP-AJAX) était une opération secrète menée par le Royaume-Uni et les États-Unis en 1953, exécutée par la CIA, pour mettre un terme à la politique nationaliste du Premier ministre d’Iran, Mohammad Mossadegh, et consolider le pouvoir du Chah, Mohammed Reza Pahlavi, ceci afin de préserver les intérêts occidentaux dans l’exploitation des gisements pétrolifères iraniens. Durant l’administration du président américain Bill Clinton en 2000, suite à un rapport publié, la secrétaire d’État Madeleine Albright a reconnu officiellement le rôle des États-Unis dans l’organisation et le soutien financier du coup d’État de 19531. Barack Obama est le premier président à reconnaitre l’implication de son gouvernement et à s’en excuser
La CIA aidant l’Iran dans son programme nucléaire : l’idée peut sembler saugrenue. Surtout si l’on imagine cette aide fournie par l’agence américaine… à son corps défendant. C’est pourtant une thèse défendue dans un livre sur les activités de la centrale de renseignement américaine publié cette semaine aux Etats-Unis : “State of War” (Etat de guerre), écrit par un journaliste du New York Times, James Risen.
http://tf1.lci.fr/infos/monde/0,,3277319,00-nucleaire-cia-secours-iran-.html
Ah ok, on est toujours dans cette fameuse opération Ajax, 56 ans après ? Aurel, heureusement que le ridicule ne tue pas !
Disons que quelques jours après avoir eu Obama qui reconnaissait l’ingérance US à l’époque du Shah, l’hypothèse logique par défaut est que “same player shoot again”. A ce titre voir le département US demander à Tweeter de reporter sa maintenance pour être en service pendant et après les élections et voir justement Tweeter à l’origine tant des infos que nous recevons que de l’organisation de l’opposition met tout de même la puce à l’oreille, surtout que quand cette demande est faite tout le monde ici ou en Iran pronostique la victoire d’Ahmadinedjad.
Ceci étant je ne pense pas le gouvernement Iranien sincère non plus. C’est un combat de menteurs chevronnés, il sera bien dur d’avoir le fin mot de l’histoire…
Twitter est seulement un moyen technique de communiquer en réseau, par le biais du net … pas un journal ni une annexe propagandiste de Washnington …Je ne vois pas trop le lien avec l’ingérence américaine à l’époque du Shah …Arrêtez de voir la main de la CIA derrière tous les événements qui se passent dans le monde …
Vous affirmez, mais qu’en savez vous ? N’importe qui peut prétendre “twitter” depuis Téhéran, fut il un gros moustachu blafard de Langley. La presse ici a relayé ces twits sans aucun moyen de les authentifier. La CIA a pratiqué la désinformation et la propagande dans ce genre d’élections depuis des décénnies, à coup de tract, d’agitateurs, de meurtres politiques, etc. Tout celà est bien documenté. Bien sûr, on peut croire que ça ne peut être qu’une chose du passé. Pour ma part, il me faudrait au moins un bon argument pour celà, et ce n’est pas un président charismatique qui en fera office.
En tous cas je ne conclue pas à la main de la CIA ; je m’élève simplement contre ceux qui concluent hâtivement à son absence d’implication. Il faut être bien ignorant de l’histoire des coups tordus de la CIA et de la frustration de certains à Washington de voir l’option militaire bloquée pour ne pas voir que c’est une hypothèse hautement vraisemblable. Les ennemis de mes ennemis ne sont pas forcément nos amis : ça marche dans les deux sens.
@ Rudy
Ceux qui lisent le Réseau Voltaire savent très bien que pour celui ci, le Hezbollah (alors que pas spécialement le Hamas) ce sont les gentils, et les zaméricains les méchants. Dès lors, que Meyssan “cachetonne” chez eux est tout à fait cohérent des propos tenus sur son site pour ceux aurpès de qui il a du crédit, qui croient effectivement que le Hezbollah incarne la restistance face à l’empire (et Meyssan, c’est Luke, et Bigard, c’est Chewbacca).
Blague à part, vous ne risquez donc pas d’être percutant auprès d’Aurel (ou de moi, ou d’autres) avec un tel argument. Je remarque surtout que mis à part l’habituel et hargneux “bidonné” qualifiant l’article, vous n’êtes apparament pas en mesure de montrer en quoi un seul de ses points serait, effectivement, bidonné. Si je me trompe et que vous le pouvez, je vous recommande de vous en tenir à ça. Le Réseau Voltaire est jugé plus convaincant sur les infos et l’analyse par son audience que la presse que vous représentez ici. Si vous voulez convaincre ces gens de leur erreur, je vais vous dire un scoop : c’est également au niveau des infos et de l’analyse que ça se passera.
A mon avis, toute autre démarche est de l’ordre de la perte de temps pour tout le monde.
@ Grégory :
De toute évidence, vous n’avez aucune expérience de Twitter. Les gens qui tentent de tromper leur monde en se faisant passer pour ce qu’ils ne sont pas sont assez rapidement démasqués par les autres utilisateurs, qui le font savoir à leurs contacts et perdent ainsi tout crédit (i.e. on cesse de les “suivre”). C’est ainsi que les pro-Ahmadinejad qui se sont créés des comptes sur Twitter et ont essayé de faire passer de fausses infos ont été repérés et dénoncés par les autres. Un agent de la CIA qui, depuis Langley, aurait essayé de se faire passer pour un manifestant en balançant des fausses infos se serait fait démasquer de la même manière et ses élucubrations n’auraient pas eu plus de portée que cela.
Vous posez comme axiome que la CIA est systématiquement derrière tous les événements politiques de ce monde. Or, si la CIA avait le pouvoir de mettre des centaines de milliers de personnes dans la rue, elle aurait tout aussi bien pu endiguer la révolution de 1979. Des manifestations d’une telle ampleur (que ce soit en 2009 ou en 79 d’ailleurs) ne s’expliquent pas par des manipulations de l’étranger mais bien par une contestation populaire profonde du régime.
Les autorités iraniennes font feu de tout bois dans cette affaire : ce ne sont pas seulement les Américains qui sont accusés de comploter mais les Britanniques, les Bahaïs, les “sionistes”, une petite Française de 23 ans !! Même Moussavi et l’ayatollah Montazeri ont été accusés par les conservateurs d’être des agents de l’étranger ! Le recours à la théorie du complot est érigé en mode de gouvernement et de nombreux Iraniens n’en sont d’ailleurs pas dupes :
http://www.conspiracywatch.info/Quand-la-societe-civile-iranienne-raillait-la-theorie-du-complot-britannique_a363.html
Quant au Réseau Voltaire, effectivement, si vous pensez que ses “analyses” et ses “infos” sont plus convaincantes que celles de la “presse-traditionnelle-qui-nous-ment”, je n’arriverais jamais à vous convaincre. Pour ce qui est du caractère bidon de l’article de Meyssan, cf. ce que je viens de vous dire à propos de Twitter, que Meyssan se garde bien d’expliquer dans son article (par incompétence, par insincérité ou les deux).
En polarisant le débat vous dénaturez mon propos. J’ai déjà dit la défiance que m’inspire le gouvernement iranien et je peux même dire qu’en voyant récement Meyssan le décrire comme démocratiquement élu je ne le crois pas sur parole. De même, la contestation d’une partie de la population ne fait aucun doute, tout comme existait celle des révolutions colorées.
Concernant Twitter, vous êtes dans un moment typique de méthode coué. Si je le dépouille, votre argument se résume à “puisque certains imposteurs sont démasqués, alors tous les imposteurs sont démasqués”. C’est possible, mais c’est un postulat. Pour ma part, pour un pays qui a été capable de faire croire à sa propre opinion que Saddam avait des “Armes de Destruction Massives” et qu’il était pote avec Ben Laden, faire de faux twitts savament dosé pour mettre le feu aux poudres, soutenir quelques talibans pour qu’ils démarrent des violences qu’en occident on attribuera au gouvernement me semble l’enfance de l’art. Au demeurant, penser qu’il y a de la fumée (défiance envers l’ingérance US) dans tans de pays (Moyen Orient, Pays de l’est , amérique du Sud) sans feu demande un supplément de foi que vous avez peut être mais qui me fait défaut.
Enfin je constate encore une fois que mis en demeure d’étayer vos accusations de bidonnages vous vous en tirez en tentant de me faire passer pour le buté de service. Je vous réponds pourtant très tranquillement qui si vous avez des points concrets pour étayer vos propos je les lirai avec intérêt et que je suis tout à fait capable de donner tort au Réseau Voltaire. La question reste pour l’heure de savoir si vous êtes capables de lui donner raison quand il a raison ?
Pouvez vous répondre à celà sans ad hominem, procès d’intentions, pirouettes diverses ?
@ Grégory :
Quoi que je puisse vous répondre, je ne vous convaincrai pas. Pour résumer, vous convenez vous-même que Meyssan pratique la désinformation (sur le caractère “démocratique” de la récente élection en Iran par exemple) mais vous ne comprenez pas que je considère ses écrits comme bidonnés… ?? Je vais essayer d’être encore plus clair : Meyssan ne fait pas un travail de journaliste mais de propagandiste. La théorie du complot “occidental”, “états-unien” ou “israélo-américain” est le ressort principal des articles publiés par le Réseau Voltaire. La liste est longue comme le bras : «La CIA a planifié une vague d’attentats en Europe» ; «La CIA est derrière les événements de la place Tienanmen» ; «Sarkozy est un agent de la CIA» ; «Benazir Bhutto a été assassinée par la CIA» ; «Théo Van Gogh a été assassiné par la CIA» ; «L’attentat de Londres est un coup de la CIA» ; «Les attentats contre la communauté juive à Buenos Aires sont un coup du Mossad» ; «L’attentat d’Islamabad est un coup de l’OTAN» ; «Rafik Hariri a été assassiné sur ordre de Donald Rumsfeld», etc. Sans oublier, naturellement : «Le 11-Septembre est un coup des Américains»… A chaque fois, il s’agit de réinscrire la réalité d’un événement dans une trame narrative conspirationniste faite de bric et de broc : les réflexions d’un général russe à la retraite, les spéculations d’un graphomane d’extrême droite, les tuyaux percés d’un ex-agent des RG… Meyssan excelle dans ce genre d’exercice. La recette est la même à chaque fois : il s’agit de plaquer sur la réalité un schéma préétabli. Et si ce n’est pas suffisant, on tord les faits à sa convenance. Par exemple, sur les manif post-électorales en Iran, Meyssan écrit que seule la petite bourgeoisie des quartiers Nord de Téhéran, nostalgique de sa situation économique sous le Shah, a battu le pavé et que les conservateurs représentés par Khamenei et Ahmadinejad demeurent populaires dans la majorité de la population. C’est faux. Tous les témoignages font état de rassemblements réunissant toutes les catégories sociales et toutes les classes d’âges et eu égard à l’ampleur des fraudes constatées, il est très improbable qu’Ahmadinejad ait été majoritaire dès le premier tour avec un tel taux de participation.
A propos de Twitter, je crois vraiment que vous parlez de quelque chose que vous ne maîtrisez pas et la seule chose que vous m’opposez en définitive, c’est le postulat selon lequel les Etats-Unis seraient, dès le départ, coupables. Comme si ce n’était pas l’implication occidentale dans les événements iraniens qu’il fallait démontrer mais le contraire, sa non-implication ! Je le reconnais, ce n’est pas ma manière de raisonner. Mais ce qui devrait vous mettre la puce à l’oreille, c’est que le recours au thème du complot est l’un des procédés privilégiés de tous les régimes autoritaires. D’où ces affaires d’espionnage (qui nous paraissent ridicules vu d’ici et qui le sont effectivement) : Roxana Saberi il y a trois mois, Clotilde Reiss en ce moment.
Il fait un temps caniculaire, chez moi, certainement le fruit d’un complot américano-sioniste pour emmerder les “fromages qui puent” !
Meyssan dit n’importe quoi, en boucle …
Reprenons : vous avez qualifié des citations du RV qu’on vous a présentées ici même comme « bidonnées ». Mis en demeure à trois reprises de dire en quoi elles étaient bidonnés, vous n’avez rien répondu à cette requête précise. Votre accusation de bidonnage peut donc être raisonnablement tenue pour du vent, avec pour conséquence de discréditer vos autres accusations.
Au demeurant tout cela a un sel particulier parceque je vais maintenant vous apprendre un truc qui s’appelle google. Prenez une phrase dans la citation d’aurel que vous avez qualifié de bidonnage du Réseau Voltaire, et tapez là dans google. Oh, surprise, ça ne vient pas du Réseau Voltaire mais de Wikipedia. Les petits chiffres, ce sont les sources, qu’en habitué de l’encyclopédie en ligne j’avais pour ma part tout de suite reconnue. Néanmoins je voulais avant tout voir si votre accusation était fondée ou infondée ; je sais maintenant ce qu’il en est, ainsi que tout ceux qui ont suivi l’échange.
Ceci connu, l’épisode nous révèle donc aussi la qualité toute relative de votre savoir faire de journaliste internaute. Ceci établissant le niveau de vos prétentions sur l’évaluations des sources lues sur internet, je vais me permettre à présent de considérer que l’analyse que je fais de twitter avec mes propres moyens est susceptible du supplanter la votre. Ca et bien sur ma propre experience professionnelle que je connais, et vous, non.
Ceci étant mis au clair je vais pour finir adresser certains points que vous avez soulevés. Certes il s’agit à mon sens de digressions plutôt oiseuses mais certains point réclament rectification. Allons y :
“vous convenez vous-même que Meyssan pratique la désinformation”
Non, ce n’est pas ce que j’ai dit, et c’est un peu inquiétant qu’un journaliste pratique à ce point l’extrapolation. J’ai dit que je ne “le croyais pas sur parole”. Je note simplement que lui dit ça, mais qu’il peut aussi se tromper. Il se peut même qu’il soit lui même un agent d’une entité que j’ai du mal à cerner. Comme à son habitude, il cible ses critiques là où elles semblent pertinentes, en particulier, nous vous en déplaise, sur la question de twitter. Sur ces points, il est très convaincant. Quand à dire qu’il n’y a pas eu de fraude, ou qu’Ahmadinedjad est réellement élu, il manque – tout comme les tenants de la partie adverse (ne vous en déplaise également) de preuves.
“Meyssan ne fait pas un travail de journaliste mais de propagandiste.”
Ce serait vrai s’il mentait. Pour l’instant, vous ne l’avez pas pris la main dans le sac, à ma connaissance. En revanche vous avez été pris, ici même, la main dans le sac à porter des accusations non fondées. Encore une fois, il est déraisonnable de demander d’être cru avec rien. Celà reviendrait à nous demander d’abandonner tout sens critique.
D’autres part, vous faites comme-ci il y avait la compréhension de Meyssan, et celle du reste du monde. En fait, il est proche sur bien des sujets de bien des intellectuels qu’on peut estimer ou non mais qui représentent plusieurs courant de pensées très éloignées de ceux qui ont cours dans les médias dominants, et condamnent tous l’impérialisme et ses magouilles. Il n’est certes pas le premier, ni le dernier, à tenir des « fact lists » présentant la CIA comme une machine à coup d’états, et ces faits sont en général non pas contestés, mais ignorés des politiques comme des médias dominants.
” Par exemple, sur les manif post-électorales en Iran, Meyssan écrit que seule la petite bourgeoisie des quartiers Nord de Téhéran […] C’est faux. Tous les témoignages font état de rassemblements réunissant toutes les catégories sociales et toutes les classes d’âges et eu égard à l’ampleur des fraudes constatées, il est très improbable qu’Ahmadinejad ait été majoritaire dès le premier tour avec un tel taux de participation.”
J’ai assez suivi l’affaire pour être familer de cet argument qui a cependant été beaucoup discuté. Une chose est sûre, Meyssan n’est pas du tout le seul à avoir dit que la contestation était essentiellement le fait d’une catégorie de la population. Pour tout vous dire, un des éléments qui m’a le plus influencé était ce post d’un blog :
http://southissouth.wordpress.com/2009/06/14/conversation-with-grandma-after-irans-elections/
C’est un Irano Américain qui demande ce qu’elle en pense à sa grand mère qui est sur place. Celle ci n’aime pas du tout Ahmadinedjad, mais se dit persuadée qu’il a vraiment gagné, et dit pourquoi. Bien sûr, elle peut se tromper, et même du tout au tout, mais entre les prédictions unanimes qui ont précédées et son avis cohérent de ces prédictions, je trouve tout de même très suspect de voir ici la même fine équipe qui assurait la victoire du oui au TCE clame haut et fort que l’élection est “forcément” volée.
(à moins bien sur que ce blog que je vous cite ne soit tenu par un gros barbu à Téhéran…)
“la seule chose que vous m’opposez en définitive, c’est le postulat selon lequel les Etats-Unis seraient, dès le départ, coupables.”
Ce n’est pas un postulat, c’est une réponse à votre postulat : pour moi, le plus vraisemblable est qu’aujourd’hui soit comme hier. Quitte à en prendre un, c’est donc celui que je prendrais mais contrairement à vous qui n’hésitez pas à vous avancer, avec, selon moi, bien peu d’éléments concrets (et même contrairement à Meyssan, dont je ne suis pas non plus sûr du degré d’information), je reste pour ma part sur ma réserve. Je ne sais pas assez ce qui s’est passé, et j’estime que vous non plus, pour conclure sur qui manipule qui dans cette histoire. Pour tout dire, ça ressemble exactement au chaos que le réponse « les deux mon général » apporterait à cette question.
Heing ? Meyssan pas pris la main dans le sac ? Et son gros délire sur le fameux missile qui a frappé le Pentagone …soyons sérieux …Mais bon, vous êtes conspirationniste, donc autant essayer de prouver l’inexistence de Dieu au Mollah Omar !