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Ces théories du complot qui fleurissent en Tunisie

Publié par La Rédaction18 janvier 2011

Les périodes de trouble sont propices aux déferlements de rumeurs. La Tunisie ne fait pas exception à la règle. Au cours de la semaine qui a précédé la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, on a commencé à spéculer sur les véritables motivations des pillards : et si les casseurs étaient en réalité instrumentalisés par le régime afin de jeter le discrédit sur le soulèvement populaire ?

D’autres rumeurs font état de viols et d’exactions commis par des agents de police en état d’ébriété, façon pour certains d’insister sur le comportement « anti-islamique » du régime déchu.

Du côté du Palais présidentiel de Carthage, on n’est pas en reste : dans son discours du 10 janvier, quelques jours avant de s’envoler pour l’Arabie Saoudite, le chef de l’Etat a fustigé en personne les « voyous cagoulés (…) à la solde de l'étranger ».

De l'eau empoisonnée

A en croire Mezri Haddad, ambassadeur de Tunisie à l’UNESCO et défenseur du régime jusqu’à sa démission le 14 janvier dernier, le président Ben Ali a tenté de faire croire à ses diplomates à l’étranger que les émeutes étaient le fruit d’un « complot islamiste » :

« On m’a donné de fausses informations. On m’a menti, à moi mais aussi à mon collègue ambassadeur de Tunisie en France [Raouf Najar, ndlr]. J’ai parlé au président Ben Ali le 10 janvier. Je lui ai expliqué ce qui se disait ici dans les médias. Il m’a répondu que ce qui se passait était un complot des islamistes qui se cachaient derrière les manifestants. J’y ai cru, jusqu’à ce que des amis m’ouvrent les yeux et me racontent la réalité de ce qui se passe en Tunisie ».

Réelles ou fantasmées, les manipulations des islamistes ne suffisent pas plus à expliquer l’ampleur du soulèvement populaire tunisien que la présence de milices fidèles au président déchu ne peuvent expliquer à elles seules les actes de vandalisme et de violence qui ont émaillé les manifestations.

Une autre théorie du complot, accusant les autorités d’avoir empoisonné l’eau du robinet, a contraint la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux tunisienne (SONEDE) a se fendre d’un communiqué informant ses clients que « l’eau potable continuera a être distribuée normalement et que les rumeurs concernant des empoisonnements par l’eau potable ou de rupture d’approvisionnement n‘ont aucun fondement ».

« Les juifs nous tuent ».

Autre exemple de rumeur, faisant cette fois-ci la part belle au mythe du « complot sioniste », cette vidéo (ci-dessous) dans laquelle un passant filme un sol jonché de douilles de balles. Il en ramasse une, prétend qu’on peut y lire « Made in Israel » écrit dessus et répète à l’envie : « les juifs nous tuent, les juifs nous tuent ! ».

Professeur de langue et de littérature française à l’Université de Tunis, Seif Soudani a accepté de nous livrer son témoignage :

« En gros, on a depuis l’imminence de la chute du régime en moyenne une info avérée sur dix ! En vrac : Ben Ali aurait soigneusement planifié tout le chaos dans lequel il a jeté la Tunisie grâce à des supposées milices armées (il y a très peu d'armes en Tunisie) qui sillonnent les villes, afin de mieux revenir dans un ou deux mois une fois s'étant rendu indispensable pour garantir l'ordre. Chaque heure vient avec son lot de personnalités arrêtées, tuées, puis c'est au tour des démentis. Aujourd'hui [le 16 janvier - NDLR] ce fut autour de la rumeur d'une coupure généralisée de l'électricité. Déjà depuis le début des affrontements, pour compliquer le tout, toute une frange religieuse de la contestation anti régime, en l'absence de toute couverture par les médias officiels, faisait toutes sortes d'intox en essayant de diaboliser la répression sous un angle religieux en véhiculant des rumeurs de viols invérifiables et d'officiers sous l'emprise de l'alcool tuant les civils parce que souls ».

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Les périodes de trouble sont propices aux déferlements de rumeurs. La Tunisie ne fait pas exception à la règle. Au cours de la semaine qui a précédé la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, on a commencé à spéculer sur les véritables motivations des pillards : et si les casseurs étaient en réalité instrumentalisés par le régime afin de jeter le discrédit sur le soulèvement populaire ?

D’autres rumeurs font état de viols et d’exactions commis par des agents de police en état d’ébriété, façon pour certains d’insister sur le comportement « anti-islamique » du régime déchu.

Du côté du Palais présidentiel de Carthage, on n’est pas en reste : dans son discours du 10 janvier, quelques jours avant de s’envoler pour l’Arabie Saoudite, le chef de l’Etat a fustigé en personne les « voyous cagoulés (…) à la solde de l'étranger ».

De l'eau empoisonnée

A en croire Mezri Haddad, ambassadeur de Tunisie à l’UNESCO et défenseur du régime jusqu’à sa démission le 14 janvier dernier, le président Ben Ali a tenté de faire croire à ses diplomates à l’étranger que les émeutes étaient le fruit d’un « complot islamiste » :

« On m’a donné de fausses informations. On m’a menti, à moi mais aussi à mon collègue ambassadeur de Tunisie en France [Raouf Najar, ndlr]. J’ai parlé au président Ben Ali le 10 janvier. Je lui ai expliqué ce qui se disait ici dans les médias. Il m’a répondu que ce qui se passait était un complot des islamistes qui se cachaient derrière les manifestants. J’y ai cru, jusqu’à ce que des amis m’ouvrent les yeux et me racontent la réalité de ce qui se passe en Tunisie ».

Réelles ou fantasmées, les manipulations des islamistes ne suffisent pas plus à expliquer l’ampleur du soulèvement populaire tunisien que la présence de milices fidèles au président déchu ne peuvent expliquer à elles seules les actes de vandalisme et de violence qui ont émaillé les manifestations.

Une autre théorie du complot, accusant les autorités d’avoir empoisonné l’eau du robinet, a contraint la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux tunisienne (SONEDE) a se fendre d’un communiqué informant ses clients que « l’eau potable continuera a être distribuée normalement et que les rumeurs concernant des empoisonnements par l’eau potable ou de rupture d’approvisionnement n‘ont aucun fondement ».

« Les juifs nous tuent ».

Autre exemple de rumeur, faisant cette fois-ci la part belle au mythe du « complot sioniste », cette vidéo (ci-dessous) dans laquelle un passant filme un sol jonché de douilles de balles. Il en ramasse une, prétend qu’on peut y lire « Made in Israel » écrit dessus et répète à l’envie : « les juifs nous tuent, les juifs nous tuent ! ».

Professeur de langue et de littérature française à l’Université de Tunis, Seif Soudani a accepté de nous livrer son témoignage :

« En gros, on a depuis l’imminence de la chute du régime en moyenne une info avérée sur dix ! En vrac : Ben Ali aurait soigneusement planifié tout le chaos dans lequel il a jeté la Tunisie grâce à des supposées milices armées (il y a très peu d'armes en Tunisie) qui sillonnent les villes, afin de mieux revenir dans un ou deux mois une fois s'étant rendu indispensable pour garantir l'ordre. Chaque heure vient avec son lot de personnalités arrêtées, tuées, puis c'est au tour des démentis. Aujourd'hui [le 16 janvier - NDLR] ce fut autour de la rumeur d'une coupure généralisée de l'électricité. Déjà depuis le début des affrontements, pour compliquer le tout, toute une frange religieuse de la contestation anti régime, en l'absence de toute couverture par les médias officiels, faisait toutes sortes d'intox en essayant de diaboliser la répression sous un angle religieux en véhiculant des rumeurs de viols invérifiables et d'officiers sous l'emprise de l'alcool tuant les civils parce que souls ».

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