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Législatives : comment un faux sondage sortie des urnes a nourri la suspicion

Publié par La Rédaction15 juillet 2024, , ,

Le jour des élections, des médias belges ont présenté à tort comme un sondage de sortie des urnes émanant d'Ipsos ce qui n'était en réalité qu'une projection réalisée plusieurs jours plus tôt par un magazine en ligne.

Capture d'écran Le Grand Continent, 04/07/2024.

Dimanche 7 juillet 2024. Le taux de participation au second tour des législatives anticipées promet d'être historique. Mais l'issue du scrutin s'annonce plus incertaine que jamais. Quel effet la stratégie de « front républicain » adoptée par Ensemble (la majorité sortante) et le Nouveau Front Populaire (NFP) aura-t-elle sur le résultat final ?

Comme souvent les jours d'élections, professionnels de la politique, commentateurs et journalistes s'échangent frénétiquement sur leurs smartphones des estimations à l'authenticité douteuse tandis que les bureaux de vote sont encore ouverts. Certaines sont censées provenir du ministère de l'intérieur. D'autres d'instituts de sondage.

Aux alentours de 18h30, des chiffres présentés comme émanant d'Ipsos-France commencent à circuler. Ils donnent le Rassemblement national (RN) et ses alliés en tête du scrutin : avec 228 sièges, le parti de Jordan Bardella n'obtiendrait pas à lui seul la majorité absolue mais s'en rapprocherait et deviendrait de fait le premier groupe parlementaire de l'Assemblée nationale.

Ces chiffres sont publiés sur X à 18h59 par Marie Rigot, journaliste à La Libre Belgique. Ils sont présentés comme un sondage sortie des urnes effectué par Ipsos. Ils sont repris quelques minutes plus tard par le compte officiel de La Libre Belgique [archive] et par la RTBF [archive].

A 19h31, Marie Rigot partage ce qu'elle présente comme un deuxième sondage sortie des urnes Ipsos. Cette fois-ci, le RN est dans une fourchette comprise entre 135 et 155 sièges (il obtiendra finalement 143 sièges), ce qui le place en troisième position, derrière le NFP et Ensemble :

Comment expliquer un tel écart à seulement une demi-heure d'intervalle ? C'est la question que se sont posée de nombreux internautes, prompts à imaginer un trucage des votes au détriment de l'extrême droite.

En réalité, les plus attentifs auront remarqué que, dès 18h54, Mathieu Gallard, directeur de recherche à Ipsos-France, avait publié un tweet récusant l'authenticité de la prétendue « estimation Ipsos » qui avait commencé de circuler.

Renseignements pris auprès de ce dernier, cette fameuse estimation donnant le RN à 228 sièges n'existe pas. Ipsos n'a fait qu'une seule estimation, diffusée vers 19h30 sous embargo et publiée à partir de 20h00. C'est celle donnant le RN entre 135 et 155 sièges. La deuxième qu'évoque Marie Rigot dans son tweet de 19h31.

Mais alors d'où vient le premier « sondage » publié plus tôt et donnant le RN en tête ? Le média de fact-checking flamand Factcheck.Vlaanderen est parvenu à retrouver son origine probable. Comme il l'explique, les chiffres donnant 228 sièges au RN correspondent exactement à une projection réalisée par le Groupe d'Études Géopolitique et publiée le jeudi 4 juillet sur le site de son magazine en ligne Le Grand Continent. Rien à voir avec Ipsos donc. Ni avec un hypothétique « sondage sortie des urnes ».

Marie Rigot affirme de son côté avoir « reçu [ces] chiffres d'une source bien informée qui [lui] a confirmé qu'il s'agissait d'un véritable sondage sortie des urnes Ipsos ». Elle ne souhaite pas en dire davantage, se retranchant derrière le principe de secret des sources.

Factcheck.Vlaanderen indique que le terme de « sondage sortie des urnes » est impropre car aucun sondage de ce type n'est effectué en France. Les instituts tels que Ipsos recueillent les résultats issus des premiers dépouillements (la plupart des bureaux de vote ferment à 18h00) et les intègrent à des modèles statistiques leur permettant de générer des estimations qui, le plus souvent, ne sont pas diffusées avant 19h00 − et s'avèrent relativement fiables.

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Capture d'écran Le Grand Continent, 04/07/2024.

Dimanche 7 juillet 2024. Le taux de participation au second tour des législatives anticipées promet d'être historique. Mais l'issue du scrutin s'annonce plus incertaine que jamais. Quel effet la stratégie de « front républicain » adoptée par Ensemble (la majorité sortante) et le Nouveau Front Populaire (NFP) aura-t-elle sur le résultat final ?

Comme souvent les jours d'élections, professionnels de la politique, commentateurs et journalistes s'échangent frénétiquement sur leurs smartphones des estimations à l'authenticité douteuse tandis que les bureaux de vote sont encore ouverts. Certaines sont censées provenir du ministère de l'intérieur. D'autres d'instituts de sondage.

Aux alentours de 18h30, des chiffres présentés comme émanant d'Ipsos-France commencent à circuler. Ils donnent le Rassemblement national (RN) et ses alliés en tête du scrutin : avec 228 sièges, le parti de Jordan Bardella n'obtiendrait pas à lui seul la majorité absolue mais s'en rapprocherait et deviendrait de fait le premier groupe parlementaire de l'Assemblée nationale.

Ces chiffres sont publiés sur X à 18h59 par Marie Rigot, journaliste à La Libre Belgique. Ils sont présentés comme un sondage sortie des urnes effectué par Ipsos. Ils sont repris quelques minutes plus tard par le compte officiel de La Libre Belgique [archive] et par la RTBF [archive].

A 19h31, Marie Rigot partage ce qu'elle présente comme un deuxième sondage sortie des urnes Ipsos. Cette fois-ci, le RN est dans une fourchette comprise entre 135 et 155 sièges (il obtiendra finalement 143 sièges), ce qui le place en troisième position, derrière le NFP et Ensemble :

Comment expliquer un tel écart à seulement une demi-heure d'intervalle ? C'est la question que se sont posée de nombreux internautes, prompts à imaginer un trucage des votes au détriment de l'extrême droite.

En réalité, les plus attentifs auront remarqué que, dès 18h54, Mathieu Gallard, directeur de recherche à Ipsos-France, avait publié un tweet récusant l'authenticité de la prétendue « estimation Ipsos » qui avait commencé de circuler.

Renseignements pris auprès de ce dernier, cette fameuse estimation donnant le RN à 228 sièges n'existe pas. Ipsos n'a fait qu'une seule estimation, diffusée vers 19h30 sous embargo et publiée à partir de 20h00. C'est celle donnant le RN entre 135 et 155 sièges. La deuxième qu'évoque Marie Rigot dans son tweet de 19h31.

Mais alors d'où vient le premier « sondage » publié plus tôt et donnant le RN en tête ? Le média de fact-checking flamand Factcheck.Vlaanderen est parvenu à retrouver son origine probable. Comme il l'explique, les chiffres donnant 228 sièges au RN correspondent exactement à une projection réalisée par le Groupe d'Études Géopolitique et publiée le jeudi 4 juillet sur le site de son magazine en ligne Le Grand Continent. Rien à voir avec Ipsos donc. Ni avec un hypothétique « sondage sortie des urnes ».

Marie Rigot affirme de son côté avoir « reçu [ces] chiffres d'une source bien informée qui [lui] a confirmé qu'il s'agissait d'un véritable sondage sortie des urnes Ipsos ». Elle ne souhaite pas en dire davantage, se retranchant derrière le principe de secret des sources.

Factcheck.Vlaanderen indique que le terme de « sondage sortie des urnes » est impropre car aucun sondage de ce type n'est effectué en France. Les instituts tels que Ipsos recueillent les résultats issus des premiers dépouillements (la plupart des bureaux de vote ferment à 18h00) et les intègrent à des modèles statistiques leur permettant de générer des estimations qui, le plus souvent, ne sont pas diffusées avant 19h00 − et s'avèrent relativement fiables.

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