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Sommes-nous prédisposés à croire aux théories du complot ?

Publié par La Rédaction29 juin 2009

Sommes-nous prédisposés à croire aux théories du complot ?
Les progrès sans précédent de la science à l'époque contemporaine sont loin d'avoir fait disparaître les croyances populaires dans les esprits, les fantômes, les soucoupes volantes, les forces-obscures-qui-tirent-les-ficelles-du-monde et autres phénomènes imaginaires. Beaucoup de "complots" dénoncés sur internet ou au Café du Commerce relèvent souvent du fantasme pur et simple.

Pourquoi tant de personnes semblent-elles alors si disposées à y accorder un crédit ? Michael Shermer, directeur de la publication du magazine américain Skeptic, ébauche une tentative de réponse dans un article récent de Scientific American.

Selon lui, ces croyances reposeraient toutes sur une tendance inhérente à la nature humaine consistant à percevoir des "signes" là où il n’y en a pas. Songeons à ces fans des Beatles qui ont cru entendre John Lennon annoncer la mort de Paul McCartney à la fin de Strawberry Fields Forever ; à ces fidèles catholiques réunionnais voyant le visage du Christ dans les plissures d’un coussin (ci-dessous à droite) ; ou encore à ces téléspectateurs persuadés d’assister à une apparition satanique dans la fumée des tours du World Trade Center.
Sommes-nous prédisposés à croire aux théories du complot ?

Naturellement il arrive que les signes en question soient réels. Une telle disposition d'esprit a d'ailleurs sans doute été indispensable à la survie et à la pérennité de l’espèce humaine. Michael Shermer explique ainsi que si vous croyez qu’un bruissement dans l’herbe signale l’arrivée d’un dangereux prédateur alors qu’il ne s’agit que d’un coup de vent, vous avez plus de chances de survivre que si vous croyez que ce bruissement a été provoqué par le vent alors qu’il l’a été en fait par un dangereux prédateur. Dans la mesure où, en milieu hostile, le coût de la première erreur est moins élevé que celui de la seconde, la sélection naturelle aura favorisé cette disposition à préjuger de la réalité des "signes" plutôt que de leur inexistence.

Abolissant la possibilité même de la coïncidence et procédant à des raccourcis pour le moins discutables, la démarche conspirationniste fonctionne sur le même principe : elle nous engage à considérer des éléments épars mis bout à bout comme autant de signes d'un présupposé "complot". L'apparence de crédibilité dont se pare ce type de raisonnement ne peut être compris que dans le contexte de sociétés sécularisées où les explications faisant intervenir le surnaturel et le paranormal sont généralement tenues en suspicion. Dès lors, les conspirationnistes auront beau jeu d'objecter que contrairement aux fantômes ou aux esprits, les complots, eux, existent bel et bien. Cela est indéniable. Reste qu'un complot qui n'est pas démontré demeure une construction de l'esprit. Au même titre que celle qui nous fait voir le visage du Christ dans les plis d'un coussin.

Source :
* Michael Shermer, " Why People Believe Invisible Agents Control the World ", Scientific American Magazine, juin 2009.

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Sommes-nous prédisposés à croire aux théories du complot ?
Les progrès sans précédent de la science à l'époque contemporaine sont loin d'avoir fait disparaître les croyances populaires dans les esprits, les fantômes, les soucoupes volantes, les forces-obscures-qui-tirent-les-ficelles-du-monde et autres phénomènes imaginaires. Beaucoup de "complots" dénoncés sur internet ou au Café du Commerce relèvent souvent du fantasme pur et simple.

Pourquoi tant de personnes semblent-elles alors si disposées à y accorder un crédit ? Michael Shermer, directeur de la publication du magazine américain Skeptic, ébauche une tentative de réponse dans un article récent de Scientific American.

Selon lui, ces croyances reposeraient toutes sur une tendance inhérente à la nature humaine consistant à percevoir des "signes" là où il n’y en a pas. Songeons à ces fans des Beatles qui ont cru entendre John Lennon annoncer la mort de Paul McCartney à la fin de Strawberry Fields Forever ; à ces fidèles catholiques réunionnais voyant le visage du Christ dans les plissures d’un coussin (ci-dessous à droite) ; ou encore à ces téléspectateurs persuadés d’assister à une apparition satanique dans la fumée des tours du World Trade Center.
Sommes-nous prédisposés à croire aux théories du complot ?

Naturellement il arrive que les signes en question soient réels. Une telle disposition d'esprit a d'ailleurs sans doute été indispensable à la survie et à la pérennité de l’espèce humaine. Michael Shermer explique ainsi que si vous croyez qu’un bruissement dans l’herbe signale l’arrivée d’un dangereux prédateur alors qu’il ne s’agit que d’un coup de vent, vous avez plus de chances de survivre que si vous croyez que ce bruissement a été provoqué par le vent alors qu’il l’a été en fait par un dangereux prédateur. Dans la mesure où, en milieu hostile, le coût de la première erreur est moins élevé que celui de la seconde, la sélection naturelle aura favorisé cette disposition à préjuger de la réalité des "signes" plutôt que de leur inexistence.

Abolissant la possibilité même de la coïncidence et procédant à des raccourcis pour le moins discutables, la démarche conspirationniste fonctionne sur le même principe : elle nous engage à considérer des éléments épars mis bout à bout comme autant de signes d'un présupposé "complot". L'apparence de crédibilité dont se pare ce type de raisonnement ne peut être compris que dans le contexte de sociétés sécularisées où les explications faisant intervenir le surnaturel et le paranormal sont généralement tenues en suspicion. Dès lors, les conspirationnistes auront beau jeu d'objecter que contrairement aux fantômes ou aux esprits, les complots, eux, existent bel et bien. Cela est indéniable. Reste qu'un complot qui n'est pas démontré demeure une construction de l'esprit. Au même titre que celle qui nous fait voir le visage du Christ dans les plis d'un coussin.

Source :
* Michael Shermer, " Why People Believe Invisible Agents Control the World ", Scientific American Magazine, juin 2009.

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