Laurent Wauquiez ne croit pas au hasard, Christine Boutin parle d’opération de déstabilisation et Lionnel Luca suggère un coup fourré de François Hollande.

Capture d’écran Twitter/Lionnel Luca, 21/03/20113.
L’annonce de la mise en examen de l’ancien Président de la République pour « abus de faiblesse » dans le dossier Bettencourt a fait perdre leur sang froid à certains députés UMP.
Député-maire de Nice et membre de l’association des amis de Nicolas Sarkozy, Christian Estrosi a souligné dans un communiqué diffusé hier soir que « chacun remarquera que cette décision intervient 48H après la mise en cause d’un ministre socialiste sans doute pour faire compensation », suggérant que la décision du juge Jean-Michel Gentil résulte d’une intervention politique visant à détourner l’attention médiatique de l’affaire Cahuzac.
De son côté, Libération rapporte que « dès 22h19, la nouvelle du soir encore chaude, le député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, n’a pas pu s’empêcher de gazouiller à ses quelque 5 700 abonnés que cela « en (disait) long sur la justice ». Avant de poursuivre quelques minutes plus tard, dans une registre plus complotiste : « La seule chance pour François Hollande en 2017 c’est d’éliminer par tous les moyens la possibilité d’une candidature du seul adversaire qui peut le battre« . Manière de sous-entendre lourdement que l’Elysée téléguide le juge Gentil. »
Député lui aussi des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti s’interroge sur Twitter : « Qui peut croire à l’absence d ‘arrière pensées politiques avec un scénario aussi grossier contre N. Sarkozy ».
Quant à Christine Boutin, elle s’est demandé hier soir sur BFMTV s’il n’y avait « pas une opération de déstabilisation en ce moment dans notre pays ».
S’exprimant ce matin sur Europe 1, Laurent Wauquiez dit « ne pas croire au hasard ».
Voir aussi :
* Sarkozy mis en examen : les théories du complot fusent à l’UMP. Et l’indépendance de la justice, alors ?
* François Hollande dans le collimateur des conspirationnistes
Les plus violents sont Lionnel Luca, membre de qu’il nomme lui-même « la garde de fer » de Sarkozy, en référence à la garde de fer fasciste de Roumanie, pays dont il est originaire http://memorial98.over-blog.com/article-luca-antisemite-et-sexiste-104135064.html; l’autre violent est Henri Guaino qui était déjà en ponte contre le mariage pour tous et qui a été le principal supporter de la mise en place d’un ministère de l' »identité nationale » voir http://memorial98.over-blog.com/article-identite-nationale-comment-l-idee-vint-a-eric-besson-40697798.html
Ne pas oublier Guaino et Hortefeux.
« (…) Henri Guaino, l’ex-conseiller spécial de l’ex-président de la République, a affirmé vendredi matin sur Europe 1 que le juge Jean-Michel Gentil a « déshonoré la justice » en mettant en examen l’ex-chef de l’Etat pour abus de faiblesse : « Je conteste la façon dont il fait son travail. Je la trouve indigne, je trouve qu’il a déshonoré un homme, les institutions, la justice. »
(…)
Sur le site de l’Association des amis de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux critique « l’acharnement de quelques-uns, de tous les instants, qui, d’ailleurs, ne peut me surprendre tant il est apparu constant et permanent tout au long de ces dernières années ». Et s’étonne « d’un traitement aussi exceptionnel et exclusivement à charge? » »
(France Info)
Bien sûr qu’il y a tentatives de déstabilisation. Elle est permanente, de tous les pays — au moins dans les démocratiques –, tous azimuts, et fait partie du jeu politique.
Ce qui devient grave, c’est qu’elle se confond souvent avec ce dernier quand il se borne à n’être que coups médiatiques, au point d’en occulter les aspects nobles et constructifs.
Je suis tombé ce matin sur l’émission des Grandes Gueules (RMC), qui est quand même politiquement positionnée. Je n’ai pas tout écouté. Mais des auditeurs y allaient franchement avec la théorie du complot « hollandais ». Parmi les chroniqueurs, certains réfutaient les allégations, d’autres étaient complaisants, ça bataillait dur.
Je ne crois pas que les députés UMP soient aussi ignorants. Mais dénoncer un complot à demi-mots, c’est finalement devenu ordinaire dans les manoeuvres de communication politicienne, ça flatterait presque les gens qui tout d’un coup se sentent plus intelligents parce qu’ils « ne tombent pas dans le panneau comme les autres » et ont bien perçu la « magouille ».
Attention à ne pas voir du conspirationnisme là où il n’y a que dérives (individuelles, espérons-le) d’une profession qui dispose de pouvoirs exorbitants sur ses contemporains, mais dans laquelle certains individus, en proportion équivalente à tout groupe humain (en gros 1 sale con sur 6 bipèdes), ne sont pas à la hauteur de leur infaillibilité statutaire. Le « Livre noir du syndicat de la magistrature » par Yves Lemoine et Frédéric Nguyen, dresse un portrait éloquent
« Alors que la justice est censée protéger et réparer les torts, un sondage CSA du 05 février 2006 pour Le Parisien/Aujourd’hui en France révélait aussi que 65 % des français affirmaient avoir peur de la justice.
Quant à l’opinion que les Français en ont, un sondage TNS Sofres d’octobre 2009 pour France Info/ France 2/Le Parisien Aujourd’hui en France et Elephant&Cie, nous apprend que pour 59 % des Français la justice fonctionne assez mal ou très mal.
Des casseroles plus ou moins médiatiques
On peut comprendre ce manque de confiance de par les nombreuses casseroles d’une certaine magistrature, en voici quelques-unes parmi tant d’autres :
Voleurs
· TGI de Marseille dans les années 90, quelques magistrats « empruntent » les objets saisis et entreposés au greffe, mise à la retraite d’office d’un d’entre eux et mutation des autres indélicats.
· 2003, le premier substitut de Bobigny, Jean-Louis Voirain, incarcéré pour blanchiment d’argent.
· Une juge d’instruction du tribunal de Versailles est surprise en train de voler des dessous féminins dans une grande surface. La magistrate aurait pu échapper à toute poursuite à condition de régler le montant de la marchandise. Ce à quoi elle s’est refusée, sous prétexte qu’elle était juge d’instruction. Elle est aujourd’hui juge aux affaires familiales dans une autre juridiction de banlieue…
Escrocs sur les bords
· Pierre Pichoff, rétrogradé en 1997 par le Conseil Supérieur de la Magistrature. Devenu depuis vice-président du TGI de Béthune, il est mis en examen en janvier 2011 pour une nouvelle affaire de corruption passive, trafic d’influence, escroquerie.
Déséquilibrés
· Octobre 2003, Philippe Zamour, magistrat du tribunal d’Angoulême mis en examen pour exhibition sexuelle et placé sous contrôle judiciaire après s’être masturbé au cours d’une audience. Il bénéficie d’un non-lieu pour raison médicale.
· 2003, Tribunal correctionnel de Lyon : un magistrat assesseur dans un état d’ébriété avancé urine dans une poubelle en pleine audience.
Pervers
· 2001, Francis Carle, juge au TGI de Grenoble, ancien juge des enfants, prenait des photographies de mineures torse-nu, mais aussi de femmes nues dans l’enceinte du tribunal.
· 2003, le substitut général près la cour d’appel de Versailles et membre du CSM, ainsi qu’ex président de l’USM, Michel Joudrel, mis en examen pour participation à un réseau d’échange d’images pédophiles sur internet
· Le Canard Enchaîné du 11 avril 2007, sous le titre « Enquête sous les robes des magistrats » raconte comment dans l’île de la Réunion le doyen des juges d’instructions, Francis Catalano, échangeait des faveurs judiciaires contre des faveurs en nature. Il avait monnayé les faveurs sexuelles de mères de jeunes détenus en échange de permis de visite. Le juge avait aussi eu une aventure avec la compagne d’une personne mise en examen par lui-même… compagne qui était partie civile dans un dossier qu’il instruisait
· Bernard Constantin, juge au TGI de Chambery, violeur de deux fillettes, mis à la retraite d’office et condamné à 10 mois de prison avec sursis. Pour les même faits l’abbé Bisset a pris 18 ans de prison ferme.
· Le Canard Enchaîné dans son numéro 4004 du 23 juillet 1997 évoque le JDE de Tours Philippe Chenet, qui pratiquait lui-même des fouilles à corps avec déshabillage partiel ou intégrale de mineurs dans les salles d’archive. À titre de sanction il devient vice président du TGI d’Arras et continue ses fonctions de directeur de colonie de vacances il y commettra deux agressions sexuelles sur mineurs qui finiront par le rattraper.
Négligents
· Jean-Claude Bonnal, tueur multi-récidiviste, exécuteur de policiers, remis en liberté sur simple contrôle judiciaire en décembre 2000.
· Disparus de l’Yonne, victimes du tueur pervers Emile Louis et de vingt ans de classements sans suite par les procureurs successifs d’Auxerre.
· Anne Lorraine Schmitt et tant d’autres, victimes de pervers relâchés sans contrôle judiciaire.
· Février 2010, face à des libération intempestive de trafiquants, les syndicats de police dénoncent la décision de « Liberator », un magistrat de Créteil. Synergie officiers parle de «la politique nihiliste de quelques magistrats œuvrant contre tout ce qui représente l’Etat de droit». Le Snop renchérit : «La sécurité dans les départements franciliens ne peut être prise en otage par un exercice aléatoire de la justice.»
· Décembre 2010, un voyou qui a agressé à l’arme blanche un jeune homme à Bobigny, lui perforant les poumons, a été remis en liberté par un juge.
Une justice à deux vitesses ?
Lorsque les magistrats sont sanctionnés par leurs pairs, ils sont très rarement révoqués. De 1988 à 2003, on comptabilise seulement 8 révocations (dont une en 2002 et une en 2003) et 9 mises à la retraite d’office.
La plupart du temps, les fautes commises sont sanctionnées par une mutation d’office, accompagnée ou non d’un abaissement d’échelon.
Entre 1988 et 2003, on a enregistré 37 déplacements d’office et 4 abaissements d’échelon.
Tant de pouvoirs et si peu de contrôles, on comprend la peur des Français «
Entièrement d’accord avec Wilaya4 !!
J’ai lu un certain nombre de vos pages et je trouve dommage que vous n’établissiez pas de différence entre des véritables « théories du complot » (les Sages de Sion, les Illuminati, ReOpen 9/11) et des actes commis pas un individu ou un groupe d’individus clairement identifiés : la mise en examen de Sarko a pu être décidé un peu hâtivement par un magistrat du SM, le décompte de la « Manif pour tous » a pu être révisé par un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur qui n’a pas voulu déjuger son employé par la suite…
Dans ces cas, il y a controverse, mais personne n’a théorisé un complot !