Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Lyndon LaRouche et le mythe de la ''synarchie judéo-britannique'' (1/2)

Publié par Julien Giry20 avril 2012,

« On a souvent essayé d'expliquer certains comportements politiques de cet establishment libéral en termes de conspiration. Il y a certes une grande part de conspiration dans la mise en œuvre de telles politiques. Les conspirations existent, mais la plupart des explications fournies quant au pourquoi et au comment deviennent vite absurdes, lorsque l'écrivain ou l'orateur tentent d'expliquer ce processus en termes simple de cupidité ou de quelque chose de cette nature » (1).

L'Empire britannique, pour Lyndon LaRouche, agit comme le maître d'œuvre d'un complot mondial, ou d'une « synarchie » (2), en vue de maintenir sa puissance et sa domination sur le reste du monde. Cependant, il ne suffit pas de révéler la conspiration, encore faut-il en apporter les « preuves ». Si les aspects financiers sont rapportés par LaRouche dans son ouvrage Alors, vous voulez tout savoir sur l'économie ?, la révélation globale du plan de l'oligarchie britannique est réalisée par une de ses proches collaboratrices, Carol S. White, dans un livre intitulé Le Nouvel âge noir de la conspiration : le complot britannique pour détruire la Civilisation (3) : « ce livre a été écrit pour dénoncer les hommes derrière cette conspiration. Pour révéler la manière dont ils opèrent, et aussi dont ils pensent. Cette histoire se déroule principalement en Angleterre, dans la mesure où, en dernière analyse, le traître establishment libéral occidental n'est en réalité que le domestique de l'oligarchie britannique » (4).

Or, rechercher les hommes derrière le complot revient d'abord en à rechercher les instigateurs, ceux par qui le mal est arrivé. Dans ce sens, White s'adonnait à retracer les origines jésuites et maçonniques et les modes d'organisation de la conspiration avant de s'attarder sur l'étude du complot au XXe siècle. De ce point de vue, l'imaginaire conspirationniste de LaRouche est tout à fait classique dans la mesure où, en impliquant les francs-maçons, les jésuites puis les juifs, celui-ci s’inscrit dans la tradition de la pensée conspirationniste afin de trouver une certaine légitimité à ses propres thèses anglophobes. En effet, comme le soulignait avec acuité Daniel Pipes, les catégories de conspirateurs « sont principalement deux : les juifs et les sociétés secrètes » (5). Ainsi, depuis la fin du XIXe siècle, les juifs, considérés comme une race à craindre à tout prix et non plus en tant que communauté religieuse, doivent « faire face à l'accusation [qu’ils] tentent de conquérir le pouvoir sur la Terre entière » (6). De la même manière, les sociétés secrètes, qu'il s'agisse des Illuminati (7) ou des francs-maçons, sont elles aussi accusées de mettre en œuvre des plans de domination séculaire du monde. Enfin, même l'idée d'une conspiration judéo-britannique telle que développée par LaRouche et les siens n'est en rien une œuvre créatrice de celui-ci. En effet, depuis les travaux de l’historien allemand Oswald Spengler, les « membres de l’establishment libéral anglo-américain » (8) et les juifs sont vu comme étant les deux facettes d'une même médaille. De même, que ce soit en Russie, où les Protocoles des Sages de Sion prétendent que le sionisme a toujours été un « ami de la politique étrangère britannique » (9), ou aux États-Unis, où un opposant au Président Groover Cleveland en fait « un agent au service des banquiers juifs et de l'or britannique » (10). Bref, si les postulats et les théories conspirationnistes de LaRouche sont éculés, il reste à en retracer le fil et à présenter son imaginaire conspirationniste en détail.

I - Les origines économiques du complot britannique

Lyndon LaRouche et le mythe de la ''synarchie judéo-britannique'' (1/2)

Sur le plan économique l'ouvrage central de Lyndon LaRouche, Alors, vous voulez tout savoir sur l'économie ?, fait état au chapitre 9, intitulé « L'infrastructure économique de base », du point de départ du complot britannique : les origines économiques de la synarchie. En effet, l'économie et la finance, placées sous la domination coloniale de l'Empire britannique, seraient les premiers instruments, au même titre que le trafic de l'opium (11), permettant à la Grande-Bretagne d'asseoir encore un peu plus sa domination. À titre d'exemple, la crise de 1929, comme celle de 2008, seraient des tentatives de destruction du « modèle américain » par le « système britannique » selon la terminologie employée par LaRouche dans son film 1932 : Le système américain contre l'Empire britannique.

Grâce à ses « qualités exceptionnelles », rappelons avec Hofstadter que « le leader paranoïaque » est cet être capable de deviner, avant les autres, les complots (12). LaRouche était alors à même de dater de manière on ne peut plus précise le début de la conspiration :

« En 1763, à l'époque de ce long trajet en carriole au cours duquel Adam Smith reçut les instructions de Lord Shelburne concernant la destruction économique et la limitation de l'autonomie des colonies Anglaises en Amérique du Nord. A partir de là et jusqu'en 1863, l’establishment britannique, principalement regroupé à cette époque autour de la Compagnie Britannique des Indes Orientales, s'efforça de détruire les États-Unis » (13).

Dans l'esprit de LaRouche, il ne faisait alors aucun doute qu'une volonté délibérée de détruire les États-Unis était, et est d'ailleurs toujours, l'œuvre de la Couronne Britannique. En effet, dès l'indépendance des États-Unis, la crainte d'un complot anglais afin de reprendre la main dans les anciennes colonies se répandit rapidement dans la culture populaire, mythe que LaRouche réactualisait en faisant des conservateurs des deux côtés de l'Atlantique des alliés, et même, des Tories américains les subordonnés des Tories de Londres. Ainsi, depuis « Aaron Burn, associé (…) à un groupe de Tories ayant quitté les États-Unis pour Londres et un autre groupe ayant constitué le réseau dormant d'agents britanniques demeuré sur place » (14), les partis conservateurs, les Tories puis les Républicains, seraient des espions et des agents britanniques secrètement infiltrés dans les cercles de pouvoir Américains afin de mieux les détruire de l'intérieur
, grâce notamment à l'économie.

LaRouche d'identifier alors nommément les bénéficiaires de l'opération : « les familles liées aux Compagnies des Indes Britanniques et Hollandaises, à New York et dans le New Jersey, ainsi que leurs alliés de la Nouvelle Angleterre : les Russell, Cabot, Lowell, Higginson, Perkins, Cushing, etc. » (15). A sa manière, LaRouche semblait reprendre à son compte ce qui, dans la culture politique française, s'apparente au mythe des « 200 familles », popularisé par le journaliste collaborationniste Henry Coston (16). Il s’agit de l'idée que des cercles fortement restreints, plus ou moins occultes, dirigeraient secrètement les destinés réelles du pays. Les dirigeants politiques officiels seraient, au mieux, des écrans de fumée destinées à faire illusion et, au pire, des marionnettes. Ainsi, LaRouche identifiait ces mêmes familles « derrière les insurrections jacobines de 1790, une intrigue menée par Burr pour détruire les États-Unis entre 1800 et 1804, les insurrections sécessionnistes de 1807-1808, les graves trahisons de 1813 et 1814 » (17)… Tous ces événements dans le but de détruire ou, à tous le moins d'affaiblir, les États-Unis depuis l'intérieur.

Avec l'assassinat d’Abraham Lincoln, fomenté, selon LaRouche par les jésuites (18), un président qui avait continuellement mis en échec le plan britannique, les principes de La richesse des Nations furent mis en place pour « piller les États sudistes placés sous occupation militaire fédérale » (19) et ainsi enrichir les familles, notamment sous les présidences Roosevelt et Wilson où leur emprise sur la société devenait globale. En somme, LaRouche reprenait le célèbre mythe antisémite du « ils sont partout » (20), souvent symbolisé par l'allégorie de la pieuvre tentaculaire engloutissant le monde dans les ténèbres et l'obscurité.

« Les familles avec l'aide de leur homme de paille, Teddy Roosevelt, et leur président Woodrow Wilson, contrôlèrent les principales universités et les médias d'information libéraux, le monde du spectacle, les principales banques, comme la plupart des maisons d'éditions. Elles formaient l’establishment libéral de la Côte Est, couramment identifié comme la branche Américaine de la London Round Table, connue d'abord sous le nom de National Civic Federation avant d'adopter aujourd'hui celui de New York Council on Foreign Relations » (21).

« La destruction de l'infrastructure de l'économie américaine a-t-elle été planifiée ? Dans le sens de ce que nous venons de dire au sujet des familles ? Plus ou moins précisément, oui » (22). L'entrisme économique et financier britannique, par le contrôle de Wall-Street et des grandes banques, comme la banque JP Morgan responsable désigné par LaRouche de la crise de 1929, depuis Londres ou des cercles associés est bel et bien selon LaRouche le point de départ d'un complot qui se fait plus global, plus diffus au point d'en devenir une véritable synarchie avec l'alliance des libéraux, des fascistes et des nazis depuis les années 1930.

II - Les racines philosophiques et politiques de la synarchie

S’inscrivant dans le continuum de la pensée conspirationniste (23), LaRouche d’identifier alors les jésuites et les francs-maçons comme les instigateurs initiaux du complot global britannique. En effet, dès les années 1820 et 1830, la thématique d'un complot franc-maçon, en lien avec la mouvance anti-Jackson, contre la jeune République américaine devint une véritable « obsession de la conspiration » (24) pour de nombreux citoyens. Durant les décennies 1840 à 1860, ce furent les jésuites et les catholiques qui devinrent les cibles, et par là même, les victimes de théories du complot les accusant de vouloir détruire, en lien avec l'Empire austro-hongrois, « les institutions politiques, civiles et religieuses » (25) américaines pour substituer la religion catholique au protestantisme.

Lyndon LaRouche et le mythe de la ''synarchie judéo-britannique'' (1/2)

« Les racines du radicalisme britannique » (26) : les jésuites et les francs-maçons

« Depuis leur origine en 1527, les jésuites ont constamment opéré comme l'un des instruments les plus subversifs de l'oligarchie. Il doit être bien compris que la Société de Jésus n'est pas un ordre religieux mais une agence d'espionnage sans autre attache que l'oligarchie britannique. Leurs méthodes, et parfois leurs personnels, fournissent les bases du renseignement britannique » (27).

Si les jésuites étaient à l'origine du « radicalisme britannique » (28) et du complot des oligarques, c'est surtout leur organisation, sous forme de société secrète, qui a servi de modèle au développement du réseau occulte britannique selon LaRouche. En effet, lui et ses collaborateurs voyaient les jésuites comme une véritable secte alimentant le trafic international d'opium et capable de mettre en œuvre des entreprises de subversion de par leurs capacités d'entrisme. Ainsi, Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus serait « une sorte de gourou façon Jim Jones qui prêchait devant des foules de femmes hystériques » (29) dans le but d'asseoir une sorte de culte de la sagesse basé sur les travaux d'Aristote. « Les jésuites se sont eux-mêmes organisés sur le modèle d'Aristote, lequel était un agent la Ligue de Delphes, qui était au service des ligues anti-platonniques de Perse et d'Égypte dont la volonté était de submerger la Grèce en constituant un tissu de réseaux occultes. C'est Aristote qui arrangea le meurtre du pupille de l'Académie de Platon, le bâtisseur de cités, Alexandre le Grand » (30). Au même titre que la Ligue de Delphes, les jésuites pratiquaient selon LaRouche un entrisme au sein des sociétés et des institutions, notamment là où leur influence pouvait être la plus importante, au niveau de l'enseignement et particulièrement de l'Université. « Les écoles publiques britanniques, avec leurs rites apparemment irrationnels, est le pâle reflet de l'endoctrinement jésuite » (31). Entrisme au niveau scolaire, mais entrisme également au niveau du trafic d'opium : « les jésuites travaillaient avec les sociétés secrètes chinoises, comme le Lotus Blanc, qui jusqu'à aujourd'hui est l'une des plus actives dans le trafic de drogue » (32). Dès lors, le narcotrafic international contrôlé par le Royaume-Uni ne serait que la continuation de pratiques anciennes, depuis les Guerres de l'Opium chinoises jusqu'à nos jours. Grâce à cette infiltration dans les sociétés, les jésuites pouvaient non seulement les contrôler mais, plus encore, les déstabiliser.

« Tout au long de leur histoire, les jésuites eurent l'habitude d'utiliser leur soutane comme un moyen de couverture pour dissimuler des personnes agissant comme une force capable de déclencher un chaos social. En Amérique du Nord, a
u XVIIIe siècle, les jésuites ont encouragé et financé des tribus indiennes des côtés français et anglais durant la Guerre de Sept Ans pour ravager les maisons des colons Américains »
(33).

Les jésuites apparaissaient alors à LaRouche et ses collaborateurs comme des individus subversifs, dangereux, des comploteurs capables des agissements les plus horribles pour parvenir à leurs fins : « les jésuites brûlèrent des livres, tuèrent des intellectuels, et plongèrent des pays entiers dans un cauchemar de terreur soutenu par la réaction aristotélicienne » (34). Une fois de plus, LaRouche correspond parfaitement à l'idéal-type du leader paranoïaque qui considère son ennemi « comme un parfait modèle de malice, une sorte de superman immoral et sinistre, omniprésent, puissant, cruel et s'adonnant à la luxure » (35).

Cependant, le point culminant du complot était alors atteint au Royaume-Uni où la Société de Jésus allait totalement infiltrer l'oligarchie au point même de la remodeler selon sa convenance. En effet, « en Grande-Bretagne, leur (les jésuites) principale opération fut de créer une "faction protestante" contre les humanistes Tudor » (36) afin de prendre le pouvoir secrètement par l'accession au trône des Stuart. Les instigateurs principaux de ce changement de régime étaient alors tout désignés : « C'est vers la famille Cecil que nous devons concentrer notre attention » (37). Une fois encore, LaRouche et les siens incriminaient une de ces familles qui selon lui dirigerait l'oligarchie. Avec l'accession au trône du « pitoyable Henry VIII » (38) et sa rupture avec l'Eglise de Rome, « le plan jésuite était en place » (39). Néanmoins, ce fut avec le règne de Marie Tudor que le plan s'accélérait dans la mesure où la nouvelle reine s'avérait catholique et « la crainte que son règne puisse placer le pays sous le joug de l'Inquisition et des jésuites » (40) voyait le jour à travers le royaume. Après la mort de Marie, « William Cecil mobilisa secrètement ses troupes pour semer la confusion dans les rangs humanistes » (41) et favoriser alors l'accession au pouvoir d’Elisabeth Ière dont, par la suite, « il devint le Secrétaire d'État » (42). Non seulement Cecil se maintenait aux affaires, mais, au surplus, il accentuait même son emprise en mettant en œuvre des politiques de déstabilisation de l'Angleterre afin de renforcer le pouvoir occulte de l'oligarchie jésuite et financière : « Non seulement Cecil maintenait sa position, mais il la renforçait même. Quoi qu'il en soit, le pouvoir réel qui se cachait derrière le pouvoir du trône était celui du jésuite Horatio Pallavicini, des amis les plus proches des Cecil et leurs banquiers. Pallavicini s'était converti au catholicisme romain, s'était marié avec une protestante et installé en Angleterre où il était devenu le banquier de la Couronne et de l'aristocratie » (43). Des tentatives de déstabilisations au sein du pays étaient dès lors mises en œuvre par les jésuites conspirateurs, LaRouche et sa collaboratrice donnaient alors deux exemples. D'abord, « la politique jésuite de Cecil (…) remarquablement similaire à la géopolitique contemporaine était de déstabiliser la France en encourageant la dissension protestante dans le pays » (44). Ensuite les jésuites provoquèrent le déclenchement de la Guerre de Trente Ans « en encourageant la résistance protestante en Hollande tout en utilisant leur jouet, le roi Philippe d'Espagne, pour instituer des mesures de répression contre les alliés de l'Angleterre » (45). De même, sur le plan interne, Cecil et les jésuites allaient promouvoir ce que les larouchistes perçoivent comme une véritable tare ou dépravation morale : l'homosexualité. « L'homosexualité, la pédérastie, la drogue sont les outils nécessaires à la subversion des Républiques » (46).

« Les deux neveux de Cecil, Anthony et Francis Bacon exerçait directement leur influence immorale. Ils étaient tout à fait qualifiés pour cela. Anthony avait été menacé d'être expulsé de Bourgogne pour avoir pratiqué la sodomie sur de jeunes garçons, et Francis était un pédéraste notoire » (47).

Avec la mort d'Élisabeth en 1603, « la route du trône était ouverte pour Jacques Stuart. Robert Cecil avait continuellement mené des négociations secrètes avec Jacques qui était alors roi d'Écosse (…) Au moment où Jacques Ier accéda au trône, la Grande-Bretagne devint le foyer de l'oligarchie conspirationniste (sic) pour détruire le républicanisme et le capitalisme industriel » (48). Cependant, si les jésuites étaient les pères fondateurs de l'« oligarchie conspirationniste », ils se trouvaient secondés, selon LaRouche et ses collaborateurs les plus proches, par les francs-maçons, eux aussi conspirateurs patentés : « la franc-maçonnerie servait les britannique d'une manière séculaire et analogue à la société secrète de renseignements jésuite » (49).

Lyndon LaRouche et le mythe de la ''synarchie judéo-britannique'' (1/2)

« La franc-maçonnerie naquit, en Angleterre, en tant que force pro-Stuart. Lorsque Jacques II dut fuir l'Angleterre, les francs-maçons s'en allèrent avec lui en France afin de former le noyau dur de la conspiration en sa faveur. Les conspirateurs jacobites qui soutenaient les prétentions Stuart au trône comptaient nombre de jésuites. Comme René Fülöp-Miller l'expliquait : "il est remarquable de noter que, parmi les premiers membres des plus anciennes loges anglaises, nombreux étaient des jacobites et qu'il est raisonnable de penser que les jésuites avaient décidé de s'appuyer sur les maçons afin de restaurer le catholicisme au Royaume-Uni. Aussi, quand en 1737, Michel Ramsay décida d'introduire un soi disant rang supérieur dans la franc-maçonnerie, cela fut vite regardé comme une intrigue jésuite" » (50).

Les jésuites, les francs-maçons, tels sont les instigateurs premiers du complot oligarque britannique désignés par les larouchistes. Cependant, LaRouche, en identifiant ces groupes comme responsables et maîtres d'œuvre du complot, mobilisait un ressort classique de la paranoïa et du conspirationnisme dans la vie et la culture politique américaine. En effet, LaRouche s'adressant en priorité à un public américain, il utilisait et instrumentalisait alors des théories classiques et anciennes de la culture populaire américaine autour des complots francs-maçons et jésuites que Hofstadter (51) relevait déjà comme deux des plus fameuses théories conspirationnistes aux États-Unis. « Le mouvement anti-maçon de la fin des années 1820 et 1830 devint une véritable obsession conspirationniste » (52) qui ne se contentait pas de se limiter à des cercles ultra-conservateurs ou à l'extrême droite, mais qui se développait « partout dans le nord des États-Unis en lien avec la culture populaire de la démocratie et de l'égalitarisme »
(53). Dans les faits, le complot franc-maçon se révélait être un synonyme ou un palliatif au complot jacksonnien dans la mesure où Andrew Jackson, lui-même franc-maçon, « manifestait le même animus contre la possibilité pour un homme ordinaire de se battre face aux institutions aristocratiques » (54). Le mouvement anti-maçon relevait alors d'un caractère politique conjoncturel, la personnalité d'Andrew Jackson, mais aussi et surtout structurel dans le sens où la maçonnerie était considérée comme une force occulte soit dirigeant discrètement le pays soit luttant pour détruire le gouvernement. « La maçonnerie était considérée comme une conspiration ouverte contre le gouvernement républicain. Par exemple, la fameuse conspiration d'Aaron Burr a été prétendument conduite par les francs-maçons. La maçonnerie était accusée de constituer un système parallèle de loyauté, un imperium distinct de la structure fédérale et gouvernementale » (55).

Dès lors, ce thème d'une conspiration maçonnique trouvait – et trouve d'ailleurs toujours – un écho certain dans la culture populaire, et surtout rurale, américaine. L'idée d'un complot maçonnique était « un mouvement populaire d'une force considérable et, l'enthousiasme rural qui lui donnait toute son impétuosité faisait qu'ils (les ruraux) y croyaient de tout leur cœur » (56). En effet, à une époque où la lutte pour l'égalité faisait rage, surtout en Nouvelle-Angleterre, les maçons étaient accusés d'être une force occulte occupant tous les postes clefs de la société civile, du gouvernent, des médias, etc. « Les agents maçons infiltrés : shérifs, jurés, juges devaient êtres ligués avec les criminels et fugitifs maçons. La Presse était réputée comme "muselée" par des propriétaires et des éditeurs maçons qui refusaient de diffuser les informations quant à l'influence néfaste des maçons. A une époque où les citadelles de privilèges subissaient de nombreuses attaques, la maçonnerie était perçue comme une fraternité de privilégiés, accaparant toutes les opportunités commerciales et quasi-monopolisant les charges politiques » (57). La franc-maçonnerie n'était pas seulement une organisation abominable et honnie dans la culture populaire américaine parmi d'autre, elle était aussi considérée comme d'instance littéralement diabolique. « La franc-maçonnerie était le chef d'œuvre de l'Enfer » (58), surtout lorsque l'idée d'un complot jésuite connexe venait se greffer sur celui-ci. En effet, LaRouche, en enchevêtrant les conspirations jésuite et maçonnique, faisait écho à un thème récurant de la culture populaire américaine ce qui lui permet de trouver un public d'autant plus réceptif à ses théories conspirationnistes. « La peur d'un complot maçonnique eut bien du mal à s'apaiser lorsque les rumeurs d'une conspiration catholique contre les valeurs américaines virent le jour » (59). Aussi, l'idée d'un plan jésuite contre la démocratie américaine « embrasât même de nombreux modérés que la paranoïa ne touchait habituellement pas » parmi les Américains qui souhaitent maintenir une certaine homogénéité culturelle et religieuse dans le pays. De même, l'accusation formulée contre les jésuites de représenter des intérêts extérieurs aux États-Unis trouvaient un fort écho parmi des groupes d'individus développant une culture paroissiale paroxystique ou exacerbée. « La principale source de la conspiration était trouvée dans l'Autriche de Metternich » (60) relevait Hofstadter qui signalait alors un ouvrage phare de l'époque appuyant cette théorie : Austria is now acting in this country. Néanmoins, le développement de théories conspirationnistes dans ces cercles plus ruraux et anti-catholiques semble plus attendue. L'idée d'un complot jésuite « se diffusa largement, d'autant plus que l'influence de militants anti-catholiques les plus fervents, lesquels avait certainement une véritable affinité avec la culture de la paranoïa, était forte » (61).

De ces éléments théoriques et factuels, il s'agit de retenir et comprendre que LaRouche et ses collaborateurs, en s'adressant en priorité à un public américain, utilisent des références conspirationnistes faisant écho à la culture populaire et politique américaine. En identifiant les jésuites et les francs-maçons comme les instigateurs initiaux du complot, LaRouche reprend un thème porteur auquel l'ancienneté apporte un certain crédit voire même une certaine légitimité emportant l'adhésion d'un public réceptif à ces théories conspirationnistes. Dès lors que des bases étaient trouvées au complot, il ne restait alors à LaRouche que de révéler le déploiement séculaire du complot en se focalisant tout particulièrement sur le XXe siècle.

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Les supposés plans fascistes de Bertrand Russell, H.G. Wells et Aldous Huxley

« H.G. Wells et Bertrand Russell était les hommes les plus diaboliques qui vécurent au XXe siècle. Les horreurs qu'ils accomplirent avec sérénité éclipsaient celles de leur protégé Adolf Hitler. La propagande qu'ils écrivirent introduisit les techniques de manipulation de masse des décennies avant que Goebbels ne s'en vante à propos du Grand Mensonge. Une fois leurs écrits replacés dans leurs contextes, le voile tombe. L'empereur est nu, mais hideux et diabolique » (62).

C'est alors dans les écrits des ces hommes diaboliques que LaRouche et ses partisans allaient rechercher leurs plans machiavéliques en vue de la fondation d'une « Nouvelle République », en d'autres termes « un empire britannique avec un pouvoir mondial fasciste » (63). En effet, LaRouche et White croient fermement en le caractère esotérique des ouvrages qui dissimuleraient, selon eux, des scénarios cachés que seuls les initiés sont à même de décoder. Ainsi, LaRouche voyait le Dr Moreau d'Aldous Huxley comme la révélation d'un plan de la CIA et de la Grande-Bretagne pour empoisonner les étudiants Américains. En effet, le Dr Moreau, dans le roman de Huxley, administrait à ses patients, ainsi qu'à lui-même, de fortes doses de cannabis afin de réaliser des expériences quant à l'influence de cette substance sur le comportement et la psyché des individus. Pour LaRouche et ses associés « l'histoire du Dr Moreau devint réalité. Aldous Huxley était responsable d'avoir introduit les méthodes du Dr Moreau en Californie en tant que partie du plan secret MK-Ultra (64) de la CIA et de l'intelligence britannique, en inondant les campus de LSD au début des années 1960 » (65). Néanmoins, si Huxley fut accusé de faire non seulement l'apologie de l'eugénisme, mais au surplus de le promouvoir comme modèle de société (66), c'est surtout H.G. Wells et Bertrand Russell que les larouchistes percevaient comme les éminences grises du complot.

« Wells et Russell étaient les simples héritiers dégénérés des impérialistes britanniques
du XIXe siècle qui pensaient déjà arrêter la croissance industrielle en France, en Allemagne, en Russie et aux États-Unis. Ils ne tentaient même pas de dissimuler leurs motifs derrières leur engagement. Sous couvert d'idéologie socialiste, tout ce qu'ils planifiaient et même plus que ce qu'ils accomplirent est rapporté dans leurs écrits. Les mouvements environnementalistes et maoïstes contemporains, associés aux mouvements de libération nationale et fondamentalistes, comme en Iran, trouvent leurs racines dans les opérations de Russell et Wells. Utilisant leur modèle de la Terreur jacobine, elle même dirigée depuis Londres, Wells et Russell avaient pour objectif de détruite le capitalisme industriel afin d'établir une hégémonie mondiale de type féodale et oligarchique, un nouvel âge noir »
(67).

Telles seraient alors les motivations secrètes de Wells et Russell : développer et faire prospérer un système oligarchique mondial refusant le progrès en tentant de maintenir une sorte de statu quo de la domination séculaire du Royaume-Uni, quitte à détruire ses ennemis ou rivaux. A titre d'exemple, LaRouche et ses partisans envisageaient l'Affaire Dreyfus comme une cabale britannique afin d'alimenter l'hostilité germanophobe et antisémite en France, ceci pour déstabiliser le pays et « faire apparaître le sionisme plus attractif à des juifs crédules » (68), d'autant plus lorsque Bertrand Russell était à Paris, « attaché à l'ambassade de Grande-Bretagne » (69). En effet, s'il est largement connu de nous jours que les accusations formulées à l'encontre de Dreyfus furent pire calomnie, il n'en demeure pas moins que LaRouche et les siens en donnaient une version bien à eux. Si l'incrimination d'Esterhazy était bien reprise, celui-ci n'apparaissait que comme une façade ou pion de l'oligarchie britannique. Non seulement « Esterhazy était financé par les Rothschild depuis 1840 » mais au surplus « les Rothschild lui donnèrent un travail en tant qu'ami des juifs malgré ses relations avec Édouard Drumont » (70), pourtant éditeur du journal ouvertement antisémite La Libre Parole. En outre, une fois la cabale et Esterhazy démasquée, celui-ci fuit la France « pour Londres où il fut accueilli chaleureusement et où il reçut un traitement sympathique de la presse » (71), preuve supplémentaire et indéniable de l'intelligence britannique pour les larouchistes. Mais encore, les dreyfusards eux aussi auraient été secrètement mu par les Rothschild : « Zola n'était qu'un des nombreux artistes patronné par les Rothschild ». En effet, « la véritable cible de l'Affaire Dreyfus était en réalité Gabriel Hanotaux dont la politique était de forger une alliance franco-allemande » (72) ; l'affaire Dreyfus, en alimentant la germanophobie et l'antisémitisme populaire tombait alors à point nommé pour faire échec à cette politique et mener à la démission de Hanotaux. L'hégémonie britannique était alors préservée. Le Royaume-Uni ne tolérait ainsi aucune concurrence et fomentait alors de nombreuses conspirations afin de maintenir sa domination séculaire sur le monde. Pêle-mêle, LaRouche de dénoncer les Rothschild comme les banquiers « du Bund » (73), « du terrorisme des musulmans fondamentalistes » (74), particulièrement en Iran, « des groupes anarchistes » (75), celui d'Emma Goldman notamment (76). Russell et Wells, quant à eux travaillent secrètement au développement du communisme dans le monde afin de le déstabiliser. « Pour voir l'état d'esprit des aristocrates qui planifiaient les nouveaux âges sombres, il convient de se rapporter au livre de Bertrand Russell, The Impact of Science on Society. C'est une justification aristocratique d'un génocide de masse, pour la folle destruction de la civilisation comme on en a connu au Cambodge sous le régime de Pol Pot, soutenu par Mao Tsé-Toung, le stagiaire de Russell » (77). En effet, selon les larouchistes, Mao, au même titre que Hitler, était une création et une marionnette entre les mains de l'oligarchie britannique dont Russell se révélait, avec H.G. Wells, l'une des figures de proue les plus dominantes. « Le mouvement maoïste, que les britanniques avaient créé et contrôlaient, tout juste comme Hitler, se révélait le produit de l'oligarchie » (78). Durant la Première Guerre Mondiale, laquelle « était voulue par l'Angleterre » (79) afin d'asseoir sa domination sur ses rivaux français et allemands, l'emprise de l'oligarchie se resserrait encore plus. En effet, suivant l'adage "diviser pour mieux régner", « la balkanisation était une vieille tactique britannique » (80) ; l'oligarchie infiltrait, et prenait le contrôle même, des deux grandes puissances antagonistes du XXe siècle : les États-Unis et la Russie.

Lyndon LaRouche et le mythe de la ''synarchie judéo-britannique'' (1/2)

« La Grande-Bretagne avait sans discrimination financé Lénine et Trotsky. Mais, à proprement parler, c'était l'Allemagne qui avait laissé Lénine, lui voulant signer un traité compréhensif d'équipement industriel avec les Allemands, rentrer en Russie via l'Allemagne, pendant que Trotsky, refusant ce traité, continuait à toucher les fonds britanniques depuis sa sortie de prison au Canada » (81).

« Depuis le meurtre du Président McKinley, le gouvernement des États-Unis n'était devenu rien de moins qu'un autre département du Bureau des Affaires Coloniales britanniques. La politique de Woodrow Wilson était coordonnée au jour le jour avec Londres » (82).

« Les familles avec l'aide de leur homme de paille, Teddy Roosevelt, et leur président Woodrow Wilson, contrôlèrent les principales universités et les médias d'information libéraux, le monde du spectacle, les principales banques, comme la plupart des maisons d'éditions. Elles formaient l'establisment libéral de la Côte Est, couramment identifié comme la branche Américaine de la London Round Table, connue d'abord sous le nom de National Civic Federation avant d'adopter aujourd'hui celui de New York Council on Foreign Relations » (83).

Si Russell préparait, alimentait et développait, avec l'aide des Rothschild, les subversions les plus diverses afin de détruire de l'intérieur les ennemis et les rivaux de la Grande-Bretagne, H.G. Wells quant à lui prenait les devants et imaginait le gouvernement qui suivrait le triomphe de l'oligarchie ; il en livrait, selon LaRouche, les six points principaux dans un opus connu sous le titre Le joueur de croquet (1936).

« Les points du programme de Wells pour le futur étaient :

1. La complète déclaration, pratique aussi bien que théorique, de la nature providentielle des gou
vernements existant et de la totale obéissance dans leurs commandements.

2. La détermination à limiter par tous les moyens possibles les conflits entre les gouvernements, leurs usages militants des individus et des propriétés, leurs interférences dans la gouvernance économique mondiale.
3. La détermination à remplacer les systèmes crédits, les moyens de transports et la production des aliments de bases privés, locaux ou nationaux par un directoire mondial responsable au service de la race humaine.
4. La reconnaissance pratique de la nécessité d'un contrôle biologique mondial, par exemple de la population et des maladies.
5. La garantie d'un niveau minimum de libertés individuels et de bien-être dans le monde.
6. La suprême obligation de subordonner sa vie personnelle à la création d'un directoire mondial capable de l'ensemble de ces tâches et de promouvoir le développement la connaissance, des capacités et du pouvoir humain » (84).

>>> Lire la 2ème partie.

 

Notes :
(1) Lyndon LaRouche, So, You Wish to Learn All about Economics? [1984], New York, New Benjamin Franklin House, 1984, p. 175.
(2) Olivier Dard, La synarchie, le mythe du complot permanent [1998], Paris, Perrin, 1998, 294 p. Par synarchie, il s'agit d'entendre l'idée qu'une société secrète ou qu'une engeance diabolique préside véritablement aux destinées d'un pays ; le pouvoir officielle ne serait qu'une façade qui dissimulerait la vérité du pouvoir. Ainsi, la presse collaborationniste de dénoncer, sous Vichy, l’existence d’un complot synarchique ayant débouché sur la défaite de 1940. Le terme de « synarchie » prend, chez les larouchistes, une signification indissolublement anglophobe et antisémite.
(3) Carol White, The New Dark Age Conspiracy: Britain's Plot to Destroy Civilization [1980], New York New Benjamin Franklin House, 1980.
(4) Ibid. p. 17.
(5) Daniel Pipes, Conspiracy. How the Paranoid Style Flourishes and Where it Comes from [1997], New York, Simon & Schuster, 1999, p. 26.
(6) Ibid. p. 27.
(7) Les Illuminés de Bavière ou « Illuminati » étaient une société secrète fondée en 1776 par Adam Weishaupt. Il s’agissait d’une loge maçonnique s’inscrivant dans le mouvement des Lumières. Son but était essentiellement de promouvoir une philosophie humaniste et progressiste basée sur l'idée d'une perfectibilité humaine. Or, si cette société fut dissoute en 1785 par le gouvernement bavarois, il n'en demeure pas moins que le fantasme conspirationniste d'un développement secret des Illuminati, de leur implication dans les maux du monde ainsi que leur volonté de conquérir le pouvoir et d'imposer un « Nouvel Ordre Mondial » fait partie des thèmes les plus récurrents de la littérature complotiste, depuis la Révolution française. Voir Michael Barkun, A Culture of Conspiracy. Apocalyptic Visions in Contemporary America [2003], Los Angeles, University of California Press, 2003, pp. 39-64. Pierre-André Taguieff, La Foire aux illuminés. Esotérisme, théorie du complot, extrémisme [2005], Paris, Mille et une nuit, 2005, pp. 109-140.
(8) Richard Hofstadter, « The Paranoid Style in American Politics », Harper's Magazine, Novembre 1964, p. 85.
(9) Cité in John S. Curtiss, An Appraisal of the Protocols of Zion [1942], New York, Columbia Press University, 1942, p. 24. Les Protocoles font également référence à une « parenté entre les britanniques et les juifs ». Herman Bernstein, The Truth about "The Protocols of Zion" : A Complete Exposure [1935], New York, Covic Friede, 1971, p. 65.
(10) Richard Hofstadter, The Age of Reform [1955], New York, Vintage Book, 1960, p. 73.
(11) Cf. infra.
(12) Richard Hofstadter, art cit, p. 83
(13) Lyndon LaRouche, op cit, p. 172.
(14) Ibid.
(15) Ibid.
(16) Henry Coston, Le Retour des 200 familles [1960], Paris, La librairie Française, 1960, 192 pages. Henry Coston, Les 200 Familles au pouvoir [1977], Paris, Publications Henry Coston, 1988, 264 pages. Pour une critique ce mythe des 200 familles voir Pierre Birnbaum, Le peuple et les gros. Histoire d'un mythe [1979], Paris, Hachette Littérature, 1995, pages.
(17) Lyndon LaRouche, op cit, p. 173.
(18) Richard Hofstadter, dans l'article que nous avons déjà cité, « The Paranoid Style in American Politics », soulignait que le mythe d'un complot jésuite est l'un des thèmes les plus anciens et les plus ancrés dans la culture populaire américaine, il n'est pas dès lors étrange que LaRouche utilise également ce levier pour soutenir et "légitimer" sa démonstration conspirationniste.
(19) Lyndon LaRouche, op cit, p. 173.
(20) Daniel Pipes, op cit, p. 86.
(21) Lyndon LaRouche, op cit, p. 173.
(22) Ibid. p. 178.
(23) Richard Hofstadter, art cit, pp. 78-81.
(24) Ibid. p. 79.
(25) Ibid. p. 78.
(26) Lyndon LaRouche, op cit, p 285.
(27) Carol White, op cit, p. 287-288.
(28) Ibid. p. 285.
(29) Ibid. p. 291.
(30) Ibid. p. 292.
(31) Ibid. p. 292.
(32) Ibid. p. 293.
(33) Ibid. p. 295.
(34) Ibid. p. 301.
(35) Richard Hofstadter, art cit, p. 83.
(36) Carol White, op cit, p.301.
(37) Ibid. p. 302.
(38) Ibid. p. 302.
(39) Ibid. p. 302.
(40) Ibid p. 303.
(41) Ibid p. 303.
(42) Ibid p. 303.
(43) Ibid p. 304.
(44) Ibid p. 304.
(45) Ibid p. 304.
(46) Ibid p. 136.
(47) Ibid p. 305.
(48) Ibid p. 306.
(49) Ibid p. 313.
(50) Ibid p. 315.
(51) Richard Hofstadter, art cit, pp. 78-80.
(52) Ibid p. 79.
(53) Ibid p. 79.
(54) Ibid p. 79.
(55) Ibid p. 79.
(56) Ibid p. 79.
(57) Ibid p. 79.
(58) Ibid p. 79.
(59) Ibid p. 80.
(60) Ibid p. 80.
(61) Ibid p. 80.
(62) Carol White, op cit, p. 36.
(63) Ibid. p. 36
(64) Michael Barkun, op cit, pp. 75-78. Dans les années 1970, la CIA dut reconnaître, et donc mettre un terme, au programme MK-ULTRA qui consistait à expérimenter l'usage du LSD pour interroger des prisonniers ou des militaires. Bien que ceci soit largement condamnable tant sur le plan moral que juridique, il n'en reste pas moins que l'usage du LSD sur les campus américains par la CIA tient du fantasme conspirationniste.
(65) Carol White, op cit, p. 38.
(66) Ibid. p. 59.
(67) Ibid. p. 39.
(68) Ibid. p. 45.
(69) Ibid. p. 46.
(70) Ibid. p. 45.
(71) Ibid. p. 46.
(72) Ibid. p. 38.
(73) Ibid. p. 58.
(74) Ibid. p. 60.
(75) Ibid. p. 60.
(76) « 1932 - le Système Américain contre l'Empire Britannique », sous-titré en français et posté sur le compte daylimotion officiel de Solidarité & Progrès, la branche française du mouvement de Lyndon LaRouche, dirigée par Jacques Cheminade.
(77) Carol White, op cit, p. 71.
(78) Ibid. p. 70.
(79) Ibid. p. 62.
(80) Ibid. p. 62.
(81) Ibid. p. 64.
(82) Ibid. p. 66.
(83) Lyndon LaRouche, So, You Wish to Learn All about Economics?, op cit, p. 173.
(84) Carol White, op cit, p. 78.

 

L'auteur : Julien Giry est doctorant en science politique à l'Université de Rennes 1. Après avoir consacré une étude aux idées politiques de Lyndon LaRouche, il prépare une thèse sur le conspirationnisme dans la culture politique américaine.

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« On a souvent essayé d'expliquer certains comportements politiques de cet establishment libéral en termes de conspiration. Il y a certes une grande part de conspiration dans la mise en œuvre de telles politiques. Les conspirations existent, mais la plupart des explications fournies quant au pourquoi et au comment deviennent vite absurdes, lorsque l'écrivain ou l'orateur tentent d'expliquer ce processus en termes simple de cupidité ou de quelque chose de cette nature » (1).

L'Empire britannique, pour Lyndon LaRouche, agit comme le maître d'œuvre d'un complot mondial, ou d'une « synarchie » (2), en vue de maintenir sa puissance et sa domination sur le reste du monde. Cependant, il ne suffit pas de révéler la conspiration, encore faut-il en apporter les « preuves ». Si les aspects financiers sont rapportés par LaRouche dans son ouvrage Alors, vous voulez tout savoir sur l'économie ?, la révélation globale du plan de l'oligarchie britannique est réalisée par une de ses proches collaboratrices, Carol S. White, dans un livre intitulé Le Nouvel âge noir de la conspiration : le complot britannique pour détruire la Civilisation (3) : « ce livre a été écrit pour dénoncer les hommes derrière cette conspiration. Pour révéler la manière dont ils opèrent, et aussi dont ils pensent. Cette histoire se déroule principalement en Angleterre, dans la mesure où, en dernière analyse, le traître establishment libéral occidental n'est en réalité que le domestique de l'oligarchie britannique » (4).

Or, rechercher les hommes derrière le complot revient d'abord en à rechercher les instigateurs, ceux par qui le mal est arrivé. Dans ce sens, White s'adonnait à retracer les origines jésuites et maçonniques et les modes d'organisation de la conspiration avant de s'attarder sur l'étude du complot au XXe siècle. De ce point de vue, l'imaginaire conspirationniste de LaRouche est tout à fait classique dans la mesure où, en impliquant les francs-maçons, les jésuites puis les juifs, celui-ci s’inscrit dans la tradition de la pensée conspirationniste afin de trouver une certaine légitimité à ses propres thèses anglophobes. En effet, comme le soulignait avec acuité Daniel Pipes, les catégories de conspirateurs « sont principalement deux : les juifs et les sociétés secrètes » (5). Ainsi, depuis la fin du XIXe siècle, les juifs, considérés comme une race à craindre à tout prix et non plus en tant que communauté religieuse, doivent « faire face à l'accusation [qu’ils] tentent de conquérir le pouvoir sur la Terre entière » (6). De la même manière, les sociétés secrètes, qu'il s'agisse des Illuminati (7) ou des francs-maçons, sont elles aussi accusées de mettre en œuvre des plans de domination séculaire du monde. Enfin, même l'idée d'une conspiration judéo-britannique telle que développée par LaRouche et les siens n'est en rien une œuvre créatrice de celui-ci. En effet, depuis les travaux de l’historien allemand Oswald Spengler, les « membres de l’establishment libéral anglo-américain » (8) et les juifs sont vu comme étant les deux facettes d'une même médaille. De même, que ce soit en Russie, où les Protocoles des Sages de Sion prétendent que le sionisme a toujours été un « ami de la politique étrangère britannique » (9), ou aux États-Unis, où un opposant au Président Groover Cleveland en fait « un agent au service des banquiers juifs et de l'or britannique » (10). Bref, si les postulats et les théories conspirationnistes de LaRouche sont éculés, il reste à en retracer le fil et à présenter son imaginaire conspirationniste en détail.

I - Les origines économiques du complot britannique

Lyndon LaRouche et le mythe de la ''synarchie judéo-britannique'' (1/2)

Sur le plan économique l'ouvrage central de Lyndon LaRouche, Alors, vous voulez tout savoir sur l'économie ?, fait état au chapitre 9, intitulé « L'infrastructure économique de base », du point de départ du complot britannique : les origines économiques de la synarchie. En effet, l'économie et la finance, placées sous la domination coloniale de l'Empire britannique, seraient les premiers instruments, au même titre que le trafic de l'opium (11), permettant à la Grande-Bretagne d'asseoir encore un peu plus sa domination. À titre d'exemple, la crise de 1929, comme celle de 2008, seraient des tentatives de destruction du « modèle américain » par le « système britannique » selon la terminologie employée par LaRouche dans son film 1932 : Le système américain contre l'Empire britannique.

Grâce à ses « qualités exceptionnelles », rappelons avec Hofstadter que « le leader paranoïaque » est cet être capable de deviner, avant les autres, les complots (12). LaRouche était alors à même de dater de manière on ne peut plus précise le début de la conspiration :

« En 1763, à l'époque de ce long trajet en carriole au cours duquel Adam Smith reçut les instructions de Lord Shelburne concernant la destruction économique et la limitation de l'autonomie des colonies Anglaises en Amérique du Nord. A partir de là et jusqu'en 1863, l’establishment britannique, principalement regroupé à cette époque autour de la Compagnie Britannique des Indes Orientales, s'efforça de détruire les États-Unis » (13).

Dans l'esprit de LaRouche, il ne faisait alors aucun doute qu'une volonté délibérée de détruire les États-Unis était, et est d'ailleurs toujours, l'œuvre de la Couronne Britannique. En effet, dès l'indépendance des États-Unis, la crainte d'un complot anglais afin de reprendre la main dans les anciennes colonies se répandit rapidement dans la culture populaire, mythe que LaRouche réactualisait en faisant des conservateurs des deux côtés de l'Atlantique des alliés, et même, des Tories américains les subordonnés des Tories de Londres. Ainsi, depuis « Aaron Burn, associé (…) à un groupe de Tories ayant quitté les États-Unis pour Londres et un autre groupe ayant constitué le réseau dormant d'agents britanniques demeuré sur place » (14), les partis conservateurs, les Tories puis les Républicains, seraient des espions et des agents britanniques secrètement infiltrés dans les cercles de pouvoir Américains afin de mieux les détruire de l'intérieur
, grâce notamment à l'économie.

LaRouche d'identifier alors nommément les bénéficiaires de l'opération : « les familles liées aux Compagnies des Indes Britanniques et Hollandaises, à New York et dans le New Jersey, ainsi que leurs alliés de la Nouvelle Angleterre : les Russell, Cabot, Lowell, Higginson, Perkins, Cushing, etc. » (15). A sa manière, LaRouche semblait reprendre à son compte ce qui, dans la culture politique française, s'apparente au mythe des « 200 familles », popularisé par le journaliste collaborationniste Henry Coston (16). Il s’agit de l'idée que des cercles fortement restreints, plus ou moins occultes, dirigeraient secrètement les destinés réelles du pays. Les dirigeants politiques officiels seraient, au mieux, des écrans de fumée destinées à faire illusion et, au pire, des marionnettes. Ainsi, LaRouche identifiait ces mêmes familles « derrière les insurrections jacobines de 1790, une intrigue menée par Burr pour détruire les États-Unis entre 1800 et 1804, les insurrections sécessionnistes de 1807-1808, les graves trahisons de 1813 et 1814 » (17)… Tous ces événements dans le but de détruire ou, à tous le moins d'affaiblir, les États-Unis depuis l'intérieur.

Avec l'assassinat d’Abraham Lincoln, fomenté, selon LaRouche par les jésuites (18), un président qui avait continuellement mis en échec le plan britannique, les principes de La richesse des Nations furent mis en place pour « piller les États sudistes placés sous occupation militaire fédérale » (19) et ainsi enrichir les familles, notamment sous les présidences Roosevelt et Wilson où leur emprise sur la société devenait globale. En somme, LaRouche reprenait le célèbre mythe antisémite du « ils sont partout » (20), souvent symbolisé par l'allégorie de la pieuvre tentaculaire engloutissant le monde dans les ténèbres et l'obscurité.

« Les familles avec l'aide de leur homme de paille, Teddy Roosevelt, et leur président Woodrow Wilson, contrôlèrent les principales universités et les médias d'information libéraux, le monde du spectacle, les principales banques, comme la plupart des maisons d'éditions. Elles formaient l’establishment libéral de la Côte Est, couramment identifié comme la branche Américaine de la London Round Table, connue d'abord sous le nom de National Civic Federation avant d'adopter aujourd'hui celui de New York Council on Foreign Relations » (21).

« La destruction de l'infrastructure de l'économie américaine a-t-elle été planifiée ? Dans le sens de ce que nous venons de dire au sujet des familles ? Plus ou moins précisément, oui » (22). L'entrisme économique et financier britannique, par le contrôle de Wall-Street et des grandes banques, comme la banque JP Morgan responsable désigné par LaRouche de la crise de 1929, depuis Londres ou des cercles associés est bel et bien selon LaRouche le point de départ d'un complot qui se fait plus global, plus diffus au point d'en devenir une véritable synarchie avec l'alliance des libéraux, des fascistes et des nazis depuis les années 1930.

II - Les racines philosophiques et politiques de la synarchie

S’inscrivant dans le continuum de la pensée conspirationniste (23), LaRouche d’identifier alors les jésuites et les francs-maçons comme les instigateurs initiaux du complot global britannique. En effet, dès les années 1820 et 1830, la thématique d'un complot franc-maçon, en lien avec la mouvance anti-Jackson, contre la jeune République américaine devint une véritable « obsession de la conspiration » (24) pour de nombreux citoyens. Durant les décennies 1840 à 1860, ce furent les jésuites et les catholiques qui devinrent les cibles, et par là même, les victimes de théories du complot les accusant de vouloir détruire, en lien avec l'Empire austro-hongrois, « les institutions politiques, civiles et religieuses » (25) américaines pour substituer la religion catholique au protestantisme.

Lyndon LaRouche et le mythe de la ''synarchie judéo-britannique'' (1/2)

« Les racines du radicalisme britannique » (26) : les jésuites et les francs-maçons

« Depuis leur origine en 1527, les jésuites ont constamment opéré comme l'un des instruments les plus subversifs de l'oligarchie. Il doit être bien compris que la Société de Jésus n'est pas un ordre religieux mais une agence d'espionnage sans autre attache que l'oligarchie britannique. Leurs méthodes, et parfois leurs personnels, fournissent les bases du renseignement britannique » (27).

Si les jésuites étaient à l'origine du « radicalisme britannique » (28) et du complot des oligarques, c'est surtout leur organisation, sous forme de société secrète, qui a servi de modèle au développement du réseau occulte britannique selon LaRouche. En effet, lui et ses collaborateurs voyaient les jésuites comme une véritable secte alimentant le trafic international d'opium et capable de mettre en œuvre des entreprises de subversion de par leurs capacités d'entrisme. Ainsi, Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus serait « une sorte de gourou façon Jim Jones qui prêchait devant des foules de femmes hystériques » (29) dans le but d'asseoir une sorte de culte de la sagesse basé sur les travaux d'Aristote. « Les jésuites se sont eux-mêmes organisés sur le modèle d'Aristote, lequel était un agent la Ligue de Delphes, qui était au service des ligues anti-platonniques de Perse et d'Égypte dont la volonté était de submerger la Grèce en constituant un tissu de réseaux occultes. C'est Aristote qui arrangea le meurtre du pupille de l'Académie de Platon, le bâtisseur de cités, Alexandre le Grand » (30). Au même titre que la Ligue de Delphes, les jésuites pratiquaient selon LaRouche un entrisme au sein des sociétés et des institutions, notamment là où leur influence pouvait être la plus importante, au niveau de l'enseignement et particulièrement de l'Université. « Les écoles publiques britanniques, avec leurs rites apparemment irrationnels, est le pâle reflet de l'endoctrinement jésuite » (31). Entrisme au niveau scolaire, mais entrisme également au niveau du trafic d'opium : « les jésuites travaillaient avec les sociétés secrètes chinoises, comme le Lotus Blanc, qui jusqu'à aujourd'hui est l'une des plus actives dans le trafic de drogue » (32). Dès lors, le narcotrafic international contrôlé par le Royaume-Uni ne serait que la continuation de pratiques anciennes, depuis les Guerres de l'Opium chinoises jusqu'à nos jours. Grâce à cette infiltration dans les sociétés, les jésuites pouvaient non seulement les contrôler mais, plus encore, les déstabiliser.

« Tout au long de leur histoire, les jésuites eurent l'habitude d'utiliser leur soutane comme un moyen de couverture pour dissimuler des personnes agissant comme une force capable de déclencher un chaos social. En Amérique du Nord, a
u XVIIIe siècle, les jésuites ont encouragé et financé des tribus indiennes des côtés français et anglais durant la Guerre de Sept Ans pour ravager les maisons des colons Américains »
(33).

Les jésuites apparaissaient alors à LaRouche et ses collaborateurs comme des individus subversifs, dangereux, des comploteurs capables des agissements les plus horribles pour parvenir à leurs fins : « les jésuites brûlèrent des livres, tuèrent des intellectuels, et plongèrent des pays entiers dans un cauchemar de terreur soutenu par la réaction aristotélicienne » (34). Une fois de plus, LaRouche correspond parfaitement à l'idéal-type du leader paranoïaque qui considère son ennemi « comme un parfait modèle de malice, une sorte de superman immoral et sinistre, omniprésent, puissant, cruel et s'adonnant à la luxure » (35).

Cependant, le point culminant du complot était alors atteint au Royaume-Uni où la Société de Jésus allait totalement infiltrer l'oligarchie au point même de la remodeler selon sa convenance. En effet, « en Grande-Bretagne, leur (les jésuites) principale opération fut de créer une "faction protestante" contre les humanistes Tudor » (36) afin de prendre le pouvoir secrètement par l'accession au trône des Stuart. Les instigateurs principaux de ce changement de régime étaient alors tout désignés : « C'est vers la famille Cecil que nous devons concentrer notre attention » (37). Une fois encore, LaRouche et les siens incriminaient une de ces familles qui selon lui dirigerait l'oligarchie. Avec l'accession au trône du « pitoyable Henry VIII » (38) et sa rupture avec l'Eglise de Rome, « le plan jésuite était en place » (39). Néanmoins, ce fut avec le règne de Marie Tudor que le plan s'accélérait dans la mesure où la nouvelle reine s'avérait catholique et « la crainte que son règne puisse placer le pays sous le joug de l'Inquisition et des jésuites » (40) voyait le jour à travers le royaume. Après la mort de Marie, « William Cecil mobilisa secrètement ses troupes pour semer la confusion dans les rangs humanistes » (41) et favoriser alors l'accession au pouvoir d’Elisabeth Ière dont, par la suite, « il devint le Secrétaire d'État » (42). Non seulement Cecil se maintenait aux affaires, mais, au surplus, il accentuait même son emprise en mettant en œuvre des politiques de déstabilisation de l'Angleterre afin de renforcer le pouvoir occulte de l'oligarchie jésuite et financière : « Non seulement Cecil maintenait sa position, mais il la renforçait même. Quoi qu'il en soit, le pouvoir réel qui se cachait derrière le pouvoir du trône était celui du jésuite Horatio Pallavicini, des amis les plus proches des Cecil et leurs banquiers. Pallavicini s'était converti au catholicisme romain, s'était marié avec une protestante et installé en Angleterre où il était devenu le banquier de la Couronne et de l'aristocratie » (43). Des tentatives de déstabilisations au sein du pays étaient dès lors mises en œuvre par les jésuites conspirateurs, LaRouche et sa collaboratrice donnaient alors deux exemples. D'abord, « la politique jésuite de Cecil (…) remarquablement similaire à la géopolitique contemporaine était de déstabiliser la France en encourageant la dissension protestante dans le pays » (44). Ensuite les jésuites provoquèrent le déclenchement de la Guerre de Trente Ans « en encourageant la résistance protestante en Hollande tout en utilisant leur jouet, le roi Philippe d'Espagne, pour instituer des mesures de répression contre les alliés de l'Angleterre » (45). De même, sur le plan interne, Cecil et les jésuites allaient promouvoir ce que les larouchistes perçoivent comme une véritable tare ou dépravation morale : l'homosexualité. « L'homosexualité, la pédérastie, la drogue sont les outils nécessaires à la subversion des Républiques » (46).

« Les deux neveux de Cecil, Anthony et Francis Bacon exerçait directement leur influence immorale. Ils étaient tout à fait qualifiés pour cela. Anthony avait été menacé d'être expulsé de Bourgogne pour avoir pratiqué la sodomie sur de jeunes garçons, et Francis était un pédéraste notoire » (47).

Avec la mort d'Élisabeth en 1603, « la route du trône était ouverte pour Jacques Stuart. Robert Cecil avait continuellement mené des négociations secrètes avec Jacques qui était alors roi d'Écosse (…) Au moment où Jacques Ier accéda au trône, la Grande-Bretagne devint le foyer de l'oligarchie conspirationniste (sic) pour détruire le républicanisme et le capitalisme industriel » (48). Cependant, si les jésuites étaient les pères fondateurs de l'« oligarchie conspirationniste », ils se trouvaient secondés, selon LaRouche et ses collaborateurs les plus proches, par les francs-maçons, eux aussi conspirateurs patentés : « la franc-maçonnerie servait les britannique d'une manière séculaire et analogue à la société secrète de renseignements jésuite » (49).

Lyndon LaRouche et le mythe de la ''synarchie judéo-britannique'' (1/2)

« La franc-maçonnerie naquit, en Angleterre, en tant que force pro-Stuart. Lorsque Jacques II dut fuir l'Angleterre, les francs-maçons s'en allèrent avec lui en France afin de former le noyau dur de la conspiration en sa faveur. Les conspirateurs jacobites qui soutenaient les prétentions Stuart au trône comptaient nombre de jésuites. Comme René Fülöp-Miller l'expliquait : "il est remarquable de noter que, parmi les premiers membres des plus anciennes loges anglaises, nombreux étaient des jacobites et qu'il est raisonnable de penser que les jésuites avaient décidé de s'appuyer sur les maçons afin de restaurer le catholicisme au Royaume-Uni. Aussi, quand en 1737, Michel Ramsay décida d'introduire un soi disant rang supérieur dans la franc-maçonnerie, cela fut vite regardé comme une intrigue jésuite" » (50).

Les jésuites, les francs-maçons, tels sont les instigateurs premiers du complot oligarque britannique désignés par les larouchistes. Cependant, LaRouche, en identifiant ces groupes comme responsables et maîtres d'œuvre du complot, mobilisait un ressort classique de la paranoïa et du conspirationnisme dans la vie et la culture politique américaine. En effet, LaRouche s'adressant en priorité à un public américain, il utilisait et instrumentalisait alors des théories classiques et anciennes de la culture populaire américaine autour des complots francs-maçons et jésuites que Hofstadter (51) relevait déjà comme deux des plus fameuses théories conspirationnistes aux États-Unis. « Le mouvement anti-maçon de la fin des années 1820 et 1830 devint une véritable obsession conspirationniste » (52) qui ne se contentait pas de se limiter à des cercles ultra-conservateurs ou à l'extrême droite, mais qui se développait « partout dans le nord des États-Unis en lien avec la culture populaire de la démocratie et de l'égalitarisme »
(53). Dans les faits, le complot franc-maçon se révélait être un synonyme ou un palliatif au complot jacksonnien dans la mesure où Andrew Jackson, lui-même franc-maçon, « manifestait le même animus contre la possibilité pour un homme ordinaire de se battre face aux institutions aristocratiques » (54). Le mouvement anti-maçon relevait alors d'un caractère politique conjoncturel, la personnalité d'Andrew Jackson, mais aussi et surtout structurel dans le sens où la maçonnerie était considérée comme une force occulte soit dirigeant discrètement le pays soit luttant pour détruire le gouvernement. « La maçonnerie était considérée comme une conspiration ouverte contre le gouvernement républicain. Par exemple, la fameuse conspiration d'Aaron Burr a été prétendument conduite par les francs-maçons. La maçonnerie était accusée de constituer un système parallèle de loyauté, un imperium distinct de la structure fédérale et gouvernementale » (55).

Dès lors, ce thème d'une conspiration maçonnique trouvait – et trouve d'ailleurs toujours – un écho certain dans la culture populaire, et surtout rurale, américaine. L'idée d'un complot maçonnique était « un mouvement populaire d'une force considérable et, l'enthousiasme rural qui lui donnait toute son impétuosité faisait qu'ils (les ruraux) y croyaient de tout leur cœur » (56). En effet, à une époque où la lutte pour l'égalité faisait rage, surtout en Nouvelle-Angleterre, les maçons étaient accusés d'être une force occulte occupant tous les postes clefs de la société civile, du gouvernent, des médias, etc. « Les agents maçons infiltrés : shérifs, jurés, juges devaient êtres ligués avec les criminels et fugitifs maçons. La Presse était réputée comme "muselée" par des propriétaires et des éditeurs maçons qui refusaient de diffuser les informations quant à l'influence néfaste des maçons. A une époque où les citadelles de privilèges subissaient de nombreuses attaques, la maçonnerie était perçue comme une fraternité de privilégiés, accaparant toutes les opportunités commerciales et quasi-monopolisant les charges politiques » (57). La franc-maçonnerie n'était pas seulement une organisation abominable et honnie dans la culture populaire américaine parmi d'autre, elle était aussi considérée comme d'instance littéralement diabolique. « La franc-maçonnerie était le chef d'œuvre de l'Enfer » (58), surtout lorsque l'idée d'un complot jésuite connexe venait se greffer sur celui-ci. En effet, LaRouche, en enchevêtrant les conspirations jésuite et maçonnique, faisait écho à un thème récurant de la culture populaire américaine ce qui lui permet de trouver un public d'autant plus réceptif à ses théories conspirationnistes. « La peur d'un complot maçonnique eut bien du mal à s'apaiser lorsque les rumeurs d'une conspiration catholique contre les valeurs américaines virent le jour » (59). Aussi, l'idée d'un plan jésuite contre la démocratie américaine « embrasât même de nombreux modérés que la paranoïa ne touchait habituellement pas » parmi les Américains qui souhaitent maintenir une certaine homogénéité culturelle et religieuse dans le pays. De même, l'accusation formulée contre les jésuites de représenter des intérêts extérieurs aux États-Unis trouvaient un fort écho parmi des groupes d'individus développant une culture paroissiale paroxystique ou exacerbée. « La principale source de la conspiration était trouvée dans l'Autriche de Metternich » (60) relevait Hofstadter qui signalait alors un ouvrage phare de l'époque appuyant cette théorie : Austria is now acting in this country. Néanmoins, le développement de théories conspirationnistes dans ces cercles plus ruraux et anti-catholiques semble plus attendue. L'idée d'un complot jésuite « se diffusa largement, d'autant plus que l'influence de militants anti-catholiques les plus fervents, lesquels avait certainement une véritable affinité avec la culture de la paranoïa, était forte » (61).

De ces éléments théoriques et factuels, il s'agit de retenir et comprendre que LaRouche et ses collaborateurs, en s'adressant en priorité à un public américain, utilisent des références conspirationnistes faisant écho à la culture populaire et politique américaine. En identifiant les jésuites et les francs-maçons comme les instigateurs initiaux du complot, LaRouche reprend un thème porteur auquel l'ancienneté apporte un certain crédit voire même une certaine légitimité emportant l'adhésion d'un public réceptif à ces théories conspirationnistes. Dès lors que des bases étaient trouvées au complot, il ne restait alors à LaRouche que de révéler le déploiement séculaire du complot en se focalisant tout particulièrement sur le XXe siècle.

Lyndon LaRouche et le mythe de la ''synarchie judéo-britannique'' (1/2)

Les supposés plans fascistes de Bertrand Russell, H.G. Wells et Aldous Huxley

« H.G. Wells et Bertrand Russell était les hommes les plus diaboliques qui vécurent au XXe siècle. Les horreurs qu'ils accomplirent avec sérénité éclipsaient celles de leur protégé Adolf Hitler. La propagande qu'ils écrivirent introduisit les techniques de manipulation de masse des décennies avant que Goebbels ne s'en vante à propos du Grand Mensonge. Une fois leurs écrits replacés dans leurs contextes, le voile tombe. L'empereur est nu, mais hideux et diabolique » (62).

C'est alors dans les écrits des ces hommes diaboliques que LaRouche et ses partisans allaient rechercher leurs plans machiavéliques en vue de la fondation d'une « Nouvelle République », en d'autres termes « un empire britannique avec un pouvoir mondial fasciste » (63). En effet, LaRouche et White croient fermement en le caractère esotérique des ouvrages qui dissimuleraient, selon eux, des scénarios cachés que seuls les initiés sont à même de décoder. Ainsi, LaRouche voyait le Dr Moreau d'Aldous Huxley comme la révélation d'un plan de la CIA et de la Grande-Bretagne pour empoisonner les étudiants Américains. En effet, le Dr Moreau, dans le roman de Huxley, administrait à ses patients, ainsi qu'à lui-même, de fortes doses de cannabis afin de réaliser des expériences quant à l'influence de cette substance sur le comportement et la psyché des individus. Pour LaRouche et ses associés « l'histoire du Dr Moreau devint réalité. Aldous Huxley était responsable d'avoir introduit les méthodes du Dr Moreau en Californie en tant que partie du plan secret MK-Ultra (64) de la CIA et de l'intelligence britannique, en inondant les campus de LSD au début des années 1960 » (65). Néanmoins, si Huxley fut accusé de faire non seulement l'apologie de l'eugénisme, mais au surplus de le promouvoir comme modèle de société (66), c'est surtout H.G. Wells et Bertrand Russell que les larouchistes percevaient comme les éminences grises du complot.

« Wells et Russell étaient les simples héritiers dégénérés des impérialistes britanniques
du XIXe siècle qui pensaient déjà arrêter la croissance industrielle en France, en Allemagne, en Russie et aux États-Unis. Ils ne tentaient même pas de dissimuler leurs motifs derrières leur engagement. Sous couvert d'idéologie socialiste, tout ce qu'ils planifiaient et même plus que ce qu'ils accomplirent est rapporté dans leurs écrits. Les mouvements environnementalistes et maoïstes contemporains, associés aux mouvements de libération nationale et fondamentalistes, comme en Iran, trouvent leurs racines dans les opérations de Russell et Wells. Utilisant leur modèle de la Terreur jacobine, elle même dirigée depuis Londres, Wells et Russell avaient pour objectif de détruite le capitalisme industriel afin d'établir une hégémonie mondiale de type féodale et oligarchique, un nouvel âge noir »
(67).

Telles seraient alors les motivations secrètes de Wells et Russell : développer et faire prospérer un système oligarchique mondial refusant le progrès en tentant de maintenir une sorte de statu quo de la domination séculaire du Royaume-Uni, quitte à détruire ses ennemis ou rivaux. A titre d'exemple, LaRouche et ses partisans envisageaient l'Affaire Dreyfus comme une cabale britannique afin d'alimenter l'hostilité germanophobe et antisémite en France, ceci pour déstabiliser le pays et « faire apparaître le sionisme plus attractif à des juifs crédules » (68), d'autant plus lorsque Bertrand Russell était à Paris, « attaché à l'ambassade de Grande-Bretagne » (69). En effet, s'il est largement connu de nous jours que les accusations formulées à l'encontre de Dreyfus furent pire calomnie, il n'en demeure pas moins que LaRouche et les siens en donnaient une version bien à eux. Si l'incrimination d'Esterhazy était bien reprise, celui-ci n'apparaissait que comme une façade ou pion de l'oligarchie britannique. Non seulement « Esterhazy était financé par les Rothschild depuis 1840 » mais au surplus « les Rothschild lui donnèrent un travail en tant qu'ami des juifs malgré ses relations avec Édouard Drumont » (70), pourtant éditeur du journal ouvertement antisémite La Libre Parole. En outre, une fois la cabale et Esterhazy démasquée, celui-ci fuit la France « pour Londres où il fut accueilli chaleureusement et où il reçut un traitement sympathique de la presse » (71), preuve supplémentaire et indéniable de l'intelligence britannique pour les larouchistes. Mais encore, les dreyfusards eux aussi auraient été secrètement mu par les Rothschild : « Zola n'était qu'un des nombreux artistes patronné par les Rothschild ». En effet, « la véritable cible de l'Affaire Dreyfus était en réalité Gabriel Hanotaux dont la politique était de forger une alliance franco-allemande » (72) ; l'affaire Dreyfus, en alimentant la germanophobie et l'antisémitisme populaire tombait alors à point nommé pour faire échec à cette politique et mener à la démission de Hanotaux. L'hégémonie britannique était alors préservée. Le Royaume-Uni ne tolérait ainsi aucune concurrence et fomentait alors de nombreuses conspirations afin de maintenir sa domination séculaire sur le monde. Pêle-mêle, LaRouche de dénoncer les Rothschild comme les banquiers « du Bund » (73), « du terrorisme des musulmans fondamentalistes » (74), particulièrement en Iran, « des groupes anarchistes » (75), celui d'Emma Goldman notamment (76). Russell et Wells, quant à eux travaillent secrètement au développement du communisme dans le monde afin de le déstabiliser. « Pour voir l'état d'esprit des aristocrates qui planifiaient les nouveaux âges sombres, il convient de se rapporter au livre de Bertrand Russell, The Impact of Science on Society. C'est une justification aristocratique d'un génocide de masse, pour la folle destruction de la civilisation comme on en a connu au Cambodge sous le régime de Pol Pot, soutenu par Mao Tsé-Toung, le stagiaire de Russell » (77). En effet, selon les larouchistes, Mao, au même titre que Hitler, était une création et une marionnette entre les mains de l'oligarchie britannique dont Russell se révélait, avec H.G. Wells, l'une des figures de proue les plus dominantes. « Le mouvement maoïste, que les britanniques avaient créé et contrôlaient, tout juste comme Hitler, se révélait le produit de l'oligarchie » (78). Durant la Première Guerre Mondiale, laquelle « était voulue par l'Angleterre » (79) afin d'asseoir sa domination sur ses rivaux français et allemands, l'emprise de l'oligarchie se resserrait encore plus. En effet, suivant l'adage "diviser pour mieux régner", « la balkanisation était une vieille tactique britannique » (80) ; l'oligarchie infiltrait, et prenait le contrôle même, des deux grandes puissances antagonistes du XXe siècle : les États-Unis et la Russie.

Lyndon LaRouche et le mythe de la ''synarchie judéo-britannique'' (1/2)

« La Grande-Bretagne avait sans discrimination financé Lénine et Trotsky. Mais, à proprement parler, c'était l'Allemagne qui avait laissé Lénine, lui voulant signer un traité compréhensif d'équipement industriel avec les Allemands, rentrer en Russie via l'Allemagne, pendant que Trotsky, refusant ce traité, continuait à toucher les fonds britanniques depuis sa sortie de prison au Canada » (81).

« Depuis le meurtre du Président McKinley, le gouvernement des États-Unis n'était devenu rien de moins qu'un autre département du Bureau des Affaires Coloniales britanniques. La politique de Woodrow Wilson était coordonnée au jour le jour avec Londres » (82).

« Les familles avec l'aide de leur homme de paille, Teddy Roosevelt, et leur président Woodrow Wilson, contrôlèrent les principales universités et les médias d'information libéraux, le monde du spectacle, les principales banques, comme la plupart des maisons d'éditions. Elles formaient l'establisment libéral de la Côte Est, couramment identifié comme la branche Américaine de la London Round Table, connue d'abord sous le nom de National Civic Federation avant d'adopter aujourd'hui celui de New York Council on Foreign Relations » (83).

Si Russell préparait, alimentait et développait, avec l'aide des Rothschild, les subversions les plus diverses afin de détruire de l'intérieur les ennemis et les rivaux de la Grande-Bretagne, H.G. Wells quant à lui prenait les devants et imaginait le gouvernement qui suivrait le triomphe de l'oligarchie ; il en livrait, selon LaRouche, les six points principaux dans un opus connu sous le titre Le joueur de croquet (1936).

« Les points du programme de Wells pour le futur étaient :

1. La complète déclaration, pratique aussi bien que théorique, de la nature providentielle des gou
vernements existant et de la totale obéissance dans leurs commandements.

2. La détermination à limiter par tous les moyens possibles les conflits entre les gouvernements, leurs usages militants des individus et des propriétés, leurs interférences dans la gouvernance économique mondiale.
3. La détermination à remplacer les systèmes crédits, les moyens de transports et la production des aliments de bases privés, locaux ou nationaux par un directoire mondial responsable au service de la race humaine.
4. La reconnaissance pratique de la nécessité d'un contrôle biologique mondial, par exemple de la population et des maladies.
5. La garantie d'un niveau minimum de libertés individuels et de bien-être dans le monde.
6. La suprême obligation de subordonner sa vie personnelle à la création d'un directoire mondial capable de l'ensemble de ces tâches et de promouvoir le développement la connaissance, des capacités et du pouvoir humain » (84).

>>> Lire la 2ème partie.

 

Notes :
(1) Lyndon LaRouche, So, You Wish to Learn All about Economics? [1984], New York, New Benjamin Franklin House, 1984, p. 175.
(2) Olivier Dard, La synarchie, le mythe du complot permanent [1998], Paris, Perrin, 1998, 294 p. Par synarchie, il s'agit d'entendre l'idée qu'une société secrète ou qu'une engeance diabolique préside véritablement aux destinées d'un pays ; le pouvoir officielle ne serait qu'une façade qui dissimulerait la vérité du pouvoir. Ainsi, la presse collaborationniste de dénoncer, sous Vichy, l’existence d’un complot synarchique ayant débouché sur la défaite de 1940. Le terme de « synarchie » prend, chez les larouchistes, une signification indissolublement anglophobe et antisémite.
(3) Carol White, The New Dark Age Conspiracy: Britain's Plot to Destroy Civilization [1980], New York New Benjamin Franklin House, 1980.
(4) Ibid. p. 17.
(5) Daniel Pipes, Conspiracy. How the Paranoid Style Flourishes and Where it Comes from [1997], New York, Simon & Schuster, 1999, p. 26.
(6) Ibid. p. 27.
(7) Les Illuminés de Bavière ou « Illuminati » étaient une société secrète fondée en 1776 par Adam Weishaupt. Il s’agissait d’une loge maçonnique s’inscrivant dans le mouvement des Lumières. Son but était essentiellement de promouvoir une philosophie humaniste et progressiste basée sur l'idée d'une perfectibilité humaine. Or, si cette société fut dissoute en 1785 par le gouvernement bavarois, il n'en demeure pas moins que le fantasme conspirationniste d'un développement secret des Illuminati, de leur implication dans les maux du monde ainsi que leur volonté de conquérir le pouvoir et d'imposer un « Nouvel Ordre Mondial » fait partie des thèmes les plus récurrents de la littérature complotiste, depuis la Révolution française. Voir Michael Barkun, A Culture of Conspiracy. Apocalyptic Visions in Contemporary America [2003], Los Angeles, University of California Press, 2003, pp. 39-64. Pierre-André Taguieff, La Foire aux illuminés. Esotérisme, théorie du complot, extrémisme [2005], Paris, Mille et une nuit, 2005, pp. 109-140.
(8) Richard Hofstadter, « The Paranoid Style in American Politics », Harper's Magazine, Novembre 1964, p. 85.
(9) Cité in John S. Curtiss, An Appraisal of the Protocols of Zion [1942], New York, Columbia Press University, 1942, p. 24. Les Protocoles font également référence à une « parenté entre les britanniques et les juifs ». Herman Bernstein, The Truth about "The Protocols of Zion" : A Complete Exposure [1935], New York, Covic Friede, 1971, p. 65.
(10) Richard Hofstadter, The Age of Reform [1955], New York, Vintage Book, 1960, p. 73.
(11) Cf. infra.
(12) Richard Hofstadter, art cit, p. 83
(13) Lyndon LaRouche, op cit, p. 172.
(14) Ibid.
(15) Ibid.
(16) Henry Coston, Le Retour des 200 familles [1960], Paris, La librairie Française, 1960, 192 pages. Henry Coston, Les 200 Familles au pouvoir [1977], Paris, Publications Henry Coston, 1988, 264 pages. Pour une critique ce mythe des 200 familles voir Pierre Birnbaum, Le peuple et les gros. Histoire d'un mythe [1979], Paris, Hachette Littérature, 1995, pages.
(17) Lyndon LaRouche, op cit, p. 173.
(18) Richard Hofstadter, dans l'article que nous avons déjà cité, « The Paranoid Style in American Politics », soulignait que le mythe d'un complot jésuite est l'un des thèmes les plus anciens et les plus ancrés dans la culture populaire américaine, il n'est pas dès lors étrange que LaRouche utilise également ce levier pour soutenir et "légitimer" sa démonstration conspirationniste.
(19) Lyndon LaRouche, op cit, p. 173.
(20) Daniel Pipes, op cit, p. 86.
(21) Lyndon LaRouche, op cit, p. 173.
(22) Ibid. p. 178.
(23) Richard Hofstadter, art cit, pp. 78-81.
(24) Ibid. p. 79.
(25) Ibid. p. 78.
(26) Lyndon LaRouche, op cit, p 285.
(27) Carol White, op cit, p. 287-288.
(28) Ibid. p. 285.
(29) Ibid. p. 291.
(30) Ibid. p. 292.
(31) Ibid. p. 292.
(32) Ibid. p. 293.
(33) Ibid. p. 295.
(34) Ibid. p. 301.
(35) Richard Hofstadter, art cit, p. 83.
(36) Carol White, op cit, p.301.
(37) Ibid. p. 302.
(38) Ibid. p. 302.
(39) Ibid. p. 302.
(40) Ibid p. 303.
(41) Ibid p. 303.
(42) Ibid p. 303.
(43) Ibid p. 304.
(44) Ibid p. 304.
(45) Ibid p. 304.
(46) Ibid p. 136.
(47) Ibid p. 305.
(48) Ibid p. 306.
(49) Ibid p. 313.
(50) Ibid p. 315.
(51) Richard Hofstadter, art cit, pp. 78-80.
(52) Ibid p. 79.
(53) Ibid p. 79.
(54) Ibid p. 79.
(55) Ibid p. 79.
(56) Ibid p. 79.
(57) Ibid p. 79.
(58) Ibid p. 79.
(59) Ibid p. 80.
(60) Ibid p. 80.
(61) Ibid p. 80.
(62) Carol White, op cit, p. 36.
(63) Ibid. p. 36
(64) Michael Barkun, op cit, pp. 75-78. Dans les années 1970, la CIA dut reconnaître, et donc mettre un terme, au programme MK-ULTRA qui consistait à expérimenter l'usage du LSD pour interroger des prisonniers ou des militaires. Bien que ceci soit largement condamnable tant sur le plan moral que juridique, il n'en reste pas moins que l'usage du LSD sur les campus américains par la CIA tient du fantasme conspirationniste.
(65) Carol White, op cit, p. 38.
(66) Ibid. p. 59.
(67) Ibid. p. 39.
(68) Ibid. p. 45.
(69) Ibid. p. 46.
(70) Ibid. p. 45.
(71) Ibid. p. 46.
(72) Ibid. p. 38.
(73) Ibid. p. 58.
(74) Ibid. p. 60.
(75) Ibid. p. 60.
(76) « 1932 - le Système Américain contre l'Empire Britannique », sous-titré en français et posté sur le compte daylimotion officiel de Solidarité & Progrès, la branche française du mouvement de Lyndon LaRouche, dirigée par Jacques Cheminade.
(77) Carol White, op cit, p. 71.
(78) Ibid. p. 70.
(79) Ibid. p. 62.
(80) Ibid. p. 62.
(81) Ibid. p. 64.
(82) Ibid. p. 66.
(83) Lyndon LaRouche, So, You Wish to Learn All about Economics?, op cit, p. 173.
(84) Carol White, op cit, p. 78.

 

L'auteur : Julien Giry est doctorant en science politique à l'Université de Rennes 1. Après avoir consacré une étude aux idées politiques de Lyndon LaRouche, il prépare une thèse sur le conspirationnisme dans la culture politique américaine.

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