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L’amende de 120 millions d’euros infligée au début du mois à X au titre du Digital Services Act (DSA) n’a pas que déclenché un bras de fer transatlantique. Elle a ouvert une séquence où Elon Musk a franchi un cap : assimiler l’Union européenne au Troisième Reich, comparer la Commission à la Stasi (la police politique est-allemande), accuser Bruxelles de « persécution politique » et appeler à « abolir l’UE ». Une rhétorique qui aurait paru délirante il y a encore quelques années, mais qui s’inscrit désormais dans une stratégie assumée : miner la crédibilité des institutions démocratiques pour imposer un récit dans lequel la plateforme d'Elon Musk serait la seule garante de la liberté d'expression.
Les faits sont pourtant têtus. L’amende sanctionne des manquements précis : opacité algorithmique, pratiques trompeuses autour des badges de vérification, absence de coopération avec les chercheurs, circulation massive de contenus illicites. Rien qui relève de la « censure » ou de l'interdiction du débat. Pourtant, Musk a immédiatement réécrit l’événement en bataille apocalyptique opposant une Europe « totalitaire » à un entrepreneur visionnaire. JD Vance a aussitôt dénoncé une « attaque idéologique » de Bruxelles contre les entreprises américaines. En quelques heures, leur récit alternatif a saturé X, où les références banalisatrices au nazisme se sont multipliées.
C’est l’inversion accusatoire poussée à son paroxysme : ceux qui réclament transparence et responsabilité sont dépeints comme des oppresseurs, tandis que celui qui refuse de respecter la loi commune se pose en défenseur héroïque de la liberté. En réalité, l’UE tente, tardivement, d’introduire des garde-fous élémentaires – et probablement insuffisants – destinés à endiguer autant que possible le flot massif de désinformation, d'appels à la haine et de théories du complot qui déstabilisent nos démocraties. Musk quant à lui n'a de cesse d'assimiler les efforts de régulation des plateformes à une forme de tyrannie, plaidant pour que quelques acteurs privés non élus comme lui fixent seuls les règles par lesquelles les messages échangés circulent, sont amplifiés ou au contraire invisibilisés. C’est la tentation d’un pouvoir sans contre-pouvoir que revendique le patron de Tesla. C’est précisément ce qu'un texte comme le DSA, avec toutes ses limites, cherche à prévenir.
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