Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Conspiracy News #42.2019

Publié par La Rédaction21 octobre 2019

Des gros titres aux petites infos passées inaperçues : ce qu’il fallait retenir de l’actualité des derniers jours en matière de conspirationnisme et de négationnisme (semaine du 14/10/2019 au 20/10/2019).

HONG KONG. Après plus de quatre mois de mobilisation du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, les autorités de Pékin accroissent la pression sur les sociétés étrangères, soupçonnées de soutenir les manifestants. Depuis le début de la contestation, la presse de Pékin dénonce l’influence étrangère. Sur les réseaux sociaux, rumeurs et infox viennent conforter cette thèse. Le sinologue Jean-Philippe Béja, directeur de recherche au CNRS, témoigne sur place de la forte popularité d’un mouvement qui déclenche de multiples gestes de solidarité et qui « n’a pas besoin véritablement d’un soutien de l’étranger » (source : RFI, 11 octobre 2019).

LECTURE. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère l’opposition aux vaccinations comme l’une des dix menaces qui pèsent aujourd’hui sur la santé mondiale. Ce constat est partagé par ceux qui s’alarment qu’un Français sur deux est convaincu qu’il existe une entente entre le gouvernement et l’industrie pharmaceutique pour cacher la dangerosité des vaccins. À ce sujet, la multiplication des foyers de rougeole à travers le monde ne peut qu’inquiéter. On lira à ce titre avec bénéfice l’ouvrage de Françoise Salvadori et Laurent-Henri Vignaud. La virologue et l'historien des sciences ont signé en début d'année un livre qui retrace l’histoire des ligues opposées à la vaccination du XVIIIe siècle à nos jours (source : pseudo-sciences.org, 11 octobre 2019).

DONALD TRUMP. Le président des États-Unis a formulé 13 435 déclarations fausses ou trompeuses en 993 jours. C’est le constat opéré par le service de fact-checking du Washington Post, comme le relève le journaliste Thomas Huchon :

PRO-ASSAD. Une association à but non-lucratif située dans la région de la baie de San Francisco existe officiellement pour sensibiliser le public aux « questions de justice sociale qui sont essentielles pour une paix mondiale durable ». En réalité, l’« Association for Investment in Popular Action Committees » soutient le dictateur syrien Bachar el-Assad, verse des milliers de dollars à des activistes d’extrême droite, à des sites conspirationnistes, à des youtubeurs et à Julian Assange, fondateur de WikiLeaks. C'est ce que montre une enquête du site Bellingcat traduite par le collectif citoyen Syrie Factuel (source : Bellingcat, 14 octobre 2019). Comme le rapportait l'année dernière Conspiracy Watch, le président de l’« Association for Investment in Popular Action Committees » siège aussi au bureau de AE911Truth, une association défendant la théorie du complot sur les attentats du 11 septembre 2001.

SANDY HOOK. Leonard Pozner est la cible depuis plusieurs années de canulars harcelants et de menaces de mort. On l’accuse d’être un acteur et on prétend que son fils Noah, l’un des 20 enfants tués lors de la fusillade de l’école de Sandy Hook, le 14 décembre 2012 (sur 27 morts en tout), n’a jamais existé. Pozner a passé des années à inciter Facebook et d’autres à supprimer des vidéos complotistes, et il a créé un site Web, www.honrnetwork.org, pour démystifier les théories du complot. Il vient de remporter un procès contre l’un de ses diffamateurs, un négationniste du nom de James Fetzer, condamné par un jury du Wisconsin à lui verser la somme de 450 000 dollars (source : Le Quotidien, 16 octobre 2019).

ANTI-TECHNOCRATISME. Vient de paraître aux éditions du Cerf le Dictionnaire des populismes, sous la direction de Christophe Boutin, Olivier Dard et Frédéric Rouvillois. Dans une interview accordée à L’Opinion, Olivier Dard apporte d’utiles précisions au sujet de la critique anti-technocratique, qui puise ses origines mythologiques dans la Seconde Guerre mondiale. La galaxie du complot, explique l’historien, prise trois figures : celles du jésuite, du juif et du franc-maçon. Plus généralement, le chercheur explique que « ce discours renvoie à l’idée que les dirigeants élus seraient des marionnettes activées par des "forces occultes" aux ramifications internationales. L’européisation et la mondialisation sont comprises comme un projet dont ils seraient les promoteurs. Les démocraties libérales ne seraient que théâtres d’ombres, sans vrai pouvoir. » Une dynamique qui est aussi à l’œuvre dans la contestation qui caractérise le mouvement des Gilets jaunes : « Lorsque des gens ont du mal à boucler leur fin de mois, il est facile de leur dire que les réformes n’avancent pas assez vite à cause de la machine d’Etat... Cela donne un sens. Il y a une forme de "causalité diabolique" dans le conspirationnisme, une volonté de rationalité poussée à l’absurde » (source : L’Opinion, 17 octobre 2019). Au sujet de la croyance complotiste en la « Synarchie », qui structure ce discours, on (re)lira la notice publiée par Conspiracy Watch.

ATTENTAT À HALLE. Le 9 octobre 2019, Stephan Balliet, un jeune allemand de 27 ans a tenté d’investir une synagogue de Halle (Saxe-Anhalt), le jour de Yom Kippour, avant de tuer une passante ainsi qu’un homme dans un restaurant turc de kebab. Conspiracy Watch revient sur les réactions de l’extrême droite allemande et notamment celle du parti ultranationaliste NPD dont l’une des figures, Stefan Paasche, député régional du Land de Saxe-Anhalt, a soulevé la thèse d’une manipulation par les services de renseignements avant de conclure : « Nous ne saurons probablement jamais la vérité » (source : Conspiracy Watch, 18 octobre 2019).

MACRONISME DE GAUCHE. 75 soutiens d’Emmanuel Macron, en 2017, ont appelé, dans une tribune parue dans le Journal du Dimanche, à la création d'un pôle de gauche au sein de la majorité. Ex-socialistes ou écologistes, ils réitèrent leur soutien à la majorité actuelle en appelant toutefois à une clarification du pacte républicain face à l’enjeu climatique, à la multiplication des conflits armés, à la pression des flux migratoires et aux « replis identitaires » et en mentionnant explicitement le défi du complotisme : « Nous devons être clairs et sans complaisance avec les mensonges du populisme, la banalisation de la violence physique et verbale, la dévalorisation de la démocratie et des institutions, l’hystérisation des émotions et le poison complotiste » (source : lejdd.fr, 19 octobre 2019).

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Des gros titres aux petites infos passées inaperçues : ce qu’il fallait retenir de l’actualité des derniers jours en matière de conspirationnisme et de négationnisme (semaine du 14/10/2019 au 20/10/2019).

HONG KONG. Après plus de quatre mois de mobilisation du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, les autorités de Pékin accroissent la pression sur les sociétés étrangères, soupçonnées de soutenir les manifestants. Depuis le début de la contestation, la presse de Pékin dénonce l’influence étrangère. Sur les réseaux sociaux, rumeurs et infox viennent conforter cette thèse. Le sinologue Jean-Philippe Béja, directeur de recherche au CNRS, témoigne sur place de la forte popularité d’un mouvement qui déclenche de multiples gestes de solidarité et qui « n’a pas besoin véritablement d’un soutien de l’étranger » (source : RFI, 11 octobre 2019).

LECTURE. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère l’opposition aux vaccinations comme l’une des dix menaces qui pèsent aujourd’hui sur la santé mondiale. Ce constat est partagé par ceux qui s’alarment qu’un Français sur deux est convaincu qu’il existe une entente entre le gouvernement et l’industrie pharmaceutique pour cacher la dangerosité des vaccins. À ce sujet, la multiplication des foyers de rougeole à travers le monde ne peut qu’inquiéter. On lira à ce titre avec bénéfice l’ouvrage de Françoise Salvadori et Laurent-Henri Vignaud. La virologue et l'historien des sciences ont signé en début d'année un livre qui retrace l’histoire des ligues opposées à la vaccination du XVIIIe siècle à nos jours (source : pseudo-sciences.org, 11 octobre 2019).

DONALD TRUMP. Le président des États-Unis a formulé 13 435 déclarations fausses ou trompeuses en 993 jours. C’est le constat opéré par le service de fact-checking du Washington Post, comme le relève le journaliste Thomas Huchon :

PRO-ASSAD. Une association à but non-lucratif située dans la région de la baie de San Francisco existe officiellement pour sensibiliser le public aux « questions de justice sociale qui sont essentielles pour une paix mondiale durable ». En réalité, l’« Association for Investment in Popular Action Committees » soutient le dictateur syrien Bachar el-Assad, verse des milliers de dollars à des activistes d’extrême droite, à des sites conspirationnistes, à des youtubeurs et à Julian Assange, fondateur de WikiLeaks. C'est ce que montre une enquête du site Bellingcat traduite par le collectif citoyen Syrie Factuel (source : Bellingcat, 14 octobre 2019). Comme le rapportait l'année dernière Conspiracy Watch, le président de l’« Association for Investment in Popular Action Committees » siège aussi au bureau de AE911Truth, une association défendant la théorie du complot sur les attentats du 11 septembre 2001.

SANDY HOOK. Leonard Pozner est la cible depuis plusieurs années de canulars harcelants et de menaces de mort. On l’accuse d’être un acteur et on prétend que son fils Noah, l’un des 20 enfants tués lors de la fusillade de l’école de Sandy Hook, le 14 décembre 2012 (sur 27 morts en tout), n’a jamais existé. Pozner a passé des années à inciter Facebook et d’autres à supprimer des vidéos complotistes, et il a créé un site Web, www.honrnetwork.org, pour démystifier les théories du complot. Il vient de remporter un procès contre l’un de ses diffamateurs, un négationniste du nom de James Fetzer, condamné par un jury du Wisconsin à lui verser la somme de 450 000 dollars (source : Le Quotidien, 16 octobre 2019).

ANTI-TECHNOCRATISME. Vient de paraître aux éditions du Cerf le Dictionnaire des populismes, sous la direction de Christophe Boutin, Olivier Dard et Frédéric Rouvillois. Dans une interview accordée à L’Opinion, Olivier Dard apporte d’utiles précisions au sujet de la critique anti-technocratique, qui puise ses origines mythologiques dans la Seconde Guerre mondiale. La galaxie du complot, explique l’historien, prise trois figures : celles du jésuite, du juif et du franc-maçon. Plus généralement, le chercheur explique que « ce discours renvoie à l’idée que les dirigeants élus seraient des marionnettes activées par des "forces occultes" aux ramifications internationales. L’européisation et la mondialisation sont comprises comme un projet dont ils seraient les promoteurs. Les démocraties libérales ne seraient que théâtres d’ombres, sans vrai pouvoir. » Une dynamique qui est aussi à l’œuvre dans la contestation qui caractérise le mouvement des Gilets jaunes : « Lorsque des gens ont du mal à boucler leur fin de mois, il est facile de leur dire que les réformes n’avancent pas assez vite à cause de la machine d’Etat... Cela donne un sens. Il y a une forme de "causalité diabolique" dans le conspirationnisme, une volonté de rationalité poussée à l’absurde » (source : L’Opinion, 17 octobre 2019). Au sujet de la croyance complotiste en la « Synarchie », qui structure ce discours, on (re)lira la notice publiée par Conspiracy Watch.

ATTENTAT À HALLE. Le 9 octobre 2019, Stephan Balliet, un jeune allemand de 27 ans a tenté d’investir une synagogue de Halle (Saxe-Anhalt), le jour de Yom Kippour, avant de tuer une passante ainsi qu’un homme dans un restaurant turc de kebab. Conspiracy Watch revient sur les réactions de l’extrême droite allemande et notamment celle du parti ultranationaliste NPD dont l’une des figures, Stefan Paasche, député régional du Land de Saxe-Anhalt, a soulevé la thèse d’une manipulation par les services de renseignements avant de conclure : « Nous ne saurons probablement jamais la vérité » (source : Conspiracy Watch, 18 octobre 2019).

MACRONISME DE GAUCHE. 75 soutiens d’Emmanuel Macron, en 2017, ont appelé, dans une tribune parue dans le Journal du Dimanche, à la création d'un pôle de gauche au sein de la majorité. Ex-socialistes ou écologistes, ils réitèrent leur soutien à la majorité actuelle en appelant toutefois à une clarification du pacte républicain face à l’enjeu climatique, à la multiplication des conflits armés, à la pression des flux migratoires et aux « replis identitaires » et en mentionnant explicitement le défi du complotisme : « Nous devons être clairs et sans complaisance avec les mensonges du populisme, la banalisation de la violence physique et verbale, la dévalorisation de la démocratie et des institutions, l’hystérisation des émotions et le poison complotiste » (source : lejdd.fr, 19 octobre 2019).

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