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Quand les arguments manquent, que les preuves sont accablantes et que le langage peine à convaincre, le refrain est toujours le même : c’est un complot ! Complot des juges, des forces occultes ou des réseaux secrets qui veulent la perte de l’intéressé et, à travers lui, notre perte à tous.
Ces derniers jours ont une nouvelle fois confirmé cette tendance à crier à la machination dès lors qu’une décision de justice déplaît à celui qui en est le principal visé. Ainsi, cette semaine, l'essayiste Tariq Ramadan a tenu avec ses avocats une conférence de presse dans laquelle il a à nouveau employé toute la gamme du lexique conspirationniste, comme il le fait depuis des années maintenant. Il fut question de « manipulations », de « fils invisibles », de « réseau de soutiens et d'intérêts croisés », d'« alliances, de stratégies et de récits » et autres « ficelles en arrière-plan ». « Il est temps de lever les voiles et de les exposer » nous disent Tariq Ramadan et son comité de soutien pour sa défense. Résultat : des accusations gratuites et beaucoup d'esbrouffe pour rien.
⛓️ Derrière chaque manipulation, il y a des motivations.
Et dans le dossier Tariq Ramadan, elles semblent nombreuses, organisées… et bien plus révélatrices qu’il n’y paraît.
🔎 Comment se fait-il qu’il y ait autant de fils invisibles ?
Des fils qui semblent tirer les ficelles… pic.twitter.com/sy7nRZYNx8
— Tariq Ramadan (@TariqRamadan) September 29, 2025
Derrière le lexique du complot apparait aussi Israël, qui serait derrière tous les problèmes judiciaires rencontrés par l'idéologue islamiste, y compris ceux qui l'ont conduit à être condamné définitivement par la justice suisse à trois ans de prison dont un an ferme pour viol sur trois femmes.
« Complot » : ce fut aussi le mot choisi par Nicolas Sarkozy dans une interview au JDD après sa récente condamnation par le Tribunal judiciaire de Paris à cinq ans de prison dont un an ferme. Ayant fait appel de cette décision, l'ancien président de la République demeure présumé innocent.
Toutefois, ni les partisans de Ramadan ni ceux de Sarkozy n'ont résisté à l'analogie avec l'affaire Dreyfus, l'erreur judiciaire la plus retentissante de notre histoire politique. Ici, le complot était bel et bien avéré. Le dossier d'accusation reposait en particulier sur un bordereau faussement attribué au capitaine Dreyfus ainsi que sur une fausse pièce, une lettre antidatée fabriquée par un officier du renseignement militaire. Rien de tel dans l'affaire du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy puisque le document le plus problématique, une note en arabe signée du chef du renseignement extérieur libyen, a été ouvertement écarté par les juges qui l'ont considéré comme probablement faux. Un élément qui tend à contredire l'idée d'une injustice caractérisée commise contre l'ancien chef de l'État.
Bien sûr, les juges et leurs décisions ne sont pas au-dessus de la critique. Mais se prétendre visé par un complot politico-judiciaire est une tactique vieille comme le monde et ne devrait plus duper que ceux qui ont envie de l'être. D'autant qu'elle n'est pas sans conséquence sur la crise de confiance qui étreint nos démocraties : instillant dans l'opinion l’idée de contre-pouvoirs défaillants voire corrrompus, elle n'a d'autre effet que de renforcer un populisme délétère. Les amis sincères de la démocratie et de ses institutions en sont-ils toujours conscients ?
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