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« Vous voyez des nazis partout »

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Publié par La Rédaction28 septembre 2025

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Alex Jones (capture d'écran, septembre 2025).

Sur X, l'image fait... fureur : Alex Jones, veste brune et petite moustache taillée façon Adolf Hitler. Le complotiste américain assume, parle d’expérimentation sociale et se gargarise même du « wild effect on women ». Dans un second temps, il dément tout hommage au leader du Troisième Reich. L'opération est cousue de fil blanc : provoquer par l’image, reculer sous la critique, pour enfin accuser d’hystérie ou de paranoïa ceux qui osent nommer ce qu’ils voient.

La séquence n'est évidemment pas sans rappeler le bras tendu exécuté par Elon Musk en janvier 2025, lors de la cérémonie d’investiture de Donald Trump. Un geste perçu par beaucoup comme un salut nazi.

Plutôt que de clarifier son intention, le patron de X et de Tesla avait choisi de tourner en dérision ses détracteurs : « The ‘everyone is Hitler’ attack is sooo tired. » Et ce n’est pas un dérapage isolé. En 2022, Musk avait déjà tweeté un mème illustré par un soldat de la Wehrmacht – l’imagerie nazie servant ici de clin d’œil « ironique ». Le procédé est éprouvé : mordre sur la ligne rouge, laisser l’ambiguïté travailler, puis redoubler d'indignation face à l'indignation provoquée. Ou moquer les réactions, sur le thème du « vous voyez des nazis partout ».

Des chercheurs décrivent ce jeu du « je plaisante/je nie » comme une stratégie d’ensablement de l’espace public. L’alibi de l'humour offre une sortie de secours rhétorique (« c’était juste une blague ! »). Et quand la critique surgit, l’inversion victimaire s’active : ceux qui jouent avec l’iconographie nazie se disent persécutés par « les censeurs ». Pendant ce temps, la mythridatisation de l'opinion par l’image fait son travail de banalisation et de normalisation. Au final, on a habitué le regard à des symboles extrémistes tout en faisant passer, en prime, ceux qui s'en inquiètent pour des mauvais coucheurs.

Le style d'Alex Jones, moustache comprise, n’est donc pas un gag sans lendemain : c’est un marqueur de l'époque. D’où l’importance de documenter et contextualiser ces signes, de rappeler qu'ils n'ont rien d'anodins. Et qu'ils le sont d'autant moins qu'ils circulent aujourd'hui à une vitesse sans précédent via les plateformes de réseaux sociaux.

C’est précisément le cœur de Cyberpunk. Le nouveau système totalitaire d’Asma Mhalla (Seuil, 2025). L’essai éclaire la fusion des « Big Tech » et du « Big Show » : un techno-pouvoir qui programme l’attention, industrialise l’ambiguïté et convertit la provocation en architecture politique. Un livre utile pour comprendre comment le « spectacle » devient système – et pourquoi il faut, plus que jamais, apprendre à lire les images et à les contester.

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