AtMOH nous invite ainsi subrepticement à concevoir le NIST, « agence gouvernementale », comme un organisme composé exclusivement de complices du Grand Complot. Evoquant des « conclusions stupéfiantes qui défient les lois fondamentales de la physique », AtMOH considère donc la totalité des cinquante experts ayant participé à l’enquête du NIST comme des incompétents ou des charlatans, qui ont forcément dû être triés sur le volet, après – naturellement – que leur silence ait été acheté. Or, pour prétendre une telle chose, il faut expliquer en quoi ces spécialistes ne seraient pas fiables. Malheureusement, on n’en saura rien…
La vérité est que les conclusions des conspirationnistes défient les lois de la logique. Car si, comme ils l’affirment, le WTC 7 et les tours jumelles ont été dynamitées, on se demande bien pourquoi la démolition contrôlée du bâtiment 7 du World Trade Center a été actionnée à 17h20, c’est-à-dire après que le bâtiment ait été vidé de tous ses occupants. Si le gouvernement américain a planifié la destruction des tours jumelles du WTC au mépris de la vie humaine, pourquoi a-t-il, à cette seule occasion, laissé tout un après-midi aux pompiers new-yorkais pour évacuer le bâtiment de tous ses occupants ? Quel est l’intérêt d’exécuter un attentat qui ne fait aucune victime ? De même, pourquoi s’être privé du « spectacle » qu’aurait constitué un effondrement simultané des Twin Towers et du WTC 7 ? Et pourquoi ne pas avoir dynamité et fait s’effondrer aussi les autres bâtiments du WTC (les WTC 5 & 6, notamment, étaient en flammes, pour les mêmes raisons que le WTC 7, et ne se sont pas effondrés) ?
Pour ce qui est « des preuves et des témoignages cruciaux » dont parle AtMOH, de quoi s’agit-il exactement ?
De « preuves » du dynamitage, il n’y en a aucune. La présence – présumée – de résidus d’explosifs n’en est pas une ; la présence – présumée – de métal vaporisé dans la poussière des décombres de Ground Zero n’en est pas une ; le fait que le bâtiment se soit effondré verticalement n’en est pas une ; le fait qu’il n’y ait pas de précédent à un tel effondrement n’en est pas une (après tout, il n’y a pas de précédent à un tel attentat, ce qui ne veut pas dire que l’attentat n’a pas eu lieu) ; l'opinion de huit ingénieurs, experts ou scientifiques, selon laquelle le WTC 7 a été détruit à l’aide d’explosifs, n'en est pas une.
Pour ce qui est des témoignages, il en existe effectivement provenant de personnes présentes sur les lieux le jour du drame et expliquant avoir entendu des bruits pouvant s’apparenter à des détonations. Ce type de témoignages n’est pas spécialement rare. Lors de tout événement catastrophique, des témoignages très divers et parfois même contradictoires sont recueillis. Que la totalité des témoignages sur un événement disent tous exactement la même chose, c’est cela qui serait suspect.
Or, les conspirationnistes décident de n’entendre que les témoignages susceptibles d’aller dans le sens des thèses qu’ils défendent et de s’assoire sur tous les autres. Ainsi écartent-ils du revers de la main les témoignages de ceux qui n'ont pas entendu de détonation. De même, pour eux, les dizaines de personnes qui ont vu un avion s’écraser sur le Pentagone ont été victimes d’une hallucination collective ou, pis, participent au Complot ; ceux qui ont identifié les corps de leurs proches récupérés dans les décombres du Pentagone ou ceux qui ont eu au téléphone leurs parents, leurs maris/épouses, leurs frères/soeurs ou leurs enfants avant que les avions ne percutent le WTC seraient des menteurs ; etc. Voilà comment raisonnent les conspirationnistes.
Quant à ceux des « témoins » qui allèguent que ce sont des explosifs qui ont provoqué l’effondrement du WTC 7, il faut noter qu’en droit français, de tels « témoignages » – qui affirment un lien de cause à effet – ne sont pas recevables, le propre d’un témoignage étant de s’en tenir aux faits et non d'extrapoler.
Les enquêteurs du NIST n’ont pas testé l’hypothèse que le building se soit effondré par une explosion au thermate (une variante militaire du thermite utilisé par les démolisseurs), après avoir estimé qu’il aurait fallu que 50 kg de thermate soient déposés contre une colonne pour la faire plier, ce qui était peu probable. Rappelons que les conspirationnistes ne nous disent pas à quel moment des explosifs auraient pu être installés, ce à l’insu de tout le personnel du WTC 7.
Voir aussi :
Comment l'effondrement du WTC 7 s'explique-t-il ?
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