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Jean-Marie Le Pen : des Mémoires hantées par le « Grand Remplacement »

Publié par La Rédaction25 octobre 2019,

Lutte contre l'avortement et lutte contre l'immigration sont, pour l'ancien président du Front national, les deux faces d'un même combat contre la « submersion démographique ».

Tome 2 des Mémoires de Jean-Marie Le Pen (éd. Muller, 2019).

Le tome 2 des mémoires de Jean-Marie Le Pen vient de paraître. Intitulé Tribun du peuple, il prend comme point de départ l'année 1972, date de création du Front national (FN) et revient sur les principaux combats du parti lepéniste à travers le regard très personnel de son ancien président.

L'ouvrage nous plonge notamment dans la propagande passée et actuelle du FN dont un concept qui sert de fil rouge au parti : celui du Grand Remplacement, forgé par Renaud Camus. En décembre 2018, dans un entretien avec Valérie Igounet (directrice adjointe de la rédaction de Conspiracy Watch), Jean-Marie Le Pen concède : « Je ne l'avais pas synthétisé dans un concept percutant comme le Grand Remplacement, terme qui parle à l'imagination et qui reprend ma critique permanente et fondamentale de l'immigration massive avec l'islam conquérant ».

C'est donc très tôt que le FN exploite le thème de la « submersion démographique » au travers, d'une part, de la lutte contre l’immigration et d'autre part, la lutte contre l’avortement.

Quasi concomitant de l’apparition du FN, le thème de la « préférence nationale » s’accole, dans les propos, slogans et publications du FN, à celui de la « lutte contre l’immigration ». « Halte à l’immigration sauvage », stopper l’« invasion de la France par les indésirables » : les premiers mots d’ordre du FN et les suivants opèrent un parallèle entre la sécurité et l’intégration, l’insécurité et la lutte contre l’immigration.

Le FN choisit d'aborder l'immigration sous un angle précis : celui de sa visibilité. On peut lire par exemple sur une affiche anonyme intitulée « Inch’Allah », datée de 1987 et imprimée par le secrétaire général du FN Jean-Pierre Stirbois, ces quelques mots attribués à Hussein Moussawi, l'un des fondateurs du Hezbollah libanais : « Dans vingt ans, c’est sûr, la France sera une république islamique ».

Six ans plus tard, une publication interne au FN avance que les Français découvrent que l’immigration a évolué et assistent « aux premières tentatives orchestrées de colonisation, c’est-à-dire d’implantation en France de cultures étrangères autour de l’islam, devenue la deuxième religion du pays » (sic).

Jean-Marie Le Pen le dit ouvertement aujourd'hui : il lui manquait les termes pour conceptualiser le Grand Remplacement. Renaud Camus les a trouvés. « Substitution de population et de civilisation », « changement de population », etc., les références explicites au Grand Remplacement sont nombreuses dans Tribun du peuple. Dès l’introduction, l'ancien député européen prévient : « L’idéologie dominante peut estimer que le grand remplacement est une bonne chose, elle ne peut pas prétendre qu’il n’est pas un fait, que nous avons prévu voilà plusieurs décennies, en un temps où il était loisible aux princes qui nous gouvernent de l’éviter sans difficulté ». Quatre cents pages plus loin, il poursuit son offensive : « Rappelons juste que le nœud de notre destin est le grand remplacement ».

Jean-Marie Le Pen revient également sur l'un des combats-phares de son parti : la condamnation de l’avortement et l’abrogation de la loi Veil, relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) – qui dépénalise l’avortement en l'autorisant sous certaines conditions – promulguée le 17 janvier 1975. Il n'y a pas que les nombreuses attaques frontistes ad hominem contre la Ministre de la santé et l’ancienne déportée qualifiée de « Mme avortement ». Pour le FN, se battre contre l’avortement équivaut à lutter contre l’immigration : parce que le taux de natalité des femmes étrangères dépasse celui des femmes françaises, on assisterait à un « remplacement progressif des Français décimés par des hordes d’immigrés ». La logique frontiste des années 1970 suit : un « enfant français de moins, un immigré de plus » ! Il s’agit donc d’encourager la fécondité française – et non la « fécondité étrangère » – par le lancement d’une grande politique familiale. De cette façon, la « survie démographique du peuple français » serait assurée.

« Génocide »

Front national (première publication officielle du FN), 1974.

La sémantique du FN permet d’introduire d’autres luttes politiques, notamment sur le terrain du négationnisme. L’avortement et l’immigration constituent bien les « deux forces de la politique de génocide français et européen » que combat le parti d'extrême droite. Le FN dénonce l’« avorteuse » Simone Veil tout en développant l'idée d'une « véritable solution finale » menée contre les Français. Présent, journal proche des catholiques traditionalistes, suit la ligne frontiste et propose ce rapprochement entre l’« holocauste » et l’« extermination physique des enfants dans le sein de leur mère par toutes les formes d’avortement » ; des mots extraits d'un article du 5 mai 1990 tranquillement intitulé : « La solution finale ».

Autre exemple : à l'été 1996, Rémi Fontaine qualifie le choix britannique de supprimer plusieurs milliers d’embryons « surnuméraires » d’« horrible solution finale ». Il ajoute que ce « sacrifice officiel d’êtres humains, d’enfants, si minuscules soient-ils, est évidemment un crime contre l’humanité ». Présent fait partie de la presse « amie » du Front national et soutient Jean-Marie Le Pen.

Aujourd'hui, Jean-Marie Le Pen ne peut être plus clair. Dans ses Mémoires, il rappelle la ligne de la première publication officielle de son parti :

« Le National prit pour cible "la tricoteuse", comme il surnommait Simone Veil. Il l’accusait de viser à "dépeupler la nation pour la livrer au premier occupant" venu. Cette phrase est à la fois forte et injuste. Simone Veil mettait en route la substitution des peuples, mais elle ne le faisait pas toute seule, c’est le président et le gouvernement qui l’avait mandatée. La loi qu’ils lui firent porter fut l’un des actes majeurs de la Ve République, l’un des points d’inflexion de l’histoire de France. L’imposture Giscard ne fut pas une simple magouille électorale, le captage abusif des voix de la droite par routine démagogique, elle a mis au monde la France d’aujourd’hui, elle a lancé et conceptualisé le grand remplacement ».

Le Pen ne s’arrête pas là. Il cible le « féminisme […], à la fois un facteur de l’invasion/islamisation et une cible de l’islam. Sous l’influence féministe, nos femmes pensent et vivent autrement, elles font moins d’enfants produisant le vide où s’engouffre l’invasion. Mais la société ainsi façonnée devient la proie à la fois convoitée et méprisée des envahisseurs ».

Comme Fils de la nation, le tome 1 paru en 2018, Tribun du peuple est édité par les éditions Muller, une maison dirigée par Guillaume de Thieulloy. L’homme n’est pas n’importe qui dans l’histoire de l’extrême droite catholique. Cet ancien assistant de Jean-Claude Gaudin est également responsable du journal en ligne Les 4 Vérités et de divers sites tels l’Observatoire de la Christianophobie, Nouvelles de France, Riposte catholique ou Le Salon Beige.

Le 10 octobre 2019, l'éditeur de Jean-Marie Le Pen insiste. Sur le site Les 4 Vérités, Thieulloy souligne les apports de ce second tome des Mémoires, qualifié de « passionnant document pour l’histoire récente de notre pays ». Il note ainsi un « rapprochement dont nous n’avons plus l’habitude aujourd’hui : le lien entre avortement et dénatalité d’un côté et immigration de l’autre. La démographie n’est certes pas la seule raison de s’opposer à l’avortement. Mais, pour la survie du peuple français, il est impératif d’une part de stopper le grand remplacement et d’autre part de stopper le véritable génocide en cours (sait-on que plus de 10 millions de petits Français ont été légalement tués depuis 1975 ?) ».

L'ancien président du Front national ne cesse de le marteler : il ne regrette rien ou plutôt pas grand chose. Jean-Marie Le Pen revient à plusieurs reprises dans son livre « testament » sur ses sorties polémiques à commencer par celle du 13 septembre 1987, date à laquelle l'histoire du FN bascule en quelque sorte. Il qualifie alors sur RTL l’existence des chambres à gaz de « point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ». Il assume d'ailleurs aussi les multiples déclinaisons et répétitions du « détail », malgré ses condamnations. Ses commentaires d'aujourd'hui portent plutôt sur le dispositif législatif, les lois Pleven (1972) et Gayssot (1990) condamnant le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme. Selon Jean-Marie Le Pen, la loi Gayssot « a été utilisée ces dernières années de manière fort extensive pour assimiler toute tentative de défense de la nation à une incitation à la haine ». Ses critiques dénoncent avant tout la « dédiabolisation » enclenchée au début des années 2000 au « moment où le diable devient populaire ». Quoiqu'il en soit, dans ce livre de plus de 500 pages, l’ancien président du FN ne revient pas sur ses propos complotistes post-2000 (ici, et encore là).

Jean-Marie Le Pen n'oublie pas de régler ses comptes. Si certains sont égratignés, notamment Marine Le Pen, d’autres reçoivent un traitement de faveur. Parmi eux, un des anciens numéros 2 du FN et un des principaux diffuseurs des thèses négationnistes au sein de l’extrême droite française et internationale, François Duprat... qualifié « d’historien » par Jean-Marie Le Pen. Ce dernier précise dans son ouvrage qu’il se sent « plus proche aujourd’hui de Duprat » qu’il ne l’était alors. Et d'ajouter : « l’histoire du Front national, notamment depuis le détail, m’a rapproché de soucis et d’analyses qui alors lui étaient propres » ; une allusion transparente au négationnisme, dont Duprat fut le grand introducteur à l'extrême droite.

Le Pen rend également hommage à Alain Soral. Le fondateur d'Égalité & Réconciliation, un ancien du PCF condamné plusieurs fois, entre autres, pour injures raciales ou antisémites, provocation à la haine, la discrimination ou la violence, pour apologie de crimes de guerre et contre l'humanité et qui « travaillait avec le Front depuis 2005 » précise Jean-Marie Le Pen, est vu comme un « garçon brillant » qui « fut, avec son talent propre, un des maillons de la chaîne qui rattache les hommes honnêtes venus de la gauche au combat national, une fois qu’ils ont osé franchir le Rubicon ».

 

Voir aussi :

Le « Grand Remplacement » est-il un concept complotiste ?

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Tome 2 des Mémoires de Jean-Marie Le Pen (éd. Muller, 2019).

Le tome 2 des mémoires de Jean-Marie Le Pen vient de paraître. Intitulé Tribun du peuple, il prend comme point de départ l'année 1972, date de création du Front national (FN) et revient sur les principaux combats du parti lepéniste à travers le regard très personnel de son ancien président.

L'ouvrage nous plonge notamment dans la propagande passée et actuelle du FN dont un concept qui sert de fil rouge au parti : celui du Grand Remplacement, forgé par Renaud Camus. En décembre 2018, dans un entretien avec Valérie Igounet (directrice adjointe de la rédaction de Conspiracy Watch), Jean-Marie Le Pen concède : « Je ne l'avais pas synthétisé dans un concept percutant comme le Grand Remplacement, terme qui parle à l'imagination et qui reprend ma critique permanente et fondamentale de l'immigration massive avec l'islam conquérant ».

C'est donc très tôt que le FN exploite le thème de la « submersion démographique » au travers, d'une part, de la lutte contre l’immigration et d'autre part, la lutte contre l’avortement.

Quasi concomitant de l’apparition du FN, le thème de la « préférence nationale » s’accole, dans les propos, slogans et publications du FN, à celui de la « lutte contre l’immigration ». « Halte à l’immigration sauvage », stopper l’« invasion de la France par les indésirables » : les premiers mots d’ordre du FN et les suivants opèrent un parallèle entre la sécurité et l’intégration, l’insécurité et la lutte contre l’immigration.

Le FN choisit d'aborder l'immigration sous un angle précis : celui de sa visibilité. On peut lire par exemple sur une affiche anonyme intitulée « Inch’Allah », datée de 1987 et imprimée par le secrétaire général du FN Jean-Pierre Stirbois, ces quelques mots attribués à Hussein Moussawi, l'un des fondateurs du Hezbollah libanais : « Dans vingt ans, c’est sûr, la France sera une république islamique ».

Six ans plus tard, une publication interne au FN avance que les Français découvrent que l’immigration a évolué et assistent « aux premières tentatives orchestrées de colonisation, c’est-à-dire d’implantation en France de cultures étrangères autour de l’islam, devenue la deuxième religion du pays » (sic).

Jean-Marie Le Pen le dit ouvertement aujourd'hui : il lui manquait les termes pour conceptualiser le Grand Remplacement. Renaud Camus les a trouvés. « Substitution de population et de civilisation », « changement de population », etc., les références explicites au Grand Remplacement sont nombreuses dans Tribun du peuple. Dès l’introduction, l'ancien député européen prévient : « L’idéologie dominante peut estimer que le grand remplacement est une bonne chose, elle ne peut pas prétendre qu’il n’est pas un fait, que nous avons prévu voilà plusieurs décennies, en un temps où il était loisible aux princes qui nous gouvernent de l’éviter sans difficulté ». Quatre cents pages plus loin, il poursuit son offensive : « Rappelons juste que le nœud de notre destin est le grand remplacement ».

Jean-Marie Le Pen revient également sur l'un des combats-phares de son parti : la condamnation de l’avortement et l’abrogation de la loi Veil, relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) – qui dépénalise l’avortement en l'autorisant sous certaines conditions – promulguée le 17 janvier 1975. Il n'y a pas que les nombreuses attaques frontistes ad hominem contre la Ministre de la santé et l’ancienne déportée qualifiée de « Mme avortement ». Pour le FN, se battre contre l’avortement équivaut à lutter contre l’immigration : parce que le taux de natalité des femmes étrangères dépasse celui des femmes françaises, on assisterait à un « remplacement progressif des Français décimés par des hordes d’immigrés ». La logique frontiste des années 1970 suit : un « enfant français de moins, un immigré de plus » ! Il s’agit donc d’encourager la fécondité française – et non la « fécondité étrangère » – par le lancement d’une grande politique familiale. De cette façon, la « survie démographique du peuple français » serait assurée.

« Génocide »

Front national (première publication officielle du FN), 1974.

La sémantique du FN permet d’introduire d’autres luttes politiques, notamment sur le terrain du négationnisme. L’avortement et l’immigration constituent bien les « deux forces de la politique de génocide français et européen » que combat le parti d'extrême droite. Le FN dénonce l’« avorteuse » Simone Veil tout en développant l'idée d'une « véritable solution finale » menée contre les Français. Présent, journal proche des catholiques traditionalistes, suit la ligne frontiste et propose ce rapprochement entre l’« holocauste » et l’« extermination physique des enfants dans le sein de leur mère par toutes les formes d’avortement » ; des mots extraits d'un article du 5 mai 1990 tranquillement intitulé : « La solution finale ».

Autre exemple : à l'été 1996, Rémi Fontaine qualifie le choix britannique de supprimer plusieurs milliers d’embryons « surnuméraires » d’« horrible solution finale ». Il ajoute que ce « sacrifice officiel d’êtres humains, d’enfants, si minuscules soient-ils, est évidemment un crime contre l’humanité ». Présent fait partie de la presse « amie » du Front national et soutient Jean-Marie Le Pen.

Aujourd'hui, Jean-Marie Le Pen ne peut être plus clair. Dans ses Mémoires, il rappelle la ligne de la première publication officielle de son parti :

« Le National prit pour cible "la tricoteuse", comme il surnommait Simone Veil. Il l’accusait de viser à "dépeupler la nation pour la livrer au premier occupant" venu. Cette phrase est à la fois forte et injuste. Simone Veil mettait en route la substitution des peuples, mais elle ne le faisait pas toute seule, c’est le président et le gouvernement qui l’avait mandatée. La loi qu’ils lui firent porter fut l’un des actes majeurs de la Ve République, l’un des points d’inflexion de l’histoire de France. L’imposture Giscard ne fut pas une simple magouille électorale, le captage abusif des voix de la droite par routine démagogique, elle a mis au monde la France d’aujourd’hui, elle a lancé et conceptualisé le grand remplacement ».

Le Pen ne s’arrête pas là. Il cible le « féminisme […], à la fois un facteur de l’invasion/islamisation et une cible de l’islam. Sous l’influence féministe, nos femmes pensent et vivent autrement, elles font moins d’enfants produisant le vide où s’engouffre l’invasion. Mais la société ainsi façonnée devient la proie à la fois convoitée et méprisée des envahisseurs ».

Comme Fils de la nation, le tome 1 paru en 2018, Tribun du peuple est édité par les éditions Muller, une maison dirigée par Guillaume de Thieulloy. L’homme n’est pas n’importe qui dans l’histoire de l’extrême droite catholique. Cet ancien assistant de Jean-Claude Gaudin est également responsable du journal en ligne Les 4 Vérités et de divers sites tels l’Observatoire de la Christianophobie, Nouvelles de France, Riposte catholique ou Le Salon Beige.

Le 10 octobre 2019, l'éditeur de Jean-Marie Le Pen insiste. Sur le site Les 4 Vérités, Thieulloy souligne les apports de ce second tome des Mémoires, qualifié de « passionnant document pour l’histoire récente de notre pays ». Il note ainsi un « rapprochement dont nous n’avons plus l’habitude aujourd’hui : le lien entre avortement et dénatalité d’un côté et immigration de l’autre. La démographie n’est certes pas la seule raison de s’opposer à l’avortement. Mais, pour la survie du peuple français, il est impératif d’une part de stopper le grand remplacement et d’autre part de stopper le véritable génocide en cours (sait-on que plus de 10 millions de petits Français ont été légalement tués depuis 1975 ?) ».

L'ancien président du Front national ne cesse de le marteler : il ne regrette rien ou plutôt pas grand chose. Jean-Marie Le Pen revient à plusieurs reprises dans son livre « testament » sur ses sorties polémiques à commencer par celle du 13 septembre 1987, date à laquelle l'histoire du FN bascule en quelque sorte. Il qualifie alors sur RTL l’existence des chambres à gaz de « point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ». Il assume d'ailleurs aussi les multiples déclinaisons et répétitions du « détail », malgré ses condamnations. Ses commentaires d'aujourd'hui portent plutôt sur le dispositif législatif, les lois Pleven (1972) et Gayssot (1990) condamnant le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme. Selon Jean-Marie Le Pen, la loi Gayssot « a été utilisée ces dernières années de manière fort extensive pour assimiler toute tentative de défense de la nation à une incitation à la haine ». Ses critiques dénoncent avant tout la « dédiabolisation » enclenchée au début des années 2000 au « moment où le diable devient populaire ». Quoiqu'il en soit, dans ce livre de plus de 500 pages, l’ancien président du FN ne revient pas sur ses propos complotistes post-2000 (ici, et encore là).

Jean-Marie Le Pen n'oublie pas de régler ses comptes. Si certains sont égratignés, notamment Marine Le Pen, d’autres reçoivent un traitement de faveur. Parmi eux, un des anciens numéros 2 du FN et un des principaux diffuseurs des thèses négationnistes au sein de l’extrême droite française et internationale, François Duprat... qualifié « d’historien » par Jean-Marie Le Pen. Ce dernier précise dans son ouvrage qu’il se sent « plus proche aujourd’hui de Duprat » qu’il ne l’était alors. Et d'ajouter : « l’histoire du Front national, notamment depuis le détail, m’a rapproché de soucis et d’analyses qui alors lui étaient propres » ; une allusion transparente au négationnisme, dont Duprat fut le grand introducteur à l'extrême droite.

Le Pen rend également hommage à Alain Soral. Le fondateur d'Égalité & Réconciliation, un ancien du PCF condamné plusieurs fois, entre autres, pour injures raciales ou antisémites, provocation à la haine, la discrimination ou la violence, pour apologie de crimes de guerre et contre l'humanité et qui « travaillait avec le Front depuis 2005 » précise Jean-Marie Le Pen, est vu comme un « garçon brillant » qui « fut, avec son talent propre, un des maillons de la chaîne qui rattache les hommes honnêtes venus de la gauche au combat national, une fois qu’ils ont osé franchir le Rubicon ».

 

Voir aussi :

Le « Grand Remplacement » est-il un concept complotiste ?

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