Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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RFK, Ahmed Miktar, Soral, YouTube : l'essentiel de la semaine

Publié par La Rédaction10 juin 2018

Des gros titres aux petites infos passées inaperçues : ce qu’il fallait retenir de l’actualité des derniers jours en matière de conspirationnisme et de négationnisme.

OVER-COMPLOTISME. Dans une interview postée sur Youtube le 9 mai 2018, une « chercheuse » koweïtienne, Aisha Rshed, a pu expliquer que l’Iran était un instrument de la « franc-maçonnerie sioniste », créé pour détruire le monde arabe et l’islam. Elle a également affirmé que le Hamas avait été créé par le Mossad. Un festival de délires conspirationnistes qui laisse sceptique son interlocuteur (source : MEMRI, 9 mai 2018).

ONDES. Les alarmes sur certains sujets de santé publique peuvent avoir des effets négatifs. C’est ce que montre un article du sociologue Gérald Bronner sur le site Cerveau & Psycho à propos de la question de l’exposition aux ondes électromagnétiques : la dimension psychosomatique entraînée par un message d’alerte peut s’accompagner d’une souffrance physique bien réelle, repérable par IRM. Autrement dit, « certains individus souffrent bien, mais peut-être pas en raison de la cause qu’ils imaginent : on peut être malade de croyances » (source : Cerveau & Psycho, 28 mai 2018).

BUSINESS. Bien que de nombreuses études attestent l’innocuité des compteurs Linky, le déploiement à l’échelle nationale de ce système continue de susciter de nombreuses craintes dans la population. En cause, la question des risques liés aux ondes électromagnétiques. Sans grande critique à l’égard du caractère anxiogène de ces alertes, le quotidien Sud Ouest rapporte l’initiative de deux Bordelais qui ont mis au point un appareil pour se « protéger des ondes de Linky » au prix de 600 euros (source : Sud Ouest, 4 juin 2018). La contestation anti-Linky, c’est aussi un business…

PAYS IMAGINAIRE. Un professeur de l'École pratique des hautes études commerciales (EPHEC) de Bruxelles s'est livré à une expérience auprès de ses étudiants, auxquels il a laissé entendre que le Luxembourg n'était pas un véritable pays mais une création artificielle. Utilisant des éléments d'information authentiques, jouant sur l'imaginaire lié à l'oligarchie financière, l'enseignant a instillé le doute sur l'existence du Luxembourg en se contentant de poser des questions très orientées (source : RTBF, 4 juin 2018).

ITALIE. Le nouveau ministre de la famille du gouvernement italien a affiché le soir même de son investiture son opposition aux unions homosexuelles. Membre de la Ligue, proche du catholicisme intégriste, Lorenzo Fontana a souligné la volonté des homosexuels de « nous dominer et effacer notre peuple ». La déclaration a provoqué des remous au sein du gouvernement, qui a précisé, par la voix de Matteo Salvini, vice-président du Conseil des ministres et ministre de l’Intérieur, que la question ne figurait pas à l’agenda du gouvernement (source : Le Monde, 4 juin 2018).

FAKE NEWS. Maître de conférences à l'École normale supérieure, Mathias Girel propose une analyse sur le projet de loi sur les « fake news » actuellement en discussion au Parlement. Le philosophe y pointe notamment la caractérisation insuffisante à ses yeux de la notion centrale de « fausse information » et la nécessité d'objectiver la « mauvaise foi » : le Conseil d'État, dans sa lecture du projet, a en effet recommandé que l'action « soit systématiquement circonscrite aux cas dans lesquels il est établi que la diffusion de telles informations procède d'une intention délibérée de nuire. » Mathias Girel conclut sur ce qui apparaît à ses yeux comme le danger véritable : « il serait de croire que nous menons en ce moment le débat sur la place des connaissances fiables dans une démocratie, que nous avons en quoi que ce soit avancé dans une réflexion commune sur le souci du vrai. Ce débat est devant nous » (source : AOC, 4 juin 2018).

ROBERT F. KENNEDY. À l'occasion du cinquantième anniversaire de l'attentat contre Robert Fitzgerald Kennedy, le journal Le Point a publié un article faisant la part belle aux théories conspirationnistes. La main de la CIA, la présence d'un deuxième tireur, un assassin sous hypnose... l'inanité de ces théories a été établie de longue date comme le rappelle Nicolas Bernard dans un article pour Conspiracy Watch. Ressusciter des théories qui ont fait long feu pour satisfaire le goût ambiant pour les vérités alternatives : une inquiétante manière, pour la presse professionnelle, de faire de l'information... (source : Le Point, 5 juin 2018 ; Conspiracy Watch, 6 juin 2018).

DES IDÉES « CONTRE LE DOUTE GÉNÉRALISÉ ». À l’occasion de l’examen au Parlement de la loi sur les « fake news », débuté le 7 juin 2018, le média The Conversation a rendu accessible sur son site, en partenariat avec le Centre de recherche de l’université de Lorraine (CREM), une sélection de vingt articles sur cette thématique. Il est téléchargeable sous la forme d’un livre numérique divisé en cinq chapitres, d’une mise au point sur les notions à des propositions pour agir « contre le doute généralisé et les manipulations » (source : The Conversation, 7 juin 2018).

ANDRÉ BERCOFF. Dans Libération, Laurent Joffrin est revenu sur l’affaire Mamoudou Gassama et les réactions pour le moins sceptiques du journaliste André Bercoff à son sujet. Bercoff, sur CNews, avait remis en question la réalité du sauvetage par le jeune Malien venu au secours d’un enfant de quatre ans, accroché au balcon du quatrième étage d’un immeuble parisien. Dans une comparaison avec les théories complotistes relatives au 11-Septembre, le directeur de Libération démontre comment la rhétorique de son confrère « correspond en tout point aux canons habituels des questionnements complotistes » (source : Libération, 4 juin 2018). On mentionnera que le député Les Républicains de l’Eure, Ladislas Poniatowski, a relayé et commenté sur Twitter une photographie aux accents complotistes sur la même affaire, au sujet de laquelle il dit qu’elle « peut être la plus énorme fake news depuis le début de l’année 2018 » (source : L’Obs, 8 juin 2018).

AHMED MIKTAR. L'imam de la Grande mosquée de Villeneuve d'Ascq, Ahmed Miktar, a posté un dessin ouvertement complotiste sur son compte Facebook, présentant les organisations terroristes islamistes comme les marionnettes d'Israël et des États-Unis. Membre des Musulmans de France (anciennement UOIF), celui qui ne cache ni son admiration pour le fondateur du Hamas, le cheikh Yassine, ni son soutien à Tariq Ramadan, ne dissimule pas davantage son penchant pour la théorie de la domination du « lobby juif » (source : Conspiracy Watch, 8 juin 2018).

SORAL. Après avoir pris la décision de fermer la chaîne d’Alain Soral – un canal qui compte environ 100.000 abonnés –, YouTube l’a rapidement rétablie, sans commenter sa décision. Rappelons qu'une vidéo du site de Conspiracy Watch au sujet du négationnisme avait été suspendue de la plateforme avant d’être rétablie elle aussi, dans les mêmes délais et selon les mêmes modalités. Ce sont les nombreux signalements qui avaient conduit à cette censure temporaire avant que Youtube n’établisse leur dimension abusive. Le parallèle entre les deux affaires s’arrête là : le caractère complotiste et antisémite de la chaîne du militant d’extrême droite, condamné la semaine dernière à deux peines d’emprisonnement avec sursis pour provocation à la haine, rend particulièrement incompréhensible la volte-face de l'hébergeur, qui peine décidément à faire la distinction entre contenus légaux et illégaux (source : Conspiracy Watch, 8 juin 2018).

ALLEMAGNE. Comment des rappeurs dont plusieurs titres sont ouvertement conspirationnistes ont-ils pu être récompensés par le plus prix prestigieux prix musical d’Allemagne ? La rédaction de Conspiracy Watch revient sur une polémique qui a éclaté le 12 avril dernier, à l'occasion de la remise du prix Echo, et qui renvoie à l’existence outre-Rhin,  comme c’est le cas en France, d’un débat sur le « nouvel antisémitisme » (source : Conspiracy Watch, 8 juin 2018).

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Des gros titres aux petites infos passées inaperçues : ce qu’il fallait retenir de l’actualité des derniers jours en matière de conspirationnisme et de négationnisme.

OVER-COMPLOTISME. Dans une interview postée sur Youtube le 9 mai 2018, une « chercheuse » koweïtienne, Aisha Rshed, a pu expliquer que l’Iran était un instrument de la « franc-maçonnerie sioniste », créé pour détruire le monde arabe et l’islam. Elle a également affirmé que le Hamas avait été créé par le Mossad. Un festival de délires conspirationnistes qui laisse sceptique son interlocuteur (source : MEMRI, 9 mai 2018).

ONDES. Les alarmes sur certains sujets de santé publique peuvent avoir des effets négatifs. C’est ce que montre un article du sociologue Gérald Bronner sur le site Cerveau & Psycho à propos de la question de l’exposition aux ondes électromagnétiques : la dimension psychosomatique entraînée par un message d’alerte peut s’accompagner d’une souffrance physique bien réelle, repérable par IRM. Autrement dit, « certains individus souffrent bien, mais peut-être pas en raison de la cause qu’ils imaginent : on peut être malade de croyances » (source : Cerveau & Psycho, 28 mai 2018).

BUSINESS. Bien que de nombreuses études attestent l’innocuité des compteurs Linky, le déploiement à l’échelle nationale de ce système continue de susciter de nombreuses craintes dans la population. En cause, la question des risques liés aux ondes électromagnétiques. Sans grande critique à l’égard du caractère anxiogène de ces alertes, le quotidien Sud Ouest rapporte l’initiative de deux Bordelais qui ont mis au point un appareil pour se « protéger des ondes de Linky » au prix de 600 euros (source : Sud Ouest, 4 juin 2018). La contestation anti-Linky, c’est aussi un business…

PAYS IMAGINAIRE. Un professeur de l'École pratique des hautes études commerciales (EPHEC) de Bruxelles s'est livré à une expérience auprès de ses étudiants, auxquels il a laissé entendre que le Luxembourg n'était pas un véritable pays mais une création artificielle. Utilisant des éléments d'information authentiques, jouant sur l'imaginaire lié à l'oligarchie financière, l'enseignant a instillé le doute sur l'existence du Luxembourg en se contentant de poser des questions très orientées (source : RTBF, 4 juin 2018).

ITALIE. Le nouveau ministre de la famille du gouvernement italien a affiché le soir même de son investiture son opposition aux unions homosexuelles. Membre de la Ligue, proche du catholicisme intégriste, Lorenzo Fontana a souligné la volonté des homosexuels de « nous dominer et effacer notre peuple ». La déclaration a provoqué des remous au sein du gouvernement, qui a précisé, par la voix de Matteo Salvini, vice-président du Conseil des ministres et ministre de l’Intérieur, que la question ne figurait pas à l’agenda du gouvernement (source : Le Monde, 4 juin 2018).

FAKE NEWS. Maître de conférences à l'École normale supérieure, Mathias Girel propose une analyse sur le projet de loi sur les « fake news » actuellement en discussion au Parlement. Le philosophe y pointe notamment la caractérisation insuffisante à ses yeux de la notion centrale de « fausse information » et la nécessité d'objectiver la « mauvaise foi » : le Conseil d'État, dans sa lecture du projet, a en effet recommandé que l'action « soit systématiquement circonscrite aux cas dans lesquels il est établi que la diffusion de telles informations procède d'une intention délibérée de nuire. » Mathias Girel conclut sur ce qui apparaît à ses yeux comme le danger véritable : « il serait de croire que nous menons en ce moment le débat sur la place des connaissances fiables dans une démocratie, que nous avons en quoi que ce soit avancé dans une réflexion commune sur le souci du vrai. Ce débat est devant nous » (source : AOC, 4 juin 2018).

ROBERT F. KENNEDY. À l'occasion du cinquantième anniversaire de l'attentat contre Robert Fitzgerald Kennedy, le journal Le Point a publié un article faisant la part belle aux théories conspirationnistes. La main de la CIA, la présence d'un deuxième tireur, un assassin sous hypnose... l'inanité de ces théories a été établie de longue date comme le rappelle Nicolas Bernard dans un article pour Conspiracy Watch. Ressusciter des théories qui ont fait long feu pour satisfaire le goût ambiant pour les vérités alternatives : une inquiétante manière, pour la presse professionnelle, de faire de l'information... (source : Le Point, 5 juin 2018 ; Conspiracy Watch, 6 juin 2018).

DES IDÉES « CONTRE LE DOUTE GÉNÉRALISÉ ». À l’occasion de l’examen au Parlement de la loi sur les « fake news », débuté le 7 juin 2018, le média The Conversation a rendu accessible sur son site, en partenariat avec le Centre de recherche de l’université de Lorraine (CREM), une sélection de vingt articles sur cette thématique. Il est téléchargeable sous la forme d’un livre numérique divisé en cinq chapitres, d’une mise au point sur les notions à des propositions pour agir « contre le doute généralisé et les manipulations » (source : The Conversation, 7 juin 2018).

ANDRÉ BERCOFF. Dans Libération, Laurent Joffrin est revenu sur l’affaire Mamoudou Gassama et les réactions pour le moins sceptiques du journaliste André Bercoff à son sujet. Bercoff, sur CNews, avait remis en question la réalité du sauvetage par le jeune Malien venu au secours d’un enfant de quatre ans, accroché au balcon du quatrième étage d’un immeuble parisien. Dans une comparaison avec les théories complotistes relatives au 11-Septembre, le directeur de Libération démontre comment la rhétorique de son confrère « correspond en tout point aux canons habituels des questionnements complotistes » (source : Libération, 4 juin 2018). On mentionnera que le député Les Républicains de l’Eure, Ladislas Poniatowski, a relayé et commenté sur Twitter une photographie aux accents complotistes sur la même affaire, au sujet de laquelle il dit qu’elle « peut être la plus énorme fake news depuis le début de l’année 2018 » (source : L’Obs, 8 juin 2018).

AHMED MIKTAR. L'imam de la Grande mosquée de Villeneuve d'Ascq, Ahmed Miktar, a posté un dessin ouvertement complotiste sur son compte Facebook, présentant les organisations terroristes islamistes comme les marionnettes d'Israël et des États-Unis. Membre des Musulmans de France (anciennement UOIF), celui qui ne cache ni son admiration pour le fondateur du Hamas, le cheikh Yassine, ni son soutien à Tariq Ramadan, ne dissimule pas davantage son penchant pour la théorie de la domination du « lobby juif » (source : Conspiracy Watch, 8 juin 2018).

SORAL. Après avoir pris la décision de fermer la chaîne d’Alain Soral – un canal qui compte environ 100.000 abonnés –, YouTube l’a rapidement rétablie, sans commenter sa décision. Rappelons qu'une vidéo du site de Conspiracy Watch au sujet du négationnisme avait été suspendue de la plateforme avant d’être rétablie elle aussi, dans les mêmes délais et selon les mêmes modalités. Ce sont les nombreux signalements qui avaient conduit à cette censure temporaire avant que Youtube n’établisse leur dimension abusive. Le parallèle entre les deux affaires s’arrête là : le caractère complotiste et antisémite de la chaîne du militant d’extrême droite, condamné la semaine dernière à deux peines d’emprisonnement avec sursis pour provocation à la haine, rend particulièrement incompréhensible la volte-face de l'hébergeur, qui peine décidément à faire la distinction entre contenus légaux et illégaux (source : Conspiracy Watch, 8 juin 2018).

ALLEMAGNE. Comment des rappeurs dont plusieurs titres sont ouvertement conspirationnistes ont-ils pu être récompensés par le plus prix prestigieux prix musical d’Allemagne ? La rédaction de Conspiracy Watch revient sur une polémique qui a éclaté le 12 avril dernier, à l'occasion de la remise du prix Echo, et qui renvoie à l’existence outre-Rhin,  comme c’est le cas en France, d’un débat sur le « nouvel antisémitisme » (source : Conspiracy Watch, 8 juin 2018).

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