Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Jürgen Elsässer (capture d'écran Arte, 2017).

Jürgen Elsässer (1957 - ) est un journaliste et activiste allemand, rédacteur en chef du magazine souverainiste et conspirationniste Compact. Au cours de ces dernières années, il a adopté un positionnement de plus en plus proche du néonazisme.

Membre du parti maoïste allemand de 1976 à 1991, Elsässer a usé sa plume dans des journaux d'extrême gauche. Il fait partie des fondateurs du courant anti-Allemand (antideutsch), qui est marqué par sa critique de l'antisionisme de gauche et par son soutien à Israël, une originalité au sein des gauches européennes. Ce dernier a prospéré après la chute du Mur de Berlin.

Le courant antideutsch fonde ses analyses sur le rejet du nationalisme allemand qui a donné naissance au nazisme et débouché sur la Shoah. L'histoire de l'Allemagne est donc centrale dans ses positionnements. C'est dans cette lignée qu’à la fin des années 1990, Elsässer prend parti pour la Serbie dans la guerre qui l'oppose à l'Otan au Kosovo et apporte son soutien à Slobodan Milošević, les Serbes ayant été des victimes du Troisième Reich pendant la Seconde Guerre mondiale.

En 2006, Elsässer publie Comment le Djihad est arrivé en Europe, un livre préfacé par Jean-Pierre Chevènement et édité par Xenia, maison d'édition fondée par le Suisse Slobodan Despot. Dans une interview réalisée par Silvia Cattori et publiée sur Réseau Voltaire le 15 juin de la même année, il déclare :

« [Andreas von Bülow, Thierry Meyssan et moi] partageons la même opinion sur les évènements du 11 septembre 2001 : nous pensons que la version officielle n’est pas vraie. Toutes ces recherches combinées sont très utiles pour pouvoir continuer d’approfondir la réalité des faits. Ma spécialité est d’avoir fait le lien entre les guerres des Balkans et le 11 septembre, tandis que Thierry Meyssan a analysé l’attaque sur le Pentagone pour démontrer qu’elle était due à un missile et pas à un avion, et que von Bülow, lui, est arrivé à la conclusion que les avions étaient guidés par une balise. »

Elsässer est alors motivé par un anti-islamisme qui est là encore cohérent avec la ligne des Antideutsche. Ceux-ci, à rebours d’un certain discours anti-impérialiste et anticapitaliste populaire à l’extrême gauche tendant à faire de cette attaque un acte de résistance, considéraient au contraire dès cette époque que l’islamisme constituait une forme moderne de fascisme qu’il était nécessaire de combattre avec énergie.

Cependant, alors que les Antideutsche ont donné naissance à des mobilisations antifascistes fécondes outre-Rhin, Elsässer a commencé à partir de ce moment à opérer un basculement vers une vision de plus en plus droitisante, passant de l’anti-islamisme à une obsession pour les musulmans, puis pour les migrants en général et du mouvement antideutsch au nationalisme le plus désinhibé. Il a d'ailleurs relaté lui-même ce singulier parcours dans un livre autobiographique paru en 2022 au titre évocateur  : Je suis Allemand – Comment un gauchiste est devenu patriote.

En 2010, il fonde le magazine Compact qui affirme depuis une ligne éditoriale à la fois pro-russe, antiaméricaine (mais pro-Trump), nationaliste et xénophobe. Ce média proche de l’AfD écoulerait 40 000 exemplaires par mois et dispose d'une chaîne YouTube cumulant plus de 271 000 abonnés et presque 109 millions de vues.

Au fil des ans, la ligne éditoriale de Compact est devenue de plus en plus complotiste. Tout y passe : les francs-maçons, le « Grand Remplacement », le climatoscepticisme, le Covid-19, la Finance, le rejet de la culpabilité allemande s’agissant de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah, et son corollaire, les « crimes anti-allemands » des libérateurs américains (mais, curieusement, pas soviétiques)…

Il affiche désormais des thématiques ouvertement néonazies, tout en célébrant l’ascension de la politicienne de gauche anti-migrants Sarah Wagenknecht, dans la cadre d’un « Querfront » (front transversal) rouge-brun qu’il appelle de ses vœux, et qui réunirait sous une même bannière partisans de l’AfD et déçus du mouvement de gauche Die Linke. Thierry Meyssan est encore aujourd’hui un invité régulier des conférences organisées par Compact.

En 2014, Jürgen Elsässer a été, avec Ken Jebsen, l’une des figures des Vigiles pour la paix, un mouvemant teinté de conspirationnisme se réclamant de l’anti-impérialisme et dénonçant le pouvoir de la Réserve fédérale américaine.

 

IL A DIT :

« Le fascisme est une arme du capital international de la finance. Et celui qui dit : "Plus jamais de fascisme" doit aussi ajouter : "Plus jamais Wall Street, ni la City de Londres". La nouvelle dictature nazie est la dictature de la NSA. Cette pieuvre emprisonne le globe entre ses tentacules à l’aide de Google et d’autres géants de l’Internet et prépare le monde aux coups du militaire américain. Nous devons nous défendre, autant contre l’islamisation que contre l’israélisation, mais surtout, et en premier lieu, contre l’américanisation. »

Source : « Les Nouveaux visages de l’antisémitisme », documentaire de Joachim Schroeder et Sophie Hafner (Arte, 2017).

 

(Dernière mise à jour le 13/01/2024)

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Jürgen Elsässer (capture d'écran Arte, 2017).

Jürgen Elsässer (1957 - ) est un journaliste et activiste allemand, rédacteur en chef du magazine souverainiste et conspirationniste Compact. Au cours de ces dernières années, il a adopté un positionnement de plus en plus proche du néonazisme.

Membre du parti maoïste allemand de 1976 à 1991, Elsässer a usé sa plume dans des journaux d'extrême gauche. Il fait partie des fondateurs du courant anti-Allemand (antideutsch), qui est marqué par sa critique de l'antisionisme de gauche et par son soutien à Israël, une originalité au sein des gauches européennes. Ce dernier a prospéré après la chute du Mur de Berlin.

Le courant antideutsch fonde ses analyses sur le rejet du nationalisme allemand qui a donné naissance au nazisme et débouché sur la Shoah. L'histoire de l'Allemagne est donc centrale dans ses positionnements. C'est dans cette lignée qu’à la fin des années 1990, Elsässer prend parti pour la Serbie dans la guerre qui l'oppose à l'Otan au Kosovo et apporte son soutien à Slobodan Milošević, les Serbes ayant été des victimes du Troisième Reich pendant la Seconde Guerre mondiale.

En 2006, Elsässer publie Comment le Djihad est arrivé en Europe, un livre préfacé par Jean-Pierre Chevènement et édité par Xenia, maison d'édition fondée par le Suisse Slobodan Despot. Dans une interview réalisée par Silvia Cattori et publiée sur Réseau Voltaire le 15 juin de la même année, il déclare :

« [Andreas von Bülow, Thierry Meyssan et moi] partageons la même opinion sur les évènements du 11 septembre 2001 : nous pensons que la version officielle n’est pas vraie. Toutes ces recherches combinées sont très utiles pour pouvoir continuer d’approfondir la réalité des faits. Ma spécialité est d’avoir fait le lien entre les guerres des Balkans et le 11 septembre, tandis que Thierry Meyssan a analysé l’attaque sur le Pentagone pour démontrer qu’elle était due à un missile et pas à un avion, et que von Bülow, lui, est arrivé à la conclusion que les avions étaient guidés par une balise. »

Elsässer est alors motivé par un anti-islamisme qui est là encore cohérent avec la ligne des Antideutsche. Ceux-ci, à rebours d’un certain discours anti-impérialiste et anticapitaliste populaire à l’extrême gauche tendant à faire de cette attaque un acte de résistance, considéraient au contraire dès cette époque que l’islamisme constituait une forme moderne de fascisme qu’il était nécessaire de combattre avec énergie.

Cependant, alors que les Antideutsche ont donné naissance à des mobilisations antifascistes fécondes outre-Rhin, Elsässer a commencé à partir de ce moment à opérer un basculement vers une vision de plus en plus droitisante, passant de l’anti-islamisme à une obsession pour les musulmans, puis pour les migrants en général et du mouvement antideutsch au nationalisme le plus désinhibé. Il a d'ailleurs relaté lui-même ce singulier parcours dans un livre autobiographique paru en 2022 au titre évocateur  : Je suis Allemand – Comment un gauchiste est devenu patriote.

En 2010, il fonde le magazine Compact qui affirme depuis une ligne éditoriale à la fois pro-russe, antiaméricaine (mais pro-Trump), nationaliste et xénophobe. Ce média proche de l’AfD écoulerait 40 000 exemplaires par mois et dispose d'une chaîne YouTube cumulant plus de 271 000 abonnés et presque 109 millions de vues.

Au fil des ans, la ligne éditoriale de Compact est devenue de plus en plus complotiste. Tout y passe : les francs-maçons, le « Grand Remplacement », le climatoscepticisme, le Covid-19, la Finance, le rejet de la culpabilité allemande s’agissant de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah, et son corollaire, les « crimes anti-allemands » des libérateurs américains (mais, curieusement, pas soviétiques)…

Il affiche désormais des thématiques ouvertement néonazies, tout en célébrant l’ascension de la politicienne de gauche anti-migrants Sarah Wagenknecht, dans la cadre d’un « Querfront » (front transversal) rouge-brun qu’il appelle de ses vœux, et qui réunirait sous une même bannière partisans de l’AfD et déçus du mouvement de gauche Die Linke. Thierry Meyssan est encore aujourd’hui un invité régulier des conférences organisées par Compact.

En 2014, Jürgen Elsässer a été, avec Ken Jebsen, l’une des figures des Vigiles pour la paix, un mouvemant teinté de conspirationnisme se réclamant de l’anti-impérialisme et dénonçant le pouvoir de la Réserve fédérale américaine.

 

IL A DIT :

« Le fascisme est une arme du capital international de la finance. Et celui qui dit : "Plus jamais de fascisme" doit aussi ajouter : "Plus jamais Wall Street, ni la City de Londres". La nouvelle dictature nazie est la dictature de la NSA. Cette pieuvre emprisonne le globe entre ses tentacules à l’aide de Google et d’autres géants de l’Internet et prépare le monde aux coups du militaire américain. Nous devons nous défendre, autant contre l’islamisation que contre l’israélisation, mais surtout, et en premier lieu, contre l’américanisation. »

Source : « Les Nouveaux visages de l’antisémitisme », documentaire de Joachim Schroeder et Sophie Hafner (Arte, 2017).

 

(Dernière mise à jour le 13/01/2024)

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