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La France suffoque déjà : 38 °C à Lyon le 12 juin, soit +8 °C sur les normales saisonnières selon Météo-France. Mais sur les plateaux, on soupçonne la palette de couleurs plutôt que la chaleur. Ainsi, des chroniqueurs et des éditorialistes ont, cette semaine, accusé les cartes météo de virer « rouge sang » dans le seul but de créer une panique artificielle. Sur X, l’agro-climatologue Serge Zaka (qui était venu dans notre émission Les Déconspirateurs) rappelle : si le dégradé s’assombrit, c’est simplement que de nouveaux seuils entrent dans l’échelle et que l'écart entre les températures relevées et les normales saisonnières augmente.
Reste que ce doute chromatique entretient un terrain déjà très miné par une forme de défiance des Français vis-à-vis de la Science. Dans le dernier baromètre ADEME, 46 % des Français se déclaraient « hésitants » et 11 % « sceptiques » quant à l’origine humaine du réchauffement climatique, soit 57 % au total (contre 32 % en 2015). Une progression préoccupante du climato-scepticisme favorisé, aussi, par les fake news assénées avec un ton péremptoire sur les plateaux et les réseaux.
La recette est connue : déplacer la querelle du fond vers la forme, harceler le messager et taxer la pédagogie scientifique de « propagande ». Pendant qu’on ergote sur des pixels, la réalité s’embrase : +1,9 °C l’été depuis 1900. Dans son roman extraordinaire, Le Déluge, publié l'an dernier, Stephen Markley narre ce que le déni et la désinformation peuvent engendrer. Dans cette fresque polyphonique de 1000 pages d'une puissance rare, l'auteur met en scène des climatologues, des lobbyistes, des hackers, des politiques et des activistes de 2019 à 2040, disséquant la fabrique du doute : think tanks pro-énergies fossiles, bots, médias en quête de clash. Et dans une image, Markley résume : « Lorsqu'on milite pour le climat, on ne peut s'empêcher de voir dans la météo une force complice, un monstre qui s'approche de la cabane dans les bois tandis que les autres convives vous soutiennent mordicus que personne ne vous attend dehors avec une hache. »
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