Petit cours de rhétorique complotiste avec le professeur Ramadan…
Tariq Ramadan était, ce lundi 24 août, l’invité de BBC Afrique. Après avoir jugé « intolérables » les agissements de l’organisation Etat islamique et de Boko Haram, l’islamologue suisse appelle à en faire « l’analyse critique ». Interrogé sur les solutions qu’il préconise, il plaide rapidement pour un travail d’éducation et de justice sociale, avant de glisser subrepticement vers une forme larvée de conspirationnisme qui occupe la moitié des 4 minutes de son intervention.
Tariq Ramadan se réclame des « faits ». Aussi commence-t-il par énoncer un fait incontestable tout en utilisant un procédé rhétorique qui a cours dans les prétoires depuis Cicéron (le fameux « Cui bono ») :
« Au bout du compte on doit quand même se poser la question de savoir qui tire profit de tout ça. Je veux dire : ce ne sont pas les musulmans. Les musulmans sont les premières victimes… C’est eux. Si on compte les morts, y’a dix fois plus voire peut-être vingt fois plus de musulmans qui meurent par la main de violents extrémistes musulmans que l’Occident. Et donc là, de ce point de vue-là, c’est quand même à nous aussi d’être très clairs sur comment trouver des solutions à ces problèmes ».
La perche ainsi tendue à son intervieweur, celui-ci l’engage à mettre franchement les pieds dans le plat : « Des analystes accusent certaines puissances d’être derrière Daesh, derrière Boko Haram… »
Ce à quoi l’islamologue répond en deux temps, concédant tout d’abord une condamnation formelle du conspirationnisme (« il faut faire attention à ne pas verser dans la paranoïa ») avant de prendre immédiatement le contre-pied de ce qu’il vient d’affirmer pour suggérer l’idée d’un vaste complot contre la religion musulmane :
« Mais maintenant, si vous regardez les faits, si vous regardez comment s’installent ces réseaux, si vous savez où ils s’installent, quelle est leur histoire, leur financement, n’importe quelle personne douée de raison et raisonnable ne peut pas ne pas parvenir à la conclusion que ces gens-là ne travaillent pas tout seuls, qu’il y a effectivement des gens et des forces qui sont en train de nourrir ceci, qui en tirent des intérêts.
Donc, encore une fois, je veux dire, je vous parle de faits ici. On a vu, dans certains mouvements extrémistes violents qui se sont installés aux Etats-Unis des études qui ne sont même pas faites par les musulmans, qui sont faites par les organisations américaines, l’ACLU (American Civil Liberties Union), ce sont des gens qui sont sérieux sur ces questions-là. Et qui vous mettent en évidence que des services de renseignement nourrissent. Et, quand on leur dit : « Mais comment est-ce que vous nourrissez ceci, vous poussez, vous avez des infiltrants – c’est-à-dire des gens qui entrent à l’intérieur et qui poussent -, ensuite vous nous dites que vous condamnez ?! ». Vous savez ce qu’ils nous répondent ? Ils nous répondent : « Nous les poussons pour voir jusqu’où ils vont ».
Et il y a, aujourd’hui, des gouvernements, des services de renseignements, et des personnes, des groupuscules, qui tirent profit à l’alimentation de cette violence. Déjà, aussi, quelque chose de très important, c’est de faire en sorte que l’islam ne soit pas considéré comme une religion comme les autres mais un problème qui s’ajoute à d’autres problèmes. (…)
Je ne sais pas si vous avez entendu parler de ce qui s’est passé aux Etats-Unis où à un moment donné on soupçonne un certain nombre de personnes d’avoir agi sous l’effet de la drogue. Donc il y a plusieurs facteurs, c’est très complexe, c’est une affaire extrêmement complexe. Et donc il faut absolument que les musulmans ne s’arrêtent pas à condamner passivement mais à chercher des solutions très pratiques. »
Dans son évocation des « infiltrants » (sic), Tariq Ramadan fait référence de manière transparente à une pratique en vigueur aux Etats-Unis (parfaitement légale au demeurant) et dénoncée par des associations de défense des droits de l’homme comme l’ACLU et Human Rights Watch.
Contrairement à l’islamologue pourtant, qui s’est illustré à plusieurs occasion pour ses commentaires complotistes (ici, là ou encore là), aucune de ces organisations ne laisse entendre que la violence djihadiste serait fabriquée de toutes pièces par « des services de renseignements » (lire : Le FBI, les complotistes et la « fabrication » du terrorisme).
Voir aussi :
Ah oui, ça c’est sûr que les premières victimes de l’islam sont ceux et celles qui vivent sous sa loi, qu’ils soient musulmans ou non, comme les homosexuels pendus en Iran ou les coups de fouets reçus pour « outrage à la religion » en Arabie, et j’en passe et des meilleurs qui se déroulent un peu partout dans les pays où l’islam est la religion majoritaire de la société et officielle de l’État. Pas besoin de Daech ou de Boko Haram…
Ça fait même 1436 ans que ça dure, monsieur Ramadan !
Effectivement, toujours ce procédé rhétorique usé jusqu’à la corde du « cui bono »…
Mais dégonflons la baudruche qui se croit maline. Pour Ramadan le crime ne profitant pas aux musulmans car « premières victimes » alors il doit y avoir « certaines puissances derrière Daesh, derrière Boko Haram… ».
Bien entendu, les puissances visées ne sont pas à chercher du côté de richissimes pays musulmans comme l’Arabie saoudite ou le Qatar avec leur pratique salafiste de l’islam qu’ils financent à travers le monde entier. Ni du côté de l’islam tout autant conquérant, brutal et intolérant des mollahs iranien…
En fait l’argument de Ramadan se résume à ceci, un simple sophisme : comme un musulman ne peut pas faire de mal à un autre musulman et que les musulmans souffrent de Daech et Boko Haram ALORS d’autres que des musulmans doivent réellement diriger ces deux derniers…
Le crime ? mais il profite tout simplement aux criminels musulmans de Daech et Boko Haram qui veulent le pouvoir et la domination sur des populations musulmanes pour y imposer leur loi et leur volonté. En l’occurrence la sharia la plus rigoriste.
Et c’est très classique ça, monsieur Ramadan, dans l’histoire de l’humanité qu’une minorité violente et déterminée prenne le pouvoir pour imposer sa loi à la majorité. Pas besoin qu’elle vienne de la planète Mars ni toujours d’Occident…
Il n »y a rien de plus qui m »agace que ces gens qui voient des complots partout…. Aujourd »hui j »ai découvert que ceux qui prennent tout le monde pour des adeptes aux théories de complots m »énervent tout autant !
Remarque déplacée « Stéphanie », surtout sur ce site, car en l’occurrence Ramadan est bien un adepte du complot américano-sioniste et occidental visant à discréditer l’islam et les musulmans. Pour Ramadan, le « crime » ne profitant pas aux musulmans, il doit donc y avoir « d’autres puissances » à l’œuvre. En excluant les esquimaux et les martiens, je vous laisse deviner lesquelles…
Ce à quoi on peut répondre simplement et avec un peu de bon sens qu’effectivement l’application stricte de la « sharia » et le retour au mode de vie du VII siècle en Arabie, ne profitent pas aux musulmans d’aujourd’hui…
Cher André mais oui le crime profite aux musulmans, car c »est vrai que nous révons d »un retour au moyen âge mais il faut arrêter de dire n »importe quoi!!! Malheureusement il semblerait que mon message soit limiter contrairement aux votre
Ce qui est bien dommage car j’aurais pas mal de chose à vous exposé