D’un côté, Charles Enderlin, le journaliste de France 2 qui a commenté les images de la mort de Mohammed al-Dura, 12 ans, dans un échange de tirs entre Israéliens et Palestiniens, le 30 septembre 2000. Son sujet, diffusé au journal de « 20 Heures », a fait le tour du monde.
De l’autre Philippe Karsenty, adjoint au maire de Neuilly-sur-Seine et porte-parole du Parti libéral démocrate (PLD), qui défend avec ferveur, et dans le monde entier, la thèse de la mise en scène. Il pense, et il est loin d’être isolé, que les « rushes » tournés ce jour-là par le vidéaste Talal Abu Rahma, au carrefour de Netzarim (Gaza), montrent des scènes jouées. (…)
Lire la suite sur Rue89.
Voir aussi :
* Charles Enderlin, protagoniste et analyste de l’affaire Al-Dura
* L’Affaire Al-Dura et la tentation conspirationniste
Bonjour,
L’affaire al Dura mérite mieux que l’article de Rue89 qui est évidemment à décharge d’Enderlin, et qui présente l’histoire de façon malhonnête.
Voici le lien qui donne d’autres explications sur ce reportage :
http://www.conspiracywatch.info/Affaire-al-Dura-Philippe-Karsenty-essaye-de-prouver-sa-bonne-foi_a987.html?com#comments
Comme ce site est payant, je me propose, si vous le souhaitez, de le copier dans ces colonnes.
Cordialement
Désolé, erreur de manipulation. Voici le vrai lien :
http://www.menapress.org/mohammed-dura-nul-ne-peut-arr-ter-la-marche-de-la-v-rit-info-011701-13.html
“De son côté, Charles Enderlin a rappelé que son caméraman pouvait circuler partout en Israël : or, s’il y avait le moindre doute sur son honnêteté, jamais les services secrets ne lui laisseraient une telle liberté.”
Qu’entend-il par là ? Israël ne serait pas une démocratie ? On n’aurait pas le droit d’y circuler lorsque sa culpabilité n’est pas prouvée ? Rhooo. Pas bien.
On notera l’impartialité du “journaliste” de Rue89, mais qui cela étonnera.
Sur le fond, ce procès n’apporte rien de nouveau dans le débat. La condamnation de Karsenty montrera au mieux que ses preuves sont insuffisantes, mais pas que sa thèse est fausse. Quant à appeler sa thèse “théorie du complot”, c’est également discutable. Un malheureux montage vidéo de propagande n’a jamais fait une conspiration.
Avec une justice qui a acquitté Bousquet, qui a autorisé la reparution du torchon antisémite d’Israël Shamir “L’autre visage d’Israël”, qui a blanchi Dieudonné à 18 reprises avant de le condamner, Charles Enderlin n’a pas de soucis à se faire.
Il fait partie du dispositif du Quai d’Orsay et autres mouches du coche européennes, qui cherchent à peser sur l’électorat israélien, au même titre que Michel Warshawski, par un pilonnage médiatique qui reste essentiellement franco français (l’Affaire Al Dura n’a fait que quelques entrefilets dans la presse israélienne), à l’aide d’un financement totalement disproportionné, et néanmoins transparent (en dépit de l’inexplicable obstruction des politiciens israéliens), régulièrement suivi par http://www.ngo-monitor.org/ngo_index.php?letter=A . Ce qui exclut la qualification de conspirationnisme pour des opérations de routine de barbouzerie ordinaire. Même la Fondation Ford, naguère en 1ère ligne contre Allende, participe au financement d’activités d’ONG imbibées de l'”esprit de Durban”.
L’attribution de la légion d’honneur à Charles Enderlin, ainsi que la sentence de la Cour Suprême d’Israël déboutant la demande de révocation de sa carte de presse montrent la communauté d’intérêt entre la haute administration française et le lobby propalestinien israélien, dont l’activisme est disproportionné au regard de son poids électoral. On cherche à paraphraser Berthold Brecht “Puisque le peuple vote contre l’élite, il faut remplacer le peuple”.
Il s’agit bien d’une théorie du complot : affirmer que, depuis plus de 10 ans, les multiples personnes qui auraient couvert ce que vous appelez une “opération de barbouzerie”, un “montage de propagande” et que d’autres appellent une “mise en scène”, seraient tous liées par le silence sans que ni les services israéliens ni personne d’autre ne soit parvenu à démontrer que Mohamed Al-Dura n’est pas mort ce jour-là ou qu’il a été abattu sciemment par des tireurs palestiniens, c’est une théorie du complot.
Je ne sais pas d’où venaient les tirs, personne ne le sait et personne ne le saura de toute évidence jamais car le lieu du drame a été rasé une semaine plus tard et toute reconstitution dans les conditions exactes de l’époque s’en trouve irrémédiablement compromise. Enderlin a par ailleurs demandé des autorisations pour pouvoir interviewer les soldats israéliens qui étaient dans le fortin en face des Al-Dura, il ne les a jamais obtenues. Il ne s’agit pas de défendre Enderlin contre ses accusateurs. Il s’agit de défendre une idée de la vérité, une idée modeste de la vérité. Je ne sais pas dans quelles circonstances exactes cet enfant est mort mais je ne vois pas de raison sérieuse de remettre radicalement en cause la version qui en a été donnée par Enderlin. Après tout, vous non plus vous n’y étiez pas. Pas plus que Shahaf, Doriel, Karsenty et le président du CRIF.
Ce que je peux dire en revanche, c’est que rien ne ressemble plus à une théorie du complot qu’une autre théorie du complot et que, mutatis mutandis, les arguments complotistes sur l’affaire Al-Dura sont de la même eau que les arguments complotistes sur le 11-Septembre par exemple. Parmi vous trois, je sais qu’il y en a un, Quidam, qui en conclut que cela signifie qu’on continue de nous mentir sur le 11-Septembre. Mais pour les deux autres ?
Rudy Reichstadt> Il y a des nuances de taille ici par rapport à d’autres sujets “conspirationnistes”. Notamment, il n’y a pas de position franche des autorités dans cette affaire. Et cela est perturbant pour quelque côté que l’on soit.
En réalité, très peu de personnes sont concernées par le coeur de l’affaire, les faits mêmes, qui confinent au fait divers. Enderlin, par exemple, n’en fait pas partie, ni Arlette Chabot, ni beaucoup d’autres gens venant se greffer à la controverse, dont les interventions ne sont que des avis, plus ou moins partiaux, et pas des témoignages directs. Il y a tous les jours des meurtres non élucidés par manque de preuves. On ne les désigne pas comme conspiration pour autant. Quant à dire que les services israéliens n’ont pas réussi à faire de démonstration depuis 10 ans, c’est sous-entendre que ce serait là leur volonté. Les autorités n’ont pas manifesté beaucoup de signes dans ce sens, semblant même plutôt mal à l’aise.
On peut interpréter le silence d’Israël comme un aveu. Mais on peut aussi se dire qu’un journaliste professionnel qui fait son travail correctement et qui n’a rien à se reprocher peut aisément venir défendre son travail. La démarche de Karsenty est intellectuellement honnête et rationnelle. Il n’est pas spécialement agressif ou intimidant, plutôt isolé même. Quel problème y a-t-il à venir débattre avec lui ?
Lorsqu’on connaît un peu le métier de JRI, on sait que les rushes répondent à un certain protocole, notamment un timecode, sorte de tatouage numérique qui garantit l’intégrité des images prises. Il y a également une façon de filmer chez un professionnel qui n’est pas celle d’un reporter amateur. Un journaliste “pense” ses images, il ne shoote pas au hasard. L’absence de certaines séquences dans les rushes ne s’explique pas dans le cadre d’un reportage normal. Par ailleurs, les questions que pose Karsenty sur l’incohérence des scène filmées (des jeunes semblant s’amuser à monter et descendre des ambulances) restent également sans réponse. Et ainsi que je l’évoquais dans un précédent commentaire sur l’affaire (cf : commentaire n°21 http://www.conspiracywatch.info/Charles-Enderlin-protagoniste-et-analyste-de-l-affaire-Al-Dura_a575.html?com#comments ), ce type de mise en scène filmée de propagande est courante en Palestine.
Rudy, je suis suffisamment au courant des méfaits des théories du complot pour refuser d’ajouter quelque quantité que ce soit à ce flux inepte et nauséabond. Mon soutien fréquent à votre site en témoigne.
La mort supposée de Mohamed Dura par des tirs prétendument israéliens est loin d’être insignifiante. Rappelons juste qu’elle a été un détonateur commode saisi par les Arabes de Palestine pour bouter le feu à l’intifada, le prétexte à l’égorgement en direct de Daniel Pearl, sans oublier le symbole de “la-juste-lutte-de-l’islam-contre-l’entité-sioniste-tueuse-d’enfants”.
Cette affaire a au moins eu le mérite de mettre en relief l’attitude de France 2, d’Enderlin, du Syndicat National des Journalistes. Il est à présent devenu évident que la plupart de ces derniers sacrifient sans état d’âme leur déontologie professionnelle à un exposé partisan et idéologique des faits dès lors qu’il est question du conflit israélo-arabe.
Il se trouve que le double standard appliqué au seul Israël rencontre opportunément les vœux de la quasi-totalité des chancelleries.
Je ne vois évidemment pas une théorie du complot, mais une collusion assez ignoble d’intérêts différents.
@ Rudy ” ni les services israéliens ni personne d’autre ne soit parvenu à démontrer que Mohamed Al-Dura n’est pas mort”: vous exigez de l’accusé, Tsahal, une preuve impossible, car si cadavre il y a, il se trouve, ainsi que les projectiles, entre les mains d’organisations palestiniennes. Vous connaissez la règle absolue du code de procédure pénale français: Ce n’est pas à l’accusé de fournir les preuves de son innocence, mais à l’accusateur de prouver sa culpabilité; faute de quoi on revient aux méthodes de l’Inquisition. Rien ne vous interdit de croire en l’honnêteté professionnelle d’Enderlin, comme rien ne vous interdit de croire que le Prophète est monté au ciel depuis la mosquée al Aqsa sur le dos de sa jument ailée Al Buraq: c’est une question de foi, mais pas une démonstration scientifique, car avec un bon Photoshop, France Télévisions est à même de vous présenter une vidéo de l’évènement.
” On a aucune preuve concrète mais comme ce meurtre a été bien embêtant pour le gouvernement Israélien alors c’est forcément une manipulation des palestiniens, de charles Enderlin ainsi que de la justice française. “
@ kravi (#7) : Ecoutez, je ne méconnais pas le pouvoir de disqualification de l’expression “théorie du complot” et je sais à quel point elle doit être utilisée avec précaution au risque de ne plus rien vouloir dire du tout. Mais, en l’occurrence, la thèse défendue par Karsenty (une pure mise en scène faite au moyen d’un chiffon rouge et avec la complicité active du père, des JRI présents sur place, des brancardiers, des médecins, etc.) répond bien à cette définition. Et il y a un moment où il faut appeler un chat un chat. Les partisans de la théorie du complot sur le 11-Septembre ont des arguments très voisins des vôtres. Vous paraphrasant, ils pourraient dire que : “le 9/11 a été le détonateur commode saisi par les Américains pour faire la guerre en Afghanistan et en Irak, pour diaboliser les musulmans à travers la “guerre contre le terrorisme” et que la diabolisation des “Truthers” a eu le mérite de mettre en relief l’attitude des grands médias et de la corporation journalistique qui sacrifient leur déontologie à un exposé partisan et idéologique des faits. Et de conclure qu’il n’y a là aucune théorie du complot, mais une collusion assez ignoble d”intérêts différents”…
@ Wilaya4 (#8) : Je n’exige rien de Tsahal. D’autant que je n’accuse personne. Je le répète, on ne retrouvera probablement jamais les balles qui ont tué Mohamed Al-Dura et on ne pourra jamais reconstituer la scène. En revanche, il ne me paraît pas contestable que Mohamed Al-Dura est mort dans ces échanges de tirs. Quoi que vous en disiez, il y a quand même des images (vous y voyez une scène jouée, j’y vois un adulte et un enfant essuyer des tirs à balles réelles), des témoins, des documents médicaux et légaux, une famille…
Vous pouvez, à la suite de N. Shahaf et de Y. Doriel, accuser ces témoins et chacun des protagonistes (médecins, infirmiers, etc.) de mentir et de conspirer en vue de faire prospérer ce mensonge depuis plus de 10 ans. Vous pouvez aussi accuser Enderlin de s’être fait duper par son cameraman, voire de couvrir sciemment une mise en scène. Mais j’ai envie de vous répondre : « ce n’est pas à l’accusé de fournir les preuves de son innocence, mais à l’accusateur de prouver sa culpabilité ».
Au-delà de la pirouette, si les tenants de la thèse de la mise en scène avaient des éléments solides permettant de penser que l’enfant n’est pas mort (par exemple un test ADN sur la dépouille enterrée sous le nom de Mohamed Al-Dura prouvant qu’il ne s’agit pas de Mohamed Al-Dura), alors la charge de la preuve s’inverserait. Mais on est très, très loin de ça. Jusqu’à maintenant, les doutes des partisans de Karsenty ne reposent sur aucune enquête. Juste sur la dissection des rushes de Talal Abu Rahmeh et de quelques autres images prises par des JRI ce jour-là.
@ Wilaya4
Jusqu’à preuve du contraire (c’est une nuance importante puisque je ne crois rien gratuitement), Enderlin, ce jour-là comme d’habitude, n’a fait que son travail, il a pris la parole dans son reportage, non pas dans le but d’accuser qui que soit et sans preuve ni dans le but de faire un exposé scientifique, mais dans le but d’informer en s’efforçant plus ou moins d’être juste et sans prétendre à la perfection. Et il a parlé d’une balle tuant un enfant, venant du camp israélien, c’était son sentiment. Flûte ! il n’a pas dit “probablement”. Une “erreur” que l’on pardonne dans 99% des reportages que l’on peut voir à la télévision, qu’on ne pardonne plus quand des fanatiques tuent sous le prétexte de venger un enfant. Enderlin pense aux conséquences de ses paroles, même s’il n’est évidemment pas responsable de tueries, c’est le fanatisme qui l’est. Pourtant, il l’a dit. Mais alors quoi ? Il faudrait inonder les journaux de toutes les saloperies que les islamistes commettent, et sans aucun problème aussi de toutes les bourdes que commettent des Palestiniens pourtant non extrémistes au risque de les amalgamer avec des islamistes, mais par contre il faudrait taire, dans un reportage tout public, qu’une balle israélienne peut malencontreusement toucher un enfant, alors que des tirs israéliens touchant des innocents, c’est une triste réalité que Tsahal connaît et endure, quels que soient les responsables de cette guerre ? C’est ridicule. Aujourd’hui on ignore qui a tiré cette balle, mais Enderlin, qui était là, dit ce qu’il pense, sans prendre parti ce faisant. Et il montre la dégueulasserie de la guerre, il ne montre pas la dégueulasserie de Tsahal. Cependant, deux catégories de gens (ou quatre, selon les goûts) aux constructions mentales parfois bancales prennent ce reportage par le mauvais bout et le trouvent accusateur et anti-israélien : les antisionistes (et certains antisémites) d’un côté, et les petits cercles communautaristes et nationalistes juifs volontiers méfiants envers la cause palestinienne de l’autre (quand ce ne sont pas quelques olibrius judéocentrés et islamophobes). Qu’elle soit juive, arabo-musulmane ou autre, je pense qu’une personne normalement constituée et qui n’est pas particulièrement engagée comprend Enderlin et ne se met pas à le suspecter, lui ou son caméraman.
J’ai commencé par dire “jusqu’à preuve du contraire”, car contrairement à ce que vous suggérez dans un argument délirant en inversant les rôles (et en faisant passer Rudy pour je-ne-sais-qui, qui exige des preuves, qui croit purement et simplement en l’honnêteté d’Enderlin quand c’est vous qui croyez en sa malhonnêteté ou, pour le moins, sa naïveté), vous êtes l’accusateur et vous ne pouvez pas raconter sans preuve que le reportage est une effroyable mise en scène avec un mort qui ne l’est pas. Jusqu’à preuve du contraire, Enderlin présente des reportages qui ne sont pas des mises en scène. Cela ne signifie pas qu’il est clean, Enderlin. Cela signifie que vous devez fournir la preuve.
Cela vous touche-t-il que Quidam, ici dans son rôle de conspirationniste plus que dans son rôle d’antisémite, prenne la défense de Karsenty ? Et une dernière chose : vous osez comparer le traitement judiciaire de cette affaire à l’affaire Bousquet, puis aux cas Shamir et Dieudonné, sans précaution, et déjà on hurle devant votre manière de présenter les choses, mais je trouve surtout étrange que vous repreniez cet apparent mensonge de la propagande antisémite dieudonnesque des 20 (ou 18, ou 22) relaxes que vous appelez “blanchiment” semble-t-il. Vous pouvez nous expliquer ? Accessoirement, je ne savais pas que “L’autre visage d’Israël” pouvait aujourd’hui librement paraître dans nos boutiques. Vous pourriez me donner, s’il vous plaît, la preuve de l’ “autorisation” de la “justice” ?
Ce Karsenty semble de toute évidence un néocon à la française :
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/765686-investiture-d-obama-le-florilege-reactionnaire-d-un-elu-francais-sur-i-tele.html
Pas surprenant donc de le voir reprendre à son compte leurs théories du complot voyant partout agir des gauchistes pro-palestiniens/antisémites.
@Rudy ” il y a quand même des images” : effectivement, et elle montrent un trépied de caméra derrière les Al Dura, exactement dans l’axe de tir du poste israélien. Cette présence incongrue est expliquée par d’autres images dont vous ne souhaitez visiblement pas tenir compte. Tournées quelques instants avant celles de Talal abu Rahmé par l’équipe Associated Press, elles montrent les Al Dura prépositionnés derrière le baril, attendant le tournage de la scène. http://www.youtube.com/watch?v=XGYxLWUKwWo&list=PL0457A95073E28BD8 , à la 5ème minute
Et le drapeau qui flotte ? Vous en avez parler du drapeau qui flotte sans vent ? Ah on ne me l’a fera pas à moi !
Le concept de conspirationnisme a été inventé à des fins de disqualification rhétorique du débat politique. Et la controverse Al Dura démontre cela mieux qu’aucune autre.
Vous remarquerez notamment qu’en général, dans les théories du complot, ce sont les contestataires de la version officielle qui parlent de complot. Dans le cas de l’affaire Al Dura, c’est l’inverse, vous ne trouverez pas le terme “complot” dans la bouche de ceux qui contestent la véracité du reportage. Ils parlent de “simple mise en scène”.
Enderlin s’est pourtant jeté sur cette bouée inespérée de l’argumentaire anti-conspirationniste, au point de le mettre en étendard sur la page d’accueil de son blog : http://blog.france2.fr/charles-enderlin/
“Au Moyen-Orient, si vous ne pouvez pas expliquer une chose par la théorie du complot, n’essayez pas de l’expliquer! Les gens, là-bas, ne vous croiront pas. T.Friedman. NYT” . Au passage, vous remarquerez que cette citation est stigmatisante, limite raciste.
A-t-on besoin de ce type d’argumentaire lorsqu’on est sûr de ses preuves ?
Et pour cause, je vois mal quelles réponses on peut apporter pour contrer les arguments de Karsenty. Faites vous une idée par vous même : https://www.youtube.com/watch?v=lry_5fhYz0I&list=PL9B3BC5002DDDB83C&index=8
Merci, Thomas, pour le lien où l’on peut admirer un Karsenty bien dopé. Je me demande si certains ici ont envie de dire comme lui : “Où sont les hétéros ?” Je n’espère pas.
Wilaya4, tu n’as pas donné le bon lien, je crois. En même temps, je peux te filer une vidéo brésilienne où l’on voit une scène de repas familial, et sous une table apparaît nettement le fantôme bienveillant de la grand-mère ! De quoi parler d’Allan Kardec et du spiritisme encore longtemps !
Ah ! si tu pouvais répondre à mes questions, je serais plus intéressé que par une vidéo, je te l’avoue.
“Dans le cas de l’affaire Al Dura, c’est l’inverse, vous ne trouverez pas le terme “complot” dans la bouche de ceux qui contestent la véracité du reportage. Ils parlent de “simple mise en scène”. “
On a un Jésuite parmi nous !
Toujours pas de Wilaya4 ?
Bon. Revenons sur cette affaire. Il y a trois textes qu’il faut lire pour bien comprendre ce qui s’est joué dernièrement et se jouera en avril prochain : d’abord, il faut rappeler la sortie de Karsenty en 2004 :
http://m-r.fr/actualite.php?id=64
On a l’impression que Karsenty se verrait bien en Zola (moins le talent littéraire) puisqu’il sait et dit qu’il risque le procès mais, courageux, il fonce ! Il aurait dû intituler “J’accuse !” son papier. Cette posture à la Zola pourrait en partie expliquer pourquoi il est suivi par tant de gens voyant, à mon humble avis en tout cas, un peu trop souvent des mensonges anti-israéliens et antisémites à la télévision et dans les médias (et pourtant, certes, il y en a). Mais cela n’est pas l’important.
L’important est de bien repérer que si Karsenty n’apporte pas de preuves, il diffame. Or, ce n’est pas seulement parce qu’il demande la démission de Chabot et Enderlin ni parce qu’il pense que le reportage est faux qu’il pourrait y avoir diffamation, mais parce qu’il pense que la diffusion du faux a été faite sciemment et jamais avouée en quatre ans. Karsenty est d’abord assez vague, puis il utilise le mot “imposture” à plusieurs reprises et précise que France 2 a manqué à ses devoirs pendant quatre ans : il n’y a donc pas de doute sur le fait qu’il attaque Enderlin, non pas sur sa naïveté ou son incompétence, mais sur sa malhonnêteté (présumée). C’est bien de le préciser, parce qu’aujourd’hui Taguieff, par exemple, suggère plutôt qu’Enderlin a d’abord été trompé par son caméraman avant de s’obstiner à défendre celui-ci, mais Karsenty, au moins dans ce texte de 2004, pense qu’Enderlin ne pouvait que savoir que le reportage est faux, puisqu’il l’a monté et qu’il n’a pas (selon Karsenty qui ne dispose pas encore des rushes) dit la vérité sur l’agonie de l’enfant. L’analyse de texte me semble donc clair et Karsenty peut être condamné pour diffamation s’il n’apporte pas la preuve de la malhonnêteté d’Enderlin et de France 2. Au moins, pour tenter d’éviter la condamnation, il doit montrer au tribunal sa sincérité et des motivations responsables, donc montrer que son papier de 2004 n’est pas un acte calomnieux visant à détruire Enderlin juste parce que c’est Enderlin et qu’il ne l’aime pas.
En réalité, Karsenty n’a pas forcément à apporter la preuve que le reportage est faux, mais il doit in fine montrer qu’Enderlin nie l’évidence et ment, ou tout au moins que l’imposture est une hypothèse plausible, et comme il n’arrive pas à montrer cela en trouvant des preuves d’une sorte de concertation secrète compromettant Enderlin et d’autres journalistes qui auraient décidé de diffuser un faux, alors il se rabat sur la dissection du reportage : c’est tout ce qui lui reste et ce n’est pas reluisant.
Deuxième et troisième textes : l’arrêt de la Cour de cassation en 2012, puis le rappel des procès et le compte rendu du tout dernier :
http://fr.wikisource.org/wiki/Arr%C3%AAt_de_la_Cour_de_Cassation_A-Dura_France-2_Karsenty
http://blog.france2.fr/charles-enderlin/2013/01/21/compte-rendu-de-laudience-en-appel-affaire-karsenty/
Karsenty a été condamné en première instance, ce qui paraît normal puisqu’il ne disposait pas des preuves lui permettant de dire qu’Enderlin est malhonnête. En appel, il a été relaxé au bénéfice de la bonne foi : il n’a pas apporté les preuves que le reportage est faux mais a réussi à montrer que lui, Karsenty, était sincère et avait mené une enquête qui pouvait mener à des hypothèses plausibles comme la malhonnêteté d’Enderlin. Il s’est appuyé pour cela sur les rushes du reportage que France 2 conservait “jalousement” et a été sommé de montrer. La Cassation a annulé la décision de la Cour d’appel au motif que Karsenty n’avait pas à demander des preuves à France 2 ou aux juges, mais devait les apporter lui-même.
Ce principe, “apporte toi-même les preuves”, est un peu difficile à accepter. On comprend peut-être mieux en étudiant l’intervention de l’avocat général lors du tout dernier procès, une intervention très éclairante qui fait suite au déballage Powerpoint de Karsenty et à la prise de parole de quelques experts et avocats des parties :
“L’avocat général a souligné que Philippe Karsenty demandait à la Cour d’établir une réalité historique mais que ce n’était pas la saisine de la Cour. En effet, le débat porte uniquement sur la question de savoir si Philippe Karsenty pouvait ou non porter des accusations très graves contre Charles Enderlin au point de demander sa démission.
L’avocat général a retenu que le caractère diffamatoire des propos n’était plus contesté par Philippe Karsenty qui avait en outre abandonné l’argument concernant la preuve de la vérité des faits avancés. Philippe Karsenty devait donc prouver sa bonne foi au moment où les propos ont été tenus. Pour cela, l’avocat général fait état des experts et des « pseudo-expertises » produites, en indiquant que ces éléments sont nécessairement partiels car consistant en un travail a posteriori, à partir d’images et donc difficiles à apprécier.
La vraie question pour l’avocat général est la question de savoir si Philippe Karsenty a fait preuve de prudence dans les propos tenus. Il s’en remet sur ce point à l’appréciation de la Cour.”
Karsenty doit prouver sa bonne foi de 2004, au moment où les propos diffamatoires sont tenus. Faire en 2008 une démonstration de sa bonne foi en 2004 en employant des “preuves” seulement obtenues en 2008 n’est évidemment pas le meilleur moyen, surtout si Karsenty a tendance à détourner la démonstration de sa bonne foi vers une démonstration d’un fait historique tel que “l’enfant n’est pas mort”. Notons au passage que l’avocat général n’est pas emballé par la pertinence des images et des expertises de Karsenty. Il faut dire que, si les images sont celles qui sont montrées sur le film dont Quidam a mis le lien à la fin de son commentaire (affreux comme souvent), Karsenty n’est pas prêt de prouver quoi que ce soit. J’adore la méthodologie, ou plutôt l’absence de méthode. Et Karsenty qui se dit “scientifique”, ça fait peur. Et les rires dans la salle devant certaines images… ça tourne à l’obscénité. Bref !
Que peut-il se passer dans les prochains mois ? Difficile à dire. Ou bien Karsenty est à nouveau condamné, ou bien il est relaxé au bénéfice de sa bonne foi. Je vois mal comment il en serait autrement. Mais ni une condamnation ni une relaxe ne saurait confirmer ou infirmer que le reportage est faux ou bien que l’enfant est mort. Ceux qui raisonnent ainsi n’ont pas compris grand-chose à toute cette histoire.
@Laurent Delabre :
Vous possédez la formation juridique propre à analyser cette affaire, ce qui n’est pas mon cas. Je m’en remets donc à plus autorisé que moi en la matière, et les arguments du site Menapress.org me paraissent indubitables. En allant sur ce site — sans doute un des meilleurs sites francophones sur Israël et la région — et en faisant une recherche «A-Dura », vous trouverez le déroulé de toute l’affaire depuis son début.
Vous êtes bien bon de concéder qu’il y a un peu trop souvent de mensonges antisémites et anti-israéliens dans nos médias. En réalité, le problème est bien là, qui explique les passions autour de cette triste histoire.
@ kravi
Ma formation juridique est bien mince. Mais ma formation logique est suffisante pour affirmer que ce ne sont pas les arguments de Menapress.org qui pourront être qualifiés d’ “indubitables”, surtout quand on découvre que Stéphane Juffa donne des conférences en compagnie de Karsenty. J’accepte encore que vous soyez partisan dans cette histoire, kravi ; mais “indubitable” est tout sauf un adjectif raisonnable.
Je rectifie ceci : certes je concède que les mensonges anti-israéliens voire antisémites sont présents dans les médias, mais ce n’est pas moi qui ajoute “un peu trop souvent”. Je critique au contraire ceux qui les fantasment trop, je critique donc sur ce point le CRIF, par exemple, bien que je comprenne ses préoccupations et sa situation. Je critique principalement la manière de certains de faire passer un discours pro-palestinien qui fait partie du débat pour un mensonge antisémite. Et c’est difficile de le faire en étant entendu, étant donné que le spectre du “c’est du pur chantage à l’antisémitisme”, argument déplorable brandi inconsidérément par les antisémites, apparaît, je le sais, à l’esprit des Juifs à cran sur le sujet et qui m’écoute mal.
Récemment, j’ai visionné le petit film du “département média” du CRIF attaquant l’objectivité de la série de reportages de France 2 sur la Palestine et le lobby pro-israélien aux US dans l’émission “Un oeil sur la planète”. Et ça fait peur. Oui, ces reportages sont critiquables, mais pas de la façon qu’on voit dans ce film moralisateur, médiocre et diffamatoire du CRIF, qui prétend opposer “la vérité” à “une vérité”, euphémisme pour “mensonges palestiniens et journalistiques”, où le mot “FAUX” apparaît régulièrement sur tout l’écran tel un hurlement fanatique, où certains avis des universitaires qu’on fait parler sont réinterprétés et même coupés au montage, où la division paranoïaque “les Arabes contre les Juifs” est partout présente et la faute rejetée à tort sur les reportages, où l’on confond le témoignage d’un paysan palestinien avec un discours d’expert, où l’on confond la bande de Gaza avec ses seules terres cultivables, et j’en passe. Le pire, ce sont ces moments où l’Association France-Palestine Solidarité et Dominique Vidal se retrouvent comme par magie, heureusement implicitement, associés au site conspirationniste et antisémite medialibre de Marc George, où le reportage sur le lobby pro-israélien est réduit à un pamphlet contre le lobby juif tout droit inspiré des Protocoles des Sages de Sion, où l’historien Henry Laurens devient soudain coupable d’avoir écrit un ouvrage intitulé La Question de Palestine ! Cela vous semble lamentable ? C’est peut-être parce que ça l’est.
Désolé pour ce hors-sujet qui ne l’est peut-être pas tant que ça.
@Laurent Delabre :
ce n’est pas hors sujet. C’est LE sujet. On peut gloser tant qu’on veut sur l’affaire Mohamed Dura, il n’en reste pas moins que l’antisémitisme et son nez rouge l’antisionisme se portent bien, prospèrent, restent virulents et beaucoup plus répandus qu’on veut bien l’admettre.
Ça ne veut pas dire que tous les juifs de France sont en danger, quand bien même la fréquence des actes antisémites a largement augmenté depuis l’abjecte affaire de Toulouse.
Peut-être faut-il être juif pour le sentir. Vous savez, la fameuse paranoïa juive. La paranoïa, je le rappelle, est un délire structuré et logique mais construit sur des prémisses fausses.
Quant à moi, je trouve que les prémisses sont suffisamment étayées dans l’histoire et éclairées par le présent, que ce soit dans les discours et les actes politiques ou par la désinformation opérée par les médias européens.