Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Mathieu Kassovitz et les « 49 passagers » du Vol 77

Mathieu Kassovitz et les ''49 passagers'' du Vol 77

Depuis maintenant un mois et demi, Mathieu Kassovitz écume les plateaux de radio et de télévision pour promouvoir l'argumentaire conspirationniste sur les attentats du 11 septembre 2001. France 3, France 5, RMC, France 2 et le site LaTéléLibre.fr ont tendu leurs micros à l'acteur français, dont la notoriété est censée compenser le manque de qualification.

Dans l’émission de radio "Les Grandes Gueules", sur RMC, le 15 octobre 2009, Mathieu Kassovitz a toutefois tenu des propos où l'incompétence le dispute à l'arrogance :

A propos de l’avion AA77 qui s’est écrasé sur le Pentagone, il dit au journaliste qui l'interviewe : « Si vous connaissiez bien le sujet, vous devriez savoir combien il y avait de passagers dans cet avion…
Le journaliste : Ben, précisément, non. Je sais qu’il y avait des passagers…
Kassovitz (lui coupant la parole) : Mais vous devriez le savoir, parce que si vous ne le savez pas, vous ne pouvez pas discuter réellement !…
Le journaliste : Alors dites-moi…
Kassovitz : Il y avait 49 passagers dans cet avion dont les deux tiers étaient des gens affiliés au gouvernement d’une certaine façon, soit au FBI, soit à Lockheed Martin, soit au monde de l’aviation ».

Quelques secondes plus tard, Kassovitz persistera à déclarer que « cet avion était rempli de 49 personnes », ajoutant que cela « est extrêmement rare pour un avion qui fait ce genre de vols [car] normalement ils sont remplis »...

Le vol AA77 ne comptait pas 49 passagers mais 64 - dont les cinq pirates de l’air et les six membres d’équipage (voir la composition détaillée du vol). Aucun des quatre avions détournés le 11 septembre 2001 n’avait 49 passagers à son bord. Quant aux familles des victimes, dont ne cesse de se réclamer Kassovitz, elles apprécieront ses insinuations sur l'affiliation de leurs proches « au FBI, à Lockheed Martin [l'un des principaux fournisseurs des Etats-Unis dans le domaine de l'aéronautique militaire - NDLR] et au monde de l’aviation ». Car que suggère-t-il sinon que les victimes de l'attentat sont les complices de leur propre assassinat ?

Les autres propos de Mathieu Kassovitz dans cet extrait, qui portent sur la prétendue « manipulation » de la Commission d’enquête officielle dont les membres auraient « dit de manière incessante que la Commission était faite pour échouer » (1), sur la taille du trou causé par l’avion dans le Pentagone (2) ou sur la difficulté de la manœuvre réalisée par le pirate de l'air pilotant le Boeing (3) reprennent mot pour mot les intox habituelles des partisans de la théorie du complot.

Reste une question : peut-on discuter réellement du 11-Septembre avec Mathieu Kassovitz ?

Notes :
(1) Mathieu Kassovitz réitérera cette affirmation sur France 2 le 28 octobre 2009 : « le vice-président de la Commission, Lee Hamilton n’arrête pas de dire (…) que la Commission était prévue au départ pour faillir à sa mission » explique-t-il. Toutefois, le passage cité la plupart du temps par les conspirationnistes - dont s’inspire manifestement Kassovitz - est tronqué et laisse penser, à tort, que les membres de la Commission considèrent que celle-ci a fait l'objet d'une manipulation. Voici le passage dans son intégralité, extrait de la page 15 du livre de Thomas H. Kean et Lee H. Hamilton, Without Precedent: The Inside Story of the 9/11 Commission (Alfred A. Knopf, 2006) : « Nous étions tous deux conscients que la Commission sur le 11-Septembre était vouée – sinon destinée – à échouer : la Commission transcenderait les clivages partisans ; elle perdrait en crédibilité en laissant fuiter des informations classifiées ; elle se verrait refuser des autorisations indispensables à l’accomplissement de sa mission ; ou elle se mettrait à dos les familles des victimes qui ont combattu pour qu’elle soit créée. Ce que nous ne pouvions prévoir, c’est que les circonstances et des personnes remarquables au sein de cette Commission s’uniraient, dans les vingt mois qui ont suivi, pour permettre notre succès ».

(2) C’est l’une des assertions les plus absurdes de l’argumentaire conspirationniste. Le trou causé par le crash du Boeing d'American Airlines dans le Pentagone ne fait pas 5 mètres - comme le prétend Mathieu Kassovitz -, mais 27 mètres (90 pieds) selon le rapport publié par l’American Society of Civil Engineers et le Structural Engineering Institute en janvier 2003 (cf. p. 28). Le chiffre de 19 mètres d’envergure a été avancé par Thierry Meyssan dans son livre L’Effroyable imposture. Il a été estimé à partir de mesures se basant sur des photographies. La différence entre l’envergure de l’avion (38 mètres) et la largeur du trou est expliquée par Jean Guisnel et Guillaume Dasquié (qui, ayant publié leur ouvrage avant la publication du rapport officiel, se fondent sur les estimations de Meyssan) ici. On peut voir une photo du trou en haute définition ici. On s'aperçoit que le trou de 5 mètres dont parlent les conspirationnistes correspond en réalité à l'ouverture faite au premier étage du bâtiment. Le trou du rez-de-chaussée est beaucoup plus important :

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(3) Des pilotes réunis au sein du groupe conspirationniste Pilots for 9/11 Truth prétendent que les pirates de l’air n’auraient pas été capables de faire la manœuvre ayant conduit au crash de l’avion dans le Pentagone. En revanche, de nombreux autres pilotes prétendent qu’une telle manœuvre est tout à fait possible. Ancien pilote l'armée de l'air italienne reconverti dans le civil, Giulio Bernacchia est aujourd'hui instructeur et examinateur de pilotes débutants. Il conclut son témoignage en expliquant qu'« il est trompeur de faire croire aux gens que les pirates de l'air devaient posséder des compétences de pilote exceptionnelles pour faire ce qu'ils ont fait ».

Rectification du 05/11/2009 :
Lorsqu’on réécoute la bande-son, il apparaît que Mathieu Kassovitz ne disait pas « si vous ne le savez pas, vous ne pouvez pas discuter avec moi » (comme cela avait été écrit ici) mais « si vous ne le savez pas, vous ne pouvez pas discuter réellement ». Le titre original de ce billet : « Mathieu Kassovitz : "Vous ne pouvez pas discuter avec moi !" » a par conséquent été changé. De même que la phrase de conclusion.

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Mathieu Kassovitz et les ''49 passagers'' du Vol 77

Depuis maintenant un mois et demi, Mathieu Kassovitz écume les plateaux de radio et de télévision pour promouvoir l'argumentaire conspirationniste sur les attentats du 11 septembre 2001. France 3, France 5, RMC, France 2 et le site LaTéléLibre.fr ont tendu leurs micros à l'acteur français, dont la notoriété est censée compenser le manque de qualification.

Dans l’émission de radio "Les Grandes Gueules", sur RMC, le 15 octobre 2009, Mathieu Kassovitz a toutefois tenu des propos où l'incompétence le dispute à l'arrogance :

A propos de l’avion AA77 qui s’est écrasé sur le Pentagone, il dit au journaliste qui l'interviewe : « Si vous connaissiez bien le sujet, vous devriez savoir combien il y avait de passagers dans cet avion…
Le journaliste : Ben, précisément, non. Je sais qu’il y avait des passagers…
Kassovitz (lui coupant la parole) : Mais vous devriez le savoir, parce que si vous ne le savez pas, vous ne pouvez pas discuter réellement !…
Le journaliste : Alors dites-moi…
Kassovitz : Il y avait 49 passagers dans cet avion dont les deux tiers étaient des gens affiliés au gouvernement d’une certaine façon, soit au FBI, soit à Lockheed Martin, soit au monde de l’aviation ».

Quelques secondes plus tard, Kassovitz persistera à déclarer que « cet avion était rempli de 49 personnes », ajoutant que cela « est extrêmement rare pour un avion qui fait ce genre de vols [car] normalement ils sont remplis »...

Le vol AA77 ne comptait pas 49 passagers mais 64 - dont les cinq pirates de l’air et les six membres d’équipage (voir la composition détaillée du vol). Aucun des quatre avions détournés le 11 septembre 2001 n’avait 49 passagers à son bord. Quant aux familles des victimes, dont ne cesse de se réclamer Kassovitz, elles apprécieront ses insinuations sur l'affiliation de leurs proches « au FBI, à Lockheed Martin [l'un des principaux fournisseurs des Etats-Unis dans le domaine de l'aéronautique militaire - NDLR] et au monde de l’aviation ». Car que suggère-t-il sinon que les victimes de l'attentat sont les complices de leur propre assassinat ?

Les autres propos de Mathieu Kassovitz dans cet extrait, qui portent sur la prétendue « manipulation » de la Commission d’enquête officielle dont les membres auraient « dit de manière incessante que la Commission était faite pour échouer » (1), sur la taille du trou causé par l’avion dans le Pentagone (2) ou sur la difficulté de la manœuvre réalisée par le pirate de l'air pilotant le Boeing (3) reprennent mot pour mot les intox habituelles des partisans de la théorie du complot.

Reste une question : peut-on discuter réellement du 11-Septembre avec Mathieu Kassovitz ?

Notes :
(1) Mathieu Kassovitz réitérera cette affirmation sur France 2 le 28 octobre 2009 : « le vice-président de la Commission, Lee Hamilton n’arrête pas de dire (…) que la Commission était prévue au départ pour faillir à sa mission » explique-t-il. Toutefois, le passage cité la plupart du temps par les conspirationnistes - dont s’inspire manifestement Kassovitz - est tronqué et laisse penser, à tort, que les membres de la Commission considèrent que celle-ci a fait l'objet d'une manipulation. Voici le passage dans son intégralité, extrait de la page 15 du livre de Thomas H. Kean et Lee H. Hamilton, Without Precedent: The Inside Story of the 9/11 Commission (Alfred A. Knopf, 2006) : « Nous étions tous deux conscients que la Commission sur le 11-Septembre était vouée – sinon destinée – à échouer : la Commission transcenderait les clivages partisans ; elle perdrait en crédibilité en laissant fuiter des informations classifiées ; elle se verrait refuser des autorisations indispensables à l’accomplissement de sa mission ; ou elle se mettrait à dos les familles des victimes qui ont combattu pour qu’elle soit créée. Ce que nous ne pouvions prévoir, c’est que les circonstances et des personnes remarquables au sein de cette Commission s’uniraient, dans les vingt mois qui ont suivi, pour permettre notre succès ».

(2) C’est l’une des assertions les plus absurdes de l’argumentaire conspirationniste. Le trou causé par le crash du Boeing d'American Airlines dans le Pentagone ne fait pas 5 mètres - comme le prétend Mathieu Kassovitz -, mais 27 mètres (90 pieds) selon le rapport publié par l’American Society of Civil Engineers et le Structural Engineering Institute en janvier 2003 (cf. p. 28). Le chiffre de 19 mètres d’envergure a été avancé par Thierry Meyssan dans son livre L’Effroyable imposture. Il a été estimé à partir de mesures se basant sur des photographies. La différence entre l’envergure de l’avion (38 mètres) et la largeur du trou est expliquée par Jean Guisnel et Guillaume Dasquié (qui, ayant publié leur ouvrage avant la publication du rapport officiel, se fondent sur les estimations de Meyssan) ici. On peut voir une photo du trou en haute définition ici. On s'aperçoit que le trou de 5 mètres dont parlent les conspirationnistes correspond en réalité à l'ouverture faite au premier étage du bâtiment. Le trou du rez-de-chaussée est beaucoup plus important :

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(3) Des pilotes réunis au sein du groupe conspirationniste Pilots for 9/11 Truth prétendent que les pirates de l’air n’auraient pas été capables de faire la manœuvre ayant conduit au crash de l’avion dans le Pentagone. En revanche, de nombreux autres pilotes prétendent qu’une telle manœuvre est tout à fait possible. Ancien pilote l'armée de l'air italienne reconverti dans le civil, Giulio Bernacchia est aujourd'hui instructeur et examinateur de pilotes débutants. Il conclut son témoignage en expliquant qu'« il est trompeur de faire croire aux gens que les pirates de l'air devaient posséder des compétences de pilote exceptionnelles pour faire ce qu'ils ont fait ».

Rectification du 05/11/2009 :
Lorsqu’on réécoute la bande-son, il apparaît que Mathieu Kassovitz ne disait pas « si vous ne le savez pas, vous ne pouvez pas discuter avec moi » (comme cela avait été écrit ici) mais « si vous ne le savez pas, vous ne pouvez pas discuter réellement ». Le titre original de ce billet : « Mathieu Kassovitz : "Vous ne pouvez pas discuter avec moi !" » a par conséquent été changé. De même que la phrase de conclusion.

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