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Comment distinguer entre complot et théorie du complot ?

Publié par Michael Shermer27 mai 2015

Rédacteur en chef du magazine américain Skeptic et chroniqueur au Scientific American, Michael Shermer répond dans ce texte à une question récurrente adressée à ceux qui entreprennent de critiquer les théorie du complot : comment faire la différence entre les faux et les vrais complots ? En d’autres termes, comment reconnaître une théorie du complot ?

Michael Shermer (capture d'écran YouTube, novembre 2017).

Selon Shermer, plus l’hypothèse d’un complot comporte de caractéristiques se trouvant dans la liste suivante et plus la probabilité qu’elle corresponde à la réalité est faible :

1/ La prétendue preuve du complot repose sur la connexion entre eux d'événements qui n’ont pas de lien de causalité apparent. Lorsqu'aucune preuve n'étaie ces liens à part l’affirmation qu’il existe un complot ou lorsque les éléments de « preuve » pourraient tout aussi bien avoir d’autres causes – ou être dus au hasard –, il y a de fortes chances pour que l’hypothèse du complot soit erronée.

2/ Ceux qui sont censés avoir organisé le complot devraient avoir des pouvoirs surnaturels pour atteindre leur but. Les gens sont souvent loin d’être aussi puissants que nous le pensons.

3/ Le complot est complexe et sa réalisation exige un très grand nombre de paramètres.

4/ De même, le complot implique un grand nombre de gens qui auraient tous dû garder le silence sur ce qu’ils savent. Plus il y a de personnes impliquées dans le complot, moins l'hypothèse du complot est réaliste.

5/ Le complot inclut une ambition grandiose telle que le contrôle d'une nation ou d'un système économique ou politique. S'il sous-entend la domination du monde, la thèse du complot a encore moins de chances d’être vraie.

6/ La théorie du complot embrasse aussi bien des événements secondaires qui pourraient être vrais que d’autres événements, d’importance beaucoup plus grande et bien plus improbables.

7/ La théorie du complot attribue une signification souvent effrayante et sinistre à des événements anecdotiques ou peu significatifs.

8/ La théorie tend à mélanger des faits et des spéculations sans distinguer entre les deux et sans évaluer leur degré de probabilité ou de réalité.

9/ Le tenant de la théorie du complot nourrit indistinctement des soupçons envers tous les organismes publics ou privés, ce qui tend à montrer une incapacité à distinguer entre vraies et faux complots.

10/ Le théoricien du complot refuse d’envisager des explications alternatives à sa théorie, rejetant ainsi toute preuve qui infirmerait sa croyance, et cherchant uniquement des preuves qui confirment ce qu’il ou elle a décidé de considérer a priori comme étant la vérité.

Le fait que, parfois, des responsables politiques mentent ou que des grandes entreprises fraudent ne veut pas dire que chaque événement soit le résultat d’un complot tortueux. La plupart du temps, les choses arrivent tout simplement, et notre cerveau les relie entre elles pour leur donner un sens.

 

Source : Michael Shermer, “ The Conspiracy Theory Detector. How to tell the difference between true and false conspiracy theories ”, Scientific American, Nov 17, 2010 (traduction française : Sophie Mazet pour Conspiracy Watch).

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Michael Shermer (capture d'écran YouTube, novembre 2017).

Selon Shermer, plus l’hypothèse d’un complot comporte de caractéristiques se trouvant dans la liste suivante et plus la probabilité qu’elle corresponde à la réalité est faible :

1/ La prétendue preuve du complot repose sur la connexion entre eux d'événements qui n’ont pas de lien de causalité apparent. Lorsqu'aucune preuve n'étaie ces liens à part l’affirmation qu’il existe un complot ou lorsque les éléments de « preuve » pourraient tout aussi bien avoir d’autres causes – ou être dus au hasard –, il y a de fortes chances pour que l’hypothèse du complot soit erronée.

2/ Ceux qui sont censés avoir organisé le complot devraient avoir des pouvoirs surnaturels pour atteindre leur but. Les gens sont souvent loin d’être aussi puissants que nous le pensons.

3/ Le complot est complexe et sa réalisation exige un très grand nombre de paramètres.

4/ De même, le complot implique un grand nombre de gens qui auraient tous dû garder le silence sur ce qu’ils savent. Plus il y a de personnes impliquées dans le complot, moins l'hypothèse du complot est réaliste.

5/ Le complot inclut une ambition grandiose telle que le contrôle d'une nation ou d'un système économique ou politique. S'il sous-entend la domination du monde, la thèse du complot a encore moins de chances d’être vraie.

6/ La théorie du complot embrasse aussi bien des événements secondaires qui pourraient être vrais que d’autres événements, d’importance beaucoup plus grande et bien plus improbables.

7/ La théorie du complot attribue une signification souvent effrayante et sinistre à des événements anecdotiques ou peu significatifs.

8/ La théorie tend à mélanger des faits et des spéculations sans distinguer entre les deux et sans évaluer leur degré de probabilité ou de réalité.

9/ Le tenant de la théorie du complot nourrit indistinctement des soupçons envers tous les organismes publics ou privés, ce qui tend à montrer une incapacité à distinguer entre vraies et faux complots.

10/ Le théoricien du complot refuse d’envisager des explications alternatives à sa théorie, rejetant ainsi toute preuve qui infirmerait sa croyance, et cherchant uniquement des preuves qui confirment ce qu’il ou elle a décidé de considérer a priori comme étant la vérité.

Le fait que, parfois, des responsables politiques mentent ou que des grandes entreprises fraudent ne veut pas dire que chaque événement soit le résultat d’un complot tortueux. La plupart du temps, les choses arrivent tout simplement, et notre cerveau les relie entre elles pour leur donner un sens.

 

Source : Michael Shermer, “ The Conspiracy Theory Detector. How to tell the difference between true and false conspiracy theories ”, Scientific American, Nov 17, 2010 (traduction française : Sophie Mazet pour Conspiracy Watch).

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à propos de l'auteur
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Michael Shermer
Rédacteur en chef du magazine Skeptic, Michael Shermer est l’auteur de "Why People Believe Weird Things" (1997) et, avec Alex Grobman, d’un ouvrage sur le phénomène négationniste, "Denying History: Who Says the Holocaust Never Happened and Why do they Say it?" (University of California Press, 2002).
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