L’annonce de la sortie en librairie du livre-témoignage No Easy Day, de "Mark Owen" (alias Matt Bissonnette), un membre du commando américain envoyé au Pakistan pour tuer Oussama Ben Laden, a suscité des commentaires de deux types :
• Le premier, proprement caricatural, est celui des purs et durs de la théorie du "Grand Complot", impliquant non seulement les administrations américaines qui se sont succédées à Washington depuis 11 ans mais aussi la quasi-totalité de la presse occidentale. Ainsi, le site ReOpen911 qui, commentant la publication du livre de Bissonnette, écrit : « Le secret est décidément une maladie extrême et incurable, que la classe politique et médiatique atlantiste ne veut surtout pas tenter de soigner dès que l’on s’intéresse de plus près à l’affaire du 11-Septembre. (…) ce que nous enseigne cette omerta internationale soigneusement cachée derrière des pseudo-confidences canalisées en art du trompe-l’oeil, c’est que cette maitrise consommée du Storytelling s’inscrit dans la continuité – au-delà des partis – d’une opération de propagande médiatique de masse qui a commencé un certain 11 septembre 2001 ».
Auteur de La Mort de Ben Laden (éditions Jacob-Duvernet, mai 2012), le journaliste Jean-Dominique Merchet (Marianne), fondateur du blog Secret-Défense, balaye l’argument :
« La version officielle remise en cause, comme l’affirme un peu vite les commentateurs ? Allons donc ! D’abord, il n’y a jamais eu de "version officielle", simplement des fuites plus ou moins organisées. Et sur le fond, on savait que le chef d’Al Qaïda avait été tué alors qu’il était désarmé. Le livre de Bissonnette corrige quelque peu la chronologie sans rien modifier sur le fond : jusqu’à présent, on pensait que Ben Laden, poursuivi par les commandos, avait été tué alors qu’il venait de regagner sa chambre. Et maintenant, Bissonnette affirme qu’il a été abattu juste au moment où il en sortait. Voilà pour les faits. »

Pendant les dix années qu’a duré sa traque, Ben Laden a fait l’objet de toutes sortes de fausses révélations et rumeurs conspirationnistes : annoncé pour mort à plusieurs reprises (Merchet y revient dans cet extrait publié sur Atlantico.fr), le chef d’Al-Qaïda n’était, pour les partisans de la théorie du complot, qu’une marionnette des Etats-Unis. Les recherches lancées contre lui n’auraient été, pendant toutes ces années, qu’une mise en scène visant à servir d’alibi aux Etats-Unis dans leur « guerre contre la terreur ». Tous les ingrédients étaient donc réunis pour que l’annonce de sa mort donne lieu à l’une de ces poussées de fièvre conspirationniste comme il s’en manifeste à chaque évènement ayant un retentissement international. Dans son petit livre, Merchet raconte qu’il a fallu attendre « l’annonce par Al-Qaïda elle-même que son chef a bien été tué par les Américains » pour calmer « la plupart de ceux qui doutaient de la version officielle. Restent les irréductibles et les "frappadingues". Pour eux, l’explication est simple : le communiqué d’Al-Qaïda fait partie du complot… »
La conclusion de La Mort de Ben Laden, qui cite les sources sur lesquelles s’est appuyé Jean-Dominique Merchet, est en forme d’adresse aux conspirationnistes. En voici un extrait :
« On sait peu de choses sur la mort de Ben Laden, mais ce que l’on sait se trouve dans les pages de ce livre, sauf omission involontaire.
La rédaction d’un tel ouvrage a appris quelque chose à son auteur : la quantité colossale de choses dites ou écrites sur le sujet est inversement proportionnelle au peu d’informations que l’on possède réellement. Ce sont justement ces informations, rares et incomplètes, qui ont été rassemblées ici. En lui-même, le faible nombre de pages de ce livre a une signification ; lorsqu’on ne savait pas, on s’est interdit de spéculer ou de tirer à la ligne pour faire comme si on savait. (…)
Un jour, dans un an ou dans vingt ans, on en saura plus. Des acteurs importants de cette affaire parleront, témoigneront, écriront leurs mémoires. Ce n’est pas encore le cas. Le renseignement et les opérations spéciales ne sont pas le royaume de la transparence. Des données importantes sont volontairement tues, car leur révélation mettrait en cause des opérations actuelles ou futures.
Ce que nous apprendrons à l’avenir bouleversera-t-il radicalement ce que nous savons aujourd’hui de la mort de Ben Laden ? J’ai l’audace de ne pas le croire. C’est la grande leçon fournie involontairement par Wikileaks. La mise en ligne de milliers de documents confidentiels, de sources militaires ou diplomatiques américaines, n’a fait que confirmer ce que les spécialistes savaient déjà. Le paysage globale est resté le même, mais il a été précisé, détaillé, complété. Les grandes démocraties sont ainsi faites qu’elles ne peuvent pas cacher à leurs citoyens les choses les plus importantes. N’en déplaise à tous les amateurs de complot ».
“Les grandes démocraties sont ainsi faites qu’elles ne peuvent pas cacher à leurs citoyens les choses les plus importantes.”> on dirait une incantation religieuse.
Vous avez l’air de considérer acceptable, presque banal, qu’il existe ce royaume de l’opacité, derrière lequel les services de l’Etat agiraient à notre insu, presque malgré nous, “pour notre bien”. Dormez braves gens, nous nous occupons de tout. Au prix rappelons-le, de combien de détournements de fonds et d’assassinats (Karachi, Frégates de Taiwan, Bugaled breizh, etc, …), si ce n’est plus.
Peut-être pourrions-nous alors encore appeler le monde où nous vivons une démocratie, à condition que les électeurs sachent vers quoi mènent ces secrets.
Pensez-vous vraiment que cela est le cas ? Pensez-vous que la ligne de la politique géostratégique de la France (par exemple notre rôle en Syrie, en Lybie, en Cote d’Ivoire) est limpide et accessible facilement aux électeurs citoyens ? Et celle des Etats Unis aux siens ?
Mais bien entendu, les habituels petits malins à qui on ne la fait pas prétendront que Merchet fait partie du complot, CQFD.
Les conspis sont irrécupérables, mais votre site ne s’est pas fixé pour tâche de les convaincre de l’inanité de leurs théories fumeuses. Son intérêt, selon moi, réside en l’essai de nous faire comprendre comment fonctionne cette doxa malsaine, à la fois au niveau des individus et au niveau des courants d’idées.
Merci pour votre travail.
Mais bien entendu, les habituels petits malins à qui on ne la fait pas prétendront que Merchet fait partie du complot, CQFD.
Merchet, il a un boulot et une famille à nourir c’est pas plus compliqué, même les grands pontes des médias avouent benoitement que la profession s’autocensure beaucoup trop, pas besoin de complot pour ça, il suffit d’avoir un employeur dont les actionnaires appartiennent au complexe militaro industriel.
D’où vient cette manie de traiter de complot (et donc de théorie du complot) toute évocation d’une convergence d’intérêts ?
des convergences d’intérêts il y en a plein : des positives et utiles et donc généralement transparentes et d’autres négatives, dangereuses, illégales, et nuisibles et donc secrètes si ce n’était pas le cas il n’ aurait jamais besoin de policiers et de tribunaux.
L’histoire en est pleine et vouloir prétendre le contraire confine au révisionisme.
Vous préférez déffendre la version officille mensongère et qui ne tien pas la route & seconde ??! C’est votre problème ! Ca commence à bien faire vos histoires !
@ anti-mouton qui se contente de suivre les moutons “à qui on ne la fait pas”, ce paragraphe de L.Joffrin (cf. le dernier papier) :
” Les contestataires parlent d’une “thèse officielle”. Avant de l’examiner, il faut rappeler avec force que ce vocable a pour fonction unique de nier la légitimité des enquêtes effectuées, non seulement par les autorités américaines, mais aussi par une multitude de journalistes indépendants et reconnus, travaillant dans les meilleurs journaux, et par une myriade d’experts respectés qui n’ont aucun intérêt dans l’affaire, ni le moindre lien avec le gouvernement de Washington. Il faut aussi dire très haut que les contempteurs de la « thèse officielle » sont infiniment moins crédibles que ceux qui la défendent. Il suffit pour s’en convaincre de se remémorer leurs incroyables errements. “
kravi> Rappelez-moi, Joffrin, c’est pas ce mec qui passait ses vacances chez les Lepen ? Ah ouais d’accord. Sans doute le mieux placé pour nous dire que les complotistes décrédibilisent le journalisme….pfff
“Les grandes démocraties sont ainsi faites qu’elles ne peuvent pas cacher à leurs citoyens les choses les plus importantes.” Amen.
Quidam, quand bien même ce ragot serait fondé — ce qui m’étonnerait fort, étant donné les opinions de Joffrin — il n’invaliderait en aucun cas son discours. Vous n’avez rien à nous dire d’important sur la marque de ses chaussures ?
@Kravi: Absolument pas convaincant. Pas besoin de t’expliquer pourquoi tellement ce serait “gamin” commes réaction à tes chamailleries. Aller va dormir, pour avoir discuter avec Joffrin une fois, je peux te dire que c’est vraiment pas la personne à qui tu peux te réfférer pour expliquer ton pourquoi du comment… Pourquoi pas Mohamed Sifaoui pendant que t’y est ?
Maintenant apporte moi les vidéos des caméras de surveillances du Pentagone. Et les noms des personnes aiilant effectuer les délits d’innités du 10 Septembre 2001: Follow the money (Ah mais nan, c’est au mains de la CIA c’est vrai hé hé).
Mon brave anti-mouton, vous me tutoyez : nous nous connaissons ?
je sais bien que rien ne saurait convaincre un conspirationniste patenté. Vous ne le dites pas clairement, mais je suppose qu’à suivre la monnaie, on trouverait des juifs n’est-ce pas ? Voilà, tout est clair : le complot americano-sioniste a encore frappé. Merci pour vos lumières.
“vous me tutoyez : nous nous connaissons ?”
“un conspirationniste patenté.”
“mais je suppose qu’à suivre la monnaie, on trouverait des juifs n’est-ce pas ? Voilà, tout est clair : le complot americano-sioniste a encore frappé.” !
Mais LOL ! T’es serieux là dans tout ce que tu dit ? C’est vraiment la mentalité des fana de Conspiracy Watch ? Au quel cas c’est vraiment très grave !
kravi> une petite recherche dans google vous montrera même notre ami pectoraux saillants faisant face souriant à tonton Jean Marie dans la même tenue d’été. Joffrin le reconnait d’ailleurs sans problème.
Vous ne voyez pas en quoi cela invalide son discours ? Ce monsieur nous raconte pas plus loin que 3 articles sur ce blog que les conspirateurs sont un danger pour la démocratie car ils décrédibilisent les médias. Il oublie juste au passage de se regarder dans un miroir.
Les médias n’ont besoin de personne pour se décrédibiliser. Un récent sondage montre d’ailleurs que 60% des américains ne leur font pas confiance. Comme quoi le bon sens est encore du coté du peuple.
Quidam, vous aviez raison : Joffrin a passé des vacances chez les Le Pen quand il avait 25 ans. Ça fait de lui à tout jamais un être répugnant et ça invalide toute pensée de sa part.
Là où je vois rejoindrais, c’est sur la méfiance qu’il convient de porter à la grande majorité des journalistes de l’hexagone : à défaut d’informer, ils assènent leur propagande. En l’occurence, le texte de Joffrin n’était pas destiné à informer. C’était un billet de réflexion sur les méfaits du conspirationnisme. Votre argumentation tombe à l’eau.
kravi> C’est bien sur le point sur lequel vous me “rejoignez” que je voulais en venir. Que ce soit Lepen ou d’autres aujourd’hui certainement ne change rien au fond du problème.
A l’eau dites-vous ? Joffrin essaie de nous démontrer pourquoi les conspi sont des ennemis de la démocratie. Il conclut ainsi :
“Ainsi, consciemment ou inconsciemment, les complotistes abusent le public, profitant du relativisme régressif qui sévit si souvent sur Internet et dans la tête d’une partie de l’opinion. Ils tendent à accréditer l’idée que les grandes démocraties sont des théâtres d’ombre agis par des forces obscures, où le citoyen est un pion dans un jeu qui le dépasse de très loin. La fonction politique de ces thèses délirantes est évidente : détruire la confiance des citoyens dans leurs propres institutions”
Je lui renvoie simplement la balle. Lorsque, comme un nombre important de journalistes ou de responsables média, on fricote de près avec le monde politique, on participe de cette destruction de confiance. Le premier ennemi de la démocratie, c’est bien Joffrin lui-même.
On comprend ainsi bien pourquoi M Joffrin n’aime pas les conspi. Ce n’est pas la démocratie que défend Joffrin. C’est son bifteck.
Il a d’ailleurs une seconde raison de ne pas les aimer. La contestation sur le 11 septembre a mis en évidence ces zones d’ombres, que Joffrin reconnait, oubliant de rappeler que ces lacunes symbolisent tout simplement l’échec de son métier, le journalisme. Le 11 septembre est le symbole du naufrage du journalisme en tant que contre-pouvoir politique.
Quand à la formule d’idiot-utile, je l’appliquerai, de la même façon qu’il l’applique aux conspis, aux anti-conspis. On connaît l’histoire de l’imbécile qui regarde le doigt lorsqu’on pointe la Lune. Le conspirationnisme, c’est le doigt, le symptôme. La lune c’est la démocratie qui se meurt. Je vous laisse trouver qui est l’imbécile.
“Quand à la formule d’idiot-utile, je l’appliquerai, de la même façon qu’il l’applique aux conspis, aux anti-conspis. On connaît l’histoire de l’imbécile qui regarde le doigt lorsqu’on pointe la Lune. Le conspirationnisme, c’est le doigt, le symptôme. La lune c’est la démocratie qui se meurt. Je vous laisse trouver qui est l’imbécile. “
Un quote pour la postérité. Je dirais que l’anti conspirationnisme a largement dépassé le stade de la dénonciation caricaturale des truthers 9/11… Il montre du doigt l’inhabité des thèses défendues par ces derniers qui se cachent vainement derrière des formules fumeuses telle que la “démocratie se meure” pour justifier leur combat perdu. La méthode Coué.