
Le Point.fr : Vous avez rédigé avec la sénatrice Nathalie Goulet une proposition de loi visant à créer une nouvelle infraction. Les auteurs et relayeurs de « fausses nouvelles » seraient passibles d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. Les « fausses nouvelles », c’est large… Comment les définissez-vous ?
Dan Shefet : Cette proposition ne vise que des postulats falsifiables, c’est-à-dire des « faits » (ou prétendus faits). Elle exclut les opinions et les expressions de sentiments, qui ne sont pas falsifiables. Nous appliquons à cette fin la distinction qu’on trouve déjà chez Emmanuel Kant et Karl Raimund Popper entre d’une part le physique, falsifiable et vérifiable, et d’autre part, le métaphysique, infalsifiable. La notion de fake news correspond à un postulat (falsifiable), dont la particularité est de posséder un potentiel manipulatoire et dont le but est de tromper l’opinion publique de manière intentionnelle et malveillante (double critère d’intentionnalité) et de fausser le jeu démocratique.
Le Point.fr : Les « faux avis » de consommateurs sur Internet sont-ils concernés ?
Dan Shefet : Non, car la fake news cible les valeurs collectives et le processus démocratique. Et d’ailleurs, les faux avis (astroturfing) sont sanctionnés par le Code de la consommation. (…)
Voir aussi :
* Faut-il sanctionner la propagation de fausses nouvelles ? (Le Point, 23 avril 2017)