Quiconque s’intéresse aux théories du complot, à ceux qui les répandent et à leurs motivations, est fatalement amené à se poser cette question : peut-on et doit-on débattre avec les conspirationnistes ?

Pierre Vidal-Naquet (1930-2006) (crédits : D.R. ; archives familiales).
Faut-il « débattre » des attentats du 11 septembre 2001, par exemple, avec quelqu’un qui, après avoir vu Loose Change, vous soutient que l’enregistrement de la conversation téléphonique qu’a eu une hôtesse de l’air quelques minutes avant d’être pulvérisée dans le crash de son avion contre le World Trade Center est « un faux » ? Peut-on avoir un « débat » avec une personne qui vous affirme que les passagers du vol 77 (celui qui a été projeté dans le Pentagone) étaient pour la plupart liés au gouvernement américain, laissant entendre que ces passagers, ou ne sont pas vraiment morts, ou n’ont pas réellement existé, ou ont été les acteurs d’une vaste mise en scène ?
Pierre Vidal-Naquet (1930-2006) a tranché cette question il y a trente ans. L’attitude qu’il prescrit à l’égard des négationnistes mérite d’être méditée tant elle s’applique à merveille à ces autres « redresseurs de morts » que sont, parfois, les conspirationnistes :
« Qu’il soit entendu une fois pour toutes que je ne réponds pas aux accusateurs, que, sur aucun plan, je ne dialogue avec eux (1). Un dialogue entre deux hommes, fussent-ils adversaires, suppose un terrain commun, un commun respect, en l’occurrence, de la vérité. Mais avec les « révisionnistes », ce terrain n’existe pas. Imagine-t-on un astrophysicien qui dialoguerait avec un « chercheur » qui affirmerait que la lune est faite de fromage de Roquefort ? C’est à ce niveau que se situent ces personnages. Et, bien entendu, pas plus qu’il n’existe de vérité absolue, il n’existe de mensonge absolu, bien que les « révisionnistes » fassent de vaillants efforts pour parvenir à cet idéal. Je veux dire que, lorsqu’il s’avère que les passagers d’une fusée ou d’une navette spatiale ont laissé sur la lune quelques grammes de Roquefort, il n’y a pas à nier cette présence. Jusqu’à présent, l’apport des « révisionnistes » à nos connaissances se place au niveau de la correction, dans un long texte, de quelques coquilles. Cela ne justifie pas un dialogue, puisqu’ils ont surtout démesurément agrandi le registre du mensonge.
Je me suis donc fixé cette règle : on peut, et on doit discuter sur les « révisionnistes » ; on peut analyser leurs textes comme on fait l’anatomie d’un mensonge ; on peut et on doit analyser leur place spécifique dans la configuration des idéologies, se demander le pourquoi et le comment de leur apparition, on ne discute pas avec les « révisionnistes ». Il m’importe peu que les « révisionnistes » soient de la variété néo-nazie, ou la variété d’ultra-gauche ; qu’ils appartiennent sur le plan psychologique à la variété perfide, à la variété perverse, à la variété paranoïaque, ou tout simplement à la variété imbécile, je n’ai rien à leur répondre et je ne leur répondrai pas. La cohérence intellectuelle est à ce prix (2) » (extrait de l’Avant-Propos des Assassins de la Mémoire, éd. Maspero, 1981 ; rééd. La Découverte, 2005, pp. 8-9).
Notes :
(1) J’ai regretté en son temps que « Un Eichman de papier » soit présenté, sur la couverture d’Esprit, comme une « Réponse à Faurisson et à quelques autres » ; j’ai protesté contre la présentation par Zéro (avril 1987) d’un « Exclusif : Faurisson contre Vidal-Naquet », composé d’interviews réalisées par Michel Folco.
(2) C’est pour cette même raison que je ne réponds pas, dès lors qu’il s’agit de moi, personnellement, aux mensonges que ces « savants » accumulent et dont certains touchent au cocasse (voir par exemple la préface de P. GUILLAUME à la Réponse à P. V.-N. de R. FAURISSON, ou les Annales d’histoire révisionnistes, I, printemps 1987, p. 175).
Effectivement, d’expérience (encore la semaine dernière avec des partisans de David Icke et auditeurs fervents du Alex Jones Show), il est impossible – et même inutile en fin de compte – d’engager un débat au fond avec des adeptes du conspirationnisme; et ceci pour quelques raisons.
Conspirationnisme et ésotérisme se retrouvent dès lors très souvent, pour ne pas dire systématiquement, intimement liés. En effet, il s’agit pour le prophète (au sens wébérien) ou le leader paranoïaque, afin de révéler le complot et permettre à la multitude d’accéder à la compréhension de la marche secrète du monde, de retrouver et de décrypter les symboles, les indices, les sens cachés ou codés pour qu’ils révèlent leurs significations véritables. Ainsi, à la manière de ce que l’on peut lire dans le Da Vinci Code, la conspiration est là, sous nous yeux à tous, mais, face à la multitude ignorante, aveugle et crédule, seuls des esprits sceptiques, avisés et exercés sont à même de décoder les indices ésotériques éparpillés. Aussi, et c’est une conséquence du cheminement ésotérique, que cette division fondamentale s’établit irrémédiablement entre les initiés, les adeptes du conspirationnisme, et les non-initiés, la multitude jugée ignorante. On le voit bien avec les adeptes des théories conspirationnistes autour des attentats du 11 septembre 2001 à New York, pour marquer cette dichotomie entre la communauté des initiés et les non-initiés, se proclament les Truthers, c’est-à-dire les chasseurs de vérité, tandis que la multitude jugée crédule et ignorante est désignée sous le nom péjoratif de « Sheeples ». Aussi, le conspirationnisme, comme l’ésotérisme, échappe à une logique cartésienne ou rationnelle pour y substituer l’examen « de doctrines secrètes et des pratiques initiatiques, la subtilité des « symboles traditionnels » et l’authenticité des « expériences spirituelles » » ; en un mot l’ésotérisme.
En conséquence, le conspirationnisme à cause de l’influence de l’ésotérisme, se révèle être non pas une pensée fausse mais, et la charge est bien plus radicale, une fausse pensée. Or, ceci revient alors à dire que le conspirationniste n’est pas une pensée politique ou philosophique fondée sur le plan intellectuel qui, comme cela peut parfois arriver, se tromperait ou commettrait des erreurs factuelles et/ou interprétatives mais bien, du point de vue de l’observateur extérieur, une croyance infondée intellectuellement.De sorte que, puisque le conspirationnisme se révèle à l’examen une fausse pensée, le leader paranoïaque construit sa « démonstration », son « argumentation » sur une succession d’inepties, de divagations ou d’assertions sans rapports mais qui, à ses yeux, auront valeur de logique, de cryptologique et/ou d’élément persuasif. De ce point de vue, une incompréhension radicale s’instaure irrémédiablement entre l’adepte du conspirationnisme et l’individu rationnel, l’observateur extérieur, lorsque le second tente de démontrer la fausseté d’une théorie du complot dans le sens où ils ne parlent pas, pour ainsi dire, de la même chose, ils ne parlent pas « la même langue » ; ils ne résonnent pas sur les bases mêmes logiques. Le militant conspirationniste se retrouve, in fine, aliéné et enfermé dans une cryptologique paradoxale et paranoïaque dans la mesure où, bien qu’il formule une fausse pensée, il prétend s’appuyer sur l’observation et l’interprétation de faits sociaux ou d’événements.
En somme, comme l’a dit Taguieff, le conspirationnisme c’est « la peur d’un complot imaginaire ou des inquiétudes réelles provoquées par des complots qui n’existent pas, mais (qui) font l’objet de croyances ».
Traduction : « Dans un débat loyal Faurisson briserait ma thèse bancale en petits morceaux donc je fuis. »
Il est toujours comique de lire des explications d’anti-conspirationnistes.
Résumé de l’article: » Il ne faut pas débattre avec les conspirationnistes. » WOOW c’est du lourd ! Si, si, ils sont sérieux ! C’est pas une blague.
Quelle prétention, il dois détenir le savoir suprême ce mec, vous savez j’ai un frère (de sang) qui est dans une secte et qui réagi de la même manière lorsque l’on tente de discuter avec lui du fait qu’il est dans une secte. Il crois tellement détenir tout le savoir et la vérité a propos de la bible qu’il refuse d’en discuter si ce n’est pas pour endoctriner un futur disciple. Ici ont retrouve exactement le même phénomène le mec crois tellement détenir tout les bon morceau du casse tête qu’il refuse de discuter avec quiconque affirmant aussi les détenir, c’est pas ce que l’on peut appeler « ouverture » pour moi c’est du bornéisme pur et simple et ça manque de maturité. J’espère qu’il n’a pas d’enfants!
M Vidal Naquet nous abuse en se comparant à un astrophysicien. Il est avant tout un militant idéologique, tout comme l’auteur de ce blog, cela n’est pas de la science. Notez bien que vous en avez bien le droit, ce n’est pas ce que je vous reproche, mais j’aime l’honnêteté intellectuelle.
Un scientifique ne refuse pas le débat, car il a des arguments, et qu’il fait confiance à l’intelligence de son auditoire. Un idéologue au contraire veut imposer ses idées, le débat ne l’intéresse pas. C’est de cette manière de pensée qu’est née la loi Gayssot. C’est une boite de Pandore dont on n’a pas encore bien mesuré les conséquences.
Le débat pourtant a un intérêt : la pédagogie. Mais pas au sens où on l’entend souvent ici, c’est à dire un formatage à la pensée unique. Plutôt au sens de donner à chacun les éléments pour se faire sa propre opinion. Se poser en monarque absolu de la vérité n’est bon qu’à satisfaire ceux qui sont déjà convaincus, et à mépriser ceux du camp d’en face. Mais qu’en est-il pour ceux qui reste, les spectateurs, les plus nombreux finalement ?
Si l’on parle du négationnisme par exemple, un petit tour sur le net suffit à se rendre compte que les adversaires idéologiques de M Vidal-Naquet ont une longueur d’avance. Dieudonné, Blanrue et les autres ont une posture dissidente et des arguments qui interpellent. A moins de restreindre une fois de plus la liberté d’expression (je sais malheureusement qu’il y en a que ça n’effraierait pas), la seule façon d’y répondre est d’opposer argument contre argument.
julien giry > vous échappez aussi à une pensée cartésienne. Je vous met au défi, par exemple, de donner une définition scientifique du conspirationnisme. La votre n’est pas suffisante. Par exemple, comment différenciez-vous dans votre théorie le cas des vrais complots ?
Débattre ou pas.
Je me suis toujours posé la question. Et malgré cet article et l’excellente commentaire de Mr. Giry, je continue à me la poser.
Débattre contre un « croyant », est et restera une tâche ingrate, frustrante, avec un résultat proche de zéro pour l’avancée de la cause du jour.
Malgré cela, je le fais. Que ce soit le 9/11, l’assassinat de JFK ou les « ondes » nocives, aucun sujet ne reste sans débat. Il le faut, je le pense, pas pour convertir les croyants (ceux-là sont perdus) mais pour empêcher d’autres, sur le fil, de les rejoindre.
J’essaie pour cela d’appliquer le principe énoncé par Phil Plait lors d’un The Amazing Meeting: « Don’t be a dick ».
http://vimeo.com/13704095
@Richard : sauf que celui qui veut endoctriner, c’est le conspirationniste.
L’approche de P. VN est discutable, le fait de l’invoquer pour affirmer qu’il ne faut pas discuter avec les « conspirationnistes » l’est plus encore.
De qui parle P. VN ? De négationnistes. Soit d’un groupe qui par antisémitisme ou passion du nazisme prétend affirmer que le génocide des juifs d’Europe n’a pas existé. Un débat contradictoire pourrait permettre d’éclairer les auditeurs neutres de ces personnes sur leurs intentions réelles. P. VN s’y refuse jugeant qu’il y a plus à perdre qu’à gagner dans l’exercice. A mon avis, c’est parfois vrai et parfois faux, tout dépend du contexte mais cela n’appelle pas une réponse définitive dans un sens ou dans un autre.
Mais, sachant que personne ne s’auto-définit comme tel et que ce qualificatif est exclusivement stigmatisant, qui sont les « conspirationnistes » ? Des gens qui mentent sciemment pour défendre une cause, des personnes qui (sur)interprêtent mal certains évènements, des personnes qui se sont laissés abusés ou des gens respectables qui défendent une opinion vraie mais minoritaire ?
Quand une personne prétend que le gouvernement et/ou les médias mentent/se sont laissés abusés sur un sujet, il ne m’est pas possible de me faire une opinion sur ce qu’il prétend avant d’avoir débattu avec lui. C’est ce débat contradictoire qui me permettra de jauger la pertinence de ses arguments et de savoir si mon interlocuteur est un manipulateur, me récite un acte de foi, est quelqu’un de crédible qui a juste identifié des éléments restant sans réponse, est quelqu’un qui s’est fait embobiné de bonne foi ou bien présente une version d’un évènement qui je n’avais pas envisagé et qui pourrait être vraie.
C’est précisément le débat qui me permettra de savoir s’il était utile de débattre. L’absence de discussion décrétée a priori me ferme toute possibilité de déterminer si mon interlocuteur ment ou non, utilise des arguments rationnels ou est dans le délire. Le fait qu’il soit désigné par d’autres que moi comme un « conspirationniste » n’est pas un élément suffisant pour écarter toute discussion puisque cette dénomination stigmatisante est utilisée à tout bout de champs (les premiers à avoir dénoncé « l’opération fer à cheval » au Kosovo comme un acte de propagande ont été désigné comme des complotistes pro-serbes, les premiers journalistes à avoir vu la main du gouvernement espagnol derrière les GAL comme des complotistes pro-ETA, ceux qui affirmaient que l’Irak ne possédaient pas d’ADM en 2003 comme des conspirationnistes pro-Saddam Hussein, etc.).
Il ne sert à rien de discuter avec un menteur pathologique ou un fanatique. Mais comment les identifier sans avoir débattu avec eux au préalable ?
@Skynet : Mais combien de spectateurs en quête de savoir, se font (par une sorte d’automatisme absolue) étiqueter comme conspirationniste, juste parce qu’ils se questionne. Toujours croire le premier venu serait pourtant d’une naïveté extrême.
Il est intéressant d’observer la réaction des conspirationnistes « radicaux » à cet article, car c’est un petit bouquet de niaiseries exemplaire. Niaiseries ? Oh ! mais je ne les insulte pas, je ne m’adresse même pas à eux ; j’analyse leur propos, comme le conseille Vidal-Naquet. Et je montre.
Sofitel croit pouvoir lire entre les lignes, il aurait mystérieusement accès aux pensées secrètes de feu Vidal-Naquet que trahirait ce passage des Assassins de la mémoire. Et cela se résumerait à : « Dans un débat loyal Faurisson briserait ma thèse bancale en petits morceaux donc je fuis. » Or, si nous relisons V.-N., nous nous apercevons qu’il ne dit rien de tel, que rien de tel ne transparaît, tout simplement parce que V.-N. ne dit pas qu’il faut se persuader que les négationnistes sont des médiocres pour arriver à se satisfaire d’une absence de débat, mais il dit qu’on ne peut pas et donc, pour rester cohérent, qu’on ne doit pas discuter avec les négationnistes, et il donne même la raison principale de cette impossibilité : il y a un fossé logique et psychologique infranchissable entre les chercheurs, faillibles mais consciencieux, et les négationnistes, puisque ces derniers, qu’ils soient imbéciles, menteurs ou malades, mêlent abondamment le faux à leur discours (même après avoir entendu le vrai et sa preuve). Il suffit donc de constater que le faux est bien archi-présent dans toute la prose négationniste (lire les analyses du site PHDN par exemple, ou bien devenir historien, lire les faurissonniens et vomir) pour donner raison à V.-N. et renvoyer l’extra-lucide Sofitel à ses fantasmes.
Je passe rapidement sur le commentaire de Henri.H, qui réduit à huit mots l’argument copieux de V.-N. afin d’ironiser sans peine sur cette construction malhonnête quasi-vide et faire passer pour de l’intolérance (« il ne faut pas débattre ») un argument respectable. Sauf que V.-N. dit beaucoup, mais ça, Henri.H s’en moque, on le voit à la longueur de son commentaire… C’est du « lourd », Henri, sauf que tu reproches à V.-N. une faiblesse qui n’appartient qu’à toi, et ça « c’est pas une blague ».
Le commentaire de Richard est monstrueux. Culot monstre (un historien reconnu serait sectaire !) et analogie monstre (avec l’histoire du frère endoctriné). Certes, le têtu qui ne veut pas discuter de ses opinions avec les autres est sectaire du fait qu’il ne peut s’entendre qu’avec les rares personnes qui pensent exactement comme lui. Le problème, c’est que V.-N. n’est pas cela, la science en général est même tout l’inverse d’une secte, ce que voit celui qui s’intéresse un tant soit peu à l’histoire des sciences. V.-N. accepte volontiers de discuter à partir du moment où il y a un commun respect de la vérité entre les adversaires (sans cela, le débat n’est pas possible puisqu’il est sourd et ne construit rien). Toute personne ouverte et tolérante aimerait sans doute discuter avec tous les autres, mais c’est irréalisable, et au moins elle ne discutera pas avec une minuscule partie de la population : les négationnistes avec lesquels, en théorie mais aussi par expérience, le débat est impossible (on ne peut pas discuter et construire avec ceux qui nient obstinément, comme par principe, les faits qui invalident leurs indestructibles préjugés). Le mensonge suprême des négateurs consiste justement à prétendre qu’ils ne sont pas des négateurs et qu’ils ont en vue la vérité. On le voit par exemple dans « Un homme », le film-propagande récent de Blanrue, où le discours habituel de Faurisson sur la vérité charme les naïfs et fait passer le « révisionniste » pour un chercheur honnête, le chercheur idéalement honnête même (sous-entendu, les autres chercheurs ne sont pas idéalement honnêtes, ce qui n’est pas faux mais qui justement montre la prétention de Faufau). Il n’y a pas à soupçonner simplement le foutage de gueule chez Faurisson (et passer pour le méchant qui s’en prend à un octogénaire), non, mais il y a à le CONSTATER et le montrer, ce que fait très bien PHDN. Richard ose traiter V.-N. de sectaire, mais il a vu ce sectarisme ailleurs et le transfert inconsidérément sur un autre. Où l’a-t-il vu ? Chez son frère ? ou en lui-même ?
Quant à Quidam, sa peur de la « pensée unique » et sa morale forcée sur l’intérêt du débat (lui qui semble ignorer ce mot)… Bah ! j’ai tout dit. Et puis, c’est vrai, il ne faut pas répondre aux sectaires qui inversent les rôles scientifiques/endoctrinés. Surtout que le Quidam est un habitué des commentaires longs et profondément biaisés sur ce site. Allez vite voir cet endoctriné-endoctrinant intarissable, parfois habile, souvent ridicule quand on sait bien observer. Dieudonné, antisémite notoire, face à l’historien Vidal-Naquet, je lol, comme disent les jeunes adeptes du « chat ». Puisque Quidam aime les comparaisons et les duels, lisez mon commentaire à côté du sien, faites-vous votre idée sans vous laisser influencer même par moi.
Il y a des gens sur cette planète qui sont des super-militants du n’importe quoi, même quand c’est odieux et raciste. Ils sont suffisamment anormaux et énergiques pour raconter des balivernes sur des centaines de pages pendant des dizaines d’années. Ils sont tellement fragiles qu’ils ne supporteraient pas de rejeter les préjugés (antisémites dans le cas des négateurs de la Shoah) qui les structurent. C’est vrai mais c’est peu croyable pour les ignorants qui n’arrivent pas à faire le tri dans le flot de mensonges et d’erreurs qui les assaille, des faussetés bien enrobées dans un discours charmeur qui défigure la science.
Les négationnistes sont des conspirationnistes. L’inverse peut se débattre, ce serait intéressant d’éviter l’amalgame au moins dans un premier temps pour voir ce qu’on peut produire. Mais si, malgré les mises en garde, un conspirationniste particulier passe son temps à détruire ce passage des Assassins de la mémoire (qui vise les seuls négationnistes) au lieu de le critiquer dans les règles ou de le peser et de finalement l’approuver dans ses grandes lignes, j’ai une idée de ce qu’il est en réalité…
Et puis tiens ! J’ajoute pour le plaisir cet extrait qu’on trouve dans une note du blog anti-dieudomaniaque de Jean Koong ( http://jeankoong.unblog.fr/2010/09/14/anthologie-dieudonne-dans-le-texte/ ), qui comprend bien la perfidie et la dangerosité de la propagande de l’ex-humoriste à la santé mentale déclinante :
» Dieudonné s’interroge : Pourquoi refuser de débattre avec les négationnistes ? Mais la bonne réponse, pourtant cent fois vérifiable, ne lui convient pas, soyons-en sûrs. La bonne réponse est celle-ci : le négationnisme (des chambres à gaz, de la Shoah ou plus encore), comme l’ont montré tous les spécialistes, eux-mêmes étonnés puis consternés par ce qu’ils lisent, n’est pas une révision méthodique de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale (car l’histoire n’est pas un dogme et, heureusement, est révisée par des chercheurs honnêtes en permanence), mais c’est un discours manipulateur qui cherche par tous les moyens à passer pour scientifique et historique, qui, dans son incohérence, ne “conclut” rien d’autre que les préjugés antisémites extrêmes qui l’ont motivé, d’ailleurs souvent issus du néonazisme et de la tradition des théories du complot juif mondial. Les négationnistes sont des menteurs pathologiques arrogants, parfois orduriers, toujours imperméables aux critiques : il est impossible de débattre avec ce genre d’individus (autant débattre avec un magnétophone, grésillant et insupportable de surcroît). Eux demandent régulièrement le débat car son obtention ferait ressembler leur entreprise à une école respectable qui s’oppose aux historiens diplômés ; le problème est qu’ils n’opposent pas une thèse à une “vérité officielle”, mais des falsifications en surdose à des faits surdocumentés. N’obtenant pas de débat, ils prétendent être les pauvres victimes incomprises d’une lâche inquisition, alors qu’ils se moquent avec une hypocrisie et une irrévérence absolues de l’histoire d’un génocide de grande ampleur. «
Débattre avec des conspirationnistes, ce n’est pas seulement inutile, c’est aussi épuisant. Pour en avoir rencontré un bon paquet dans ma vie et pour avoir souvent tenté de dialoguer avec eux, je sais que leur opinion ne relève pas de la raison mais de la croyance et que si vous dites A, ils finiront toujours par dire B. Ils ont la certitude absolue que complot il y a, et les arguments qui ne vont pas dans leur sens seront systématiquement écartés d’un revers de la main, je suis bien placé pour le savoir.
Alors il y a toujours un conspi pour vous demander « Pourquoi vous refusez de débattre avec moi ? Vous avez peur ? ». Et il serait naïf de croire qu’un auditoire est apte à faire la part entre une mécanisme sophiste bien rodée reposant sur le ressenti d’un côté et un discours raisonnable et scientifique de l’autre. Soral est sans aucun doute le plus doué dans cet art de la rhétorique, coupant la parole, haussant le ton, ayant rodé une gestuelle et un personnage qui forgent le respect tout en servant un discours vide de vérité.
Oui, le débat est possible ; mais non, ce ne sont pas les côtés les plus nobles de l’âme humaine qui en sortiront triomphants. Et c’est hélas souvent ceux qui parlent le plus fort qui savent le mieux se faire entendre auprès d’un public avide de révélations plutôt que de rigueur dans la recherche de la vérité.
Je croyais qu’à cet article serait répondu « et voilà ! on nous amalgame encore avec les négationnistes ! », mais non, ce qu’on lit c’est : « théorie bancale » ou : « les adversaires idéologiques de Pierre Nidal-Vaquet ont une longueur d’avance » … Choisi ton camp camarade !
Ce qui est notable chez les conspirationnistes, c’est leur positivisme en acier massif, comme si seuls comptaient les mots et que les motivations idéologiques qui les sous-tendent ne comptaient pas, comme si on pouvait mettre sur le même plan les arguments d’un raciste et ceux d’un humaniste.
Skynet > vous m’avez mal compris. Je justifiais la nécessité du débat (c’est le thème de ce post, non ?) par le fait que l’absence de contradiction favorise forcément ceux qui occupent la place. Quelqu’un qui fait une recherche sur Faurisson aujourd’hui sur Internet tombera en premier sur les vidéos de Blanrue et Dieudo. Je ne juge pas cet état de fait, je le constate. Si c’est par refus du débat que leur contradicteurs sont invisibles, alors vous serez d’accord avec moi que c’est une posture perdante.
Néanmoins, si on ne peut pas débattre avec les conspis, où s’arrête-t-on?
Doit-on débattre avec les Témoins de Jéhovah ? Avec les scientologues ? Non, on ne débat pas avec les sectes.
Doit-on débattre avec les marxistes, les libéraux ? Non, on ne peut pas débattre avec les idéologues.
Et les scientifiques ? Oui, on peut débattre avec les scientifiques. Donc les seuls à pouvoir débattre sont les scientifiques, les autres doivent se tenir respectueusement à l’entrée du Temple, car ils ne disposent pas des bons outils.
A quand rétablira-t-on le latin pour que les clercs discutent tranquillement entre eux ?
PS. Par ailleurs je pense que les négationnistes se trompent, que certains sont de bonne foi et d’autres de mauvaise foi, mais que la raison est commune à tous les humains. Sinon, c’est la porte ouverte à la dictature des sachants.
Un truc qui ne cessera jamais de m’amuser chez les conspirationnistes (et qu’on retrouve aussi chez les négationnistes) c’est la variation de leur scepticisme. Il peut être sage de porter un regard sceptique sur l’information et les médias, mais pour eux cela équivaut à tout rejeter en bloc! Et parallèlement à ça, la moindre petite bafouille postée sur ReOpen911, la moindre blagounette de Dieudonnée, la vidéo la plus floue de Youtube est indiscutable et constitue une preuve irréfutable de ce qu’ils avance.
Pierre Vidal Nacquet était (et est toujours!) un des grands noms de la pensée du XXème siècle, qu’ils le veulent ou non. Le caricaturer en quelqu’un qui « fuirait le débat » est au mieux ridicule, au pire agaçant.
Intérêt de débattre: proposer vos les arguments, et démonter ceux des personnes à qui vous vous opposez intellectuellement.
Intérêt de ne pas débattre: n’avoir que des arguments facilement démontables, ne pas avoir de contre-arguments valables pour démonter ceux des personnes à qui vous vous opposez intellectuellement.
Mes félicitations pour la démonstration implicite des raisons de vos choix, c’est une modestie qui vous honore.
Vidal-Naquet est pourtant clair ! Il ne dit pas qu’il faut ignorer ce qu’écrivent les négationnistes au contraire « on peut analyser leurs textes comme on fait l’anatomie d’un mensonge « . Mais débattre ne sert évidement à rien car ces gens ne changeront jamais d’un iota leur position qui repose sur la négation d’un fait. Ils sont totalement hermétique au moindre argument.
D’ailleurs comment discuter avec des gens qui considèrent que tous ceux, historiens, victimes et mêmes bourreaux, qui ont témoigné des chambres à gaz sont de facto des menteurs ? Que les « Einsatzgruppen » n’ont jamais existé ? Que les nazi n’ont jamais voulu exterminer les juifs en Europe ? Que les juifs sont morts comme les autres ? Ce sont des faussaires.
A un moment ça suffit, on ne peut pas discuter éternellement avec quelqu’un qui vous soutient, pour raison idéologique, que le Soleil tourne autour de la Terre, par exemple.
Car les négationnistes veulent réhabiliter le nazisme et cela passe évidemment par la négation de leurs crimes monstrueux.
Et Vidal-Naquet encore une fois les connait très bien assurément :
– » l’apport des « révisionnistes » à nos connaissances se place au niveau de la correction, dans un long texte, de quelques coquilles. Cela ne justifie pas un dialogue, puisqu’ils ont surtout démesurément agrandi le registre du mensonge. »
Tout est dit !