Radia Ayad (1977 - ) est l'animatrice de « The NEWS » (@news_and_truth), un compte X connu jusqu'en 2025 sous le nom de « Debunker News » (@debunker_news). Présente sur X avec plus de 57 000 abonnés, elle est coutumière des accusations conspirationnistes et des fake news à caractère antisémite.
Avant de se faire connaître pour son activité sur les réseaux sociaux, Radia Ayad était à la tête d’une entreprise chargée de l’e-réputation de ses clients. Invitée à parler de son travail dans plusieurs émissions, elle était considérée comme une experte dans ce domaine. Toutefois, aujourd’hui, sa start-up semble inexistante et les sites liés ont tous été désactivés.
Se présentant comme une défenseure des musulmans de France, cette ingénieure en informatique franco-algérienne originaire d'Oran annonce en novembre 2023 la création de l'association « STOP musulmanophobie », lançant simultanément une collecte de fonds. Deux ans plus tard, l’association est pourtant au point mort, avec un site introuvable et une page de crowdfunding annulée.
Fondatrice de l'association Défense de la France Multiculturelle, elle se réclame du militant nationaliste algérien Amar Ouzegane (1910-1981) et indique voter, pour les élections européennes de juin 2024, pour la liste « Free Palestine Party » présentée par l'Union des Démocrates Musulmans Français (UDMF), une organisation dont la revue, Le Foulard déchaîné, compare le cas de Tariq Ramadan à l'affaire Dreyfus, « mais en pire » (sic).
Sur X, sa plateforme de prédilection, Radia Ayad cumule plus de 57 000 followers, parmi lesquels Hani Ramadan et le Média en 4-4-2. Faisant régulièrement des appels à dons – elle avait entre autres lancé une cagnotte contre Radio J –, sa page Stripe actuelle explique que ces financements l’aideront à régler ses frais d’avocats « face à de nombreuses plaintes émanant du lobby pro-israélien » [TheNews-Stripe]. En effet, l’ancienne entrepreneuse se considère comme victime des « juifs sionistes extrémistes et de la justice française [qui lui ont volé son] droit à la vie privée ».
Pour Radia Ayad, la France serait dominée par les lobbys pro-israéliens, les « sionistes » et les Juifs – des termes qu’elles utilisent de manière interchangeable. À ce propos, le CRIF s’ingérerait selon elle « dans la politique nationale jusqu’au sommet de l’État français ». Une situation intolérable pour cette twittos compulsive qui, en septembre 2025, déclarait avoir quitté la France. Malgré cet éloignement, Ayad promettait qu’elle continuerait à tweeter « pour l’amour de ce pays, celui qu’on chérit tant, et qu’on aimerait libérer du sionisme ». Un tweet qui dépassera les 860 000 vues.
Jamais dans la demi-mesure, Radia Ayad prête des pouvoirs inégalés aux organisations juives ou pro-israéliennes et à Israël en général. Ainsi, elle estime qu’ELNET, une ONG qui promeut les liens entre l’Europe et Israël, « façonne l’opinion en France » et que l’État hébreu organiserait « la haine et la peur des musulmans de France […] avec le soutien des médias ». En outre, avant les Jeux olympiques de Paris de 2024, Ayad était de ceux qui étaient persuadés qu’Israël en profiterait pour… attaquer la France ! Quant à Hassen Chalghoumi – un imam basé à Drancy qui condamne l'antisémitisme –, son activité d'imam ne serait qu'une couverture et il serait en réalité un « sayan », c’est-à-dire un agent travaillant pour les services de renseignement israéliens.
De plus, Radia Ayad s’en prend régulièrement à travers son compte X à des responsables politiques français passés et présents. Elle désigne Simone Veil sous le terme de « ministre franco-sioniste » et l'accuse d'avoir signé sectètement un « accord de dons d’organes unidirectionnel » en faveur d'Israël, une rumeur infondée largement diffusée par l’extrême droite antisémite lors du décès de l’ancienne rescapée de la Shoah.
The NEWS a aussi remis au goût du jour cette théorie conspirationniste en accusant Israël de voler plus généralement « les organes des goyim » ainsi que ceux des Palestiniens, une rumeur relayée par l'eurodéputée LFI Rima Hassan. The NEWS s’attaque également directement à Emmanuel Macron en l’accusant d’avoir des liens avec Jeffrey Epstein et les Rothschild. Et lorsqu’Ayad ne réduit pas un représentant de la République française à sa judéité, parlant par exemple de « la ministre juive Elisabeth borne » (sic), elle leur invente de nouvelles fonctions : Bruno Retailleau serait ainsi le « ministre du sionisme et de l’islamophobie ».
Radia Ayad estime que les Français de confession juive bénéficient d’un traitement de faveur. Pendant la pandémie Covid-19 par exemple, ces derniers auraient été exemptés de l’attestation de déplacement dérogatoire durant Shabbat, tandis que les « Goys […] se prenaient des amendes à 135€ » – une fausse information réfutée à l’époque par Conspiracy Watch. En outre, dans les premières semaines de la guerre Israël-Hamas, Ayad a relayé la fausse information selon laquelle les dons à l’armée israélienne seraient défiscalisables, accusant les sionistes d’être remboursés par l’argent français. Enfin, pour Ayad il existerait un véritable « séparatisme » en République française, le « séparatisme israélite/sioniste ».
L’obsession de Radia Ayad pour les Juifs ne s’arrête pas aux frontières françaises. Reprenant des extraits du passage du journaliste devenu complotiste Éric Laurent dans l’émission Tout le monde en parle, The NEWS a relayé à plusieurs reprises la théorie conspirationniste selon laquelle le Mossad serait derrière les attentats du 11 septembre 2001.
Radia Ayad est également une adepte de la notion complotiste d’ « autosémitisme ». Après l’attaque de la synagogue Beth Yaacov de La Grande-Motte, The NEWS supposait directement un « nouvel acte auto-sémite », déclarant ensuite : « Depuis le 8 octobre, et devant l'augmentation exponentielle des faux actes antisémites et des actes auto-sémites, je suis devenue plus prudente. »
Non seulement The NEWS adhère à l’une des plus vieilles accusations antisémites, celle du peuple « déicide », mais le compte affirme aussi, sur la base d’une citation inventée (« le juif ne sera pas puni s’il sodomise une fille de moins de 3 ans ou un garçon de moins de 9 ans »), que le Talmud légitime le viol et la pédophilie. La phrase en question n’existe évidemment pas dans le Talmud. Elle résulte d’une déformation grossière : des passages rabbiniques antiques, qui discutent des âges légaux à partir desquels certains actes sont considérés comme punissables, sont sortis de leur contexte et transformés en prétendues autorisations à commettre des crimes abjects – un procédé classique de la littérature antisémite. Or, en diffusant une vidéo trafiquée où l’on voit un homme juif religieux en prière, The NEWS laisse entendre au public que cet homme profère ces propos :
Malgré son complotisme antisémite évident, Radia Ayad bénéficie de la confusion qu’amène son pseudonyme, The NEWS (Les Nouvelles). En août 2025, lorsqu’il a été annoncé qu’une enquête avait été ouverte à l’encontre d’un rabbin ayant proféré des menaces de mort contre Emmanuel Macron, le tweet de The NEWS sur le sujet était repris et publié par Le Parisien.
Le 27 décembre 2023, Radia Ayad publie un tweet dans lequel elle écrit : « Si demain, je suis assassinée par les sionistes extrémistes qui me menacent, Darmanin, les FDO, la justice seront complices du meurtre, et de non assistance à personne en danger ». Arrêtée en janvier 2025 pour ses publications délictueuses, elle explique début février 2025 qu'elle doit quitter la France pour se « protéger de la mafia sioniste » et fait un appel aux dons permettant de financer son départ. Le 14 mai 2025, elle affirme que son « ancienne vie a été détruite pour son soutien à la cause palestinienne » et se dit « persécuté[e] par le lobby sioniste ».
(Dernière mise à jour le 07/12/2025)
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