« Make Antisemitism Great Again » ?

« Make Antisemitism Great Again ». Cela pourrait être le nouveau slogan de l'Alt-Right américaine. Le vice-président JD Vance en tête. La petite phrase est passée presque inaperçue mais elle raconte la fracture profonde qui afflige la boutique trumpiste. Le 29 octobre dernier, répondant à la question d’un étudiant lors d’un événement organisé par Turning Point USA à l’Université du Mississippi, JD Vance a déclaré que « quand les gens disent qu’Israël manipule ou contrôle d’une manière ou d’une autre le président des États-Unis, ils ne manipulent ni ne contrôlent ce président des États-Unis » (sic). Manière de sous-entendre que les prédécesseurs de Donald Trump – Bush, Obama ou Biden – ont pu, eux, avoir été manipulés ou contrôlés par l'État hébreu.

Les propos du vice-président américain interviennent deux jours après le retentissant passage du podcasteur nationaliste Nick Fuentes dans l’émission de Tucker Carlson. 2 heures 18 minutes d’interview plus que complaisantes et une audience spectaculaire offerte sur un plateau à l’un des pires influenceurs antisémites américains de l’époque. Âgé de 27 ans, Fuentes est le leader des « Groypers », des groupies d’Adolf Hitler. Son podcast, « America First », réunit des centaines de milliers de spectateurs, tandis que son compte X a franchi, fin octobre, la barre du million d’abonnés. En 2022, Fuentes a même dîné avec le rappeur Kanye West dans la résidence floridienne de Trump, provoquant un véritable tollé (Trump déclarera pour se défendre qu’il ne savait pas qui était Fuentes).

Dans la foulée, le très trumpiste sénateur Ted Cruz a diagnostiqué « une crise existentielle » au sein du Parti républicain, constatant « ces six derniers mois, plus d’antisémitisme à droite que durant toute [sa] vie » et qualifiant Fuentes de « petit nazi » – ce qu’il est effectivement. Carlson a riposté en affirmant que les républicains pro-israéliens étaient atteints d’un « virus cérébral ». Ambiance. Cette même ligne de fracture était apparue au mois de juin dernier lors de l’intervention d’Israël contre l’arsenal nucléaire iranien. Marjorie Taylor Greene, Candace Owens, Alex Jones et Tucker Carlson avaient alors vivement critiqué la décision de Donald Trump de soutenir l'État d'Israël.

L’antisémitisme était, dans la vie politique américaine, une question réglée. Ça ne l’est plus. Des deux côtés de l’échiquier politique, l’hostilité envers les Juifs sous toutes ses formes dessine une nouvelle ligne de fracture.