
Les Protocoles des sages de Sion – faux notoire – ne constituent ni accident ni une aberration dans l’histoire. Ils sont tout à la fois un résultat (aboutissement d’une histoire), un paradigme et une matrice. Un résultat d’abord : ils s’inscrivent dans un genre littéraire qui a pris une grande extension en réaction à la Révolution française, pour délégitimer celle-ci, l’écrit conspirationniste. Il s’agit d’un type d’écrit dénonçant une conspiration, inmanquablement imaginaire, s’accompagnant de la présentation de pseudo preuves. Ainsi, des contre-révolutionnaires transformèrent une modeste société secrète maçonnique, groupuscule d’exaltés dirigés par un certain Adam Weishaupt dans les années 1770-1780, Les Illuminés de Bavière en une puissance planétaire et transhitorique tirant à elle seule les ficelles du devenir du monde. La tourmente révolutionnaire elle-même aurait été fomentée par ces Illuminés! Voilà le marionnettiste caché derrière le spectacle du monde identifié ! Très rapidement, au cours du XIXème siècle, le mythe de la conspiration des Illuminés se chargea d’antimaçonnisme et d’antisémitisme. Le complot des Illuminés devint un complot judéo-maçonnique. Les Protocoles campent à l’aboutissement de cette évolution. Un paradigme: tous les textes conspirationnistes leur reprennent, plus ou moins volontairement et plus ou moins complètement, des éléments et des aspects structurels des Protocoles. Ainsi, dans le film Lara Croft-Tomb Raider la bande des méchants, visant à obtenir par complot la maîtrise du monde, s’appellent " les Illuminati ". Ces mêmes Illuminés peuplent l’univers de Dan Brown, parallèlement au chimérique Prieuré de Sion dont l’auteur de Da Vinci Code veut pourtant convaincre de la réalité. Faire croire au complot du Prieuré de Sion, au pacte liant ses membres pour la maîtrise de la planète, revient à reprendre la trame des Protocoles. Une matrice enfin: d’une part, la plupart des œuvres conspirationniste se coulent dans le moule des Protocoles, quand d’autre part il arrive parfois qu’elles en soient purement et simplement issues. Les rumeurs attribuant aux Juifs l’attentat des Twin Towers de New-York ou bien la dénonciation rituelle d’une mainmise américano-sioniste sur les affaires de la planète sortent tout droit, après un léger lifting, des Protocoles. Un point commun se dégage de toute cette production culturelle : l’obsession du complot, de la conspiration, traduisant une vision paranoïaque de l’histoire.
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La suite sur le site de Robert Redeker.
« Les rumeurs attribuant aux Juifs l’attentat des Twin Towers de New-York (…) sortent tout droit, après un léger lifting, des Protocoles. »
Robert Redeker ne fait pas référence à des déclarations précises et cette affirmation, par amalgame, peu occulter d’autres interprétations des faits avérés.
Elles ne passent pas toutes par le prisme d’une »obsession du complot », d’une « vision paranoïaque de l’histoire ».
A titre d’exemple:
Cette information, de source* »au dessus de tout soupçon d’antisémitisme », à notablement contribué, sans aucun doute, à nourrir ces rumeurs.
http://www.haaretz.com/hasen/pages/ShArt.jhtml?itemNo=77744&contrassID=/has%5C
Odigo says workers were warned of attack
By Yuval Dror
Odigo, the instant messaging service, says that two of its workers received messages two hours before the Twin Towers attack on September 11 predicting the attack would happen, and the company has been cooperating with Israeli and American law enforcement, including the FBI, in trying to find the original sender of the message predicting the attack.
Micha Macover, CEO of the company, said the two workers received the messages and immediately after the terror attack informed the company’s management, which immediately contacted the Israeli security services, which brought in the FBI.
« I have no idea why the message was sent to these two workers, who don’t know the sender. It may just have been someone who was joking and turned out they accidentally got it right. And I don’t know if our information was useful in any of the arrests the FBI has made, » said Macover. Odigo is a U.S.-based company whose headquarters are in New York, with offices in Herzliya.
As an instant messaging service, Odigo users are not limited to sending messages only to people on their « buddy » list, as is the case with ICQ, the other well-known Israeli instant messaging application.
Odigo usually zealously protects the privacy of its registered users, said Macover, but in this case the company took the initiative to provide the law enforcement services with the originating Internet Presence address of the message, so the FBI could track down the Internet Service Provider, and the actual sender of the original message
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Haaretz
http://www.google.fr/search?hl=fr&q=haaretz+odigo&btnG=Rechercher&meta=lr%3D
Je suggère à M. Redecker de convaincre de sa théorie, Mrs Cossiga ancien président de l’Italie (et ancien des services secrets) et Mrs Craig Roberts ancien secrétaire d’Etat au Trésor sous Reagan entres autres des innombrabbles personnalités qui doutent de la version officielle des attentats du 11/09 qui sont aussi et jusqu’à preuve du contraire une théorie du complot. Ainsi parmi un nombre incalculables de bizarreries M. Ben Laden n’est-il pas inculpé pour les attentats du 11/09 comme on l’a prétendu.
à Mike :
Votre message est navrant… Je laisse les internautes en juger par eux-mêmes et j’engage ceux d’entre eux qui ne comprendraient pas que je me refuse à développer sur ce thème à commencer par s’informer sérieusement sur l’antisémitisme et son histoire. Ils se reporteront avec profit aux ouvrages de Léon Poliakov (cf. notamment
http://www.conspiracywatch.info/index.php?action=article&numero=13) et à ces vidéos de Pierre-André Taguieff : http://www.conspiracywatch.info/index.php?action=article&numero=18 et http://www.conspiracywatch.info/index.php?action=article&numero=19
A propos de l’origine de la rumeur attribuant aux Juifs les attentats du WTC, je renvoie tous ceux que ça intéresse à Antoine Vitkine, Les Nouveaux imposteurs, éd. La Martinière, 2005, pp. 182-186 ; mais également à ce lien en anglais :
http://www.snopes.com/rumors/israel.asp
à Robin :
1/ Lorsque vous écrivez « jusqu’à preuve du contraire », vous procédez par sophisme, par inversion de la charge de la preuve. Vous avez ce point en commun avec les croyants qu’on ne pourra jamais leur apporter la preuve que « Dieu n’existe pas » – tout comme on ne pourra jamais vous apporter à vous la preuve définitive, irréfutable, que l’administration Bush n’a pas commandité les attentats du 11 septembre.
2/ Ce que vous appelez la « version officielle » n’est pas une thèse parmi d’autres. C’est l’hypothèse la plus plausible et donc la plus probable. Le fait qu’elle soit soutenue par les autorités américaines – que vous tenez, à tort ou à raison, en grande suspicion – ne lui enlève en rien sa pertinence. Que le 9/11 soit le résultat d’un complot du groupe terroriste islamiste Al Qaïda, cela en revanche n’est pas une théorie : c’est un fait étayé par de nombreux témoignages, expertises, enquêtes et preuves récoltées sur le terrain. D’ailleurs, concernant la revendication, par Oussama Ben Laden, des attentats du 11 septembre 2001, je vous renvoie à Gilles Kepel & Jean-Pierre Milelli (dir.), Al-Qaida dans le texte, éditions PUF, 2005, pp. 83-87, 97 et 101-111.
La « théorie » que vous défendez repose sur des suspicions (c’est d’ailleurs ce qui en fait une « théorie du complot ») mais on n’y trouve pas l’ombre d’une preuve. Les « preuves » du 9/11 Truth Movement ne sont qu’un amas de suppositions et d’extrapolations visant à mettre en difficulté ce qu’ils appellent la « version officielle » sans pour autant proposer un modèle explicatif alternatif valable ou même seulement cohérent. Vous seriez ainsi bien en peine de mettre sur pied une véritable théorie explicative de l’enchaînement des événements du 11 septembre 2001 tout en occultant le rôle d’Al Qaïda.
Quant à MM. Cossiga et Craig Roberts, il ne me semble pas qu’ils soient le moins du monde qualifiés pour apporter leur éclairage sur les événements du 11 septembre. Pas plus que MM. Ray Griffin ou Meyssan (qui a publié un livre sur le 11 septembre sans avoir fait la moindre enquête de terrain – il ne s’est même pas rendu aux Etats-Unis !). Ils font valoir leur opinion. Point. C’est leur droit. Mais ce n’est qu’une opinion. Paul Valéry et Maurice Barrès étaient des écrivains éminents, ils n’en étaient pas moins anti-dreyfusards.