
Chassé de son pays par un coup d’Etat militaire le 28 juin 2009, le président Zelaya est revenu clandestinement au Honduras lundi dernier. Selon lui, l’armée putchiste et la police tenteraient d’introduire des gaz neurotoxiques au travers des murs mitoyens de l’Ambassade brésilienne à Tegucigalpa, où il s’est réfugié. Il a également expliqué à la presse qu’un groupe de « mercenaires israéliens » serait en train de mener des opérations de brouillage des communications. Ils emploieraient à cette fin « des appareils électroniques qui affectent le cerveau »…
Le journal espagnol El Pais rapporte également que suite à une manifestation pro-Zelaya dispersée par les troupes putschistes mardi 22 septembre, l’armée a diffusé l’hymne national par haut-parleurs. Le président Zelaya y a vu une tentative « de rendre fous les occupants de l’ambassade au moyen de sons stridents ».
Sources :
* « Le président hondurien voit des complots partout », Slate.fr, 24 septembre 2009.
* Frances Robles, “ They’re torturing me, Honduras’ Manuel Zelaya claims ”, The Miami Herald, 24 septembre 2009.
* Katie Paul, “ Blaming Israeli Mercenaries, Surviving on Biscuits, Zelaya Looks for an Endgame ”, Newsweek, 25 septembre 2009.
* Roy Semione, “ Ousted Honduran leader: Israeli mercenaries are trying to kill me ”, Haaretz, 26 septembre 2009.
N’est-ce pas un peu rapide de placer cette information dans un site conspirationniste alors que, pour l’instant, rien ne permet de démentir les déclarations de Zelaya ? Certes, les déclarations de Zelaya sont pour le moins “surprenantes” mais les tentatives d’assassinats recencés contre Fidel Castro sont également passées par des méthodes plus saugrenues les unes que les autres. En outre, alors que plusieurs éléments laissent penser que des militaires US ont participé directement ou indirectement au coup d’État (ce qui ne signifie pas que le gouvernement US est impliqué, ce ne serait pas la première fois que l’armée fait preuve d’une autonomie mal venue), n’occultons pas qu’externaliser une part de ses activités souterraines à un allié est un grand classique des relations internationales.
Rudy, je ne partage pas vos opinions mais je vous reconnais une certaine honnêteté intellectuelle dans votre démarche. Toutefois, évitez de dégainer la classification “complotiste” dè qu’une information étonnante touchant Israël arrive sur votre téléscripteur.
J’admets que la déclaration de Zelaya est peu crédible, mais la dénoncer en l’étiquetant comme conspirationiste avant toute vérification nuit à votre propre crédibilité.
@ Patrick Maes :
Vous dites que “rien ne permet de démentir les déclarations de Zelaya” ? Le post ci-dessus cite pourtant une déclaration d’un porte-parole de la police hondurienne expliquant en quoi les accusations de Zelaya lui paraissent infondées… Lorsqu’on est chef d’Etat et qu’on se lance dans des accusations aussi rocambolesques et à la fois aussi graves sans citer ses sources ni apporter la moindre preuve de ce que l’on avance, il me semble qu’il ne faut pas s’étonner d’être la risée de la presse mondiale (de El Pais à Haaretz) et de perdre toute crédibilité. Ce site ne se focalise pas sur les théories du complot contre les Juifs ou contre Israël. Ce sont les théories du complot qui prennent – trop – souvent Israël ou les Juifs pour cible. Zelaya aurait pu accuser le FSB ou l’ISI de le torturer avec des ultrasons, il en aurait été rendu compte ici exactement de la même manière. Or, il se trouve qu’il accuse des “mercenaires israéliens”. Et cela dans un contexte où l’Etat d’Israël et ses services font l’objet de fantasmes complotistes plus délirants les uns que les autres.
Je ne considère pas spécialement comme un démenti crédible les propos du chef de la police – pro-putschiste – du Honduras.
Je ne dis pas que les propos de Zelaya doivent être pris pour argent comptant (surement pas !), mais je vous invite à la prudence : votre seul élément pour contester ses propos (peu crédibles, j’en conviens, mais pas impossible non plus) est la déclaration d’un de ses adversaires politiques.
@ Patrick Maes :
Les déclarations du porte-parole de la police (et non du “chef” de la police) n’est pas le “seul” élément pour contester les propos de Zelaya. L’autre élément, c’est le bon sens, tout simplement. Le bon sens qui nous fait dire que si les militaires honduriens essayaient d’introduire des gaz neurotoxiques à travers les murs de l’Ambassade du Brésil à Tegucigalpa (!!), les autorités brésiliennes auraient sans doute protesté. Le bon sens qui nous fait dire qu’il est tout de même étrange que parmi tout le personnel de l’Ambassade en question, seul Zelaya a l’impression d’être torturé par des rayons ultrasons provenant, si j’ai bien compris, d’appareils électroniques très sophistiqués. Le bon sens qui nous fait dire que voir dans la diffusion d’un hymne national par haut-parleurs une tentative « de rendre fous les occupants de l’ambassade au moyen de sons stridents » (sic), c’est prendre les gens pour des imbéciles. Le bon sens, enfin, qui nous fait dire que l’accusation visant des “mercenaires israéliens” n’est rien d’autre que l’argument de ceux qui n’ont plus d’arguments, Israël étant devenu un bouc émissaire commode, l’un de ces rares pays que l’on accuse régulièrement des pires maux de la planète tout en se sentant dispensé de fournir la moindre preuve de ce qu’on avance.
A toute fin utile, je rappelle que l’ambassade brésilienne ne dispose plus d’eau, d’électricité et du téléphone. Que le Brésil a protesté auprès des autorités putschistes contre “l’état de siège” que subit son amabassade (sans entrer, il est vrai dans le détail des reproches), que les putschistes menacent d’intervenir militairement dans l’ambassade, ce qui a entraîné une protestation officielle du secrétariat général de l’ONU et que l’utilisation de sons stridents est repris aujourd’hui dans l’article du Figaro qui ne se base pas sur les déclarations de Zelaya mais sur celle d’un journaliste hondurien (certes, partisan de Zelaya et donc susceptible de mentir dans le même sens que son favori, au même titre que le porte-parole de la police est susceptible de mentir pour délégitimer son adversaire).
Bref, nous savons objectivement que :
– l’ambassade brésilienne est sous pression et menacée,
– que le Brésil et l’ONU proteste contre cet état de fait.
Les moyens mis en oeuvre contre l’ambassade divergent ensuite selon les sources et on observe que les partisans de Zelaya dénoncent l’utilisation de sons contre les occupants de l’ambassade ce qui démentent les putschistes. Zelaya va plus loin en parlant aussi de gaz et en accusant des mercenaires israéliens (et non des agents isaréliens – la nuance me semble toute aussi importante que la différence entre chef de la police et porte-parole de la police) d’être derrière l’utilisation de ces appareils.
Il me semble tôt pour hurler au conspirationisme ou à l’antisémitisme rampant.
Sur la présence ou non de mercenaires israéliens au Honduras, notons que René Andrés Pavón, Président de la Commission des Droits de l’Homme du Honduras a, dans plusieures interview cet été assuré que les forces de l’ordre honduriennes, qui doivent faire face à de nombreuses manifestations, étaient désormais encadrées par d’anciens militaires israéliens faisant désormais carrière dans la sécurité privée.
Il s’agit d’un témoignage de seconde main d’un partisan de Zelaya, cette affirmation doit donc être prise avec prudence.
Cette déclaration démontre seulement que Zelaya n’est pas seul à penser – à tort ou à raison, j’insiste ! – que des Israéliens (et pas l’État israélien, la nuance est importante) apporte un soutien logistique aux putschistes.
J’admire la pondération de Patrick Maes qui fait preuve des qualités d’un bon journaliste !
Cela dit, coté conspiration Zélaya est bien servi : libéral au départ, et donc agrée par les USA, il a, par patriotisme, peu à peu évolué vers les intérêts de son peuple, ce qui lui a valu un coup d’état de la bourgeoisie soutenue dans l’ombre par les USA. Même scénario que celui qui a failli couter la vie et le pouvoir à Chavez en 2002…. Alors Zélaya conspirationniste ? Vous plaisantez Mr Rudy !
Rudy, je viens de lire votre longue analyse sur H.Chavez (la tentation totalitaire). Je comprends mieux votre froideur à l’égard de Zélaya… Je regrette que votre extrême sévérité à l’égard de ces dangereux excentriques sud-américains ne vous conduise pas à autant de rigueur envers nos modèles de démocraties occidentales! et notamment envers notre antiChavez à nous : Sarkozy . C’est cela que les altermondialistes vous reprochent, ces 2 poids 2 mesures. Et puis vous décrivez un Chavez trivial, naïvement infatué, stupide au premier degré, alors que dans certains reportages il apparait plein d’intelligence et de sensibilité. Ne vous fiez pas à la caricature qu’il vous tend. Les USA ont ravagé l’Amérique latine, alors vous pouvez bien supporter quelques imperfections des bolivariens. Quant à Zélaya, son sort est réglé : très bientôt la bourgeoisie hondurienne va retrouver la démocratie… tout va rentrer dans l’Ordre Etat-unien..