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Pascal Bruckner : « le pire des complots est l’indifférence »

Publié par La Rédaction16 mars 2005,

Pascal Bruckner : « le pire des complots est l’indifférence »
Extraits de La Tentation de l’innocence, Grasset, 1995, pp. 236-237 :

La thèse du complot a ceci de rassurant qu’elle explique tous les événements par l’action de forces souterraines. Mais cette désignation d’un Grand Fautif peut prendre deux directions : ou elle est une forme de renoncement (à quoi bon lutter puisqu’une intelligence supérieure ourdit contre nous de noirs desseins ?) ou elle désigne un bouc émissaire, un ennemi qu’il faut anéantir pour retrouver l’harmonie perdue (comme en Serbie ou en Algérie de nos jours). La pensée de la conspiration est irréfutable puisque les arguments qu’on lui oppose sont retournés en preuve de la toute-puissance des conspirateurs. (Eternel refrain du paranoïaque : est-ce ma faute si j’ai toujours raison ?) Elle évite à ceux qui s’en croient l’objet la douleur de la critique, de la remise en cause. Enfin elle leur offre une consolation suprême : se croire assez importants pour que des méchants, quelque part sur terre, essayent de les détruire. En définitive le pire des complots est l’indifférence : combien de nous survivraient à l’idée qu’ils ne suscitent chez les autres ni assez d’amour ni assez de haine pour justifier la moindre malveillance ?

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Pascal Bruckner : « le pire des complots est l’indifférence »
Extraits de La Tentation de l’innocence, Grasset, 1995, pp. 236-237 :

La thèse du complot a ceci de rassurant qu’elle explique tous les événements par l’action de forces souterraines. Mais cette désignation d’un Grand Fautif peut prendre deux directions : ou elle est une forme de renoncement (à quoi bon lutter puisqu’une intelligence supérieure ourdit contre nous de noirs desseins ?) ou elle désigne un bouc émissaire, un ennemi qu’il faut anéantir pour retrouver l’harmonie perdue (comme en Serbie ou en Algérie de nos jours). La pensée de la conspiration est irréfutable puisque les arguments qu’on lui oppose sont retournés en preuve de la toute-puissance des conspirateurs. (Eternel refrain du paranoïaque : est-ce ma faute si j’ai toujours raison ?) Elle évite à ceux qui s’en croient l’objet la douleur de la critique, de la remise en cause. Enfin elle leur offre une consolation suprême : se croire assez importants pour que des méchants, quelque part sur terre, essayent de les détruire. En définitive le pire des complots est l’indifférence : combien de nous survivraient à l’idée qu’ils ne suscitent chez les autres ni assez d’amour ni assez de haine pour justifier la moindre malveillance ?

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