Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Alex Jones : le show conspirationniste permanent

Publié par La Rédaction14 octobre 2009,

C'est l'animateur de radio, présentateur et producteur de films complotistes le plus célèbre des Etats-Unis ! Qui est Alex Jones ?

Alex Jones sur InfoWars le 25 juillet 2001 (capture d'écran YouTube).

Le bimensuel américain The New Republic vient de publier un long article sur Alex Jones, « peut-être le plus célèbre théoricien du complot de toute l’Amérique ». Animateur de radio, réalisateur et producteur, Alex Jones vit au Texas. Il a réalisé une quinzaine de films.

Parmi les plus récents, on compte Endgame: Blueprint for Global Enslavement [Dernier round : projet pour un asservissement mondial], sorti en 2007. Jones entend y dévoiler les noirs desseins d’une élite démoniaque qui cherche à exterminer une partie de la population mondiale et à réduire l’autre en esclavage. Ce « Nouvel Ordre Mondial » ainsi achevé ferait ressembler la planète à une prison - d’où le nom d’un des sites gérés par Jones, Prison Planet. Parmi les conspirateurs désignés, on retrouve les noms désormais habituels de Henry Kissinger (1), Paul Wolfowitz, Dick Cheney, David Rockefeller, Bill et Hilary Clinton, Bush père et fils, mais aussi… la reine Beatrix des Pays-Bas. Selon Jones, les membres de ce réseau international, qui se réunissent régulièrement au sein du groupe Bilderberg, du Council on Foreign Relations (CFR) ou de la Commission Trilatérale, « dirigent les affaire de la planète depuis des centaines d’années. Maintenant, dans la phase finale, ils se préparent à mettre en place un gouvernement mondial »

Bien qu’il ait toujours eu son petit auditoire de supporters inconditionnels, Alex Jones était, jusqu’à récemment, une personnalité relativement marginale de la vie politique américaine. Figure de premier plan du 9/11 Truth Movement (son nom est cité comme producteur délégué de la version de 2007 du film conspirationniste Loose Change de Dylan Avery), Alex Jones affirme avoir découvert le grand complot qui relie entre eux l’assassinat de Kennedy, la fluoration de l’eau et la crise financière. A l’instar de ces paranoïaques qui repèrent des traces d’un complot sataniste sur les bouteilles de soda, Jones accuse les Illuminatis d’avoir placé leurs symboles d’inspiration maçonnique sur le logo de la chaîne de cafés Starbucks Coffee.

Le républicain Ron Paul – représentant du Texas à la Chambre des représentants - intervient fréquemment dans son émission de radio, The Alex Jones Show. Jones, qui administre également le site web RonPaulWarRoom.com, a en effet été l’un des principaux soutiens de la candidature de Ron Paul à l’investiture du Parti républicain pour les présidentielles de 2008. Une autre des idoles de Jones est l’animateur de radio Lou Dobbs, qu’il a invité dans son émission en mars 2008. Les deux hommes ont dénoncé de conserve un énième projet secret ayant pour but ultime, selon eux, de fondre les Etats-Unis dans un ensemble supranational (la « North American Union ») dont feraient partie le Mexique et le Canada (2).

Mais ce n’est que depuis l’élection de Barack Obama que les idées de Jones sont vraiment sorties de leur ghetto conspirationniste pour toucher le cœur de l’électorat conservateur américain. Plusieurs membres du Parti républicain, du simple délégué au membre du Congrès, ont ainsi fait leur apparition dans son émission pour échanger les idées les plus folles à propos d’Obama. Certes, diverses personnalités de gauche et des acteurs de cinéma ont également été invité dans l’émission d’Alex Jones, comme le représentant démocrate Dennis Kucinich, le linguiste Noam Chomsky ou le comédien Charlie Sheen. Mais, à droite, ce phénomène est loin d’être marginal. Selon un récent sondage mené par Public Policy Polling, seuls 37 % des républicains croient qu’Obama est né aux Etats-Unis (3).

Nationaliste, antisioniste, Jones verse aussi dans la xénophobie. Par exemple lorsqu’il accuse, dans l’une de ses vidéos, des groupes de lycéens latinos de « planifier ouvertement le meurtre des hommes blancs de plus de 16 ans ». Son émission de radio et ses sites internet, infowars.com et prisonplanet.com, occupent ce lieu obscur où l’extrême gauche et l’extrême droite, les « rouges » et les « bruns », se rejoignent, se mêlent et se confondent. Auteur de Right-Wing Populism in America, et membre de Political Research Associates, un think-tank progressiste qui travaille sur les mouvements politiques d’extrême droite, Chip Berlet constate que « sur les blogs de gauche, les internautes font constamment la promotion d’Alex Jones ». Berlet a également confié à The New Republic qu’il recevait fréquemment des e-mails d’insulte « provenant de gens soi-disant de gauche » lui conseillant d’écouter ce que dit Alex Jones.

A l’origine, Jones est issu d’un très vieux courant au sein du conservatisme américain, un courant isolationniste, anticapitaliste et conspirationniste qui s’est épanoui pour la dernière fois pendant l’âge d’or de la John Birch Society. Ce mouvement d’extrême droite, viscéralement anti-communiste, allait jusqu’à accuser le président Eisenhower (1953-1961) d’être un agent soviétique. Jones a commencé sa carrière à la radio en 1996, avec l’émission The Final Edition, qui propageait toutes sortes de théories du complot toutes plus farfelues les unes que les autres sur Bill Clinton. Beignant dans la rhétorique du Militia movement (un mouvement d’extrême droite, paramilitaire, farouchement opposé à l'interdiction des armes à feu), il a été pendant longtemps un admirateur de Randy Weaver, ce suprématiste blanc dont la femme et le fils ont péri dans une fusillade avec des agents fédéraux en 1992 à Ruby Ridge. Jones soutient que ce sont les mêmes personnes qui sont respectivement derrière la bavure de Ruby Ridge, le massacre des membres de la secte davidienne de Waco (selon la théorie du complot, ce sont les forces de l’ordre et non les Davidiens qui ont déclenché l’incendie du bâtiment dans lequel ils s’étaient retranchés) ou encore l’attentat ayant visé le World Trade Center en février 1993.Contrairement à la plupart des conservateurs américains, Jones s’en est pris violemment à George W. Bush. Pour lui, démocrates et républicains ne sont que des marionnettes aux mains du même groupe de ploutocrates qui complote pour instaurer la dictature du Nouvel Ordre Mondial. Lors des attentats du 11 septembre 2001, c’est tout à fait logiquement que Jones a commencé à incriminer l’Administration Bush pour ce qu’il considérait non comme une attentat islamiste mais comme un massacre s’inscrivant dans un vaste plan d’asservissement de l’humanité.

Le 21 octobre prochain, Alex Jones sortira son dernier film, Fall of the Republic, censé montrer « de quelle manière Obama est en train de détruire l’Amérique ». Il s’agit du deuxième film de Jones prenant directement pour cible le président américain. Dans un précédent opus, The Obama Deception - sorti le 15 mars 2009 et déjà visionné plus de quatre millions de fois sur YouTube -, Jones soutenait que Barack Obama représentait la partie visible d’une oligarchie occulte et tentaculaire qui travaille à l’avènement d’un Etat totalitaire. Le magazine The New Republic y a vu une resucée des Protocoles des Sages de Sion, les références explicites aux Juifs en moins. Là où le bât blesse, c’est que de nombreux médias « mainstream » ont assuré la publicité de ce film, qui reprend, dans une version un peu plus hard, ce que pérore quotidiennement Glenn Beck, le présentateur vedette de la chaîne conservatrice Fox News. En 2008, Jones avait déjà fait la promotion d’un pamphlet nauséabond (The Obama Nation: leftist politics and the cult of personnality, de Jerome Corsi) décrivant Obama comme un gauchiste radical, doublé d’un drogué, qui tenterait de dissimuler ses « liens étendus avec l'islam »

Trois jours après la sortie de The Obama Deception, Andrew Napolitano, animateur de Freedom Watch, une émission du site internet FoxNews.com, a présenté Jones comme « le seul, l’unique, le grand Alex Jones ! » avant de lui avouer : « J’apprécie ce que vous dites… Je dois vous dire qu’il y avait une époque où le genre de choses contre lesquelles vous nous mettez en garde n’était pas débattu ouvertement et publiquement » (5).

FoxNews.com a également relayé très sérieusement la thèse de Jones selon laquelle l’épidémie de grippe A ne serait qu’un prétexte pour instaurer la loi martiale. Lors des premières alertes de l’OMS, en avril, Jones n’hésitait pas en effet à expliquer que le virus de la grippe porcine avait été mis au point dans un laboratoire secret et que « l’attaque à la grippe porcine était probablement un beta-test », prélude à un grand génocide planétaire. Le 22 septembre 2009, sur Fox News, Andrew Napolitano a déclaré, ajoutant de purs mensonges à l'exagération, que l’Etat du Massachusetts était sur le point de décréter une loi autorisant la police à mettre en place des procédures de quarantaines, à pénétrer chez les particuliers et à arracher à leurs parents les enfants non vaccinés. Demain, 15 octobre 2009, Andrew Napolitano recevra Ron Paul dans son émission.

La galaxie conspirationniste francophone considère Alex Jones comme un authentique résistant au Nouvel Ordre Mondial, son thème de prédilection. On retrouve ainsi la trace de Jones sur des sites « rouges-bruns » comme altermedia.info, Egalité & Réconciliation (Alain Soral), alterinfo.net, Mecanopolis, Bellaciao.org, etc. ReOpen911, qui fédère tous les partisans de la théorie du complot sur le 11-Septembre, fait la promotion de films d’Alex Jones tant sur son site internet que sur son compte Dailymotion - à partir duquel on peut d’ailleurs visionner Endgame en version française sous-titrée (4). Heureusement, l'association prend soin de préciser qu’elle « condamne fermement l'antisémitisme et toute forme de racisme ». Cela va sans dire mais va mieux en le disant, n’est-ce pas ?

 

Notes :
(1) Kissinger est l'objet d’une rumeur conspirationniste vieille de trente ans selon laquelle il aurait rédigé un plan visant à éliminer 80 % de la population de la surface de la Terre. Lire « Le sida, la grippe aviaire, Henry Kissinger et la Torah », L’Arche, n° 579-580, juillet-août 2006.
(2) Sur ce sujet, lire Joe Miller, “ Wrong Paul ”, FactCheck.org, 11 février 2008.
(3) Lire Nathalie Mattheiem, « La nationalité américaine d'Obama contestée », Le Figaro, 29 juillet 2009.
(4) L'émission "Freedom Watch" du 18 mars 2009 est en ligne ici. La vidéo est .
(5) Les cinq parties de la vidéo
de Endgame sont présentées ainsi : « cette video d'Alex Jones (personnage sulfureux) est un documentaire généraliste ayant une portée universaliste qui explique de manière claire certains enjeux géopolitiques de demain et leurs répercussions sur la vie des simples citoyens. Il y a des remarques et de critiques factuelles à faire sur le documentaire : La philosophie très américaine, évidemment, du documentaire ; des oublis, des simplifications ou des impostures historiques. Mais je pense que c'est secondaire. Pour ces détails et ces précisions, il existe des livres ».

Sources :
* Michelle Goldberg, “ Truther Consequences. Meet the next Glenn Beck ”, The New Republic, 7 octobre 2009.
* “ Denial networks: on crisis and continuity in the 9/11 truth movement ”, Libcom.org/Datacide, 2 novembre 2008.
* James Kirchick, “ Angry White Man. The bigoted past of Ron Paul ”, The New Republic, 8 janvier 2008.

Voir aussi :
* Van Jones vs Glenn Beck : match nul !
* MàJ 25/10/2013 :

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Alex Jones sur InfoWars le 25 juillet 2001 (capture d'écran YouTube).

Le bimensuel américain The New Republic vient de publier un long article sur Alex Jones, « peut-être le plus célèbre théoricien du complot de toute l’Amérique ». Animateur de radio, réalisateur et producteur, Alex Jones vit au Texas. Il a réalisé une quinzaine de films.

Parmi les plus récents, on compte Endgame: Blueprint for Global Enslavement [Dernier round : projet pour un asservissement mondial], sorti en 2007. Jones entend y dévoiler les noirs desseins d’une élite démoniaque qui cherche à exterminer une partie de la population mondiale et à réduire l’autre en esclavage. Ce « Nouvel Ordre Mondial » ainsi achevé ferait ressembler la planète à une prison - d’où le nom d’un des sites gérés par Jones, Prison Planet. Parmi les conspirateurs désignés, on retrouve les noms désormais habituels de Henry Kissinger (1), Paul Wolfowitz, Dick Cheney, David Rockefeller, Bill et Hilary Clinton, Bush père et fils, mais aussi… la reine Beatrix des Pays-Bas. Selon Jones, les membres de ce réseau international, qui se réunissent régulièrement au sein du groupe Bilderberg, du Council on Foreign Relations (CFR) ou de la Commission Trilatérale, « dirigent les affaire de la planète depuis des centaines d’années. Maintenant, dans la phase finale, ils se préparent à mettre en place un gouvernement mondial »

Bien qu’il ait toujours eu son petit auditoire de supporters inconditionnels, Alex Jones était, jusqu’à récemment, une personnalité relativement marginale de la vie politique américaine. Figure de premier plan du 9/11 Truth Movement (son nom est cité comme producteur délégué de la version de 2007 du film conspirationniste Loose Change de Dylan Avery), Alex Jones affirme avoir découvert le grand complot qui relie entre eux l’assassinat de Kennedy, la fluoration de l’eau et la crise financière. A l’instar de ces paranoïaques qui repèrent des traces d’un complot sataniste sur les bouteilles de soda, Jones accuse les Illuminatis d’avoir placé leurs symboles d’inspiration maçonnique sur le logo de la chaîne de cafés Starbucks Coffee.

Le républicain Ron Paul – représentant du Texas à la Chambre des représentants - intervient fréquemment dans son émission de radio, The Alex Jones Show. Jones, qui administre également le site web RonPaulWarRoom.com, a en effet été l’un des principaux soutiens de la candidature de Ron Paul à l’investiture du Parti républicain pour les présidentielles de 2008. Une autre des idoles de Jones est l’animateur de radio Lou Dobbs, qu’il a invité dans son émission en mars 2008. Les deux hommes ont dénoncé de conserve un énième projet secret ayant pour but ultime, selon eux, de fondre les Etats-Unis dans un ensemble supranational (la « North American Union ») dont feraient partie le Mexique et le Canada (2).

Mais ce n’est que depuis l’élection de Barack Obama que les idées de Jones sont vraiment sorties de leur ghetto conspirationniste pour toucher le cœur de l’électorat conservateur américain. Plusieurs membres du Parti républicain, du simple délégué au membre du Congrès, ont ainsi fait leur apparition dans son émission pour échanger les idées les plus folles à propos d’Obama. Certes, diverses personnalités de gauche et des acteurs de cinéma ont également été invité dans l’émission d’Alex Jones, comme le représentant démocrate Dennis Kucinich, le linguiste Noam Chomsky ou le comédien Charlie Sheen. Mais, à droite, ce phénomène est loin d’être marginal. Selon un récent sondage mené par Public Policy Polling, seuls 37 % des républicains croient qu’Obama est né aux Etats-Unis (3).

Nationaliste, antisioniste, Jones verse aussi dans la xénophobie. Par exemple lorsqu’il accuse, dans l’une de ses vidéos, des groupes de lycéens latinos de « planifier ouvertement le meurtre des hommes blancs de plus de 16 ans ». Son émission de radio et ses sites internet, infowars.com et prisonplanet.com, occupent ce lieu obscur où l’extrême gauche et l’extrême droite, les « rouges » et les « bruns », se rejoignent, se mêlent et se confondent. Auteur de Right-Wing Populism in America, et membre de Political Research Associates, un think-tank progressiste qui travaille sur les mouvements politiques d’extrême droite, Chip Berlet constate que « sur les blogs de gauche, les internautes font constamment la promotion d’Alex Jones ». Berlet a également confié à The New Republic qu’il recevait fréquemment des e-mails d’insulte « provenant de gens soi-disant de gauche » lui conseillant d’écouter ce que dit Alex Jones.

A l’origine, Jones est issu d’un très vieux courant au sein du conservatisme américain, un courant isolationniste, anticapitaliste et conspirationniste qui s’est épanoui pour la dernière fois pendant l’âge d’or de la John Birch Society. Ce mouvement d’extrême droite, viscéralement anti-communiste, allait jusqu’à accuser le président Eisenhower (1953-1961) d’être un agent soviétique. Jones a commencé sa carrière à la radio en 1996, avec l’émission The Final Edition, qui propageait toutes sortes de théories du complot toutes plus farfelues les unes que les autres sur Bill Clinton. Beignant dans la rhétorique du Militia movement (un mouvement d’extrême droite, paramilitaire, farouchement opposé à l'interdiction des armes à feu), il a été pendant longtemps un admirateur de Randy Weaver, ce suprématiste blanc dont la femme et le fils ont péri dans une fusillade avec des agents fédéraux en 1992 à Ruby Ridge. Jones soutient que ce sont les mêmes personnes qui sont respectivement derrière la bavure de Ruby Ridge, le massacre des membres de la secte davidienne de Waco (selon la théorie du complot, ce sont les forces de l’ordre et non les Davidiens qui ont déclenché l’incendie du bâtiment dans lequel ils s’étaient retranchés) ou encore l’attentat ayant visé le World Trade Center en février 1993.Contrairement à la plupart des conservateurs américains, Jones s’en est pris violemment à George W. Bush. Pour lui, démocrates et républicains ne sont que des marionnettes aux mains du même groupe de ploutocrates qui complote pour instaurer la dictature du Nouvel Ordre Mondial. Lors des attentats du 11 septembre 2001, c’est tout à fait logiquement que Jones a commencé à incriminer l’Administration Bush pour ce qu’il considérait non comme une attentat islamiste mais comme un massacre s’inscrivant dans un vaste plan d’asservissement de l’humanité.

Le 21 octobre prochain, Alex Jones sortira son dernier film, Fall of the Republic, censé montrer « de quelle manière Obama est en train de détruire l’Amérique ». Il s’agit du deuxième film de Jones prenant directement pour cible le président américain. Dans un précédent opus, The Obama Deception - sorti le 15 mars 2009 et déjà visionné plus de quatre millions de fois sur YouTube -, Jones soutenait que Barack Obama représentait la partie visible d’une oligarchie occulte et tentaculaire qui travaille à l’avènement d’un Etat totalitaire. Le magazine The New Republic y a vu une resucée des Protocoles des Sages de Sion, les références explicites aux Juifs en moins. Là où le bât blesse, c’est que de nombreux médias « mainstream » ont assuré la publicité de ce film, qui reprend, dans une version un peu plus hard, ce que pérore quotidiennement Glenn Beck, le présentateur vedette de la chaîne conservatrice Fox News. En 2008, Jones avait déjà fait la promotion d’un pamphlet nauséabond (The Obama Nation: leftist politics and the cult of personnality, de Jerome Corsi) décrivant Obama comme un gauchiste radical, doublé d’un drogué, qui tenterait de dissimuler ses « liens étendus avec l'islam »

Trois jours après la sortie de The Obama Deception, Andrew Napolitano, animateur de Freedom Watch, une émission du site internet FoxNews.com, a présenté Jones comme « le seul, l’unique, le grand Alex Jones ! » avant de lui avouer : « J’apprécie ce que vous dites… Je dois vous dire qu’il y avait une époque où le genre de choses contre lesquelles vous nous mettez en garde n’était pas débattu ouvertement et publiquement » (5).

FoxNews.com a également relayé très sérieusement la thèse de Jones selon laquelle l’épidémie de grippe A ne serait qu’un prétexte pour instaurer la loi martiale. Lors des premières alertes de l’OMS, en avril, Jones n’hésitait pas en effet à expliquer que le virus de la grippe porcine avait été mis au point dans un laboratoire secret et que « l’attaque à la grippe porcine était probablement un beta-test », prélude à un grand génocide planétaire. Le 22 septembre 2009, sur Fox News, Andrew Napolitano a déclaré, ajoutant de purs mensonges à l'exagération, que l’Etat du Massachusetts était sur le point de décréter une loi autorisant la police à mettre en place des procédures de quarantaines, à pénétrer chez les particuliers et à arracher à leurs parents les enfants non vaccinés. Demain, 15 octobre 2009, Andrew Napolitano recevra Ron Paul dans son émission.

La galaxie conspirationniste francophone considère Alex Jones comme un authentique résistant au Nouvel Ordre Mondial, son thème de prédilection. On retrouve ainsi la trace de Jones sur des sites « rouges-bruns » comme altermedia.info, Egalité & Réconciliation (Alain Soral), alterinfo.net, Mecanopolis, Bellaciao.org, etc. ReOpen911, qui fédère tous les partisans de la théorie du complot sur le 11-Septembre, fait la promotion de films d’Alex Jones tant sur son site internet que sur son compte Dailymotion - à partir duquel on peut d’ailleurs visionner Endgame en version française sous-titrée (4). Heureusement, l'association prend soin de préciser qu’elle « condamne fermement l'antisémitisme et toute forme de racisme ». Cela va sans dire mais va mieux en le disant, n’est-ce pas ?

 

Notes :
(1) Kissinger est l'objet d’une rumeur conspirationniste vieille de trente ans selon laquelle il aurait rédigé un plan visant à éliminer 80 % de la population de la surface de la Terre. Lire « Le sida, la grippe aviaire, Henry Kissinger et la Torah », L’Arche, n° 579-580, juillet-août 2006.
(2) Sur ce sujet, lire Joe Miller, “ Wrong Paul ”, FactCheck.org, 11 février 2008.
(3) Lire Nathalie Mattheiem, « La nationalité américaine d'Obama contestée », Le Figaro, 29 juillet 2009.
(4) L'émission "Freedom Watch" du 18 mars 2009 est en ligne ici. La vidéo est .
(5) Les cinq parties de la vidéo
de Endgame sont présentées ainsi : « cette video d'Alex Jones (personnage sulfureux) est un documentaire généraliste ayant une portée universaliste qui explique de manière claire certains enjeux géopolitiques de demain et leurs répercussions sur la vie des simples citoyens. Il y a des remarques et de critiques factuelles à faire sur le documentaire : La philosophie très américaine, évidemment, du documentaire ; des oublis, des simplifications ou des impostures historiques. Mais je pense que c'est secondaire. Pour ces détails et ces précisions, il existe des livres ».

Sources :
* Michelle Goldberg, “ Truther Consequences. Meet the next Glenn Beck ”, The New Republic, 7 octobre 2009.
* “ Denial networks: on crisis and continuity in the 9/11 truth movement ”, Libcom.org/Datacide, 2 novembre 2008.
* James Kirchick, “ Angry White Man. The bigoted past of Ron Paul ”, The New Republic, 8 janvier 2008.

Voir aussi :
* Van Jones vs Glenn Beck : match nul !
* MàJ 25/10/2013 :

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