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Mohamed Morsi, les Frères musulmans et le 11-Septembre

En proie à une contestation interne croissante, le président égyptien Mohamed Morsi est encore peu connu des observateurs internationaux. On ignore généralement que le candidat des Frères musulmans a fait siennes les théories du complot sur les attentats du 11 septembre 2001…

Mohamed Morsi n’est ni le seul chef d’Etat en exercice à considérer qu’on nous ment sur le 11-Septembre (c’est aussi le cas de Mahmoud Ahmadinejad ou d’Hugo Chavez) ni le premier président égyptien à se vautrer dans la théorie du complot. Bien avant l’arrivée au pouvoir du mouvement islamiste, Gamal Abdel Nasser témoignait de son adhésion à la théorie du "complot sioniste mondial" (1) ainsi qu’aux thèses négationnistes (2).

Cependant Mohamed Morsi, élu en juin 2012, est le seul président d’un pays allié des Etats-Unis à n’être jamais revenu sur ses déclarations conspirationnistes sur les attentats du 11-Septembre.

Il y a six mois, Shadi Hamid, chercheur à la prestigieuse Brookings Institution, a rapporté dans le magazine Foreign Policy que Mohamed Morsi lui avait confié lors d'une discussion en mai 2010 son incrédulité sur la "version officielle" des attentats :

« Quand vous venez me dire que l'avion est rentré dans la tour comme un couteau dans du beurre, alors vous nous insultez. Comment l’avion a-t-il pu traverser l’acier comme ça ? Quelque chose a dû se passer depuis l’intérieur. C’est impossible ».

En 2007 déjà, Morsi avait soutenu que les Etats-Unis « n’ont jamais présenté de preuves concernant l’identité de ceux qui ont commis l’attentat », avant d’appeler, l’année suivante, à l'organisation d'une « grande conférence scientifique » destinée à analyser « ce qui a provoqué l’attaque contre une structure aussi massive que les tours jumelles ».

Dans une série d’interviews datées de l’été dernier, des dirigeants de premier plan des Frères musulmans ont eux aussi nié toute responsabilité d'Al-Qaïda pour le 11-Septembre.

Selon Mustafa Ghoneimy, qui préside le Comité de Direction de la Confrérie, les vrais responsables seraient… les Juifs : « Il y avait tellement de Juifs qui travaillaient dans ces tours (…). Et ce jour-là, ils ne sont pas venus » (sur ce point, lire : Le mythe des 4 000 Juifs absents du World Trade Center). De la même manière, le Secrétaire général des Frères musulmans, Mahmoud Hussein, estime que c’est « un service de renseignement en Amérique ou les Juifs » qui sont derrière les attentats de 2001. Le porte-parole de la Confrérie, Mahmoud Ghozlan, est quant à lui persuadé que ce sont « les services de renseignement » qui ont commandité les attentats car, selon lui, « il est impossible pour des pilotes immatures de mettre leur plan à exécution. Il faut un certain professionnalisme pour faire ça ».

Que les Frères musulmans cherchent à disculper Al-Qaïda est bien compréhensible : l'Egyptien Ayman al-Zawahiri - le célèbre "numéro 2" d'Al-Qaïda - et Khaled Cheikh Mohammed - qui est considéré comme le "cerveau" des attentats du 11-Septembre - n'ont-ils pas tous deux été formés dans les rangs de la Confrérie ?

Comme l’a rappelé récemment Robert Satloff dans le Washington Post, la version complotiste des attentats du 11-Septembre est majoritaire dans plusieurs pays musulmans. Et d'abord en Egypte. Une étude du Pew Research Center rendue publique en juillet 2011 révèle ainsi que 75 % des Egyptiens pensent qu’Al-Qaïda n’a rien à voir avec les attaques de 2001.

Notes :
(1) Ainsi Nasser recommandait-il en 1958 la lecture des Protocoles des Sages de Sion au cours d’une interview expliquant que « 300 sionistes, dont chacun connaît tous les autres, gouvernent le destin du continent européen et élisent leurs successeurs parmi leur entourage » (cf. Gilbert Achcar, Les Arabes et la Shoah, Sindbad, 2009, p. 319).
(2) En 1964, Nasser déclarait dans les colonnes de la Deutsche National-Zeitung – un journal allemand d’extrême droite – que « personne ne prend au sérieux le mensonge des six millions de Juifs assassinés ».

Voir aussi :
* « Morsi accuse les Juifs de contrôler les médias américains », CFCA, 24 janvier 2013.

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En proie à une contestation interne croissante, le président égyptien Mohamed Morsi est encore peu connu des observateurs internationaux. On ignore généralement que le candidat des Frères musulmans a fait siennes les théories du complot sur les attentats du 11 septembre 2001…

Mohamed Morsi n’est ni le seul chef d’Etat en exercice à considérer qu’on nous ment sur le 11-Septembre (c’est aussi le cas de Mahmoud Ahmadinejad ou d’Hugo Chavez) ni le premier président égyptien à se vautrer dans la théorie du complot. Bien avant l’arrivée au pouvoir du mouvement islamiste, Gamal Abdel Nasser témoignait de son adhésion à la théorie du "complot sioniste mondial" (1) ainsi qu’aux thèses négationnistes (2).

Cependant Mohamed Morsi, élu en juin 2012, est le seul président d’un pays allié des Etats-Unis à n’être jamais revenu sur ses déclarations conspirationnistes sur les attentats du 11-Septembre.

Il y a six mois, Shadi Hamid, chercheur à la prestigieuse Brookings Institution, a rapporté dans le magazine Foreign Policy que Mohamed Morsi lui avait confié lors d'une discussion en mai 2010 son incrédulité sur la "version officielle" des attentats :

« Quand vous venez me dire que l'avion est rentré dans la tour comme un couteau dans du beurre, alors vous nous insultez. Comment l’avion a-t-il pu traverser l’acier comme ça ? Quelque chose a dû se passer depuis l’intérieur. C’est impossible ».

En 2007 déjà, Morsi avait soutenu que les Etats-Unis « n’ont jamais présenté de preuves concernant l’identité de ceux qui ont commis l’attentat », avant d’appeler, l’année suivante, à l'organisation d'une « grande conférence scientifique » destinée à analyser « ce qui a provoqué l’attaque contre une structure aussi massive que les tours jumelles ».

Dans une série d’interviews datées de l’été dernier, des dirigeants de premier plan des Frères musulmans ont eux aussi nié toute responsabilité d'Al-Qaïda pour le 11-Septembre.

Selon Mustafa Ghoneimy, qui préside le Comité de Direction de la Confrérie, les vrais responsables seraient… les Juifs : « Il y avait tellement de Juifs qui travaillaient dans ces tours (…). Et ce jour-là, ils ne sont pas venus » (sur ce point, lire : Le mythe des 4 000 Juifs absents du World Trade Center). De la même manière, le Secrétaire général des Frères musulmans, Mahmoud Hussein, estime que c’est « un service de renseignement en Amérique ou les Juifs » qui sont derrière les attentats de 2001. Le porte-parole de la Confrérie, Mahmoud Ghozlan, est quant à lui persuadé que ce sont « les services de renseignement » qui ont commandité les attentats car, selon lui, « il est impossible pour des pilotes immatures de mettre leur plan à exécution. Il faut un certain professionnalisme pour faire ça ».

Que les Frères musulmans cherchent à disculper Al-Qaïda est bien compréhensible : l'Egyptien Ayman al-Zawahiri - le célèbre "numéro 2" d'Al-Qaïda - et Khaled Cheikh Mohammed - qui est considéré comme le "cerveau" des attentats du 11-Septembre - n'ont-ils pas tous deux été formés dans les rangs de la Confrérie ?

Comme l’a rappelé récemment Robert Satloff dans le Washington Post, la version complotiste des attentats du 11-Septembre est majoritaire dans plusieurs pays musulmans. Et d'abord en Egypte. Une étude du Pew Research Center rendue publique en juillet 2011 révèle ainsi que 75 % des Egyptiens pensent qu’Al-Qaïda n’a rien à voir avec les attaques de 2001.

Notes :
(1) Ainsi Nasser recommandait-il en 1958 la lecture des Protocoles des Sages de Sion au cours d’une interview expliquant que « 300 sionistes, dont chacun connaît tous les autres, gouvernent le destin du continent européen et élisent leurs successeurs parmi leur entourage » (cf. Gilbert Achcar, Les Arabes et la Shoah, Sindbad, 2009, p. 319).
(2) En 1964, Nasser déclarait dans les colonnes de la Deutsche National-Zeitung – un journal allemand d’extrême droite – que « personne ne prend au sérieux le mensonge des six millions de Juifs assassinés ».

Voir aussi :
* « Morsi accuse les Juifs de contrôler les médias américains », CFCA, 24 janvier 2013.

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